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Critiques de Anaïs Llobet (202)
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Des hommes couleur de ciel

Je ne savais pas à quoi m’attendre précisément en ouvrant ce roman, et j’ai reçu un uppercut.



Le récit commence alors qu’une bombe explose dans la cantine du lycée d’Alice, professeur de russe. Sous le choc, elle tient absolument à se rendre sur place pour faire son cour. Mais devant son établissement, le drame lui saute au visage à travers les parents d’élèves la sollicitant. On sent alors toute l’impossibilité d’Alice à répondre, elle qui n’en sait pas plus que ces parents angoissés.



Elle soupçonne bien un de ses élèves tchétchène. Un garçon buté qui se refuse à écrire en russe. Petit à petit, elle n’avait plus lu ses devoirs.



Dans le même temps, Adam est arrêté dans un café et incarcéré avec son cousin, qui tente de le tuer.



Nous suivons parallèlement Alice, la professeur de russe qui vient à grandit en Tchétchénie mais qui se sent pleinement intégrée – excepté quelques petits détails… – et Adam, venu lui aussi de Tchétchénie ou il s’appelait Oumar.



Pourtant, Adam avait une vie sans histoire, plutôt bon élève il avait réussi son baccalaureaat. Et puis sa mère, son frère et son cousin sont arrivés le rejoindre.



J’ai eu de la peine pour la mère d’Adam/Oumar, vieille dame dépressive qui a fait front pendant la guerre dans son pays mais est complétement dépassée.



Hendrick, l’amant d’Alice m’a énervé d’ignorance et de nombrilisme.



J’ai eu parfois du mal à comprendre Alice, qui se clame haut et fort néerlandaise, mais qui reste enraciné à certaines traditions, et qui se demande à qui donner sa loyauté. J’ai aimé cette question sous-jacente de l’auteure : peut-on faire table-rase de son passé, de son pays et de sa culture de naissance ?



J’ai été émue par Adam/Oumar, victime des traditions de son pays, même en Europe. Un jeune homme qui rêvait de mener sa vie comme et avec qui il voulait et que la violence rattrape. Un jeune homme obligé de se cacher, de cacher ce qui fait son être.



J’ai été projetée dans une cellule anti-terroriste, j’ai senti la tension des policiers et la colère des parents de victime, l’incompréhension qui règne.



J’ai découvert la jolie image sur la couleur de ciel utiliser pour remplacer un mot que personne ne prononce car l’idée fait peur.



Un roman terrible sur le terrorisme.



Un roman tragique sur la culture ancestrale comme arme de destruction.



Une citation :



Quand le néerlandais s’enfuit, c’est que tu as laissé le passé absorber le présent. (p.55)



L’image que je retiendrai :



Celle du tee-shirt violet presque rose d’Adam/Oumar.
Lien : https://alexmotamots.fr/des-..
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Des hommes couleur de ciel

Un sublime livre qui traite de sujets difficiles mais pour lesquels l'auteure est parvenue toutefois à décrire la complexité. Ce roman ne peut laisser indifférent, c'est un ouvrage engagé, qui dénonce divers problèmes de société. Il m'est resté en tête, plusieurs jours après avoir tourné la dernière page et je ne peux que le recommander vivement.
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Des hommes couleur de ciel

J'ai bien aimé ce livre qui aborde différents sujets, tous très actuels dont principalement le terrorisme, l'homosexualité, l'identité et l'immigration.

J'ai apprécié l'angle pris pour raconter cette histoire; nous avons accès aux émotions et aux réflexions de tous les protagonistes, ce qui donne une ouverture psychologique au roman. Comment réagissons-nous lorsqu'un événement portant atteinte à la collectivité arrive? Quelle est la part de culpabilité? Jusqu'où peut aller la recherche d'un coupable? Il y a aussi toute la question de la notion de "loyauté" avec l'histoire d'Alissa/Alice qui doit choisir entre les valeurs promulguées par la société de son pays d'origine et ceux de son pays d'accueil.

Bien que l'histoire racontée est grave, j'ai passé un bon moment de lecture riche en émotion et j'ai apprécié la prose de l'auteure.
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Des hommes couleur de ciel

Il y a quelques semaines j’ai assisté pour la première fois à un club de lecture organisé par ma librairie préférée. Ce fut un excellent moment où à tour de rôle nous avons présenté des livres coup de cœur. C’est à cette occasion que j’ai découvert ce roman d’Anaïs Llobet. Je ne peux que remercier celui qui nous l’a présenté !



A l’heure du déjeuner une bombe explose dans un lycée de La Haye, tuant de nombreux adolescents et enseignants. Alissa, qui y enseigne le russe, se rend aussitôt sur place. L’horreur qu’elle découvre est décuplée quand elle apprend l’identité du coupable : Kirem, un élève de sa classe. D’origine tchétchène, l’adolescent est renfermé et agressif. Tout le contraire de son frère Oumar à qui il ressemble pourtant trait pour trait, solaire, attachant et brillant. Peu de temps après l’attentat, Oumar est arrêté par les policiers qui recherchent son frère. Alissa prétend être russe, mais est en réalité tchéchène, à l’horreur de l’attaque s’ajoute la crainte d’être assimilée aux terroristes, voire accusée de complicité. Elle accepte donc très facilement de servir d’interprète aux policiers qui interrogent Oumar et Makhmoud, son cousin.



C’est un roman fort, poignant, qui nous parle d’identité, d’exil, d’intégration et du poids des traditions. Les quatre personnages principaux de ce roman, Alissa, Oumar, Kirem et Makhmoud sont d’origine tchétchène et ont connu la guerre toute leur enfance. Les deux premiers sont bien décidés à s’intégrer. Alissa dans le secret, en cachant ses origines tchétchène et se faisant passer pour russe. Oumar peut vivre son homosexualité au grand jour. Mais Makhmoud, fanatisé depuis l’enfance, et Kirem, manipulé par son cousin, ne connaissent que la haine. C’est à travers ses rédactions que l’on découvre Kirem. Des textes imprégnés de colère, de la rancœur de l’enfant qui n’a rien, de sa solitude, sa peur et sa tristesse.



Il s’agit du deuxième roman d’Anaïs Llobet et le moins que l’on puisse dire c’est que la jeune autrice y fait preuve d’une maîtrise remarquable. Son roman est admirablement construit de même que ses personnages. Elle s’attaque à des thèmes difficiles, avec intelligence. Et le titre ! Magnifique.



A découvrir absolument.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Des hommes couleur de ciel

Je m’attendais à une construction de l’histoire toute autre : un avant/pendant/après l’attentat, une chronologie parfaite. Or, ce n’est pas tout à fait cela. On peut même dire qu’on prend le train en marche. L’essentiel, c’est que pour le lecteur, ça fonctionne. L’intérêt n’en est que plus aiguisé.



Alissa, l’enseignante au cœur de cette affaire, permet d’illustrer la volonté de s’intégrer, de se fondre dans la masse, sans pour autant y perdre son identité.



Du côté d’Adam, c’est différent. Il aurait bien voulu tout laisser derrière lui.



Pour Kirem, c’est encore autre chose. La colère le ronge et il ne s’en cache pas particulièrement.



Leurs points communs ? Ils arrivent tous du même endroit et ont fui un pays en guerre.



J’ai ressenti beaucoup de colère (le mot est faible) concernant la situation d’Adam et de son statut d’homme couleur de ciel (terme désignant les homosexuels en Tchétchénie). Et même si c’est un des points au centre du roman, ce n’est pas le seul que l’on y trouve. Chacun des protagonistes de ce livre a des choses à dire, des choses à montrer même si ça passe par un horrible attentat.



Il est impossible de cautionner cet acte, pas lorsque des vies sont en jeu. Cependant, j’ai trouvé intéressante la façon dont le terrorisme est abordé ici et les nuances qu’il peut susciter chez différents individus.



Cela va bien au-delà des réfugiés, de la radicalisation ou des croyances. On est confronté à l’envie de vivre enfin, vivre pour soi et pas pour les autres, sans s’oublier soi-même mais en n’oubliant pas non plus d’où on vient. Tout serait beaucoup plus facile si on pouvait s’effacer et inventer le passé. Mais la liberté a souvent un prix, et ici, elle coûte cher.



Une excellente lecture avec beaucoup d’émotions diverses.
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Des hommes couleur de ciel

A la Haye, ville de paix et de tolérance, une bombe explose dans la cantine d’un lycée, faisant 24 morts. Cette bombe aurait été posée par un étudiant Tchétchène…



Lorsqu’elle apprend la nouvelle, Alice, professeure de Russe dans ce lycée, se retrouve abasourdie. Les souvenirs d’une autre époque lui reviennent en mémoire, ceux de l’horreur de la guerre en Tchétchénie…Une enfance enfermée dans les caves sous les bombes. Faudrait-il encore fuir ? Car Alice s’appelle en réalité Alissa, elle est Tchétchène et non pas russe. Depuis 10 ans, elle a quitté son pays pour s’installer à La Haye. Alors qu’elle possède la nationalité néerlandaise, elle a toujours caché ses véritables origines pour pouvoir s’intégrer. Tout effacer. Reconstruire une nouvelle vie. Cachée derrière ce masque, ce déguisement d’une russe intégrée et irréprochable, de la gentille voisine, de la prof appréciée.



Oumar est Tchétchène mais se fait appeler Adam. Il est venu à La Haye pour obtenir son bac. Adam est homosexuel, un mot qui n’existe même pas dans son pays, là-bas il serait un « homme couleur de ciel » mais surtout un homme mort, déshonoré. Alors qu’il cache son identité sexuelle le jour, la nuit il retrouve cette liberté tant espérée. La veille de l’attentat, il embrassait un garçon dans un club…

Son petit frère, Kirem, est élève dans la classe d’Alice. Les 2 frères se ressemblent physiquement, mais tandis qu’Oumar est lumineux, bon élève et intégré, Kirem est sombre et en proie à une colère démesurée. Depuis l’attentat, le jeune lycéen est introuvable…

Qui a commis l’irréparable ? Qui est l’auteur de cet acte terroriste ?



Anaïs Llobet est journaliste et a effectué plusieurs séjours en Tchétchénie. Elle nous livre ici un roman percutant, bouleversant, intense. Un coup de poing. Les pages se tournent avec angoisse. Celle de comprendre qui est le véritable terroriste. Celle de suivre des parcours de vie terribles, la guerre, l’exil. En abordant la dure question de l’intégration, de la reconstruction. Mais aussi et surtout cette quête d’une identité. Assumer SON identité. Est-il préférable de vivre librement en étant soi-même ou de cacher qui l’on est? Car au XXIème siècle, vivre en toute liberté, assumer qui l’on est, semble encore difficile. La faute au carcan des traditions, à l’obscurantisme des esprits, aux préjugés. Assumer qui l’on est ou mentir, quitte à en mourir? Des hommes couleur de ciel est un magnifique hymne à la tolérance. Il est de ces livres qu’il faut absolument lire. Montrer qu’aujourd’hui encore, la liberté d’identité est une bataille et un droit non acquis.



Merci Anaïs Llobet pour ce livre porteur d’un message si fort!
Lien : https://aurelivres57.wordpre..
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Des hommes couleur de ciel

Depuis qu’il a trouvé asile à La Haye, Oumar, jeune Tchétchène à peine sorti de l’adolescence, se fait appeler Adam. Le garçon qui vivait reclus dans une cave, redoutant les attaques russes, appartient désormais au passé.



Contrairement à son frère Kirem, il s’est très vite intégré à son pays d’accueil dont il apprécie la paix et le mode de vie, qui l'autorise à accepter son homosexualité. Il est parvenu à maîtriser parfaitement le néerlandais, à passer son bac et travaille désormais régulièrement dans un café où il est apprécié. C’est à sa seule prof de russe Alyssa, qui tait elle-même sa nationalité tchétchène pour s'appliquer à être une Néerlandaise irréprochable, qu’il a confié son rêve de devenir un grand réalisateur qui gravira un jour les marches du Festival de Cannes pour dénoncer le martyre subi par son peuple.



Mais lorsqu’une bombe explose dans son ancien lycée où est à présent scolarisé son frère, tout bascule. Il s’agit d’un attentat, et Kirem apparaît rapidement comme le principal suspect. Tandis que la population pleure ses enfants morts, Oumar doit répondre des accusations de complicité qui lui sont faites.

Mais plutôt que de fournir son alibi, il se mure dans le silence.



Que pourrait-il dire ? S’il parle, il signe son arrêt de mort : l'un ou l'autre membre de sa communauté le tuera. A tout prendre, mieux vaut encore être considéré comme un monstre par le peuple qui l’avait accueilli.



Je m’en voudrais de vous en dire davantage, tant le roman d’Anaïs Llobet est admirablement construit: elle installe dès les premières lignes une tension dramatique qui ne se relâche à aucun moment.

Si elle nous entraîne sur le terrain du terrorisme, c’est pour nous parler d’un peuple que cette jeune journaliste connaît bien, ayant vécu cinq ans à Moscou et, de là, effectué plusieurs séjours en Tchétchénie. Mais elle parvient à articuler le contexte du terrorisme avec la question de l'identité sans que l'un ou l'autre n'apparaisse jamais artificiel. Son intrigue se tient de bout en bout, et elle révèle parfaitement à quel point les idées reçues et les héritages culturels peuvent peser lourd.

Elle montre combien le regard posé sur l'étranger peut être exempt d'une véritable à attention et la manière dont il peut changer brutalement en fonction des événements. Mais elle révèle surtout avec beaucoup de justesse l'impossibilité à trouver un espace pour qui n'a plus sa place dans sa communauté d'origine, la nécessité de renvoyer une image qui ne correspond pas à ce que l'on est intimement et la difficulté à exister qui en résulte. Ni angélisme ni manichéisme dans l'approche d'Anaïs Llobet et c'est ce qui fait toute la force de son roman.


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Des hommes couleur de ciel

Oumar vient de Tchétchénie. Il vit à La Haye, a passé son Bac avec réussite, tout semble aller bien pour lui. Sauf que… il est homosexuel et ça, ça n’est pas du tout du goût de sa famille musulmane, de son frère, de son cousin.



Alissa vient aussi de Tchétchénie, elle enseigne le russe dans le lycée de La Haye et cache sa véritable nationalité à son entourage.



Quand le roman commence, un terrible attentat a été commis dans la cantine d’un lycée. Et où est passé Kirem, ce frère, taciturne, toujours habillé en noir ?







J’ai été touchée, coulée.



Voilà un roman bien construit, qui laisse son lecteur s’étonner jusqu’au bout.



Voilà un roman bien écrit qui ferre son lecteur avec brio.



Voilà un roman qui évoque le sujet brûlant du terrorisme islamiste sans aucun aspect didactique, sans manichéisme, sans pathos et avec un angle d’attaque original qui met en lumière toute la complexité du problème.



Et enfin voilà un roman qui évoque l’homosexualité d’un musulman Tchétchène sans caricaturer, avec juste ce qu’il faut d’humanité.



Un petit bémol peut-être : je l’ai trouvé trop court. J’ai failli le lire en une fois et puis je me suis dit que ce n’était pas possible, je ne pouvais pas quitter si vite Adam-Oumar et Alice-Alissa. Par peur de les oublier aussi vite que je les avais rencontrés. Alors, j’ai sagement posé mon livre et ne l’ai repris que… dans la nuit (insomnie oblige) pour quelques minutes… et finalement je l’ai fini le lendemain soir, avec regret et époustouflée parce que je ne m’attendais pas à certaines révélations.



Pour moi, cette auteure est de la veine d’un Pascal Manoukian, une ancienne journaliste comme lui, qui connaît donc bien son sujet, qui a le talent d’un conteur et qui a une écriture sensible et intelligente.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Des hommes couleur de ciel

Oumar, un tchétchène, devenu Adam en s'installant à la Haye est un "homme couleur de ciel" car dans son pays il n'existe aucun mot pour désigner son homosexualité. Il a quitté son pays pour pouvoir vivre sa différence. Aux Pays-Bas, il passe son baccalauréat et tente de vivre librement tout en dissimulant sa nouvelle vie à son jeune frère, Kirem, qui lui ressemble comme un jumeau.



Un jour, peu après l'arrivée de Kirem et de leur cousin Makhmoud à La Haye, Oumar apprend qu'un attentat vient d'avoir lieu dans son ancien lycée. Vingt-deux élèves et deux professeurs ont été tués par deux bombes placées sous les tables de la cantine. Un tchétchène est suspecté d'être à l'origine du massacre... Oumar est alors mêlé à l'impensable... Interrogé par la police, le jeune homme a un alibi mais il lui est impossible d'en parler.



Alissa, professeure de russe dans ce lycée, est une tchétchène devenue Alice depuis qu'elle s'est installée en Hollande, pays de liberté et de tolérance, elle multiplie depuis dix ans les efforts pour s'intégrer. Elle a menti sur ses origines pour mieux s'intégrer et se prétend russe aussi bien auprès de ses collègues que de son compagnon. Cet attentat est pour elle une irruption du passé qu'elle cherche à refouler la plongeant dans la violence qu'elle a fui, son pays d'accueil est soudain atteint par la même barbarie que son pays natal... Alissa partage la langue et le passé de celui qui a endeuillé le pays, la police veut donc l'utiliser comme interprète. Il lui faut coopérer pour ne pas devenir suspecte, Alissa est à la fois tenaillée par l'impression de trahir son peuple et la culpabilité de ne pas avoir perçu la radicalisation d'Oumar, son élève préféré.



Cette histoire de deux frères tchétchènes exilés aux Pays-bas est passionnante, Anaïs Llobet y mêle habilement le destin de trois personnages réfugiés à La Haye. Ce roman parle de différence, d'exil, d'intégration, de quête d'identité et d'intolérance, du poids de la culture et de la famille, de l'homosexualité tabou passible de mort dans la communauté tchétchène, de la possibilité d'être soi et de choisir sa vie. Il évoque l'histoire de la Tchétchénie, la guerre contre les russes, la culture tchétchène, les règles ancestrales et l'honneur lavé dans le sang. Tout est réussi dans ce roman : l'écriture sans fausse note, le style fluide, la construction parfaite, la tension et les rebondissements qui maintiennent en haleine, les personnages forts dont les failles sont exprimées avec finesse, le bien joli titre et la magnifique couverture. Un grand roman qui pose des questions qui ne peuvent nous laisser indifférents. Embarquée dès les premières mots du récit, il m'a été impossible de le lâcher avant d'avoir tourné la dernière page.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Au café de la ville perdue

Au Café de la Ville Perdue, on trouve une jeune écrivaine française, une serveuse chypriote grecque, un passé lourd et des regrets.



L'écrivaine veut raconter Varosha, cette ville "fantôme" dont les habitants ont été chassés en 1974 par l'armée turque, mais elle n'arrive pas à trouver la vérité de Varosha, le ton juste.

Ariana veut retrouver la maison de son père, le 14 rue Ilios, qu'elle n'a jamais connue, et garder vivante cette part de son histoire.

Son histoire à Ariana, c'est Aridné, sa grand-mère chypriote turque qui a quitté enfant et mari pour suivre un soldat en Anatolie. C'est Ioannis, son grand-père chypriote grec, qui n'a pas supporté le départ de sa femme et a embarqué comme marin sur le premier bateau venu.

C'est Giorgos, ami de la famille, seul témoin restant de ce temps-là ; Giorgos, si complexe, révélant au fur et à mesure du roman un visage bien différent de celui du vieil homme nostalgique.



Quelle beauté que ce roman ! Plus j'approchais des dernières pages et plus j'étais triste à l'idée de laisser cette histoire derrière moi : Ariana et ses tatouages comme le fil la liant à son passé, comme "une façon de maintenir Varosha vivante", Andreas, Ioannis, Aridné...



La construction est brillante et a été pour beaucoup dans mon engouement. L'histoire se partage entre notre temps et les années 1960-1970, avec l'histoire d'Aridné et Ioannis.

La mise en abyme de la naissance d'un roman et de son rapport à la réalité m'a fascinée.

Le terreau historique dans lequel prend vie cette histoire familiale est très intense et je dois reconnaitre que je n'en savais malheureusement pas grand-chose.



Voyage dans le passé aux accents de tragédie contemporaine, Au Café de la Ville Perdue est une lecture que je ne suis pas près d'oublier.

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Au café de la ville perdue

Voici un livre qui n'aurait jamais atterri entre mes mains si je n'avais pas la chance de connaître la lumineuse @manonlit_et_vadrouilleaussi !!

En effet, je ne l'ai quasiment pas vu passer sur les réseaux et encore moins en librairie (mais ça, c'est de ma faute, je vais moins en librairie qu'avant, une sombre histoire de PAL à réduire, tout ça tout ça...)

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Et qu'est-ce que je suis contente de l'avoir lu !!!

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J'ai tout aimé dans ce roman, à commencer par le lieu : Chypre et son histoire politique si obscure à mes yeux, Chypre la belle île méditerranéenne qui semble cacher bien des secrets, Chypre, une seule île pour deux peuples...

Et puis au sein de Chypre, il y a Varosha, cette ville en ruines, ancienne station balnéaire, détruite en 1974 par la bêtise humaine, puis abandonnée, qui se meurt chaque jour un peu plus derrière ses grillages...

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Mais au delà d'un lieu, c'est avant tout une histoire de famille que nous conte Anaïs Llobet, une famille qui, comme cette île, garde en mémoire de nombreux secrets...

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Dès le début, j'ai eu la sensation de rentrer dans un univers à la Elif Shafak (et c'est un sacré compliment venant de moi, c'est une de mes autrices préférées ! mais c'est aussi un comble puisqu'Elif Shafak donne la parole aux femmes turques quand ici, Anaïs Llobet laissera la parole aux grecs principalement 😉), où chaque personnage a des choses à dire, où les femmes sont mises à l'honneur (même si celui-ci est parfois bafoué au sein même de leur foyer) et développent souvent un caractère bien trempé.

Que j'ai aimé Ariana et ses tatouages, qui défend l'histoire familiale comme si sa vie en dépendait, alors qu'elle n'a jamais vraiment réussi à communiquer avec son père Andreas...

Que j'ai aimé sa grand-mère, Aridné, femme chypriote turque qui aura tenté, jusqu'au bout, de s'intégrer dans sa belle-famille chypriote grecque...

Que j'ai aimé Ioannis, son mari, même si sa loyauté lui aura fait perdre ce qu'il possédait sûrement de plus précieux...

...

Et que j'ai cru aimé Giorgos, ce petit vieux à la langue pendue,... jusqu'à ce que...

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Mais je ne peux vous en révéler plus, sous peine de trahir les protagonistes si bien dessinés par Anaïs Llobet, et qui m'ont tous convaincue, sans ambiguïté...

Mes comparses de lecture @hanyrhauz et @point.a.laligne y ont parfois décelé quelques imprécisions ou quelques questionnements (ce qui ne les a pas empêché d'aimer aussi ce roman) mais pour ma part, j'étais tellement embarquée dans cette fresque familiale que je me suis laissée porter sans me poser aucune question. Tout m'a plu !

Si vous aimez les histoires de famille, n'hésitez plus !

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La plume d'Anaïs Llobet m'a enchantée, j'ai trouvé son écriture fluide et son texte parfaitement équilibré ! J'espère lire ses autres romans très prochainement !!

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Encore merci à Manon pour cette découverte !! 🤩

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PS : j'avais abandonné un titre de Philippe Jarzaguet qui se passait à Chypre, où tout était trop emberlificoté à mon goût, mais là, ce texte m'a donné envie de lire d'autres fictions se déroulant sur cette île.

Je vais évidemment me précipiter sur le dernier d'Elif Shafak que je n'avais pas encore acheté, mais si vous avez d'autres conseils, je suis preneuse !!

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Au café de la ville perdue

Ariana a grandi à l'ombre de la maison familiale, située au 14 rue Illios, que sa famille a perdue pendant l'invasion de Chypre en 1974, lorsque l'armée turque a entouré de barbelés la ville de Varosha. Tandis qu'elle débarrasse les tables du café de son père, elle remarque une jeune femme en train d'écrire. L'étrangère enquête sur cette ville fantôme, mais bute contre les mots : la ville, impénétrable, ne se laisse pas approcher.

Ariana lui propose alors d'interroger les anciens du village, ceux qui ont gardé la ville vivante dans leurs mémoires.

Mais quand la jeune fille apprend que son père, désirant exorcisé le passé fait de non-dits et de lourds secrets, décide de vendre la maison aux promoteurs, elle ne comprend pas. Pourquoi se défaire de la maison dans laquelle on vécu Aridné, chypriote turque, et Ioannis, chypriote grec, ses grands-parents, jusqu'aux tragiques événements du 12 août 1974?Cela ne signifie-t-il pas qu'il renie l'histoire de ce couple atypique dont le parcours semé d'embûches, retrace celle de l'île? Montrant que parfois les motifs de se déchirer sont plus forts que les raisons de s'aimer. Page après page, Varosha se laisse déchiffrer et, avec elle, la tragédie qui a ensanglanté la famille d'Ariana et l'île oubliée.



Un roman sensible, tout en délicatesse, revenant sur la guerre civile qui a opposé les Chypriotes grecs aux Chypriotes turcs pendant vingt ans, de 1955 à 1974, date à laquelle l'île fut coupée en deux. Dans un subtil ballet d'allers-retours entre le passé et le présent, l'auteur retrace l'histoire de Giorgios et Ioannis, deux adolescents avec la vie devant eux, pleins de rêves et d'espoirs, brisés par la terrible guerre civile qui déchire encore Chypre.

Beaucoup d'émotion pour cette lecture qui ne vous laissera certainement pas indifférent.
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Au café de la ville perdue

Anaïs Llobet est une auteure que je suis depuis ses débuts. Son premier roman "Les mains lâchées" m’avait enthousiasmée. Le deuxième "Des hommes couleur de ciel" m’avait, de la même façon, emportée. Pour ce troisième opus, "Au café de la ville perdue", même si j’ai retrouvé ses talents de conteuses, j’ai été moins emballée.



Dans ce nouvel ouvrage l’auteur nous raconte Chypre, l’invasion turque de 1974 et le sort bien terrible de Varosha devenue ville fantôme entourée de fils barbelés et d’un no man’s land. C’est un peu une sorte de roman dans le roman. L’auteure, je veux dire la jeune femme qui s’apprête à écrire un ouvrage sur le sujet, s’entretient avec le personnage principal, Ariana, qui a grandi dans le souvenir du 14, rue Ilios, perdu par sa famille lors de l’envahissement. C’est toute l’histoire de cette famille qui va être mise au jour : Ioannis, grand-père d’Ariana, Chypriote grec et Aridné sa grand-mère Chypriote turque.



Si j’ai parfois eu l’impression de me perdre, d’être un peu dans le vague, de ne pas suivre le fil choisi par l’auteur. Si ce bémol, ce petit rien m’a empêchée d’aller jusqu’au coup de cœur, j’ai aimé ce roman qui m’a fait redécouvrir l’histoire de Chypre, qui m’a obligée à me replonger dans les remous de l’histoire. J’ai aimé les personnages, surtout Ariana et Aridné, femmes fortes et déterminées. J’ai retrouvé l’écriture poétique de l’auteur, sa puissance, son équilibre et sa juste simplicité qui rend la lecture aisée. J’ai retrouvé aussi sa précision de journaliste, une analyse géopolitique honnête des événements, l’intensité et la profondeur du propos. Encore une fois, elle traduit à merveille les sentiments, la douleur de la perte, les souvenirs heureux enfouis.



Un roman intéressant et particulièrement documenté.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Au café de la ville perdue

Ariana aide son père dans son café où elle remarque une jeune femme en train d’écrire. Celle-ci tente de consigner la chronique de Varosha, une ville située à Chypre envahie par l’armée turque en 1974 et entourée de barbelés depuis. Dans cette ville fantôme se trouve une maison dont l’adresse, 14 rue Illios, revêt une signification particulière pour Ariana et sa famille. Une maison qui a été abandonnée par les grands-parents d’Ariana lors de l’invasion et que son père s’apprête aujourd’hui à vendre. Pour sauver la mémoire de ce lieu, Ariana propose à la jeune femme de l’aider à retracer l’histoire de Varosha si elle immortalise la maison familiale dans ce récit. Une façon pour Ariana de sauver les souvenirs de sa famille avant que la ville et la maison abandonnée ne disparaissent pour toujours.



Ce récit captivant est celui d’une famille brisée au cœur d’un pays enlisé dans un conflit qui semble sans fin. Anaïs Llobet explore les thématiques de l’héritage familial, de l’exil, des conflits générationnels avec pour toile de fond une guerre opposant deux peuples. A travers les épreuves que traverse la famille d’Ariana, l’auteure illustre une page d’histoire tragique. Les grands-parents d’Ariana, Aridné la chypriote turque et Ioannis le chypriote grec, étaient pourtant l’image d’un rapprochement heureux et leur mariage la promesse d’un avenir plus heureux. Jusqu’à ce que tout vol en éclat, entraîné dans un conflit politique et religieux qui a fait de la ville où ils vivaient en endroit à fuir en abandonnant tout derrière soi.



Et ce sont les descendants d’Aridné et de Ioannis, l’un et l’autre disparus, ainsi que les témoins de cette terrible année 1974 qui doivent à présent vivre avec ces souvenirs et cet héritage. Grâce à l’enquête que mène la narratrice pour faire revivre les souvenirs de Varosha en réveillant les mémoires, le lecteur entre dans une histoire complexe, où les sentiments amoureux se jouent des origines mais où ils peuvent aussi amener à commettre le pire. Où l’Histoire transforme les destins.



Anaïs Llobet met en scène des personnages puissants qui restent dans la mémoire du lecteur. Aridné et sa force de caractère et sa petite-fille, Ariana, tellement entière sont, à plusieurs années de distance comme deux facettes d’une même pièce reliées par un fil familial dont la tragédie est le fondement.



Ce récit est passionnant, par l’aspect historique qu’il présente, par sa construction qui alterne les époques et les personnages, par son style extrêmement juste et sensible, par l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble du roman et par cette immersion totale au cœur de Chypre.

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Au café de la ville perdue

Ce roman est une quête, la quête d'un passé. Ariana a grandi à l'ombre d'une ville vidée de tous ses habitants, d'une maison familiale sise de l'autre côté de la ligne de démarcation au 14, rue Ilios à Varosha, quartier touristique de la ville de Famagouste à Chypre.

Bâtie en 1972, Varosha était une station balnéaire qui est devenue 2 ans plus tard, une ville fantôme. La raison ? L'intervention militaire turque en 1974 et son inclusion dans la zone d'occupation turque de Chypre du Nord.

Parce qu'une cliente du café dans lequel Ariana travaille enquête sur Varosha et parce qu'elle apprend que son père veut vendre la maison familiale de Varosha, Ariana tentera de comprendre mais aussi de reconstituer l'histoire familiale.



Bien que le sujet soit intéressant, la plume de Anaïs Llobet agréable, j'avoue que ma lecture a été poussive. Il aurait gagné à être plus ramassé. Était-ce vraiment indispensable de consacrer les 80 premières pages au fait que l'auteure ne savait pas par quel bout commencer l'écriture de ce roman ?

Selon moi, clairement non.

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Des hommes couleur de ciel

Que sait-on de la Tchétchénie, en dehors des attentats monstrueux perpétrés en son nom ? Que sait-il de cette culture, de ses codes, de ses lois, de ses contraintes ? Anaïs Llobet nous propose, dans un roman qui résonne comme une claque une fois la dernière page tournée, un aperçu de ce que c’est, d’être Tchétchène. Intégrés ou profondément réfractaires à l’intégration, les personnages tchétchène émigrés à La Haye qui peuplent ce roman crient la réalité de ce bout de terre maintenu coûte que coûte sous le joug de la Russie. C’est un portrait marqué par une terreur de chaque instant, par des règles d’honneur immuables que les familles se doivent de faire respecter et par une violence latente prête à exploser à chaque instant.



Victimes de cette culture du silence, Oumar et Alissa cherchent à s’en sortir en s’intégrant au mieux à leur nouveau pays, adaptant ou changeant complètement leurs prénoms pour faire disparaître leurs origines. Alissa s’est fondue dans la masse en prétendant être Russe tandis qu’Oumar a profité de l’anonymat de son nouveau pays pour laisser s’exprimer ses préférences sexuelles intolérables pour les siens. Mais quand un bombe explose dans leur lycée, leur identité revient au galop, et chacun, à sa manière, doit désormais apprendre à composer avec cette part tchétchène d’eux-mêmes qu’ils auraient préféré oublier.



S’attaquant avec sensibilité et nuance aux questions complexes de l’identité, de l’homosexualité et de la radicalisation, Anaïs Llobet nous sert un roman d’une rare intensité, où chaque ligne nous pousse dans nos retranchements. Maintenant un insoutenable suspense jusqu’à la fin, elle nous accroche irrémédiablement à ces personnages pleins de failles et fêlures, incroyablement humains dans leurs imperfections et leur volonté d’être acceptés. Ce roman est une véritable claque, qui me restera en mémoire un moment.
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Des hommes couleur de ciel



[ 𝘋𝘦𝘴 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘥𝘦 𝘤𝘪𝘦𝘭. 𝘈𝘯𝘢ï𝘴 𝘓𝘭𝘰𝘣𝘦𝘵 ]



Croire que ce livre ne parle que " des hommes couleur de ciel " serait beaucoup trop réductif. Si cette jolie expression sert à évoquer les homosexuels Tchétchènes, ce roman aborde également beaucoup de thèmes tout aussi importants et graves, à savoir le terrorisme, les émigrés - qui plus est musulmans - , l'intégration des étrangers au sein d'un pays.

Comment reconstruire une vie quand on a connu la guerre, les bombes, la terreur, la mort ? Comment arriver à oublier pour enfin vivre ? Mais est- on réellement heureux dans cette nouvelle vie, avec une nouvelle identité ? Aime t'on l'image que l'on renvoie aux autres ? Derrière la façade qu'on montre, qui est-on réellement ?

Deux frères, un cousin, une jeune femme professeur, un attentat dans un lycée. 4 destins, 4 vies qui se croisent, se mélangent . 4 vies brisées ...



C'est fort, c'est beau, c'est violent, c'est magnifique, c'est ... bref, j'ai adoré.



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Des hommes couleur de ciel

-LISEZ CE LIVRE-

Car lire ce livre c'est regarder des vies et destins tellement lointains et pourtant si proches de nous. Car dans ce livre il y a beaucoup d'humanité.

Ce livre c'est l'histoire d'une intégration, les conséquences d'un exil.

S'intégrer c'est《faire table rase 》(p.42), de son passé, de ses origines, faire oublier d'où l'on vient. Mais est-ce vraiment possible ?

Oumar et Alissa sont devenus citoyens de La Haye. Oumar est devenu Adam et Alissa professeure de russe. Mais leurs efforts de tant d'années s'écroulent en quelques secondes, le temps d'une déflagration, d'un attentat semant l'effroi, leur rappelant les bombes de leur passé. Leur identité d'avant rejaillit violemment. Ils ont été tchétchènes et le resteront aux yeux du monde malgré tous leurs efforts pour s'intégrer.

Alors tout se précipite : collaborer- dénoncer- déshonorer- trahir- dire la vérité- se venger- protéger...? Qu'est ce qui doit prendre le dessus ? Ses origines ? Protéger sa place obtenue patiemment dans un pays en paix? Protéger son identité ?

Alissa, Oumar et Kirem sont des héros tragiques, ils ne peuvent fuir leur destin. Kirem n'a connu que la guerre, il porte la fierté d'un clan, rien ne peut l'arrêter. Oumar est devenu Adam, celui qui aime librement les garçons- il doit choisir entre mourir tué par son peuple pour laver le déshonneur de son orientation sexuelle, ou bien préserver l'identité qu'il a choisie au risque d'être coupable toute sa vie. Quant à Alissa, sa culpabilité est double- elle a trahi et elle n'a pas su déceler le danger. Rien n'est acquis dans l'exil...



Ce livre bouscule énormément car il fait vaciller nos certitudes et sa force c'est qu'Anaïs Llobet le fait sans porter aucun jugement, dans un récit à la construction remarquable.

Il faut lire ce livre, car il est un appel à la tolérance, un refus de la haine et de l'inutile et destructrice vengeance.

Je l'ai refermé le cœur serré, comprenant le destin de ces personnages mais le refusant avec l'envie forte de crier à l'injustice.

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Des hommes couleur de ciel

Alissa est professeure de Russe dans un lycée à La Haye. Un matin alors qu’elle ne travaille pas elle apprend qu’un attentat a été commis au lycée. Très vite elle se rend sur place et découvre que l’un de ses élèves est soupçonné.

Kirem, jeune Tchétchène comme elle, est arrivé au Pays Bas avec sa mère et son cousin. Ils sont venus rejoindre son frère Oumar installé déjà depuis quelques années ici. Oumar se fait désormais appeler Adam. Adam a réussi son intégration et vit discrètement son homosexualité, chose qui n’est pas tolérée dans son pays d’origine à tel point qu’il n’y a pas de mot pour dire ce qu’il est.

Alissa est encore plus sous le choc quand elle apprend qu’Adam est lui aussi soupçonné d’être impliqué dans l’attentat. Comment est-ce possible ? Comment a-t-elle pu échapper à l’isolement de Kirem et à sa radicalisation ? A quel point est-elle complice de ce qui est arrivé ?



J’ai beaucoup entendu parler de ce livre et j’avais hâte de le découvrir. Et bien je n’ai pas été déçue. Cette lecture est très prenante et se lit rapidement.

Il est ici question d’identité, d’exil, d’intégration, d’homosexualité. C’est une histoire à la fois dure et émouvante. On y parle du pire et pourtant ce livre est empreint d’humanité.

Anaïs Llobet a réussi à mêler avec beaucoup de tact et de finesse ces 3 histoires de vies, différentes et tellement liées.

Une lecture que je vous conseille et qui ne vous laissera pas indifférent.
Lien : https://orlaneandbooks.wordp..
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Des hommes couleur de ciel

Le livre d’Anaïs LLobet se passe aux Pays-Bas mais ce pourrait être en France ou dans n’importe quel pays occidental où les gens qui fuient leur pays en guerre viennent se réfugier.

Ici, ce sont des Tchétchènes qui tentent de repartir de zéro. Dans leur bagage, ils ont emporté autant d’espoirs que de secrets de famille et sont lestés du poids de traditions d’un autre âge qui s’interposent entre eux et leur nouvelle vie. Pour ne pas se faire remarquer, ils taisent leurs origines (la jeune prof qui se fait passer pour russe) ou cachent leur homosexualité (Oumar est un des « hommes couleur de ciel » du titre), parce qu’ils ne peuvent vivre comme ils le souhaitent tant le poids des traditions dicte sa loi, ici comme là-bas. De tout, il se sentent coupables, sans espoir de compréhension de la part du monde qui les entoure.

On voit que l’auteure connait la Tchétchénie et les populations qui l’ont fuie. Sobre et poignant, son roman réussit à marier les histoires intimes et la géopolitique la plus actuelle, en appuyant là où ça fait mal : dès que nous avons peur, nos velléités d’accueil et nos élans de générosité fondent comme neige au soleil, place à la défiance et l’injustice.

Elle montre bien aussi les malentendus qui se glissent entre l’altruisme et la bienveillance des un.e.s et les efforts surhumains que font les autres pour s’adapter au modèle ambiant.

On s’attache aux personnages, et on ne peut s’empêcher de penser qu’avec un peu plus d’empathie et de générosité de part et d’autre, toute cette histoire se terminerait autrement. Sinon, quelle tristesse et quel échec pour une société censément protectrice et accueillante !



Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyagera auprès des nombreux.ses lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.


Lien : https://www.fenetres-sur-la-..
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