Tout ce que nous quittons à jamais
III
L’éternité en arrière comme dans le
dernier regard de ceux et celles de
la Kolyma : le ciel plus bas encore,
dans le bleu ramassé en nous, bleu
vrai et vain que n’en finissent plus
de remarquer les cœurs ici et là,
apeurés. Nous nous regardons parce
que nous ne voyons rien, là, face
à l’autre continent que nous
ne cessons jamais de quitter.
Mais partir est difficile devant les choses remarquables
Que sont les îles et l’eau sous la fatigue de l’hiver.
Il faut trouver des noms pour tout ce qui est beau.
Marche, Samuel, le temps est pillé,
Marche, les Anglais ont peur,
Tout ce que nous quittons à jamais
I
Le paysage qui pèse de plus en plus,
c’est par en avant, là où se terre
la nuit dans sa porosité, quand les
yeux n’en finissent plus de ne rien
remarquer : la place des corps dans
l’espace qui se débat, le peu de ciel
qui nous reste au beau milieu du réel.
Les mêmes rêves ratés, aussi bien à
Varsovie qu’à Prague blancs dans
la honte de la craie autour du cœur.
Tout ce que nous quittons à jamais
II
Hors des ventres pour ne rencontrer que
le chaos, dans le réveil mortel de la mer
où nous sommes projetés, l’espace fait
encore quelques sursauts mais pour qui ?
On ne revient jamais d’où l’on vient.
Couleurs dehors, dedans, le vide plein
qui se faufile jusqu’à notre squelette avec
la précision de la nuit. Croire encore
qu’aujourd’hui ne sera plus seul.
Est-ce que la nuit artificielle du cinéma / ressemble à la nuit naturelle de l’écriture?
Il faut être humainement libre / pour être éternellement écrivain, / donc condamné
Nous sommes beaux comme des paysages.
Chemins de grand vent,
Animaux de jour et de nuit.
D’îles en caps, de caps en baies,
Le Nord deviendra notre demeure,
Mais la mer restera notre lendemain.