Citations de Albert Simonin (57)
C'est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son, que tant de gens paraissent brillants avant d'avoir l'air con.
La terre est ronde, mais il y a des cons dans tous les coins.
La connerie ne s'additionne pas, elle se multiplie.
Il y a plusieurs façons d'être con, mais les cons choisissent toujours la pire.
Dans la vie, ce qui est grave, ce n'est pas tellement d'être con, c'est de le rester.
La prétention est à la connerie, ce que la mousse est à la bière.
La démocratie, c'est le gouvernement d'un pays par des pourris qu'une majorité de cons a choisi.
Rien n’arrête la connerie, pas même la connerie.
La démocratie, c'est la moitié des cons plus un.
Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont.
Remontant la rue Pigalle à grands pas, Doudou se remémore ce que Nora vient de lui bonnir pour sa défense, durant la cortausse. Qu'y aurait plus que la schnouffe pour rendre le micheton fidèle ! Que celles qui marchaient pas à ce truc-là passaient au travers, indérouillables ! Que toutes les gagneuses de la Madeleine avaient dû s'y mettre !
Il ressent, le Doudou, au long des endosses, le même frisson qui parcourt l'échine des bêtes sauvages aux signes avant-coureurs d'un cataclysme. L'abominable vision lui apparaît d'un monde où le micheton cesserait de goder pour la boîte à ouvrage et le valseur. Son esprit chancelle. Il entrevoit l’abîme sulfureux, pressent l'atroce destin de Messieurs les Hommes rivés au dur labeur, tel des damnés !
Il conjecturait, façon oracle, l'Elégant. Pour la tête de veau, le coup n'y est plus. Les morfalous de bonne compagnie installés aux tables de marbre ont tout morgané. Il pourrait, l'Elégant, sous le coup de la déconvenue, verser dans l'humeur morose. Pas du tout. Sirotant le Byrrh-cassis qu'il a réclamé pour se donner le temps d'un choix judicieux, il s'épanouit d'aise dans le cadre de ce troquet, avec la sensation confuse d'avoir trouvé, sinon une patrie, du moins une époque.
Fifi, le tordu, qui n'a eu droit en hors-d'oeuvre qu'au sempiternel sauciflard-beurre – la vioque en a un stock à écouler – déguste la choucarde nature morte en pleine rétine, en ressent l'effet d'une paire de mandales, monte aussi sec au renaud, assaille la mère Broc. Les châsses rivés sur le plat que Petit-Paul présente galamment à Colette, il revendique, rageur :
– Y a maintenant deux poids, deux mesures, chez vous, la mère ?
La mère ! Madame Broc aime pas ce vanne ! Elle aime si peu, que c'est Suzon la Ravissante qui vient à la parade, hautaine et pétardière comme jadis, et pas encore bonne pour se laisser faire la loi chez elle par un petit barbeau d'arrière-quartier. Face à Fifi, ses yeux clairs balancent des lueurs pas rassurantes, elle met au point, la voix coupante :
– D'abord, j'suis pas ta mère, souviens-toi de ça ! Et question clientèle j'en connais de deux sortes... y a ceux qui ciglent leur dépense, et puis les autres... qui vont flamber leur artiche sur les dadas au lieu de casquer leurs ardoises ! Alors, j'préfère le premier genre... les biens élevés !
Bizarre, il s'avise soudain que depuis trois mois qu'il est décarré de la ratière, il se soit lié avec personne...ni gonze, ni nana ?...Je dois déplaire, suppose-t'il, et tout de suite se demande en quoi...Peut-être sa façon de se sabouler ? Il peut quand même pas se laisser pousser un bouc, ni attriquer un lardeusse en peau de chèvre ? Pourquoi pas des limaces à jabot brodé rouge et noir, et un sac de nana accroché à l'épaule ?...
C'était féerique ces deux frangines. Leurs gambilles longues gainées quinze deniers, jouant dans la clarté de la lune. Pas besoin d'imagination pour se mettre en train. Le pétoulet centrifuge vous amenait tout seul à température.
Des gonzes ébouzés à chaud, près de moi ou face à moi, j'en avais vus et touchés quelques uns au cours de ma vie, sans ressentir pour eux de répugnance. Fernand, qui commençait à macérer dans une odeur affreusement débecquetante, malgré toute l'amitié que j'avais eu pour lui, il arrivait à me lever le cœur. Elle était partout, dans la carrée, cette senteur, pas plus violente à l'approche du corps que si on se retirait sournoisement dans un angle de la pièce pour la fuir.
La manche, tu le sais, n'est fructueuse qu'à l'occasion des obsèques (...)Chacun donne avec enthousiasme, mais, nuance, une seule fois.
Les vrais potes, ceux envers qui on aurait des devoirs, seraient seulement ceux qui renvoient l'ascenseur, l'ont renvoyé, ou paraissent capables de le faire.
( p 486)
Sur ce denier propos, je m'étais mépris ; sans colère, mes parents ne ressentirent en apprenant que j'étais viré qu'une silencieuse affliction. Ainsi, tous les saumâtres pronostics se confirmaient : j'étais bien le tocard incasable, le générateur endurci d'emmerdements. Qu'allait-on pouvoir faire de moi? J'évitais d'y penser, n'ayant d'attrait pour rien, et puis trop d'autres y pensaient pour moi. Une singulière émulation s'était emparée de toute notre parenté, de nos relations et voisins, à qui suggérerait une activité possible, un embauche miraculeux, la bonne gâche pour galopin rétif. Je devenais, en tant qu'inclassable, dans un cercle de bonnes âmes, une sorte de vedette.
Daron-Daronne-N
Père, mère. Déjà employé avec ce sens par les chauffeurs d'Orgères (1800) Ansiaume et Vidocq.