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Citations de Alice Géraud (110)


Peur qu'on me juge. Peur qu'on trouve que ce n'est pas si grave. Peur de pleurer. Peur de tout en fait.
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En ce début des années 2000, douze ans après la première série d’agressions à Maubeuge, la délinquance sexuelle est encore largement dans l’angle mort du récit médiatique. Sans que l’on sache qui de la source ou de la plume a choisi de taire ces faits, ni d’ailleurs pour quelles raisons.
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La peine est à la fois maximale et dérisoire pour les victimes. Vingt ans. Moins que le nombre d'années passées par Dino Scala à agresser et violer des femmes, pointe l'avocat.
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Lorsqu'elle retourne enfin au lycée en janvier 2003, l'adolescente est une autre. Elle ne veut plus sortir aux récrés, demande à rester enfermée dans une salle. Désormais, elle a peur de tout. Elle est obsédée par le faits divers à la télé. Dort avec la lumière et la télé allumées 24 h sur 24. Elle change de look. Ne met plus que des joggings informes. Se coupe les cheveux. Les teint. Ne se maquille plus. Et commence à grossir. Au lycée, cette année-là, elle décroche. Lorsqu'elle est chez elle, elle pleure toute la nuit, un de ses frères dormira au pied de son lit durant des années.
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Êtes-vous bien sûre d'avoir été violée ?
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La plupart des victimes n'imaginent pas, lorsqu'elles sont entendues par une psychologue durant l'enquête que leurs confidences seront rendues publiques.
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Ses mains restent accrochées au pupitre. Elle n'en a pas terminé. Elle veut s'adresse à la cour, dénoncer la manière dont sont traitées les victimes. Le président acquiesce, il sait, les autres ont déjà beaucoup raconté qu'elles n'avaient souvent pas été bien reçues dans les commissariats. Emilie l'interrompt. Non, pas seulement dans les commissariats. ici aussi, devant cette cour, en 2022? cela ne va pas. "Il faut que vous traitiez bien les victimes. Que vous soyez bienveillants". Le président plisse des yeux étonnés derrière ses lunettes cerclées. "Vous ne nous trouvez pas bienveillants ?". Emilie le regarde. Elle dessine doucement un non de la tête. Elle explique que le jour où la première victime est venue témoigner, la vieille dame à la canne sortie en pleurs, elle aussi a dû quitter la salle.

Il y a un "après" le témoignage d'Emilie. Pour tout le monde. Pour la cour. Pour les parties. Pour les victimes surtout. Elle a donné de la force à celles qui n'en avaient pas, ou plus. Emilie n'avait pas prévu de rester au procès, mais elle posera des congés et reviendra dans cette salle d'audience les autres jours. Elle accompagnera celles qui sont à bout. Petit à petit, une forme de solidarité se tisse entre les victimes, et ce qui ressemble à de la sororité. Elles se soutiennent. S'encouragent. Se comprennent. A elles toutes, elles viennent raconter une histoire plus grande que la leur. Celle d'une société et de ses institutions dysfonctionnelles face aux violences sexuelles. Ce sont elles qui maintenant tiennent l'audience.
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L'enchaînement des entretiens avec les victimes fait petit à petit comprendre (....)la manière dont toutes les victimes ont été traitées, l'accumulation de négligences et la douleur à chaque fois intacte de ces femmes, douleur souvent teintée d'amertume
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Certaines victimes refusent déjà de se porter parties civiles dans la procédure, elles veulent s'extraire de cette histoire. Parfois par peur de la médiatisation. Souvent pour ne pas devoir encore et encore raconter. Et peut-être avoir à se justifier. A prouver. Devoir affronter une mise en doute de sa parole. Encore une fois.
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Elle se laisse porter. Se fiche un peu de tout. Elle résume par cette phrase cet état flottant : « J’ai laissé quelque chose de moi sur cette route ».
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Peu à peu, les premiers kilos commencent à enrober son corps. Dix. Vingt. Jusqu’à trente. Ils forment une épaisse carapace. Ainsi, personne ne peut plus toucher son corps, pense-t-elle
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Je découvre des biographies sculptées par la peur. Des existences contrariées qui, comme l’explique Émilie, repoussent ensuite tordus pour trouver la lumière.
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Ils ont mis en exergue les lacunes et les angles morts des investigations.
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Quinze ans plus tard, à la barre de la Cour d'Assises de Douai, Franck Martins tiendra à reparler de la manière dont Charlène a été traitée ce jour de janvier 2008. Il dira que ce qu'il s'est passé ce jour-là est "une honte". J'entendrai pour la première fois sa voix ronde trembler un peu. Il tiendra à présenter ses excuses à Charlène "au nom de la Police".
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Sandrine, sa femme, vient rendre visite à Dino Scala à chaque parloir. Elle prend son linge sale et le lui ramène propre la semaine suivante. (p.349)
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Au début de l'été, un remaniement ministériel est annoncé. Deux figures du Nord entrent au gouvernement. Gérald Darmanin est nommé ministre de l'Intérieur. Et Éric Dupond-Moretti devient garde des Sceaux. Le symbole est insoutenable pour certaines victimes. Il y a quelque chose de confus et douloureux pour ces femmes qui cherchent à recouvrer confiance en la police et attendent tout de la justice, à voir ces deux hommes désormais en charge de ces deux institutions. Les deux nominations sont chargées différemment. L'un est nommé alors quil est accusé par deux femmes de viol et d'abus de faiblesse. L'autre a été l'avocat de leur violeur (et la plupart ignorent qu'il ne l'est plus).
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Et je comprends alors l'étrange distorsion du temps de son récit : une partie de la vie de Clara s'est arrêtée ce matin de 1997 à 5h 30 du matin. Je découvrirai au fil de mes entretiens qu'il en est ainsi pour chacune d'entre elles. Et, petit à petit, derrière les panneaux de signalisation indiquant le nom des villages dans le Val de Sambre, se dessinent non plus des scènes de crimes mais des récits de vies, de vies atrophiées.
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Quelques semaines plus tard, I'inspecteur rappelle Sarah pour savoir si elle n'a pas recroisé son agresseur depuis. La question n'a guère de sens, Sarah n'ayant jamais vu le visage de son violeur. Puis il clôt son enquête. II note que le signalement de l'auteur ne correspond pas à ceux des hommes fichés chez eux pour ce type de faits. Et transmet la procédure au parquet d'Avesnes-sur-Helpe. Si la qualification de viol avait été retenue, un juge d'instruction aurait automatiquement été saisi, comme c'est la règle pour les crimes. Ce qui n'est pas le cas pour un attentat à la pudeur, considéré comme un simple délit.
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Le policier qui la reçoit n’enregistre pas sa plainte. Il se contente d’une main courante, sur laquelle il note la passivité de la victime durant l’agression.
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Clara retourne plusieurs fois au commissariat d’Aulnoye pour donner des détails qu’elle avait oubliés et dont elle pense qu’ils peuvent aider à l’enquête. Pour savoir aussi ce qu’ils font, où ils en sont. Elle a l’impression de déranger pour rien. Après tout, « elle a eu de la chance ».
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