Amanda Glaze

La mort, avait-elle expliqué, n'était pas ce que décrivait leur père lors de ses prêches du dimanche. Il n'y avait ni paradis ni enfer : la mort n'était pas différente selon qu'on était vertueux ou damné. En réalité, tout le monde - peu importe son degré de bonté ou de malfaisance - subissait les deux mêmes morts.
Le première, celle du corps.
Et la seconde, celle de l'esprit. " 𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑟𝑝𝑠 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑚𝑒𝑢𝑟𝑡, leur avait-elle raconté de sa douce voix rêveuse, 𝑠𝑜𝑛 𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑉𝑜𝑖𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑜𝑟𝑡. 𝐿𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑝𝑎𝑟𝑡 𝑦 𝑟𝑒𝑠𝑡𝑒𝑛𝑡 𝑢𝑛 𝑐𝑒𝑟𝑡𝑎𝑖𝑛 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠, 𝑟𝑒𝑐𝑜𝑛𝑓𝑜𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑥𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 𝑑𝑢 𝑉𝑜𝑖𝑙𝑒 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡𝑠. 𝑀𝑎𝑖𝑠, 𝑒𝑛 𝑓𝑖𝑛 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑡𝑒, 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡𝑠 𝑠𝑢𝑐𝑐𝑜𝑚𝑏𝑒𝑛𝑡 𝑎 𝑙𝑎 𝑚𝑒𝑚𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒, 𝑢𝑛 𝑎𝑝𝑝𝑒𝑙 𝑞𝑢𝑖 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑡𝑡𝑖𝑟𝑒 𝑎 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑙𝑒 𝑉𝑜𝑖𝑙𝑒 𝑒𝑡 ... 𝑎𝑢-𝑑𝑒𝑙𝑎.𝐶'𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑎, 𝑙𝑎 𝑠𝑒𝑐𝑜𝑛𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑟𝑡. 𝐿𝑎 𝑚𝑜𝑟𝑡 𝑢𝑙𝑡𝑖𝑚𝑒. 𝐷𝑜𝑛𝑡 𝑛𝑢𝑙 𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡 𝑛𝑒 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑡. "

- Mais ... mais pourquoi faire ?
- Pour les effrayer, bien sûr.
Il la dévisagea, tête penchée.
- Vous n'avez jamais vu un mouton sursauter ?
- Je dois avouer que je n'ai jamais eu ce plaisir. Font-ils quelque chose de spécial ?

- Dans la vie, il y a bien des choses que les petites filles devraient redouter. Mais, dans la mort, il n'y en a qu'une.
Edie frissonna en réponse à cette sinistre introduction, et Violet ressera encore son étreinte.
- Une ombre, murmura leur mère, est la face obscure de notre âme. Ce qu'il y a en nous de peureux, de cruel, de vicieux, parfois. Tant que notre ombre demeure en nous, tempérée pas notre lumière, il n'y a aucune crainte à avoir. Mais il n'y a rien de plus dangereux qu'une ombre abandonnée dans la mort.

« Votre talent d'oratrice. Votre aptitude à élaborer un discours aussi cohérent que convaincant. Votre cerveau, mademoiselle Bond. Vous gaspillez ses capacités devant ces foules de stupides lèche- bottes qui préfèrent encore croire qu'un esprit parle par votre bouche plutôt que d'admettre qu'une jeune femme peut avoir de bonnes idées. »

La première fois qu'elle était entrée dans le Voile - à treize ans, accompagnée de sa mère -, Edie avait été surprise de constater à quel point le monde des morts ressemblait à celui des vivants. Mais sa mère lui avait pressé la main en disant : " Enfin, ma chérie. La mort, c'est aussi la vie. "