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Citations de André Laude (64)


André Laude
J'enchante ma blessure
avec un chant de terroir
venu des hautes époques
où l'amour était chute dans le soleil

Depuis il a fait froid et noir
je résiste avec la pâleur du diamant
Je tiens tête aux figures du néant

J'imagine un retour brûlant
des sangs qui ne sont qu'enfouis
dans la tourbe les racines les vents

Et attendent l'heure pour qu'à nouveau
sur Terre il fasse beau temps
entre hermine et renard de givre

dans la pleine lumière du vivre.

(" Un temps à s'ouvrir les veines ")
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André Laude
Si j'écris c'est pour que ma voix vous parvienne
voix de chaux et sang voix d'ailes et de fureurs
goutte de soleil, ou d'ombre dans laquelle palpitent nos sentiments

si j'écris c'est pour que ma voix où roulent souvent des torrents de blessures
s'enracine dans vos paumes vivantes , couvre les poitrines
d'une fraîcheur de jardin

" Comme une blessure rapprochée du soleil" in " C'était hier et c'est demain, anthologie"
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André Laude
Seuls les poètes qui prônent le désordre sont, à mes yeux, d'authentiques poètes.
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Ne me demande pas pourquoi j’écris
ne me demande pas pourquoi tête la première
je plonge dans le tumulte volcanique des syllabes
que le passage de mon corps réveille
Ne me demande pas pourquoi au lieu de dormir
comme font les honnêtes gens
je cloue à minuit des papillons de couleurs et de sons
sur le ciel des solitudes
Ne me demande pas pourquoi je saigne auprès des lampes
ne me demande pas pourquoi dans la rue
j’enlace le tronc d’un marronnier en pleurant les cheveux sur les yeux
pour ne pas être vu
Ne me demande pas pourquoi Lazare appelle et parle dans mes veines
pourquoi je bondis d’un espace à un autre
pourquoi j’enfonce les ongles dans la jacinthe brûlante des draps
alors que déchiré d’amour j’ai une respiration de fleuve entraîné par l’élan élémentaire
Ne me demande pas pourquoi ceci n’est pas vraiment un poème,
mais un feu de mots soudés par la salive le souffle
Ne me demande pas
Écoute. Regarde. Ouvre les mille pupilles sèches de ton sang
Tends l’oreille dans la direction de la rue de la terre sueurs et larmes
Écoute
Regarde :
Les géantes copulations de la clarté et du néant
le temps aux tempes des hommes. Les éclairs des famines.
Ne me demande pas.

Nous savons saluer l’aurore
nous sommes civilisés
nous faisons comme tous les peuples
l’amour la guerre des enfants
nous enrichissons les riches
avec notre sueur notre imagination notre sens de l’ouvrage bien fait
nous sommes de bons citoyens
on nous récompense royalement : exil migraine chômage rêves différés accidents du travail
Nous nous lavons les dents
avec des dentifrices célébrés dans les colonnes du Monde, de L’Humanité ou du Figaro
parfois nous attrapons la mauvaise fièvre gauchiste
les poux de la subversion nichent dans nos cheveux
nous parlons français. Avec l’accent. Longtemps nous avons tourné la tête
pour pleurer
quand le vieux parler irritait soudain nos paupières
Mais maintenant c’est fini
Nous savons saluer l’aurore
nous avons étudié l’économie
nous savons à quoi nous en tenir
nous sommes des êtres humains à part entière
nous savons à quoi nous en tenir
LA RÉVOLUTION OCCITANE fleurira bientôt en livres de
sang et foudre dans les vitrines des libraires du Quartier latin
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Calmement j’annonce les temps neufs
Calmement j’annonce les revendications
De soleil et de chair du peuple
Calmement je vous crache à la gueule
si vous dites que tout ceci n’est pas de la poésie
Calmement j’écris ce qui précède
Et ce qui va suivre
En sachant bien que la langue
Doit coller à la vérité des hommes
Qu’elle doit se faire humble, salir ses mains
A l’huile des moteurs
Se vêtir de gros draps
Trainer dans les taudis et les hôpitaux
Visiter les solitaires les malades les angoissés les humiliés et offensés
Boire avec les ouvriers des trains du petit jour
Calmement je vous répète que je me fous
De savoir si les esthètes les branleurs du verbe
Auront ou n’auront pas la nausée
En lisant ces paroles absolument sincères qui ne cherchent pas l’absolu
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Dernier poème


Ne comptez pas sur moi
je ne reviendrai jamais
je siège déjà là-haut
parmi les Elus
Près des astres froids

Ce que je quitte n’a pas de nom
Ce qui m’attend n’en a pas non plus
Du sombre au sombre j’ai fait
un chemin de pèlerin

Je m’éloigne totalement sans voix
Le vécu mille et une fois m’abuse, vaincu.
Moi le fils des Rois.
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André Laude
QUAND UNE LARME DE TROP.

Quand une larme de trop m’empêche de respirer m’empêche
réellement de respirer
– Alors je crie comme autrefois quand j’étais gamin aux terreurs nocturnes –
Je vais jeter des tonnes de violettes à la mer pour qu’avec elles
s’enfoncent dans l’oubli les maisons les enseignes
les rues et les statues des squares où mes doigts
approchèrent les secrets brûlants de l’amour
Les cerceaux et les autobus
Les chiens et les gares les horloges et les puces.
Quand une main de plomb me serre soudain à la gorge
et que je crois cracher toutes les planètes vertes du sang
– Alors j’écris mon testament et je lègue aux enfants
tous mes biens : mon stylo et mes bagues –
je vais jeter des brouettes de cris clameurs et chants de la mer
pour qu’elle embrase comme une foule bruyante
et joyeuse en route vers le matin des cerises.
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Ne faites pas attention. le vais commencer à m' absenter de plus en plus souvent du paysage. Je ne désespère pas un jour de luire minuscule. là-haut avec les comètes, à des millions d'années-lumière des monstres réels.
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CETTE CHOSE TRÈS DOUCE ET TRÈS TENDRE



Cette chose très douce et très tendre
faite d'odeurs et de linges brûlants
qu'on nomme la femme
et qu'il me faut meurtrir
d'une caresse à peine ébauchée
dans la clarté aveugle du désir
Elle est la source frêle
d'où monte encore plein de sang
Au milieu d'un grand cortège d'ailes
l'astre fugitif de l'oubli
la haute mer pacifiée l'été épanoui des sens
Dieu insaisissable dans toute sa magnificence.
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ARRACHE-MOI DOUCEMENT



extrait 2

Arrache-moi doucement aux masques de la mort
Aux gargouilles de l'ennui qui ricanent dans le sommeil
Achève en moi enfin la créature qu'un dieu pâle a modelée
D'un peu de salive d'argile et d'imagination

Par le jeu savant des caresses et des baisers
Jette-moi en pâture aux lions du vertige
que plus rien ne demeure de l'ancienne fable
où j'errais comme un fantôme de fumée et de brume

oublie la terrible royauté des objets quotidiens
les chaînes de la morale nous serons libres
Voguant comme deux navires de haut bord
qui s'abîment avec lenteur sur les rivages du Soleil.
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Lettre à Jean Malrieu entre la lumière et la parole
extrait 5
  
  
  
  
Ami,
je t’écris
en clameurs
et hymnes.
Pardonne
si la croix des morts
siffle entre mes mots.
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André Laude
si j’écris c’est pour que ma voix où roulent souvent des torrents de blessures
s’enracine dans vos paumes vivantes, couvre les poitrines d’une fraîcheur de jardin
balaie dans les villes les fantômes sans progéniture
si j’écris c’est pour que ma voix d’un bond d’amour
atteigne les visages détruits par la longue peine le sel de la fatigue
c’est pour mieux frapper l’ennemi qui a plusieurs noms.

(Comme une blessure rapprochée du soleil, La pensée sauvage, 1979)
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Les vents des royaumes tournent autour de mes épaules
  
  
  
  
Les vents des royaumes tournent autour
     de mes épaules.
Un jour je serai cette vieille idole
aux portes de la cité sainte.

Tu viendras toucher mes genoux de bronze,
mes muscles d'amertume.
Tu chasseras les grosses mouches agglutinées
     sur mes yeux.

Tu seras Reine Fleuve et Palme.
Je graverai ton nom sous les paupières
des morts.

Tu seras le jardin retrouvé, la source
sous le vert feuillage.
Tu seras la Nuit l'Ordre et l'Orage.

Les vents des royaumes tournent autour
     de mes épaules.
J'ouvre à nouveau le Livre des Ferveurs,
et m'endors dans la clarté pierreuse
     de tes douces paumes.
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De beaux Tigres cracheurs de feu



De beaux Tigres cracheurs de feu
ont enchanté le paysage
de collines sèchent où copulent les Dieux.

Puis ils ont escaladé l'arc-en-ciel
déployé au-dessus du fleuve
domaine sacré des caïmans.

Ils ont blessé la lune
au sein
avec leurs grandes griffes sauvages.

Depuis elle saigne
et pleure
comme l'enfant.

Depuis une mélancolie féroce
ma torture :
je suis chien nu sans le moindre os !
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Poésie et vérité 1971


Extrait 2

Nous savons saluer l’aurore
nous sommes civilisés
nous faisons comme tous les peuples
l’amour la guerre des enfants
nous enrichissons les riches
avec notre sueur notre imagination notre sens de l’ouvrage
  bien fait
nous sommes de bons citoyens
on nous récompense royalement : exil migraine chômage
  rêves différés accidents du travail
Nous nous lavons les dents
avec des dentifrices célébrés dans les colonnes du Monde,
  de L’Humanité ou du Figaro
parfois nous attrapons la mauvaise fièvre gauchiste
les poux de la subversion nichent dans nos cheveux
nous parlons français. Avec l’accent. Longtemps nous avons
  tourné la tête pour pleurer
quand le vieux parler irritait soudain nos paupières
Mais maintenant c’est fini
Nous savons saluer l’aurore
nous avons étudié l’économie
nous savons à quoi nous en tenir
nous sommes des êtres humains à part entière
nous savons à quoi nous en tenir
LA RÉVOLUTION OCCITANE fleurira bientôt en livres de
sang et foudre dans les vitrines des libraires du Quartier latin.
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André Laude
Je perds l'usage de la parole
Mes lèvres sculptent un silence
Alors pour me faire comprendre
Parmi les décombres, je danse...

(" Riverains de la douleur")
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À Renée Batilliot



extrait 7

le vin de tes veines
éblouit ma sieste
À ton premier geste
la terre tourne dans mon sang
Je te couvre d'un amour agreste
grand comme un champ de céréales
où en vain des armées nocturnes
tirent des rafales
sans jamais blesser ton visage
qui est une étoile pure bercée par les vents du sud.

Marthe au miroir s'interroge
— Où est l'amant de minuit
Dans la nuit noire où je loge
j'écoute sa voix de bête bleue
Je veux crier mais les murs sont hauts
Et le vent nourrit des chiens gras
L'amour est une mare empoisonnée
où deux corps glissent en un dialogue de silence.
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Chanson pour endormir les mauvais esprits de l'air



Elle est longue la route, elle est longue la route
Que les bohémiens empruntent
Pour aller à la mer
Faire leur toilette.

Elle est longue la route, elle est longue
Si belle et si bordée de vergers en fleurs
Que les bohémiens n'arriveront jamais
Avant que le soleil n'ait dressé son lit
Dans le fleuve des aïeux.

Elle est longue la route et muette notre douleur
Et grappes lourdes nos amours
Et nos femmes plus lisses qu'une neige d'avril.

Les arômes de la nuit
Bercent les bohémiens quand les étoiles
Comme des loups brillants rôdent autour des feux.

Je ne connais pas de route plus complaisante
Qui mène à la mer les fiancés de seize ans.
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Encre et sang

Je fais de ma vie de

nuit en nuit un tas d’ordures.

Je fais de ma vie une brumeuse chronique.

Je fais de ma nuit le carrefour des fantômes.

Je fais de mon sang un long fleuve

qui tape à mes tempes.

Je fais de ma peur un oiseau noir et blanc

Je fais d’un oiseau mort, pourri,

l’enfant que j’aurais pu être.

Je fais d’un enfant un feu fou, un bloc de cendres.

Je fais de ma mort à venir un festin de serpents.

Je fais d’un serpent la corde pour me pendre.

Je fais d’un long, acharné silence le testament

de tout ce qui fut désastres, horreurs, ennuis,

ruptures et interminables hurlements.

Je pisse de l’encre et du sang.

Je chante sur le bûcher des châtiments.
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PANIQUE I
extrait 4
  
  
  
  
Nous commençons à habiter une nuit noire
Et pourtant mon frère le musicien de Jazz s'en fout
Il a déterré la haute note qui répétée donne
    le spasme
Il fait sauter les serrures des portes de la béatitude

Il dit qu'il habite une autre planète
Où les pas s'enfoncent comme dans du caoutchouc
    mousse
Mais je sais qu'à l'heure dangereuse du petit matin
Je croiserai les yeux hagards de mon frère
    le musicien de Jazz
Entre tartine beurrée et café noir

Café noir, nous commençons à habiter quelque
    chose de noir
Une nuit qui ronge les langues et dessèche
    les poumons
Au train où s'effondrent les soleils
Du royaume intérieur
Je marcherai bientôt sur les routes glaciaires
Tel un chanteur aveugle, sourd et muet
Butant parfois contre le cadavre encore chaud
    de Nadja
Vierge rouge et folle
Dont les noces n'eurent jamais lieu.
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