AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Amélie Cordonnier (191)


Tu t’es traînée ton mal de vivre en bandoulière, comme un sac à main. Tu l’avais choisi grand, alors autant le remplir un max. Il était plein à craquer de ses insultes, de ton chagrin, de tes peurs, et pire encore de mille regrets. Tu te sentais misérable et malheureuse comme les pierres. C’était les « larmes aux paupières, au jour qui meurt, au jour qui vient ». Et tu avais souvent envie que le jour ne revienne pas.
Commenter  J’apprécie          270
« Quand papa se marre en déclarant que tu pisses comme une grosse vache degueulasse, c’est péjoratif ça ? - Oui, c’est péjoratif. « La version laudative, ça pourrait être quoi ? » Tu réfléchis deux minutes : « Votre Altesse, de l’or coule entre vos fesses! ». Il rit. Toi aussi. La formule le réjouit, alors il se redresse et prend un air théâtral pour la déclamer. « Votre Altesse, de l’or coule entre vos fesses! »
Commenter  J’apprécie          260
Amélie Cordonnier
Josette avait engrangé un nombre incalculable de figurines en tous genres, recouvertes de poussière. La collection de bateaux, celle de chats en porcelaine, de cœurs, de canards en bois, de poupées anciennes et de boules de neige. Il a fallu des litres d’huile de coude et près de quatre-vingts sacs-poubelles pour faire place nette. Un vrai crève-cœur de devoir se séparer de tout ça. Tu avais suggéré à Aurélien de garder un exemplaire, mais pas plus, de chacune des collec’ de Josette. Pour la famille des nains de jardin, vous avez toléré une entorse à la règle. Trois d’entre eux trônent aujourd’hui encore dans la cuisine ouverte sur le salon. C’est sous leur œil goguenard et leur mine renfrognée que tout a éclaté.
Commenter  J’apprécie          170
Ce que tu as préféré, c’est toutes les fois, comme celle-là, où vous n’avez pas pu baiser. Pas de porche, pas de banc, aucun renfoncement sur le trottoir où vous cacher. Tu dis que c’est ce que tu as préféré, pas parce que le plaisir de ne rien faire était supérieur à celui de t’envoyer en l’air, non, rien ne vaudra jamais cette jouissance-là. Si tu as adoré toutes ces fois où rien n’a pu se passer, c’est parce que jamais auparavant tu n’avais senti le désir cogner en toi avec une telle intensité.
Commenter  J’apprécie          150
Je finis tout de même par trouver le courage de lui demander la raison de sa visite. Passent quelques secondes. Il suspend sa réponse et bien sûr je flippe. Je suis la bille, lui le joueur. Beaucoup de choses se jouent déjà dans ce petit blanc de rien du tout, ce silence entre nous qu'il laisse planer assez longtemps pour me faire croire qu'il hésite. Aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'à ce moment-là il s'amuse, que cette latence lui permet d'affirmer sa toute puissance, de me signifier que c'est lui, et lui seul, qui mène la danse.
Commenter  J’apprécie          142
Pas question de passer ton tour. La garde alternée, tu ne pourrais pas. Ça ferait combien d’histoires du soir de perdues ? Bien sûr, tu n’as pas le droit de dire ça, comme t’a répliqué Anna l’autre jour. Parce que quand on n’a pas le choix, on prend sur soi. On fait avec et on finit par s’habituer. On s’habitue à tout. À perdre, à souffrir, à manquer. Tu le sais.
Commenter  J’apprécie          142
C'est comme si en retirant le tapis, la table de nuit, ses livres et tous ses habits, Isabelle avait fait sauter une digue, comme si plus rien ne retenait sa souffrance longtemps diluée dans la nonchalance de la routine et qu'elle s'écoulait maintenant dans un torrent déchaîné. La douleur irradie en lui, se propage à une vitesse fulgurante dans tout son corps. Ce qui le crible à ce moment-là, ce n'est ni la désolation ni le manque, mais le sentiment abyssal de la perte. Une perte abominable, dont il n'est pas sûr de pouvoir se remettre. Ni même de le vouloir. Peut-être qu'elle finira par avoir sa peau et alors il mourra, comme ça. La bouche bêtement ouverte et la main sur la poitrine. Tranquille enfin. Il prend tout à coup conscience qu'une partie de lui a disparu en même temps que tous les gestes qu'Isabelle ne fait plus. En s'éteignant, le sexe a tué bien plus de choses entre eux qu'il ne l'avait imaginé, et sûrement bien plus encore qu'il n'accepte de l'admettre. Son histoire avec Isa hoquette, leur vie à deux crève sans bruit. Et cette agonie l’anéantit. p. 99-100
Commenter  J’apprécie          130
Ne surtout pas écouter les horreurs qu'il dégueule tout doucement pour ne pas réveiller les enfants. Ne plus bouger, faire la morte et prier pour ne pas le devenir quand l'air commence vraiment à manquer. La phrase de Despentes, en boucle dans ta tête : " La colère est une pute qui n'a pas froid aux yeux."
Aurélien finit par te libérer. Cela se termine aussi subitement que ça a commencé. Tu récupères ton roman en silence. Les lignes dansent sous tes yeux secs. C'est ta façon discrète de trembler.
( p 83)
Commenter  J’apprécie          130
"Non, ce qui l’assomme et la dévaste, c’est l’incompréhension et la peur. La peur inavouable de ne pas réussir à aimer cet enfant, ce bébé à la couleur non identifiée, qui n’a rien à voir, mais alors rien du tout avec celui qu’elle désirait."
Commenter  J’apprécie          120
Quand on ne sait pas répondre aux questions des enfants, il faut avoir le courage de le leur avouer.
Commenter  J’apprécie          122
Sept ans, c’est beaucoup. Mais ce n’est pas assez. Et toi qui croyais qu’il était guéri pour toujours ! C’est vraiment trop bête. Tellement dommage, surtout. Soudain la déception te coupe le souffle. Tu as le cœur lourd de tous ces rêves piétinés. Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu savoir que tout allait s’arrêter ? Et que sept ans plus tard tout recommencerait. Savoir d’entrée de jeu que ça ne durerait pas. Que le chagrin ne fait finalement toujours que se reposer ?
Commenter  J’apprécie          120
Il ne faut pas que les masques tombent. Surtout pas. Que deviendrait-elle sans le sien? Elle perdrait tout. Car elle le porte depuis sa naissance finalement, et il épouse si parfaitement son visage qu’elle ne s’était même pas aperçue de son existence. Alors masque ou cagoule, au fond quelle différence? Autant les enfiler et ne jamais les quitter. Ses paupières tremblent, qu’elle relève de moins en moins vite. Compter jusqu’à trois puis les rouvrir. Un deux trois. Ça va, personne devant. Un deux trois. Ses yeux cillent, cillent. Mais qu’importe, le platane c’est seulement dans les mauvais films. Un deux trois, encore une fois. Elle tente de garder le cap et le volant bien droit. Mais le sommeil joue les sirènes, l’appelle, l’appelle. Un deux trois. Fermer les yeux. p. 189
Commenter  J’apprécie          110
Les signalements restent anonymes. Les gens qui appellent le 119 ne sont pas tenus de décliner leur identité, et quand bien même la personne qui vous a signalés l'aurait fait, je ne vous l'aurais pas révélée. Vous voulez dire que n'importe qui peut dénoncer son voisin ? Qu'entendre suffit à faire foi, à faire accuser ?
Commenter  J’apprécie          100
Et c'est alors que tu l'entends te dire tout doucement, mais très distinctement, que t'es qu' une conne. " T'es qu'une conne, ma fille."
sauf que cette fois, c'est de toi qu'elle vient, cette petite voix.
( p 161)
Commenter  J’apprécie          90
Dans le bus ou le métro, à la médiathèque ou au parc, pendant que Vadim tape dans son ballon de foot avec les copains et que Romane fait le cochon pendu ou joue à la petite marchande sous le toboggan, tu égrènes ses mots partout. Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu’ils aillent s’incruster ailleurs qu’en toi. 
Commenter  J’apprécie          90
Les bleus, tu les avais à l'âme. Et l'avantage qu'ils ont sur ceux du corps, c'est qu'on n'a pas besoin de les planquer. Sauf que si personne ne les voit, toi tu les sens.
Commenter  J’apprécie          90
Alors je fais comme toutes les mères du monde entier, je serre mon enfant contre moi, encore une fois, et lui dis ces phrases qu'on prononce toutes depuis des millénaires en cas de chagrin, sans avoir besoin de réfléchir ni de se concerter, ces phrases qui se transmettent de génération en génération, flambeaux grâce auxquels nos mères, nos grands-mères, les mères de nos grands-mères et nos arrière-arrière-grands-mères avant elles ont séché des milliers de larmes au point qu'on a fini par les croire magiques, je dis C'est tout, c'est tout, mon chéri, ça va aller, ne t'inquiète pas, ça va s'arranger, ce n'est rien.
Commenter  J’apprécie          80
La mort dans l'âme, tu t'étais couchée à ton tour. Tu t'étais dit que ce n'était qu'une expression. On ne meurt pas sous le coup des mots, aussi violents soient-ils. Le trou dans le plexus, les morsures, les lames et les aiguilles qui meurtrissaient ta chair n'étaient que métaphoriques.
Commenter  J’apprécie          80
De toute façon ce n'est pas gagné. Rien n'est fait pour l'aider. Il tombe dessus partout. Nez à Nez. Nez à fesses, nez à riens, nez à seins. Dans la rue, sur le cul des bus, au bistro, au bureau, sous terre, dans les parkings, le métro, au ciné. Et même sans sortir de chez lui, sur le Web, à la télé, la radio, dans les journaux. Jamais jusqu'alors il ne s'était rendu compte que le sexe avait envahi la ville. Il aura fallu qu'il s'éloigne du sexe, ou plutôt que le sexe s'éloigne de lui, pour qu'il apprenne à le voir, et qu'il le voie partout.
Page 28
Commenter  J’apprécie          70
Séisme, explosion, incendie, j'ignore quelle image employer pour décrire la déflagration que fut cet événement, ce trou dans nos vies. Je dis cet événement et non cet accident parce qu'il n'a rien de fortuit. Nous n'en sommes pas sortis indemnes, nous n'en sommes pas revenus, pas vraiment. Une part de nous est restée là-bas, à cette époque où nous n'irions plus rire ni crier, et j'arrête pas de me demander quelles séquelles les enfants en garderont. C'est pour cette raison aussi que j'ai fini par céder et accepter de raconter ce qui nous est arrivé, il y a trois ans. Mon mari pense que cela me fera du bien. Moi j'espère juste que cela nous permettra de comprendre. Et de suturer les jours. J'ai longtemps tenté de brocanter mes souvenirs. J'ai voulu reprendre le cours de ma vie, passer à autre chose, faire table rase, tourner la page, toutes ces expressions faciles qu'on utilise comme si l'on pouvait recommencer à zéro. Mais c'est impossible évidemment. Et tant mieux. Je ne veux pas m'en remette de toute façon. Ce serait perdre la trace de ce que nous avons été et tuer ceux que nous sommes devenus, malgré nous.
Je vais narguer la honte, gratter nos plaies, extraites nos plus sales souvenirs des cellules gélatineuses de mon cerveau de les disséquer un par un. Ce ne sera pas de l'autofiction, ce sera de la vivisection. Je veux écrire cette histoire. Parce que c'est une expérience plus fervente et plus tranchante que l'oubli.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Amélie Cordonnier (910)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
147 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}