Citations de Amélie De Lima (79)
Alors, dans un instant aliéné, elle se laissa tomber sur les rails, légère comme un oiseau, caressant de ses ailes les bras de fer de son invité.
"Le roman noir se brode, se surpique, se travaille comme de la dentelle. Il doit être delicatement confectionné pour conserver la beauté des mots dans la laideur des propos."
Amélie De Lima.
Recroquevillée dans une valise, les jambes pliées contre sa poitrine, Clémence avait cessé de pleurer. Elle avait compris que personne ne viendrait l'aider, que personne n'ouvrirait la sangle de la malle dans laquelle elle était enfermée.
Elle avait bien hurlé pendant de longues minutes, respirant une odeur rance d'humidité, priant de toutes ses forces pour se réveiller de ce terrible cauchemar. [...]
Elle gratta alors les parois de cuir épais et y laissa ses ongles, incrustés dans la peau de la valise prête à devenir son tombeau.
Au fond de son petit cœur d'enfant, elle savait qu'elle ne survivrait pas. Elle ne se souvenait pas de la façon dont elle avait fini là-dedans. Elle ne connaissait pas non plus la raison pour laquelle on lui avait fait subir tant de souffrances et pourquoi on avait dévidé de la reclure dans cette valise étriquée. Elle savait juste qu'on l'avait abandonnée ici, dans le sous-sol de cette maison.
« L'amour d'une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin. »
Agatha Christie.
Tout ce qu'elle voulait, c'était vivre une existence normale, sans avoir à lutter contre ces chuchotements qu'elle seule pouvait percevoir.
Parfois l’ignorance est la meilleure défense du cœur .
" On lui a scalpé les cheveux à grands coups de ciseaux, comme vous pouvez vous-même le constater.
Il désigne d'un coup de menton, le crâne saccagé de l'adolescente, auréolé d'une énorme touffe de cheveux. "
Au fond de son petit cœur d'enfant, elle savait qu'elle ne survivrait pas. Elle ne se souvenait pas de la façon dont elle avait fini là- dedans. Elle ne connaissait pas non plus la raison pour laquelle on lui avait fait subir tant de souffrances et pourquoi on avait décidé de la reclure dans cette valise étriquée.
Lorsque Clémence est née et qu'on l'a mise dans mes bras, je n'ai rien ressenti. Absolument rien, le néant. Ca peut paraître bizarre, n'est-ce pas ? J'avais cru que je pleurerais de joie en sentant son petit corps contre le mien, peau contre peau ; pourtant, je suis restée de marbre.
Élise sent que cette fille a dû vivre le pire, c’est sûrement pour ça qu’elle s’est forgée une carapace qui la protège des autres. Elle envie presque sa désinvolture et aimerait lui ressembler. Jeune, avec un avenir devant elle. Mais ensuite, elle se rappelle les circonstances et comprend vite que sa vie n’est en rien enviable. Qu’a-t-il pu lui arriver pour qu’elle finisse dans la rue à mendier trois francs six sous ? Élise la regarde, l’observe, tente de percer ce mystère qu’elle ne résoudra peut-être jamais. Elle n’a pas le temps pour ça, elle a d’autre choses en tête, bien plus importantes. La sauver de cette vie minable.
Cheveux mi-longs, permanentés, une frange surélevée et laquée en abondance. Une jupe en jean agrémentée d'un chemisier blanc qui laisse entrevoir la dentelle bon marché de son soutien-gorge. La secrétaire mâche un chewing-gum nonchalamment comme si le temps s'était arrêté pour elle, puis s'adresse à Élise...
- Parfois l'ignorance est la meilleure défense du cœur, commissaire.
- On ne parle pas à table, je t’ai dit !
- Pardon papa, répondit-elle les yeux baissés.
- Je m’en fiche pas mal de ton pardon. Lève-toi.
- Mais papa…
- Écoute ton père Catherine.
- Lève-toi et place des mains sur le bord de la table.
- Papa…
- Tais-toi et fais ce que je te dis !
Dix coups de ceinture résonnèrent alors dans la salle à manger, durant 40 longues secondes, étouffés par les cris sourds d’une petite fille en pleurs
Élise la regarde, l’observe, tente de percer ce mystère qu’elle ne résoudra peut-être jamais.
Élise sent que cette fille a dû vivre le pire, c’est sûrement pour ça qu’elle s’est forgée une carapace qui la protège des autres.
Roubaix, nuit du 20 au 21 mai 2005
Sous un ciel pluvieux, les branches des arbres florissants de la rue de l’Épeule à Roubaix virevoltaient dans un souffle sourd, comme le chuchotement des berceuses d’autrefois.
La rue paraissait paisible en cette nuit printanière, où rien ne semblait pouvoir ébranler le sommeil des résidents. Pourtant, dans la profondeur de l’obscurité, perçait une fine lumière, à peine détectable, provenant du bloc B d’un immeuble HLM.
Une minuscule fenêtre au 4e étage, illuminée et encastrée dans une façade grisâtre.
L’entrée de l’immeuble, aux portes bleu turquoise défoncées, invitait tous ceux qui oseraient s’y aventurer.
L’ascenseur en panne, on se dirigeait vers les escaliers. Quatre étages à grimper sous une odeur pestilentielle d’excréments.
On frappa durant quelques secondes à la porte qui resta fermée. Dans un mouvement millimétré, deux hommes en uniformes munis d’un bélier défoncèrent l’entrée sans sourciller.
Il y a des jours comme ça où l’on préférerait rester bien au chaud dans son lit, un chocolat brûlant dans la main et un livre dans l’autre, à l’abri des intempéries.
Qu’a-t-il pu lui arriver pour qu’elle finisse dans la rue à mendier trois francs six sous ?
Les loups sont partout. Ils guettent, prêts à agir, toujours là où l’on s’y attend le moins.
La vie ne dure que le temps d’un journal télévisé.