Cyr, 35 ans, apprend coup sur coup deux mauvaises nouvelles. Son meilleur ami vient de mourir dans un accident de plongée en Thaïlande. Celui pour qui elle n'avait pas hésité une seconde à quitter Paris et à trouver un boulot à Amsterdam pour le suivre, rester près de lui. Puis elle se fait virer, l'agence lui conseille « d'explorer son potentiel », c'est une opportunité pour elle de faire autre chose, de s'épanouir ailleurs.
Elle ne trouve de réconfort qu'en montant des meubles Ikea. Cette activité lui permet de se concentrer et d'oublier, un temps, la mort brutale de son meilleur ami.
La narratrice s'adresse à son meilleur ami, comme s'il était encore là. Elle lui raconte ses états d'âme. Elle se compare à sa copine, Maud. On la sent jalouse, autocentrée sur son chagrin. Il faut dire qu'elle a déjà eu son lot de deuils. Sa soeur est morte dans un accident puis sa mère. Elle se retrouve seule, sans famille. Elle raconte des bribes de son enfance. On sent que sa mère n'a pas su l'aimer ni s'occuper d'elle, qu'elle lui préférait sa soeur.
Cyr raconte aussi sa difficulté à se faire des amis. Alors elle traînait avec sa soeur et sa bande de copains, un peu plus jeunes qu'elle. D'ailleurs elle reprend contact avec certains d'entre eux en arrivant à Paris pour l'enterrement. A Paris, Sam l'accueille et lui prête son appartement. C'est lui qui était parti en Thaïlande avec son meilleur ami pour des vacances sportives.
L'histoire tourne un peu en rond, puis Cyr enchaîne bêtise sur bêtise. Elle devient imprévisible. On la somme de grandir, de devenir responsable. Elle cherche un sens à sa vie. Et surtout elle se trouve devant une page blanche alors qu'elle doit écrire un discours pour l'enterrement de son meilleur ami.
Alexandra Matine a le sens de la formule. Elle alterne humour et cynisme, insère des mots en anglais, utilise un ton familier, plutôt jeune. Elle analyse et retranscrit très bien les sentiments, les relations entre les personnes. Son anti-héroïne est obsédée par le regard ou le jugement des autres sur une amitié (impossible) entre un homme et une femme.
Ce second roman fait 321 pages, il aurait peut-être gagné en qualité avec quelques coupes. En tout cas, j'ai aimé retrouver l'écriture d'Alexandra Matine que j'avais appréciée dans son premier roman, « Les grandes occasions ». La façon dont elle traite les thèmes du deuil et de l'amitié est intéressante. La fin est totalement bouleversante et en même temps très belle.
Pour moi, un livre des Avrils est toujours synonyme d'un bon moment de lecture.
Merci à Babelio et Les Avrils pour cette lecture
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