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4.1/5 (sur 470 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lannion , 1983
Biographie :

Benjamin Dierstein travaille dans le milieu de la musique électronique, à travers le label Tripalium et l'organisation de soirées.

Après avoir été repéré par la revue Sang-Froid, il publie chez Nouveau Monde son premier roman en mars 2018, un polar très noir, tendu et cauchemardesque : 'La Sirène qui fume'. C'est le premier volet d'une trilogie qui prendra place entre mars 2011 et juin 2012, suite aux élections présidentielles.

En février 2020 paraît le deuxième tome, 'La Défaite des idoles', qui se concentre sur les manœuvres politiciennes et mafieuses avant les élections de 2012.

Bibliographie :
- La sirène qui fume – Points
- La défaite des idoles – Points
- Un dernier ballon pour la route – Points
- La cour des mirages – Arènes
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Bibliographie de Benjamin Dierstein   (5)Voir plus


Entretien avec Benjamin Dierstein, à propos de son ouvrage La Sirène qui fume


06/07/2018


Votre premier roman La Sirène qui fume est un pavé bien dense de plus de 500 pages, un roman (très) noir et poisseux. Comment avez-vous mené ce projet à bien ? Est-ce que vous dormez aussi peu (et mal) que vos personnages ?

Ce roman est un projet qui remonte à 2001. A l`époque j`avais 18 ans, j`étais en fac de cinéma, et j`étais décidé à écrire un scénario de long-métrage. Sans m`en rendre compte, j`ai essayé de recracher sur papier toutes les influences qui me hantaient depuis quelques années, que ce soit des romans comme Le Dahlia noir ou des films comme Heat, Taxi Driver ou La Horde Sauvage. Je me suis retrouvé avec le plan d`un scénario qui était parti pour faire au moins le double des fameuses 120 pages qu`on doit s`interdire de dépasser en scénario. En plus de ça, je me suis complètement perdu dans l`intrigue que j`essayais de ficeler. Et la goutte d`eau a été une simple prise de conscience, celle qui m`a fait comprendre que dans tous les cas personne n`en aurait rien à faire d`un scénario de long-métrage d`un gamin de 18 ans ! Alors j`ai naturellement abandonné mes personnages sur des dizaines et des dizaines de pages de brouillon, même si sur le coup ça m`a fait mal au cœur.

Et puis il y a trois ans, j`ai remis le nez dans toutes ces vieilles chemises remplies de tentatives d`écritures, et je me suis dit qu`il fallait que j`en fasse quelque chose. J`ai donc décidé d`en faire un roman, et j`ai bien sûr radicalement transformé mon brouillon, en changeant la plupart des personnages, le décor, et en construisant plusieurs intrigues parallèles. Mais les éléments dramatiques qui font la base du livre étaient déjà là, à savoir ce duel entre deux hommes pourchassant un fantôme qui réveille des obsessions profondes chez chacun d`eux.



On suit donc une sorte de duel entre un capitaine de la brigade criminelle, Gabriel Prigent, et un lieutenant de la brigade de répression du proxénétisme, Christian Kertesz. L`un se veut justicier, l`autre s`assume comme complètement ripoux. Et pourtant pour « résoudre » une enquête de prostitution de mineurs qui les obsède, ils vont finalement user des mêmes méthodes, pas très légales – à l`image de la plupart de leurs collègues. D`où vous vient cette vision très sombre du métier de flic ?

Pour tout ce qui est de l`ordre du décor, je m`inspire énormément de la réalité. de policiers que j`ai pu croiser quand je travaillais la nuit à Paris, et bien sûr de dizaines de bouquins, de documentaires, d`articles que j`ai pu parcourir au cours de mes recherches. Ca me semble primordial, dans le sens où ça permet de donner un cadre hyper réaliste à l`action. Pour tout ce qui est de l`ordre du drame par contre, c`est tout le contraire ! Je vais chercher mes inspirations dans des faits divers hors normes, mais aussi et surtout dans l`histoire de la fiction. Les livres et les films m`ont énormément nourri, et continuent de le faire.

La Sirène qui fume part d`un cadre très précis, à savoir la PJ à Paris en 2011, mais le roman s`affranchit très vite de ce décor pour rendre hommage à une sorte de diégèse mondiale, au sein de laquelle vivent plein de personnages prototypés auxquels j`ai voulu faire des petits clins d`oeil. Pour moi, on est ici dans le cliché « positif », c`est-à-dire celui qui offre une nouvelle vie aux archétypes, en leur donnant une nouvelle forme, et donc à l`inverse des poncifs formatés qui n`apportent rien de nouveau.



Vous situez l`action en pleine campagne électorale pour l`élection de 2012, et on trouve de nombreuses références à l`actualité de cette année 2011 (affaire DSK, changement de président en Côte d`Ivoire, rachat du PSG par le Qatar, actualité du banditisme corse). En quoi cette période vous intéressait-elle particulièrement, et comment a-t-elle infusé notre époque depuis, selon vous ?

J`ai voulu placer ce roman dans une période forte, à savoir la fin des années Nicolas Sarkozy. Cet homme a entraîné dans sa chute la DCRI de Bernard Squarcini, Claude Guéant et sa domination absolue sur les fonctionnaires de police, mais aussi des intermédiaires comme Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, des politiciens pas très clairs comme Jean-François Copé et Brice Hortefeux, et bien sûr des industriels et des dizaines d`hommes de l`ombre. Il y avait un vrai système Sarkozy, qui a tout dominé pendant quelques années, et qui a explosé en plein vol. Je pense qu`on n`a pas encore vu toutes les conséquences de ça, les têtes vont continuer de tomber. Et puis cette période est aussi la fin d`un certain banditisme corse, en tout cas dans la forme qu`il revêtait depuis plusieurs dizaines d`années : fermeture des cercles de jeu, guerre des clans et explosion du gang de la Brise de Mer...



Dans la forme, votre livre est assez original pour un roman noir : chaque chapitre alterne entre la vie et les obsessions de Prigent et Kertesz, mais là où Prigent s`exprime à la première personne, vous donnez du « tu » à Kertesz, ce qui a pour effet à la fois de le mettre à distance, mais aussi de pousser à l`identification du lecteur à ce personnage. Est-ce que vous avez consciemment travaillé sur cette ambivalence ? Si oui, pourquoi ?

Pour moi, le travail du style est primordial dans l`écriture. C`est la forme qui doit révéler le drame. La forme n`est pas un outil transparent au service du fond : au contraire, elle l`incarne. Tous mes modèles sont des grands formalistes, que ce soit Hubert Selby Jr, William S. Burroughs, William Faulkner, Cormac McCarthy, James Ellroy ou David Peace. Je ne prétends bien sûr pas leur arriver ne serait-ce qu`à la cheville, mais en tout cas leur vision de l`écriture m`a guidé. Elle m`a libéré des carcans formatés, et quand j`ai repris mon manuscrit pour en faire un roman, il était primordial pour moi de donner à mes personnages une voix particulière, que ce soit en utilisant le « tu » ou en bannissant la ponctuation dans certains passages. Quand il s`agit de caractères torturés, ce travail sur le style permet clairement de pénétrer plus facilement dans la tête du personnage : à protagoniste un peu fou, écriture un peu folle aussi ! Une fois passée la barrière expérimentale, n`importe quel lecteur peut à mon avis s`y identifier sans aucun problème.



La Sirène qui fume est le premier volet d`une future trilogie. Sans trop en dévoiler, à quoi pouvons-nous nous attendre dans les prochains livres ?

Les deux prochains romans seront construits de la même façon, avec deux personnages principaux à chaque fois. Le deuxième prendra place entre octobre 2011 et le soir des résultats le 6 mai 2012, et le troisième s`ouvrira sur la gueule de bois de la droite après les élections. On suivra dans ces romans une grande partie de ceux déjà croisés dans La Sirène qui fume, et notamment la capitaine Laurence Verhaeghen qui va prendre une place de premier plan. Quant aux intrigues, je n`en dirais pas plus, sinon que dans le deuxième on parlera beaucoup d`une affaire qui agitait déjà énormément à l`époque, à savoir le financement de la campagne de 2007 par Mouammar Khadafi...





Benjamin Dierstein à propos de ses lectures



Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Tous ! Mais Encore un jour au Paradis d`Eddie Little m`a particulièrement inspiré quand je l`ai lu vers mes quinze ans. A peine fini, je me suis mis à écrire un petit roman d`une centaine de pages avec des personnages beaucoup trop influencés par Little. Sinon, 1977 de David Peace est le roman qui m`a redonné l`envie il y a trois ans.



Quel est le livre que vous auriez aimé écrire ?

Le Festin nu de William S. Burroughs.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Le premier choc avec le polar a été Lune sanglante de James Ellroy. Le deuxième choc, celui avec la littérature blanche, a été Last Exit to Brooklyn d`Hubert Selby Jr.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Le Dahlia noir de James Ellroy.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Guerre et Paix de Léon Tolstoï. Il est sur ma pile depuis trois ans, mais ce coup-ci c`est sûr je m`y mets !



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Fasciste de Thierry Marignac. Ca reste un livre culte, mais qui a complètement disparu de la circulation à cause de sa réputation sulfureuse. Marignac a été victime de son ouverture d`esprit, la même avec laquelle Jerôme Leroy a écrit le génial Le Bloc vingt ans plus tard.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Je vais me faire des ennemis, mais je dirais Sur la route de Jack Kerouac. C`est un choix clairement subjectif, je sais que Kerouac a apporté énormément, mais quand je le lis je m`emmerde !



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Non, je n`aime pas les grandes phrases qui essayent de tout résumer avec grandiloquence. Mais je peux vous donner une citation que j`adore à défaut d`un énoncé pompeux : "C`est ça le problème avec la gnôle. S`il se passe un truc moche, on boit pour essayer d`oublier ; s`il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s`il ne se passe rien, on boit pour qu`il se passe quelque chose." Charles Bukowski, bien sûr...



Et en ce moment que lisez-vous ?

La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole.

Découvrez La Sirène qui fume de Benjamin Dierstein aux éditions Nouveau Monde :





Entretien réalisé par Nicolas Hecht.





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Benjamin Dierstein - La cour des mirages

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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
- Tu bosses pour la gauche, maintenant ?
- T'es trop manichéenne, Verhaeghen, Barbier t'a complètement lobotomisée. Les politicards font semblant de se battre dans l'Hémicycle, mais dès qu'ils arrivent au bistrot de l'Assemblée ils se balancent des grandes claques dans le dos. Il n'y a ni droite ni gauche, juste une bande de types qui en chasse une autre, mais ils sont tous du même bord.
- Lequel ?
- Le bord de ceux qui se partagent le pouvoir, c'est-à-dire nous. Le bord d'en face, ce sont les esclaves qui croient à nos chimères, c'est-à-dire les autres. De quel camp est-ce que tu veux faire partie ?
- Qu'est-ce que tu veux?
- Que tu nous aides.
- À collaborer ?
- Entre autres.
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Les Corses, la DCRI, les magistrats, ils sont tous dans le même moule – tous des putains de gauchistes laxistes qui veulent l’empêcher de faire son boulot comme elle l’entend.
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...
Des centaines de points rouges, je ne vois plus rien, je ne sens plus rien, je n’entends plus rien seulement des milliers de points rouges des milliers de cadavres, je ne veux pas mourir...
Mon cœur explose mon cerveau explose mon corps explose, je suis la forêt, je suis l’univers, des milliards de points rouges des milliards de milliards de points rouges des milliards de milliards de milliards de points rouges et puis ...
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...
qui tourbillonnent comme dans un cycle sans fin et qui semélangent Papa où tu es et qui explosent dans matête commeun feu d’artifice comme lafin dumonde comme lesMayas ils l’onttué commelestourbillons commelesfarandolesquitournent commelesbruitsdansmatête commelatêtedechabert satêtemorteetlesangetlesrayonsdu soleil commesagorgetranchéequihurleetlesangquicoulesans finsanssarrêterjamaistoujourspourléternitécommeune farandolecommelecycledelavieetdelapourriturecommeles mirageséternelsetlesdansesimmémorioalesdelhorreuroùles enfantsmeurentdansunmouvementcontinuel où est ma fille où est ma fille où est ma fille où est ma f
...

Changement de style (ni une vergule enlevée ni un point ajouté, le texte tel que).
Ceti pas beau ça, sans ironie.
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Un quart des bénéfices. Un million d'euros minimum. Un salaire de footballeur.
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La base du renseignement, c'est la culture générale.
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Quand ils meurent les humains deviennent tous égaux, la pourriture n’a pas d’états d’âme , la pourriture ne souffre pas, la pourriture ne fait qu’une seule chose , elle pourrit.
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Non mais vous êtes pas bien ,les jeunes , sérieusement ? Vous avez qu’ça à foutre , de bosser ? Y a plein d’autres choses à faire dans la vie , bon Dieu !
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Je m'allonge sur le canapé avec le reste de joint, je tire une taffe, c'est du shit dégueulasse, non seulement elle fume à son âge mais en plus elle se fait arnaquer par un petit salopard de dealer qui vend de la merde. Ça ne m'apaise pas du tout, alors je rallume la télé et je regarde Émile Louis, ma berceuse a moi. (p. 72)
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- Moi j'ai bien envie de me la taper.
- T'es gouine ?
- Ça te dérange ?
- Non, tu fais ce que tu veux.
- Ça tombe bien. Ça me dérange pas non plus que tu sois une balance, je te rassure.
- Merci, ça fait plaisir. (p. 62)
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