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Critiques de André Schiffrin (21)
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L'édition sans éditeurs

Premier livre de chevet de l’éditeur en herbe, L’Édition sans éditeurs amorce les questions d’indépendance dans des métiers de plus en plus pervertis par les phénomènes de concentration.



Dans ce petit ouvrage dont le titre est emprunté à Jérôme Lindon, André Schiffrin témoigne, grâce à son expérience, des conséquences néfastes de la concentration aux États-Unis pour les métiers à vocation artistique et intellectuelle.



Outre l’histoire particulière de son père, Jacques Schiffrin, fondateur de La Pléiade avant que la maison ne soit rachetée par Gallimard, André Schiffrin a été éditeur chez Pantheon Books aux États-Unis, une maison au catalogue prestigieux et exigeant, puisque les écrivains et intellectuels reconnus en France – Michel Foucault, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir – y étaient publiés outre-Atlantique.



Mais si André Schiffrin témoigne, c’est parce que Pantheon Books a été rachetée par Random House, laquelle a été phagocytée par RCA, un géant de l’électronique et de l’industrie du divertissement, lequel n’a pas tardé à revendre Random House à S. I. Newhouse…



Partant de l’exemple vécu à la multitude de cas similaires dans les années 1980, André Schiffrin montre les conséquences désastreuses de la concentration dans un milieu encore artisanal à bien des égards. Les groupes industriels exigent des maisons la même rentabilité que pour les autres branches commerciales et industrielles du conglomérat, alors que leur fonctionnement diffère beaucoup. Une maison d’édition ne pourrait jamais engendrer autant de profits qu’une entreprise de bâtiment, par exemple.



Les maisons, qu’elles soient destinées à un public confidentiel comme Pantheon Books, ou à un plus large public, se voient contraintes d’augmenter leur rentabilité, laquelle est intrinsèquement faible dans les métiers de l’édition. Pour s’aligner à la logique du marché, les dirigeants des maisons modifient la politique éditoriale de l’entreprise afin d’abaisser le niveau intellectuel et pour plaire au plus grand nombre.



Ils se font consensuels, s’autocensurent, diminuent les exigences littéraires, minimisent les risques éditoriaux en copiant des formules gagnantes d’autres éditeurs – les mille et un Twilight… – dans le but de remplir le tiroir-caisse et de satisfaire le contrôleur de gestion, devenu le premier éditeur en lieu et place du directeur littéraire…



André Schiffrin cible le danger de publier ce que le public est présumé vouloir. La censure ravage le patrimoine culturel et intellectuel, sous prétexte que les lecteurs ne voudraient pas lire tel type ou tel autre type de texte. Si la pensée politique dominante est le capitalisme, les éditeurs ne publieront-ils que des textes dans ce sens ?



Quel est donc le rôle de l’éditeur, s’il n’est pas celui de provoquer l’attention du lecteur sur un texte oublié, méconnu ou à contre-courant ?



Alors l’indépendance est essentielle : si elle n’est pas financière, elle doit être intellectuelle, car c’est l’engagement des maisons qui nourrit le débat public et la confrontation des opinions nécessaires à la démocratie.



En moins de cent pages, il expose des faits alarmants et lance le débat : pourquoi faut-il préserver l’indépendance des maisons d’édition ? Pour les futurs éditeurs et les curieux du livre, cet ouvrage est le début d’une prise de conscience. Pour les autres, c’est déjà un incontournable !



Mais la démarche est propre à André Schiffrin : si ce qu’il énonce fait sérieusement froncer les sourcils – car en France nos conglomérats Hachette et Editis sont comparables aux monstres étatsuniens – il termine son texte en ouvrant quelques pistes. D’autres formes d’organisation existent qui permettent de préserver l’indépendance : la fondation, l’association, l’abonnement…
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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L'édition sans éditeurs

Ou l'édition sans personne pour faire des choix autres que ceux de la supposée rentabilité (très aléatoire. En théorie, personne ne travaille dans le monde du livre pour faire du fric. Eh non.)

Et André Schiffrin en sait quelque chose, lui le fils du fondateur de La Pléiade, contraint à l'exil en 1940. Il a vu son père fonder la maison Pantheon avec des exilés allemands, sélectionner ses textes avec soin, avec une haute idée des lecteurs : ce ne sont pas des idiots, ils ont droit au meilleur.

Mais tout cela change au cours des années 80-90 (et est en cours lorsqu'il écrit) : la rentabilité doit être partout, dans chaque titre, et non plus quelques bonnes ventes couvrant les frais des ouvrages à faible tirage et vente (comme cela se passe, avec la fameuse "loi" des 80-20) Voila comment on se retrouve à payer des avances colossales aux auteurs de "best-sellers", avances qui ne sont pas couvertes par les ventes et comment on ruine un fonds qui se vend certes lentement mais sûrement. Comment on démolit toute une économie et toute manifestation d'intellectualisation ; comment chaque tentative de rendre le public instruit est découragée, détruite. Les groupes de librairies ont encore amplifié le phénomène, coulant les indépendants, les seuls à oser encore prendre des risques avec des éditeurs indépendants et souvent à contre-courant de l'idéologie dominante (pour info : entre ça, l'absence de prix unique et le livre électronique, il reste 30 librairies à N-Y, groupes inclus)

La France reste, pour le moment, relativemement épargnée (l'étude ne pouvant prendre en compte l'impact d'Internet. Bah non, pas en 1999), les grands groupes n'étant pas (encore) aussi gourmands.
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L'édition sans éditeurs

Ce livre raconte non seulement l'histoire d'une maison d'édition, Pantheon Books mais aussi celle d'un homme, André Schiffrin qui est le fondateur de cette dernière, et qui s'est battu tout au long de sa vie afin de conserver son indépendance. Mais la loi du marché voulant, et ce, même si Schiffrin avait réussi à faire reconnaître sa maison d'édition comme possédant une certaine notoriété, celle-ci fut rachetée par Random House. Le marché de l'édition est un monde cruel où la loi de l'argent régit (il n'y a qu'à voir l'exemple de la France où il ne reste que très peu d'éditeurs indépendants) et lorsque Random House est à son tour rachetée par le tycoon Newhouse, Eschiffrin et toute son équipe décident de résister en démissionnant tous, de comme un accord pour fonder une nouvelle maison à but non lucratif, The New Press. L'objectif de cette dernière n'est pas de publier un maximum de livre afin de gagner un maximum d'argent mais de publier des ouvrages qui ont de la valeur de par leur contenant. Le livre n'est ici plus considéré comme un produit marchand mais comme une œuvre culturelle à part entière.

Le même problème se pose d'ailleurs aujourd'hui avec les librairies qui se font piétiner par les grands groupes ou les grandes surfaces. Le livre a perdu de sa valeur, à mon grand regret, et a été trop largement banalisé.

En tous cas, pour ce qui concerne le livre dont je suis en train de vous parler, c'est un livre qui nous parle de résistance contre le système de l'argent. Court ouvrage facile d'accès dont je garde un très bon souvenir et je vous invite donc à venir le découvrir.
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L'argent et les mots

Pour celles et ceux qui s’intéressent aux livres, André Schiffrin est connu pour son essai « L’édition sans éditeur ». Il y racontait notamment la main-mise de quelques grands groupe sur le monde de l’édition, transformant les livres en un produit commercial comme les autres. Mais aussi des moyens de résister, puisque lui-même a dirigé pendant des années Panthéon Books, une maison d’édition américaine indépendante.



‘L’argent et les mots » est une sorte de suite de ce premier bouquin. On y retrouve les mêmes thèmes : la main-mise toujours plus grande de groupes industriels sur le secteur du livre (en fait sur la culture de façon générale : ciné, presse…). Les pratiques qui y sont associés : plus-value sur la vente de maisons de livres, exigence de retours sur investissements disproportionnés, casse des salaires, etc. Mais, aussi, il donne un tas de piste pour y résister, notamment en comparant et développant les « bonnes idées » qui se pratiquent en Europe et USA.



Un bouquin un peu daté car il a déjà quelques années, mais encore très intéressant pour comprendre le danger que représente le capitalisme appliqué au monde du livre.

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L'édition sans éditeurs

Un grand témoin franco-américain des débuts du passage de l’édition sous les fourches caudines du divertissement.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/23/note-de-lecture-ledition-sans-editeurs-andre-schiffrin/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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L'édition sans éditeurs

C'est sûr que ça va pas faire bander les foules que de lire ce texte, c'est surtout de l'interne à la base. C'est juste qu'en tant qu"acteur culturel" à un moment donné tu te remets en question.



C'est bien joli de vendre de belles histoires à t'en faire péter le portefeuille et la bibliothèque, mais à un moment, savoir d'où viennent les bouquins que tu vends, essayer de comprendre l'avenir de l'édition c'est devenu une question assez importante en ce qui me concerne.



Et c'est là que ça devient intéressant.



Publié en 1999 par le fils du fondateur de La Pléiade, André Schriffin était un éditeur indépendant franco-américain. Ce texte permet de comprendre que si aujourd'hui on en vient à avoir des caisses de merdes romanesques dans n'importe quelle gare ou à coté d'un rayon fruits et légumes, sans aucun intérêt intellectuel ni culturel derrière c'est bien "à cause de nous".



Parce que oui, l'Homme veut se "divertir" et en faisant ce choix, il permet aux gros conglomérats d'avoir des raisons de vendre de la daube qui libère des neurones et qui permet de t'abrutir plutôt que de te faire réfléchir.



Je vais pas faire le révolutionnaire de demain, moi aussi je consomme et j'aime les gros trucs bien commerciaux. J'en vois même certains venir avec leur "non mais c'est maintenant que tu te réveilles ?".



Merde (déjà) et puis.



A force de préférer une consommation médiocre de divertissement, ce bouquin nous montre comment on en vient à détruire la diversité. A détruire le genre de livres qui permet de comprendre certains faits de la société, de comprendre l'Homme, de voir des rayons entier de poésie disparaître des librairies indépendantes parce que les éditeurs préfèrent mettre des tunes dans ce qui fait vendre (parce que faut savoir branler les actionnaires dans le bon sens sinon tu peux mettre la clé sous la porte) plutôt que de soutenir des éditeurs soucieux de nous apporter un minimum de connaissance.



Voilà comme je l'ai dit, ce serait de la grosse hypocrisie que de dire que ce livre m'a ouvert les yeux et que ça donne envie de changer le monde, on a pas tous forcément envie de se prendre la tête à lire une oeuvre avec un dictionnaire à côté (moi le premier) mais putain y'a des fois où t'as quand même la boule au ventre.



Merci Vanellis Bell pour la découverte (comme quoi des fois le réseau et les rencontres ça sert pas qu'à payer des cocas).



Nique les best-seller,
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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L'édition sans éditeurs

A travers l’histoire de Pantheon Books, maison d’édition indépendante créée aux Etats-Unis par Jacques Schiffrin, fondateur de la Pléiade et exilé suite aux lois anti-juifs, c’est une histoire de l’édition indépendante qui nous est racontée, entre lutte pour l’indépendance, recherche éditoriale et rachat par de grands groupes. Si c’est outre-Atlantique que se déroule cette histoire-ci, on y ressent, explicitement ou pas, l’écho d’une histoire éditoriale européenne, parfois française. Comme un cas d’école, vécu de l’intérieur par cet éditeur emblématique ainsi que par son fils, André Schiffrin, auteur du livre.

Réel outil de réflexion sur l’écrit, l’édition et les transformations subies par ce milieu durant la seconde moitié du XXe siècle, dont les professionnels récoltent depuis les années 2000 les fruits, bons ou mauvais, c’est aussi le parcours d’un jeune éditeur, de ses débuts à une maturité descillée, que l’on suit.
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Le contrôle de la parole : L'édition sans éditeurs..

J'avais tellement apprécié le premier, que j'ai lu le deuxième!

Mais je dois avouer que, même s'il est très intéressant, j'ai été un peu déçue.

Cette fois l'auteur s'intéresse au cas de la France, et aux grands changements qui ont lieu dans le secteur éditorial et dans le milieu journalistique.

Il évoque ainsi le cas de Vivendi, mais aussi le "combat" entre grands groupes et maisons d'édition indépendantes, et montre également que, petit à petit, l'édition française se rapproche du modèle économique américain.

Des sujets très intéressants donc, mais je trouve que le livre se tourne un peu trop (à mon goût) vers les médias et leur interaction avec le gouvernement. Je m'attendais à ce que la part concernant l'édition soit... plus conséquente.
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L'édition sans éditeurs

J'ai beaucoup apprécié ce livre. L'auteur y fait un portrait du système éditorial aux Etats-Unis qui est vraiment... très surprenant! (même si on sait déjà pas mal de choses sur le sujet). A travers l'exemple de "sa" maison d'édition, l'auteur nous plonge totalement dans son univers, et on a envie d'en savoir plus, de savoir comment les choses ont évolué.

Seul petit bémol, quelques passages un peu lourds, plus difficiles à lire.
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Allers-retours : Paris-New York, un itinérair..

Allers Retours raconte l'itinéraire et les mémoires "professionnelles" de l'éditeur franco-américain André Schiffrin, responsable des éditions The New Press. Avant cela, il fut pendant de nombreuses années le directeur de Pantheon Books. Il a permis à de nombreux intellectuels français d'être publié aux Etats-Unis.



André Schiffrin est par ailleurs un défenseur de l'indépendance des maisons d'édition et a écrit des essais sur le monde éditorial comme par exemple : L'édition sans éditeur publié chez La Fabrique.
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L'argent et les mots

J’achète des livres.

Beaucoup de livres, souvent.

Trop pour mes déménagements, pas assez à mon goût, autant que le permettent mes finances.

Car oui, ma bibliothèque est un budget, elle a un coût (qui se multiplie avec la location d’un appartement pouvant la contenir). Je fais partie de ces personnes qui accumulent du papier (au pire ça fait isolant) tout autour d’eux.

L’argent et les mots nous parle du voyage de cet argent, du fonctionnement actuel du monde de l’édition, en une centaine de page, ce petit traité est clair et efficace ! Je vais essayer de vous en donner un aperçu mais il le fait TELLEMENT MIEUX que je vous conseille vraiment de foncer vous le procurer ! Il est paru chez La fabrique et s’il n’est pas en stock votre libraire devrait pouvoir le commander sans problème.



largent-et-les-mots.jpgCet argent part donc de mes poches et file dans les mains de mes libraires adorés… et surtout dans les poches de « l’éditeur ».

Dans cet ouvrage il n’est pas question du petit indé (coucou Matière grasse, désolée MicroLibrary) c’est pas de vous dont il est question) qui tourne à flux tendus. Ce modèle « familial » s’il est évoqué est vite abandonné pour nous parler des Groupes. Ces cétacés gigantesques qui concentrent depuis des années quasiment toutes les maisons entre les mêmes mains, celles de l’espagnol Planeta ou du français Hachette par exemple.



En soi, pourquoi pas, ainsi va le monde me direz-vous !

Moi, ça me chiffonne parce que je rêve de travailler comme éditrice-sérigraphe indépendante, mais ce n’est pas le cas de la majorité, et puis « il faut bien vivre ma bonne dame ! »…



OUI mais NON (et pas seulement parce que les livres c’est la vie)



Ces groupes ont des actionnaires, qui possèdent également d’autres types d’industries, qui rapportent plus que l’édition, ils aimeraient que tout ça s’aligne gentiment et que leur maisons rapportent les 10 à 15% exigés…

Sauf que :



on ne produit pas des godes mais des livres,

les auteurs sont lents,

le papier coute cher, que les collectionneurs le préfèrent épais, en accord avec le propos ou simplement improbable,

l’impression est un casse-tête entre offset à l’étranger, imprimerie française chère, tirages exceptionnels à la main,

les livres se vendent sur un LONG temps : n’avez-vous jamais acheté un ouvrage paru il y a des années, trouvé dans un recoin de librairie? Il n’a pas compté dans le chiffre d’affaire immédiat de la société et pourtant il a fait votre bonheur !

J’en passe, vous avez compris.

Pour atteindre ces chiffres ils se focalisent donc sur une production standardisée, consommable. On est ainsi inondé de « Young Adult » et de « polars de l’été ». Quand une petite maison, pour survivre, a besoin de se démarquer, une grosse a besoin de faire du chiffre (quantité, qualité, tout ça). Alors voir que même des éditeurs universitaires intègrent cette logique, ça fait mal au coeur. Au mien du moins.



Sur ce constat Schiffrin arrive à la rescousse : le bateau coule ? Sortez les canaux de sauvetage !

Le CNL aide à la traduction, les collectivité locales se mettent en quatre pour soutenir l’effort des petits, les gens reprennent les rotatives ! Aux encres Citoyens !

J’exagère mais il y a de ça : tout n’est pas perdu tant que le livre est une affaire de passionnés : il suffit de voir la scène florissante du fanzine. Nombre de Bibliothèques, malgré leurs impératifs de rentabilité (oui en bibliothèque, même là, ce concept moisi s’installe) relèvent les manches et achètent des livres « hors cadres » les proposent, les mettent en avant, organisent des événements…



Le gouvernement fera peut-être à son tour quelque chose, comme il a été capable de lever les boucliers pour protéger les libraires il y a quelques années ? après tout la ministre de la culture est éditrice…



J’ai lu ce livre sur les conseils de mes professeurs, messieurs, je ne vous connais pas encore, mais j’aime vos conseils !
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L'argent et les mots

Avec ce tout petit livre, on a l'impression de visiter le musée de l'édition sous la houlette d'un guide passionné, fin connaisseur de son patrimoine. C'est qu'André Schiffrin, fils du fondateur de la collection La Pléiade (dont Françoise Giroud se souvient avoir reçu le premier volume consacré à Baudelaire en cadeau de demande de mariage par Jacques Schiffrin lui-même) s'y connaissait bien, très bien, même. C'est à lui qu'on doit cette formule qui caractérise le monde de l'édition aujourd'hui : l"édition sans éditeur" (1999). D'une immense exigence intellectuelle, A. Sciffrin nous laisse entrevoir grâce à certaines anecdotes tirée de on expérience l'évolution de l'édition (la disparition de la substantifique moëlle au profit d'une intellectuelle mais rentable indigence, là est le vrai problème ... non la dématérialisation du livre.) Bref, c'est assez pessimiste, mais très éclairant, et quoique ce petit livre soit paru en 2010, il porte un regard historique et économique toujours d'actualité.
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L'édition sans éditeurs

Dans les années 40, Jacques Schiffrin participe à la création d’une Maison d’Edition aux USA, Panthéon Books. André, son fils, rejoint Panthéon puis, celle-ci étant rachetée par Random House, grosse holding d’Entertainment, Schiffrin crée en 1990 une maison d’édition à but non lucratif, The New Press. A travers son expérience outre-Atlantique, Schiffrin nous permet de comprendre sa vision de l’édition. Il publie à grand tirage et prix bas des textes nouveaux et difficiles. Avec le recul, il montre qu’il a été possible de trouver un public à des œuvres exigeantes. Vaincre l’emprise du mercantilisme sur l’édition est son objectif, pour cela il doit se battre contre ceux qui souhaitent publier moins de titres à plus gros tirage pour plus de ventes et un profit élevé, c'est-à-dire les mastodontes qui jour après jour font mourir la littérature aux Etats-Unis.

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Le contrôle de la parole : L'édition sans éditeurs..

Voilà la suite de l'édition sans éditeurs, mais toujours avec ce côté frustrant que le livre date cette fois-ci de 2005 et évidemment on se demande bien ce qui s'est passé après, sans doute pas des progrès.

L'Europe n'a pas tardé à rattraper les USA : grâce à la « bienveillance » de l'État pour les capitaux français, on assiste à une «trustisation » de l'édition française, au mains de fonds d'investissement, des capitaux émanant pour la plupart soit de magnats de la presse Hachette possède 222 titres de presse dans le monde !) soit d'entreprises d'armement dont il n'est pas utile de détailler les positionnements politiques.



C'est donc maintenant la course au best-seller, au profit, l'uniformisation des idées, le conformisme intellectuel, le nivellement par le ras, la manipulation de l'opinion.



Après une description précise des mécanismes économiques qui gouvernent l'édition en France, André Schiffrin fait un petit tour par la Grande-Bretagne puis revient aux États-Unis et analyse les conséquences de ces phénomènes sur la guerre de Bush en Irak, où le milieu de l'édition, tout comme la presse, a été d'un soutien indéfectible pour son maître.



Il ne fait pas bon être éditeur indépendant, libraire indépendant, et bientôt même lecteur indépendant dans ce monde manipulé par les gros sous. Lecture intéressante, qui apprend à s'y reconnaître, sans doute orientée, et qui n'est pas sans faire peur.

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L'édition sans éditeurs

André Schiffrin , à travers sa biographie professionnelle, dresse un portrait de ce qu'est devenu l'édition à la fin du vingtième siècle.

Son père a été l'un des fondateurs de La pléiade , dans un souhait d'offrir une littérature de qualité au plus grand nombre. Suite aux persécutions vichystes et à son élégant licenciement par Gallimard, la famille émigre en 1941 aux États-Unis.

André Schiffrin reprend quelques années plus tard la canne de pélerin de son père, pour publier des œuvres américaines dissidentes ou européennes, dans un message plutôt à gauche, sans recherche systématique du profit,mais dans l'idée d'entretenir et enrichir le discours intellectuel et la réflexion au sein de Pantheon Books. Mais la loi du marché s'installe peu à peu dans l'édition, il faut penser à être rentable, très rentable, il faut arrêter de semer des idées frondeuses dans l'opinion, de croire qu'offrir la culture aux minorités est une bonne chose… En même temps que toute son équipe, André Schiffrin part en claquant la porte et fonde, avec l'aide de quelques fondations privées, The New Press, maison d'édition dissidente et sans but lucratif.



À travers son parcours, André Schiffrin décrit ce qu'est devenu le livre, le monde de l'édition aux États-Unis mais aussi à un moindre degré en Europe et particulièrement en France, sous l'emprise des empires du divertissement et de la communication. Il montre comme il est difficile maintenant de continuer à considérer le livre comme un produit culturel et non plus commercial.



Le livre est écrit et publié en 1999, Amazon n' apparaît qu'une fois de façon très ponctuelle et seulement dans la conclusion. Il va donc falloir lire la suite : Le contrôle de la parole
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L'édition sans éditeurs

Un essai incontournable pour se faire une idée du fonctionnement actuel du monde de l’édition. Premier volet d’un triptyque qui fait date, L’édition sans éditeurs, en s’appuyant sur l’expérience professionnelle et personnelle d’André Schiffrin, dresse un paysage presque effrayant de l’édition (principalement du cas américain). Actionnaires sans scrupules, éditeurs malmenés, best-sellers prenant le pas sur les productions plus confidentielles que sont le théâtre, la poésie, les sciences humaines, etc., tels sont les personnages principaux de l’ouvrage d’André Schiffrin. En tant qu’ardent défenseur de l’édition indépendante, le tableau qu’il livre plongerait dans un pessimisme sans fond s’il ne proposait pas des solutions pour éviter la concentration des principaux acteurs telle qu’elle s’est illustrée sur le continent états-unien. Augmentation des subventions allouées par l’Etat pour la culture au même titre que le cinéma, réorganisation en structures coopératives, protection du maillon de la librairie indépendante et de la petite édition… Une lecture idéale pour comprendre les principaux rouages et enjeux de l’édition, d’autant plus que l’écriture d’André Schiffrin, à la fois concise et précise, s’apparente parfois plus à la narration qu’à l’argumentation.
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Le contrôle de la parole : L'édition sans éditeurs..

L'auteur, André Schiffrin a été pendant 20 ans à la tête de Pantheon Books, maison d'édition littéraire aux États-Unis. Il dirige depuis 1991 The New Press, maison indépendante à but non lucratif.



Ce livre paru en 2005 aux éditions La fabrique est la suite de L'édition sans éditeurs, publié par le même éditeur en 1999.



Avant la 2e guerre mondiale, tous les grands journaux étaient sous le contrôle de groupes industriels, mais la presse a ensuite gagné son indépendance, et a pu être gérée par les personnes qui y travaillaient. Aujourd'hui, la presse nationale est détenue majoritairement par des grands groupes, et elle reçoit des subventions importantes de l'État (voir à ce sujet le livre Éditocrates sous perfusion : Les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie, aux éditions Libertalia.)



L'auteur met en évidence la connexion entre les différentes industries de la culture et de l'information (telles que l'édition, la presse, la télévision, la radio), les multinationales et l'État. Il évoque également la situation de l'édition aux Etats-Unis, et l'émergence de gestions alternatives de certaines maisons au Danemark ou en Suède.



En France, les grands groupes industriels s'emparent de l'édition et de la presse alors qu'ils ont à l'origine des activités complètement éloignées de ce domaine, que ce soit la distribution de l'eau pour Vivendi, le bâtiment pour Bouygues, ou encore, l'armement pour Dassault ou Lagardère : « La France devenait ainsi le seul pays au monde où l'essentiel des organes de presse est la propriété de marchands d'armes et d'avions militaires, Lagardère Dassault, qui détiennent à eux deux 70% de la presse française. »



Après que les grandes chaînes ont investi les parts de marché de la librairie indépendante, celle-ci se fait maintenant grignoter par les hypermarchés. le même phénomène a eu lieu aux USA, où les grandes chaînes sont à leur tour menacées par les discounters, qui peuvent vendre des livres à des tarifs encore plus bas car il n'y a pas de prix unique du livre : « Ces derniers se sont rendu compte que s'ils avaient obligé bien des indépendants à fermer en offrant des remises importantes sur les bestsellers, il s'en trouve d'autres pour leur infliger maintenant le même traitement. » En France, les hypermarchés représentent la même menace que les discounters aux USA.



André Schiffrin nous présente des modèles alternatifs qu'il a pu observer en Europe : la gestion de maisons d'édition par des fondations à but non lucratif au Danemark, ou une organisation en coopérative en Suède.

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L'argent et les mots

De nombreuses pistes pour travailler à la sauvegarde d’une diversité culturelle élitiste de masse.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/24/note-de-lecture-largent-et-les-mots-andre-schiffrin/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Allers-retours : Paris-New York, un itinérair..

André Schiffrin retrace son parcours d’éditeur politique, de son exil aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu’à ses dernières années.

[...]

Lorsqu’on parle de Schiffrin, on pense effectivement à l’éditeur qui a pris position pour l’édition indépendante et contre les grands groupes, au Français qui a vécu à New York, partagé entre deux cultures qu’il n’aura eu de cesse d’analyser et de comparer.

On pense moins à Schiffrin issu d’une famille d’intellectuels aisée qui a gravité autour de grands noms, comme Gaston Gallimard, André Gide, Roger Martin du Gard, Hannah Arendt et d’autres ; à celui qui a intégré de brillantes universités par cooptation et qui a suivi les traces de son illustre père. Si ces souvenirs sont passionnants, plein de perles rares (lorsqu’il rencontre Gide et Gallimard à 13 ans), le parcours de Schiffrin valide néanmoins la théorie bourdieusienne qui érige le capital social en facteur de réussite, ce qui fait forcément écho à l’édition parisienne fermement délimitée par le conservatisme, la cooptation et le snobisme petit-bourgeois.

Schiffrin renvoie à la définition de l’éditeur contemporain : du talent pour sentir les débats publics et aller à la rencontre des auteurs divergents, et la capacité à emmener les siens, éditeurs et auteurs, vers une nouvelle aventure éditoriale. En homme discret, il a écrit des souvenirs politiques empreints de pudeur et de modestie. Il n’a pas évoqué sa vie personnelle mais seulement sa vision du monde, car c’est précisément ce qu’on attend de son témoignage — la vie privée reste privée.

Refermer Allers-retours, c’est remercier une nouvelle fois Schiffrin de m’avoir fait découvrir l’édition et d’avoir donné un sens à mon métier. Écrire cette chronique, c’est lui dire au revoir et regretter de ne pas avoir réussi à le rencontrer. À nous de prendre la relève, de porter haut notre idéal pour que le monde nous écoute.



L'article entier sur mon blog :

http://www.bibliolingus.fr/allers-retours-andre-schiffrin-a107895186
Lien : http://www.bibliolingus.fr/a..
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L'argent et les mots

101 pages pendant lesquelles André Schiffrin nous livre les secrets inavouables du monde de l'édition. Publié en 2010, cet ouvrage reste toujours d'actualité !

à lire, si l'on veut comprendre ce monde de requins.
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