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Citations de Amélie Cordonnier (191)


Une part de nous est restée là- bas, à cette époque où nous n'osions plus rire ni crier, et je n'arrête pas de me demander quelles séquelles les enfants en garderont.
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L'amour s'éprouve mais ne se prouve pas. Pas aux juges en tout cas.
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Je sais depuis longtemps que la ruse la mieux ourdie peut nuire à son inventeur et que souvent la perfidie retourne sur son auteur.
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Payer des cours particuliers à ses enfants, par exemple, est-ce s'investir dans leur éducation ou se dédouaner ?
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Vous pouvez toujours tenter de démontrer que vous vous souciez de leur bien-être, que vous les habillez, les élevez, les soignez correctement, vous pouvez aussi garantir que vous ne les couchez pas trop tard, que vous leur lisez des histoires, leur cuisinez de bons petits plats, leur faites manger cinq fruits et légumes par jour, de la viande, des oeufs et du poisson, pas trop de sucre ni de bonbons, vous pouvez aussi lister toutes les attentions que vous avez pour Lou et Gabriel, cela ne prouvera pas que vous ne les maltraitez pas. Et encore moins que vous les aimez.
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Ce que je me rappelle en revanche, avec une précision qui reste douloureuse par-delà les années, c'est la main que Lou a glissé dans la mienne lorsque nous attendions l'ascenseur pour monter au troisième étage comme nous y avait invités le vigile. La force inimaginable que m'a transmise cette menotte m'a portée. Doigts crochetés, j'ai eu moins peur. Je me suis agenouillée pour enlacer cette petite fille haute comme trois pommes. Je l'imaginais aussi effrayée que moi mais je me trompais. Je l'ai compris aux mots qu'elle a murmurés, la main en coquillage contre mon oreille pour m'assurer que personne d'autre ne les entende. Tout bas, de sa voix qui terrasse le dragon pour sauver le prince enfermé dans le donjon, elle m'a dit de ne pas m'inquiéter.
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J'ai voulu reprendre le cours de ma vie, passer à autre chose, faire table rase, tourner la page, toutes ces expressions faciles qu'on utilise comme si l'on pouvait recommencer de zéro.
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Huit mois deux semaines et quatre jours qu’il n’a pas touché Isa.
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"ouvre , ma chérie, ouvre cette porte, je suis là, ouvre-moi" C'est son Elsa qui se contente de la prendre dans es bras comme derrière le grand marronnier, qui les serre fort, elle et ce petit tout pourri qu'elle regrette d'avoir fait., dont elle ne veut pas, qui a arrêté de pleurer depuis bien longtemps mais dont la cagoule est trempée de sueur et des pleurs que sa mère a pour la première fois versés.
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Il ne pense qu'à ça. Ça veut dire quoi ? Que tout le porte à frémir. Que tout le porte au désir. Qu'il a toujours les idées mal placées. Placées au même endroit en tout cas. Ça veut dire qu'au premier confinement, quand Isa revenait des courses en disant Il y a la queue partout, il devait se faire violence pour ne pas répondre Il y en a aussi un chez toi, tu sais ?
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Un amour encombrant, désormais.Saugrenu à force. Entêté, éperdu. Perdu tout court. Un amour inflexible et idiot. . Dévot. Au- delà des mots. Maudits peut-être. Dont il faudrait qu'on le debarasse. Oh oui, qu'on le purge !
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Et lui de calculer silencieusement, et les chiffres de s’afficher très lentement dans son esprit aviné : 1 mois = 4 semaines, donc 9 mois font 4 × 9 = 36 semaines. Et les nombres de tournoyer dans sa tête et sa tête de tourner dans un tournis généralisé. Et lui de s’entêter à recalculer le nombre de rapports sexuels qu’il a ratés, à raison d’un coït tous les sept jours, oui c’est bien ça : 36. Très loin, ses meilleurs souvenirs. La vexation le vrille soudain et une tristesse inavouée mais infinie s’abat sur lui, le terrasse comme un haut-le-cœur. Désemparé, il enfile son manteau, salue les copains, Désolé, je vais y aller. Seb râle, fait son vexé en lui tendant son verre : T’as même pas fini ton vin ! Alors il s’exécute, boit tout d’un trait et s’en va, mi-fugue mi-raison, sans se retourner. Sans réaliser qu’il laisse tomber son cœur en sortant. Dans le froid, sur le boulevard. Bouleversé.
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Pas de simagrée. D’emblée tout est très simple entre eux. Il n’en croit pas ses yeux. Ni ses oreilles. Elle dit qu’elle lit Libé, souvent même les petites annonces en premier. Elle dit qu’elle l’avait repéré aussi. Et qu’elle avoue ça le scie. Il l’écoute, incapable d’articuler quoi que ce soit. Tout juste un oui quand elle lui propose de la retrouver au Rostand. À 18 h 30. S’il est libre, bien sûr. Bien sûr ! Sûr de rien en fait. Fait comme si. Comme si même pas peur, comme s’il allait de soi de s’installer en terrasse face au Luxembourg avec la femme qui, la veille, lisait en face de vous. Ne pas s’enfuir, ne pas s’en faire. Se laisser porter par la conversation qui se fait on ne sait comment, avec un naturel déconcertant. En crever de la séduire. Mais tout s’interdire. Mordre l’envie de l’embrasser. Déjà ? Non, mais calme-toi. La folie de rester sage. Lui sourire. Et silencieusement dire merci au métro Plaisance. La ligne 13 lui a-t elle vraiment porté chance ? Vingt ans plus tard il se pose la question. Elle est drôlement difficile. Pourtant à l’époque, cette fille qui aimait Marguerite Duras et devant qui il était tout chose, pas question de la laisser passer. Mais pas pressé. Il avait pris tout son temps. Ne l’avait pas brusquée. Et d’ailleurs cela avait fait la différence, il l’avait compris, bien plus tard, au détour d’une confidence. Des garçons qui vous sautent dessus, ça court les rues. Alors que lui ne la brusque pas, qu’il passe la chercher à la librairie, lui parle de poésie, qu’il ait étudié les lettres avant de bifurquer vers le graphisme, qu’il aime Baudelaire autant que Rimbaud, marche des heures avec elle sans rien tenter, qu’il lui fasse la conversation entre deux clients et la raccompagne chez elle sans chercher à monter, ça lui avait plu. Il ne s’était rien passé pendant des semaines. Deux mois même. Puis tout, d’un coup. Premier baiser, première nuit, lit une place partagé, plus quittés. Et si c’était à refaire ? Eh ben, il recommencerait. Il ne changerait rien. Rien de rien. Même annonce dans Libération, et tant pis pour le chagrin, la frustration et le dépit. C’est peut-être con, mais c’est comme ça.
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(Les premières pages du livre)
Désolée, ne m’en veux pas, mais je dormirai tellement mieux là-bas. Elle a dit là-bas pour désigner la chambre de Roxane, et leur quatre pièces a beau mesurer moins de quatre-vingts mètres carrés, il lui a semblé que c’était loin. Très loin. Très très loin. Le bout du monde. Et peut-être aussi la fin d’un monde. Ah, bah d’accord. Ils en sont donc arrivés là… Des mois qu’ils se couchent en décalé, des mois qu’il la trouve systématiquement endormie quand il la rejoint. Des semaines qu’il se demandait comment elle faisait pour trouver si vite le sommeil avant de tomber sur la boîte de Donormyl. C’était déjà pathétique. La triste petite misère de la conjugalité. Mais alors là… Là, c’est encore autre chose. Un sale palier franchi. Un échelon supplémentaire gravi sur l’échelle de la désespérance. Lui qui adore la montagne se représente parfaitement la mauvaise pente, bien raide, sur laquelle ils se trouvent désormais. Et il a beau n’avoir jamais eu le vertige de sa vie, son obliquité l’effraie. Allongé, les yeux ouverts dans le noir, il a l’impression que des milliers de kilomètres les séparent. Qu’il l’a perdue. Que quelque chose entre eux s’est brisé. Net. Qu’il ne saura pas recoller. Si encore elle était partie à un stage de yoga au fin fond de la France, quand bien même il s’imaginerait, comme chaque fois qu’elle s’en va, les participants qui lui tournent autour, les tas de gars qui la félicitent chaleureusement pour sa souplesse et son lâcher-prise, lui sourient pendant le dîner, l’invitent à boire une dernière tisane et plus si affinités. Il préférerait la savoir à Lille ou Marseille, il préférerait se faire des films, se figurer les enfoirés qui la draguent et la raccompagnent jusqu’à sa chambre. Tous les scénarios pourris vaudraient mieux que celui-là. Eux deux sous le même toit, séparés par trois murs et un couloir. Il ne s’y attendait tellement pas. Mais pourquoi décider ça, comme ça, ce soir, après ce dîner chez les Berthon ? C’était pourtant ce qu’on appelle une bonne soirée. Le genre de soirée entre copains qui vous flingue la semaine à peine commencée. Dont il faut au moins deux jours pour se remettre. Ils ont beaucoup parlé, sacrément ri, énormément picolé et finalement terminé bien trop tard pour un mardi. Petits plats dans les grands, champagne et deux bouteilles de vin à quatre. Isa a eu mal au cœur à peine montée dans le taxi. A-t elle pris sa décision pendant qu’elle respirait tant bien que mal par la fenêtre ouverte sur la nuit froide de novembre ou est-ce en se démaquillant qu’elle a eu l’idée de dormir à côté ? C’est idiot, cela ne change rien au problème, mais il ne peut s’empêcher de se poser la question. Et la question tourne, tourne en boucle dans sa tête. Jamais la chambre ne lui a semblé aussi grande. C’est à croire que la solitude pousse les cloisons. Perdu, déchu. Détrôné dans ce king size. Le roi n’est à la hauteur de rien, ce soir. Il faudrait s’en moquer, réussir à ne pas dramatiser. Isa dort dans la chambre de Roxane. Point barre. Isa dort à côté parce qu’elle est fatiguée, qu’elle a besoin de récupérer. Pas de quoi en faire toute une histoire. Et puis ça va, il a compris qu’il ronflait comme un cochon. L’image d’un porc fangeux lui vient, qu’il chasse aussitôt. Celle de la locomotive l’agresse moins. Il ne voulait pas y croire, mais sait à quel point ses vrombissements sont affreux depuis ce dimanche midi où il s’était assoupi après le déjeuner. C’était il y a quelques mois, début juin, juste avant que Roxane ne parte pour les États-Unis. Les filles s’étaient amusées à le filmer pendant sa sieste et lui avaient fait écouter leur enregistrement à son réveil. Mortifié ! Il ne savait plus où se mettre. Ce soir la colère chasse la honte, qui gonfle et monte, monte en lui comme une sale bête.

Huit mois.

Huit mois deux semaines et quatre jours.

Huit mois deux semaines et quatre jours qu’il n’a pas touché Isa.
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 Un homme amoureux puisqu’il attend. Qui aimerait jouer à celui qui n’attend pas. Mais qui attend, attend, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à attendre. 
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Les bleus, tu les avais à l’âme. Et l’avantage qu’ils ont sur ceux du corps, c’est qu’on n’a pas besoin de les planquer. Sauf que si personne ne les voit, toi tu les sens.
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Et bien sûr ce pauvre petit pois, aussi bio soit-il, n’amortit pas tout le bruit, laisse passer à peu près toutes les saletés qu’il n’a pas cessé de déverser depuis que tu es rentrée. Mais quoi d’étonnant ? Comment un si petit pois pourrait-il absorber des mots si gros ?
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Oui, au fond, tu n’as peut-être toujours été que ça : une connasse qui s’en prend plein la gueule. La femme d’un mec violent qui réussit à la casser sans la taper. L’épouse d’un homme parfait au-dehors mais moche au-dedans. Qui n’explose jamais en public, mais s’arrange toujours pour en faire profiter les enfants. Ce serait vraiment dommage qu’ils ratent le spectacle ! En perdent une miette, justement.
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Depuis l’épisode des miettes, ses mots te fauchent comme une gifle. T’écorchent et t’humilient. Sa main ne se lève pas, mais de sa bouche les torgnoles tombent de nouveau. Et c’est une claque au cœur, chaque fois.
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Tout ça, il fallait le faire, il n’y avait pas le choix. Alors tu l’as fait. Les courses, les fiches de lecture, les machines, les repas du dimanche, les devoirs de l’école : tu as tout fait. Même ton devoir conjugal, tu l’as fait. Mais sourire, non, tu ne pouvais pas. Tu n’y arrivais plus.
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