Alex Light

Je regarde à nouveau la famille, prends conscience que tout n'est pas forcément conventionnel. La vie ne tient pas forcément dans une boîte à rebords propres et droits. Ce n'est pas grave si la boîte n'a que trois côtés, si le quatrième tient avec du ruban adhésif. Ce n'est pas grave si les coins sont bosselés, si un gros autocollant rouge marqué FRAGILE est collé dessus.

Entre les pages, on est à l'abri : le chagrin est limité, il n'y a pas de séquelle, pas d'onde de choc.

J'ai beaucoup pensé à cette nuit-là, Becca. C'était le tsunami pour moi, mais tu étais, tu es, le seul point stable de ma vie.
Il se rapproche encore. Moi aussi.
- Tu sais ce que j'aime chez toi ?
- Quoi ?
- J'aime tes goûts horribles en matière de nourriture, j'aime ta lucidité quand tu regardes un film de vampires. J'aime quand tu te perds dans tes pensées, comme si tu vivais la moitié de ta vie dans ta tête. Et j'adore quand tu rougis chaque fois que tu me surprends en train de te regarder !

Mes joues s'enflamment aussitôt.

- […] Lis pour moi, s'il te plaît.
- Pourquoi ?
- Parce que tu es ailleurs quand tu lis. Je veux y aller avec toi.

Jusqu'à ce que je comprenne que c'est inutile... C'est comme ça, Brett, il y a des pères qui partent. Ce n'est pas notre faute, à nous, leurs enfants, si on ne leur a pas donné suffisamment de raisons de rester. C'est la leur, pour ne pas les avoir trouvées, tu ne crois pas ? pg 141

- Rien ! Lis pour moi, s'il te plaît.
- Pourquoi?
- Parce que tu es ailleurs quand tu lis. Je veux y aller avec toi.

C'est comme ça Brett, il y a des pères qui partent. Ce n'est pas notre faute, à nous, leurs enfants, si on ne leur a pas donnné suffisemment de raisons de rester. C'est la leur, pour ne pas les avoir trouvées, tu ne crois pas ?

C'est comme ça, Brett, il y a des pères qui partent. Ce n'est pas notre faute, à nous, leurs enfants, si on ne leur a pas donné suffisamment de raisons de rester. C'est la leur, pour ne pas les avoir trouvées, tu ne crois pas ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai dit à voix haute que je l'aimais.
Mais une fois les mots sortis, je n'ai pas regretté. Ils paraissaient justes. Elle compte de plus en plus dans ma vie. Normal avec tout ce qu'elle fait pour moi. On forme une vraie équipe. Notre relation est censée être fausse, avec un contrat très clair : uniquement pour la galerie à l'école. Mais Becca donne bien plus, elle me consacre ses week-ends, ses soirs de semaine. Elle me laisse entrer chez elle, dormir chez elle. Elle a littéralement couru jusque chez moi quand j'avais besoin d'elle. Et le dîner avec sa mère. Comment ne pas aimer cette fille, avec son cœur gros comme ça?

Mon père sourit, ils s'embrassent, leurs mains se posent sur le ventre de la femme. Elle est enceinte, son ventre s'est encore arrondi depuis mon dernier passage. Je regarde mon père se mettre à genoux et serrer ce ventre dans ses bras.
Est-ce qu'un jour, il abandonnera aussi cet enfant ? J'espère que non. Je souhaite sincèrement qu'il choisisse de rester pour que ce bébé n'ait jamais à vivre les épreuves que j'ai traversées. J'espère aussi qu'il n'aura jamais à se cacher derrière un buisson pour regarder son père aimer sa nouvelle famille d'un amour qu'il n'a jamais manifesté à son ancienne famille.