La première fois que Blaireau posa les yeux sur Putois, il pensa non merci et referma la porte d'entrée.
En temps normal, Blaireau ne claquait pas la porte au nez des animaux qui frappaient chez lui. Mais la rayure sur le pelage de celui-ci était trop nette, sa queue trop touffue. Et puis, il avait ce sourire et cette façon de lui tendre la patte comme s'il avait attendu toute sa vie de le rencontrer.
Blaireau savait à quoi s'en tenir. Il avait refermé la porte avant que le type ne puisse en placer une. (pg 11)
En traversant un glacier, Petite Poule perdit une griffe à cause du froid. Ensuite, une couche de neige céda, et dessous, il n'y avait que le vide. C'était une crevasse, une faille dans le glacier, en partie cachée par la neige qui la recouvrait. Petite Poule tomba dans la crevasse ! Elle tomba, tomba en tournoyant. En désespoir de cause, elle battit des ailes, alors qu'on lui avait toujours dit qu'elles ne servaient à rien.
Les ailes fonctionnèrent !
En tout cas suffisamment. Petite Poule atterrit de l'autre côté de la crevasse et enfonça les griffes qui lui restaient dans la glace.
L'effort l'avait épuisée. Petite Poule gisait, pantelante. Elle essayait de se souvenir dans quelle poche elle avait mis le grain de mais. Ou était-il ? Elle n'arrivait pas à le retrouver. A cet instant, Petite Poule comprit plusieurs choses : les poules Bantam ne sont pas faites pour la montagne. Ensuite, une poule sur la glace se transforme vite en poule morte. (p. 90)
- Écoute, je n'ai pas besoin d'un guide en dix étapes pour améliorer ma vie. Je sais déjà m'organiser. Je ne dépense pas mon argent dans les tombolas ni dans des tickets de loterie. Mes chaussettes ne sont pas trouées. Je ne crois pas aux lunettes à rayon X ni aux poudres de perlimpinpin. Et les bagues avec de faux diamants ne m'impressionnent pas. Je n'ai pas besoin d'un blender, et encore moins d'un chausse-pied. A moins que tu ne sois venu proposer de l'argent pour financer l'Important Travail de Recherche sur les Roches et Minéraux d'un scientifique spécialisé en roches - qui entre parenthèses travaille d'arrache-pied, sans jamais se fatiguer et avec plus d'obstination qu'un âne têtu -, il n'y a rien que tu puisses m'offrir. (pp. 19-20)
C'est alors que Blaireau remarqua quelque chose écrit en toutes petites lettres au-dessus de l'enseigne de la librairie. Il regarda mieux. Ahr, ahr ! Il était indiqué : LIBRAIRIE DES POULETS.
D'un bond, Blaireau se précipita vers la boutique.
La porte de la librairie avait deux poignées, dont une à hauteur de Poulet. Blaireau saisit la plus haute. (p. 124)
"Tu as sécrété. Tout le monde sait à quel point une sécrétion de putois est ignoble, infâme, abominable. Tu aurais dû me réveiller. Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas réveillé ? Moi, je n'ai pas peur d'une petite hermine !"
De l'autre côté de la caisse, il y avait une pile de cartes de visite. Blaireau en prit une et lut : "Librairie des poulets dirigée et tenue par les poulets (elle fonctionne au bon vouloir des poules)". (p. 127)
- Garde l’agate. Moi, je garde mes amis.