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Blaireau et putois tome 1 sur 2

Jon Klassen (Autre)
EAN : 9782226449047
144 pages
Albin Michel (05/01/2022)
4.25/5   24 notes
Résumé :
Habitué à la solitude et au calme, Blaireau est loin d'être ravi d'apprendre que quelqu'un d'autre s'installe sous le même toit que lui. Mais lorsqu'il découvre que son nouveau colocataire n'est autre qu'un putois, il manque de défaillir. Premier roman.
Que lire après Blaireau et putois, tome 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Incontournable Février 2022


Version courte:


"Blaireau et Putois" est un roman à couverture rigide illustré destiné à un lectorat jeunesse d'environ 9-10 ans, où deux animaux aux antipodes l'un de l'autre deviennent colocataires. On notera dans le récit une ouverture à la différence, au danger des préjugés persistants, aux joies simples, ainsi qu'une mise en garde contre les mots blessants et la rigidité d'esprit. Roman universel qui convient à tout groupe d'âge par la porté de son message, cette histoire aux accents tantôt comiques tantôt dramatiques s'ajoute aux bons romans des états-unis destinés à la jeunesse.


Version exhaustive ( parce que les bons livres méritent qu'on s'y attarde un peu):


Petit point erroné ici: il y a une erreur évidente par rapport au titre. Dans la version originale "Shunk and badger" aura du être traduit "Moufette et blaireau". Ce constat se confirme quand on observe les images de Klassen: C'est bien une "moufette", l'animal à fourrure noir barrée de blanc, ayant une queue touffue. le "putois" est un animal européen au pelage brun, à la queue mince, mais qui dispose du même système de défense malodorant. Donc, on a le bon animal en dessin, mais pas dans le texte. En faisant quelques recherches, la confusion est fréquente et ce genre d'erreur ne fait qu'accroitre plus encore cette confusion. Considérant que l'histoire est états-unienne et les images également, il me semble qu'il aurait fallut garder le bon nom pour "Moufette". le mot "putois" n'est pratiquement pas utilisé en Amérique du nord et avec raison: on en a pas! Même constat pour Lula, qui est une "martre des pins" dans la version présente, mais une fois encore, cet animal est européen uniquement. La martre à tête grise en revanche, est américaine. Je sais qu'on traduit parfois avec des animaux connus des jeunes, mais c'est une mauvaise idée. Ça risque surtout de semer la confusion et ne respecte pas l'origine de l'autrice et de l'illustrateur. Je vois mal comment on pourrait changer un panda ou une girafe par un autre animal, par exemple. Mais j'extrapole là.


Sinon, qu'avons-nous? Une histoire de colocataires, avec ce côté vieillot qui me rappelle ces vieilles histoires en littérature jeunesse où on remplaçait les humains par des animaux pour faire passer des messages. Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit au fond: traduire des réalités très humaines: celle des préjugés ethniques, des habitudes rigides et de l'amitié.


Blaireau est un spécialiste des "roches et minéraux", il y consacre religieusement tout son temps, de manière routinière qui ne déroge jamais, à quelques variantes fantaisistes que ce soit. Mais la maison de grès brun qu'il habite n'est néanmoins pas sa propriété. Elle lui a été prêtée par Tante Lula, une martre, qui veut lui donner une chance de mener ses projets de recherche tout en gardant la tête hors de l'eau côté finances. Mais sa tanière de quiétude organisée va être investie d'un nouvel habitant: Putois ( qui est une moufette). Putois est malheureusement victime de la réputation des gens de son espèce et Blaireau, quand il apprend que Putois est son nouveau colocataire, lui fait un accueil vraiment peu respectueux ( Notamment lui donner le placard comme chambre). Cependant, comme on s'en doute un peu, Putois n'est pas le petit animal malpropre de base extraction comme semble le penser Blaireau, mais au contraire un animal cultivé, curieux, enjoué, socialement engagé et même habile cuisinier. Il lui fait faire connaissance avec les poulets du quartier, lui fait découvrir des livres et partage ses succulents déjeuner en échange de sa contribution au lavage des plats. Bref, tout semblait aller bien et peut-être même lui faire regretter d'avoir demandé à Tante Lula de le faire partir, jusque dans une situation particulière, Putois doive se servir de son "jet" pour chasser un très déplaisant rôdeur. Alors, Blaireau utilise le mot de trop.


Il est difficile de ne pas voir ici les préjugés de certains états-uniens contre les minorités visibles comme les communautés racisés, par exemple les afro-américains, les autochtones, les mexicains, les chinois, les immigrants/migrants fraichement débarqués et même la communauté LGBTQIA+ ( Quoique ces groupes peuvent avoir les mêmes soucis ailleurs dans le monde, mais je m'en tiens à ceux du pays concerné) . Tous ces groupes qui ont des étiquettes de "nuisibles" à un moment ou à un autre de l'histoire de ce pays ou dans certains foyers actuels. Ce n'est pas toujours simple, mais l'élément clé est de donner la chance au coureur: Quand on ne connait pas la personne, autant lui donner une chance de se faire connaître. le problème avec les préjugés, ce n'est pas d'en avoir, c'est d'arriver à passer par-dessus.


C'est un roman tranquille, je dirais, très tranche-de-vie, avec ses petits moments mignons, ses petits amicaleries maladroites et ses péripéties cocasses. Ces poulets m'auront turlupinés un peu, tout-de-même: est-ce que ce sont des équivalents de chats? Ou des membres de la communautés? Comme il y a une librairie pour poulet, je suis tenté d'aller pour la seconde option, mais que penser du fait qu'ils ne parlent pas comme tous les autres animaux? Simple différence de langue, peut-être. Comme je les ai trouvés choux ces poulets!


Côté écriture et sujet, je dois avouer que suis perplexe- dans le bon sens. Comme le tout est simple à lire, j'aurais tendance à dire que les 9-10 ans devraient être à l'aise, et en même temps, je me demande comment ils vont percevoir cette histoire, qui me semble presque destinée aux adultes. Curieusement, la tolérance, c'est souvent plus un enjeu d'adultes que d'enfants, parce qu'ils sont assez généralement plus tolérants face à la diversité ethnique. Je pense que ce roman est peut-être tout simplement de ce genre qui peut être universel. Les personnages sont adultes, d'ailleurs, ce qui est somme toute rare en littérature jeunesse. En ce sens, je verrai même ce roman dans les mains de nos aînés qui se cherchent une histoire au français pas trop compliqué et au format plus court que les romans usuels pour adultes. Des intéressés?


Sinon, ce côté "adulte" est peut-être aussi accentué par le style d'illustrations de Klassen, que je trouve naturellement vieillot avec ses tons sépia, ses lignes hachurées et le style des vêtements et autres objets. On pourrait aussi bien être en 1950 qu'en 2022 - quoiqu'il n'y a d'écrans nul part et on communique par la poste.


Et puis, cette passion pour les pierres m'aura bien fait sourire, parce que je pense à mes petits lecteurs qui les apprécie, eux-aussi. Vous seriez étonné de voir combien de jeunes aiment admirer la diversité des minéraux et roches, on vend même des boitiers avec une douzaine d'entre elles pour nos amateurs en géologie. Alors quand je vois ces même pierres sur les pages de garde, je me fais la réflexion que ça peut sembler "vieux" comme sujet, mais en fait pas tant que ça. Pour en revenir à Blaireau, notez que sa passion qui occupe ses jours et ses pensées semble suivre une progression très lente qui génère une vie très routinière. Même repas de céréales, même 12 articles à l'épicerie. Blaireau ne s'est même pas rendu compte des merveilleuses boutiques à deux pas de chez lui! Une librairie, un magasin de tartes, un parc! Peut-être que d'une certaine manière, s'il est bon d'avoir une passion, il ne faut pas négliger les autres sphères de sa vie?


Donc, au-delà du simple sujet de la tolérance et des jugements persistants, il y a une dimension très intéressante sur le plan de la "vie" dans son sens global. Profiter de la beauté de Mère Nature, développer des liens et des relations sociales, se trouver des hobbies, tenter des expériences, gouter de nouveaux plats, etc. "Sortir de sa zone de confort". On oublie trop souvent que ce sont les petites choses qui font les grands bonheurs ( ou du moins le bonheur durable). Blaireau va évoluer avec Putois ( Arf! "Moufette"!) parce que celui-ci a justement compris cela. Il vit avec un tel enthousiasme pour tellement de petites choses, s'en est beau à voir, et il embarque Blaireau dans cette vision de la vie. Ça me rappelle l'adage suivant: "Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin".


Dernier petit point que j'aimerais mettre en lumière: Cette idée du "mot de trop". Dans ce roman, c'est le terme "Nuisible" qui est le gros mot tabou, celui qui désigne en un mot le ressenti à l'endroit du groupe visé par le stigma. Les mots font mal, quand on connait leur contexte précis. En cela, malheureusement, chaque groupe minoritaire a les siens. Même les femmes, à une époque, avec comme mot phare "Incapable". Je pense que c'est un bon choix de l'autrice d'avoir su mettre un accent particulier sur les mots qui font mal, au-delà des gestes blessant et des considérations moindres qui sont souvent aussi du lot. Parce que les mots, les enfants les apprennent à l'école, on peut encore travailler là-dessus, avant que devenus adultes, ils les intègrent et les emplois à mauvais escient ou de la "mauvaise" façon. Comme ici. Les mots peuvent blesser, parfois même plus qu'une gifle, parce qu'ils deviennent alors des fardeaux qui nous suivent partout, comme ce pauvre Putois, qui traine "Nuisible" sans doute dans sa petite valise rouge ficelée. Tiens, me voilà poète!


Enfin, l'ouverture de la fin est très jolie et pleine d'espoir, avec un Blaireau pleins de projets et moins matérialiste, et un putois enfin considéré à la hauteur de sa bienveillance et de sa personnalité solaire. Peut-être y aura-t-il une suite? Et on a même un symbole très beau à la fin avec cette patate qui germe aussi surement que l'amitié des deux colocataires.


Un roman universel, donc, et un bel ajout à la littérature jeunesse états-unienne assurément, bien amené et où tous les groupes d'âge peuvent assurément y trouver leur compte. Attention, c'est souvent le cas en jeunesse, mais ici je pense que c'est simplement plus évident.


"Blaireau et Putois" est un peu comme un sucre à la crème, ça fond dans la bouche, réconfortant, et ça a de petites notes nostalgiques tout en restant assez classique.


Pour un lectorat à partir de 9-10 ans en montant.

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Un beau roman jeunesse tout en finesse et en poésie sur l'amitié et la tolérance. Deux personnages qui ne se ressemblent en rien doivent cohabiter ensemble et cela va bouleverser leur univers et surtout leurs habitudes. On y retrouve aussi de l'humour, et de très belles illustrations en noir et blanc.
J'ai beaucoup aimé cet univers où les animaux sont humanisés. Je me suis presque crue dans les Mémoires de la forêt de Mickael Brun Arnaud.
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Hymne à la tolérance, au partage et à l'accueil par le biais de cette fable animalière loufoque.
Blaireau vit en scientifique, reclus sur ses recherches, dans la maison de Tante Luna, et oublie de lire son courrier. Putois se présente, également invité par cette tante, pour vivre en colocation. Passée la première appréhension de l'inconnu, après un remarquable petit-déjeuner concocté par Putois, Blaireau va rapidement évoluer, changer son comportement et accepter les différences de Putois. Mais quand une invasion quantique de poulets fait encore monter d'un cran la tension, attirant l'Hermine prédatrice, les événements vont trop loin et des paroles extrêmes seront prononcées et .... presque aussitôt regrettées ! Est-il trop tard pour se réconcilier ? Qui fera le premier pas ?
Une lecture agréable, des illustrations à l'encre de Chine, une couverture cartonnée : à partir de 8 ans, jusqu'à .... 108 ?
Testé en lecture à voix haute : cela fonctionne aussi.
Présenté parfois comme un tome 1. À confirmer ?
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Gros coup de coeur pour ce roman jeunesse ! L'autrice y parle d'amitié et de tolérance, mais avec un humour décapant, et qui fonctionne autant sur les plus jeunes que sur les adultes. Les 2 personnages, bien qu'antinomiques, sont immédiatement attachants, et même si le putois est clairement, au début, le "gentil", il saura aussi se montrer exigeant, ce qui casse les schémas classiques. Bien sûr on devine que cette difficile cohabitation va bien se terminer, mais ça n'ôte aucun plaisir de lecture tant l'humour, les dialogues et le souci du détail valent leur pesant de cacaouhètes (ou de patates roquettes, plus exactement).
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Comme beaucoup d'universitaires, Blaireau est constamment absorbé par d'importantes recherches sur les roches et les minéraux... Il vit seul dans une maison prêtée par sa tante, ce qui lui convient très bien. Devenu un peu monomaniaque et asocial par la force des choses il a pour habitude de fuir les autres, prétextant sa charge de travail. Aussi, lorsque sonne chez lui un putois qu'il prend pour un VRP, il lui claque la porte au nez. Mais ce putois-ci est envoyé par la tantine, en tant que colocataire, voici qui ne fait pas les affaires de notre blaireau. D'autant que l'intrus souhaite une chambre entière, cuisine à grand bruit, est un invétéré bavard et d'un optimisme forcené. Blaireau est bien décidé à faire place nette, car des centaines de poulets vont s'ajouter au problème putois. Un petit roman qui m'a évoqué "Le vent dans les saules", avec des personnages consistants et attachants qu'on a hâte de retrouver.
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critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
01 mars 2022
Jon Klassen, illustrateur surdoué, apprivoise toujours de drôles de bestioles dans ses bouquins. [...] Pas question pour ce quadragénaire d’édulcorer ou de bêtifier sous prétexte de s’adresser à de jeunes lecteurs. Ainsi de «Blaireau et putois», où des rongeurs affrontent une cohabitation puante.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La première fois que Blaireau posa les yeux sur Putois, il pensa non merci et referma la porte d'entrée.
En temps normal, Blaireau ne claquait pas la porte au nez des animaux qui frappaient chez lui. Mais la rayure sur le pelage de celui-ci était trop nette, sa queue trop touffue. Et puis, il avait ce sourire et cette façon de lui tendre la patte comme s'il avait attendu toute sa vie de le rencontrer.
Blaireau savait à quoi s'en tenir. Il avait refermé la porte avant que le type ne puisse en placer une. (pg 11)
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En traversant un glacier, Petite Poule perdit une griffe à cause du froid. Ensuite, une couche de neige céda, et dessous, il n'y avait que le vide. C'était une crevasse, une faille dans le glacier, en partie cachée par la neige qui la recouvrait. Petite Poule tomba dans la crevasse ! Elle tomba, tomba en tournoyant. En désespoir de cause, elle battit des ailes, alors qu'on lui avait toujours dit qu'elles ne servaient à rien.
Les ailes fonctionnèrent !
En tout cas suffisamment. Petite Poule atterrit de l'autre côté de la crevasse et enfonça les griffes qui lui restaient dans la glace.
L'effort l'avait épuisée. Petite Poule gisait, pantelante. Elle essayait de se souvenir dans quelle poche elle avait mis le grain de mais. Ou était-il ? Elle n'arrivait pas à le retrouver. A cet instant, Petite Poule comprit plusieurs choses : les poules Bantam ne sont pas faites pour la montagne. Ensuite, une poule sur la glace se transforme vite en poule morte. (p. 90)
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- Écoute, je n'ai pas besoin d'un guide en dix étapes pour améliorer ma vie. Je sais déjà m'organiser. Je ne dépense pas mon argent dans les tombolas ni dans des tickets de loterie. Mes chaussettes ne sont pas trouées. Je ne crois pas aux lunettes à rayon X ni aux poudres de perlimpinpin. Et les bagues avec de faux diamants ne m'impressionnent pas. Je n'ai pas besoin d'un blender, et encore moins d'un chausse-pied. A moins que tu ne sois venu proposer de l'argent pour financer l'Important Travail de Recherche sur les Roches et Minéraux d'un scientifique spécialisé en roches - qui entre parenthèses travaille d'arrache-pied, sans jamais se fatiguer et avec plus d'obstination qu'un âne têtu -, il n'y a rien que tu puisses m'offrir. (pp. 19-20)
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C'est alors que Blaireau remarqua quelque chose écrit en toutes petites lettres au-dessus de l'enseigne de la librairie. Il regarda mieux. Ahr, ahr ! Il était indiqué : LIBRAIRIE DES POULETS.
D'un bond, Blaireau se précipita vers la boutique.
La porte de la librairie avait deux poignées, dont une à hauteur de Poulet. Blaireau saisit la plus haute. (p. 124)
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"Tu as sécrété. Tout le monde sait à quel point une sécrétion de putois est ignoble, infâme, abominable. Tu aurais dû me réveiller. Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas réveillé ? Moi, je n'ai pas peur d'une petite hermine !"
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