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Citations de Alexandre Gefen (15)


Alexandre Gefen
Pas plus que l’archéologie, la littérature n’est l’empreinte du passage du temps, elle en est la pédagogie ou la réinvention.
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La littérature d’avant la littérature cherchait à représenter le bien, la littérature d’après la littérature cherche à faire le bien. Autrefois voleur de feu, l’écrivain est désormais une sentinelle du présent ou un témoin de la mémoire, un psychiatre ou un juge, un couturier, un travailleur social, un prêtre ou un enquêteur, un psychologue, un avocat ou encore un garagiste de l’âme : recoudre, aller mieux, aider, guérir, sauver par les lettres, tels sont les mots d’ordre de la littérature du XXIe siècle à l’heure des reading cures ou des peines de lecture. On a vu mon intérêt comme ma perplexité vis-à-vis de telles doctrines où « l’on appelle la littérature à l’aide » : que l’on discerne dans cette transitivité nouvelle un retour fécond et efficace à l’optimisme littéraire humaniste ou une réponse improvisée et utilitariste à la détresse existentielle et sociale du sujet contemporain reste largement une question d’appréciation.
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""Quand je suis dans la merde, je chante", a écrit Samuel Beckett. Si son exemple se généralisait, on vivrait en musique", ironise Chantal Thomas en réfléchissant sur les formes modernes de la plainte.
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Qu’on y prenne garde : décrire ces discours salvateurs, thérapeutiques ou régulateurs dans toutes leurs modulations, ces interventions, ne constitue en rien pour moi une manière de les justifier ou même d’y adhérer, et ce d’autant moins que ces métadiscours se placent souvent sur un mode autocritique, qu’ils ne se départissent que rarement d’un soupçon et d’une conscience des limites du langage nourrie par la crise de l’humanisme littéraire au XXe siècle, qu’ils font débat entre les écrivains eux-mêmes. Je ne sais pas si les élans lyriques de Pierre Michon dans les Vies minuscules pourront, comme l’auteur le rêve, rendre par la parole la vie à des enfants morts trop jeunes ; je ne sais pas si le projet d’Emmanuel Carrère de témoigner pour les victimes de la maladie ou du tsunami est autre chose qu’une pose pour sortir de l’isolement esthétique ; j’ignore si Annie Ernaux ou ses lecteurs se sont sentis mieux par la mémoire qu’elle a offert à un monde en train de disparaître ; je ne sais pas si la volonté de François Bon de rendre visibles les oubliés, les infâmes de l’ordre social, fait sens. Je ne sais pas même s’il prépare et constitue la possibilité d’une action d’ordre politique ultérieure, ou même d’une attention empathique pouvant présider à des formes ordinaires de soin.
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Lire est autant imaginer des images que découvrir du sens.
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Les figures de l’harmonie imitative ( choix de sonorités visant à retraduire les sons de la nature) ou de l’hypotypose (figure de style consistant à décrire une scène de manière si vive, si énergique et si bien observée qu’elle s’offre aux yeux avec la présence, le relief et les couleurs de la réalité) témoignent d’une volonté d’abolir toute distance entre le monde et sa représentation.
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je défendrai ici l'idée que le début du XXIème siècle a vu l'émergence d'une conception que je qualifierai de "thérapeutique" de l'écriture et de la lecture , celle d'une littérature qui guérit, qui soigne, qui aide, ou, du moins, qui "fait du bien".
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De la manière que la littérature monde avait accompagné le premier individualisme en offrant des formules d'introspection et de représentation biographiques, la littérature contemporaine intervient pour accompagner le "second individualisme" des années1970, en offrant des modèles adéquats de souveraineté aux identités "situatives", "combinables" et "révisables" et des réponses à la culture du trauma dans des logiques de résultats. Elle est alors supposée protéger par des cadres narratifs l'individu d'instabilités externes tout en lui promettant de devenir à la fois mobile, pluriel et unique. Les oeuvres contemporaines entremêlent ainsi des opérations complexes où il peut s'agir concurremment de supporter l'autonomie expressive et de guérir l'individu de l'illusion de la singularité, de faire deuil et de refuser toute possibilité d'oubli, de mettre en récit le génocides et de les proclamer indicibles, la littéature se définissant alors peut-être comme la capacité même du langage à faire cohabiter ces contradictions discursives. Pour ce faire, la littérature thérapeutique met à service d'une écriture de la réconciliation et du lien les expérimentations formelles et stylistiques propres aux littératures de rupture et de contestation qui définissaient le XXème siècle. Sans qu'il soit forcément facile d'en démêler toujours les sources et les linéaments, plusieurs traits, on l'a vu, caractérisent en définitive ce paradigme qui se donne à interpréter en termes d'anthropologie culturelle : la littérature serait supposée aider tant les communautés que les individus, son action s'exercerait autant par l'appropriation sociale ou individuelle de l'écriture que par la lecture, dont l'effet serait symétrique à celui de la production textuelle. Le récit à la première personne en est la forme privilégié, mais non exclusive, l'action des récits de témoignage ou d'enquête n'étant pas distinguée de celle des récits de fiction : elle est jugée parallèle ou complémentaire. Fortement marquée par son "destinateur", comme on dit en linguistique, cette littérature a des interlocuteurs explicites et des objets définies. L'aide littéraire est invoquée dans des situations où celle-ci est "non substituable", pour employer un vocabulaire médical (fin de vie, non-lieux de la géographie ou de l'histoire), mais aussi dans des cas infiniment plus ordinaires, justifiant une réappropriation original de l'existence sociale ou privée.
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Les récits de vie « ordinaires » se situent clairement à la frontière de l’amélioration de soi et de la thérapeutique et supposent un moi inachevé ou entravé.
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Alexandre Gefen
On voit ici à quel point le récit, quoique puissamment vectorisé et organisé, est loin de tout storytelling : se raconter, ce n’est ni trouver un destin ni même se retrouver dans une épiphanie épisodique, c’est se perdre.
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Alexandre Gefen
les formes artistiques activeraient affectivement notre conscience morale1 : sans nécessairement pouvoir constituer des preuves à la manière des lieux communs mobilisables par la rhétorique, elles consisteraient des formes d’expérience par procuration, exemples, schémas, configurations, savoirs en apparence flous et invalidables, mais qui agiraient non moins puissamment en tant que métaconnaissances régulatrices permettant d’arbitrer entre des vérités et des valeurs générales, autrement désincarnées et désarticulées du monde commun, vérités locales permettant de penser « par cas », pour emprunter une expression à la sociologie ou au droit.
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La sémantique distributionelle. Un concept fondamental, datant des années 1960, de toutes les intelligences artificielles qui écrivent: le sens des mots peut être déduit par des statistiques complexes des mots qui l'entourent
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Si la première phrase d’À la recherche du temps perdu de Proust est très courte (“Longtemps je me suis couché de bonne heure” : 8 mots), l’écrivain a été rendu célèbre par la longueur de ses phrases. La plus longue compte ainsi 931 mots, dans Sodome et Gomorrhe. Mais l’étude statistique montre que Proust écrivait plutôt des phrases de plus en plus courtes au cours de son cycle.
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La mondialisation de la littérature française, c'est désormais la mondialisation non de ses expériences formelles ou de son aspiration à l'universel, mais de sa réparation mémorielle.
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On connaît le slogan de Coco Chanel : "Pour être irremplaçable, il faut être différente"
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