Citations de Andrea Bartz (28)
Cinq morts en moins de vingt ans. (...)
Cela fait beaucoup de morts pour quelqu'un de si jeune.
𝑻𝒖… 𝒕𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒔’𝒊𝒍 𝒏𝒆 𝒔’𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒓𝒊𝒆𝒏 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒆́ 𝒅𝒆 𝒔𝒑𝒆́𝒄𝒊𝒂𝒍, 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒔𝒊 𝒄𝒆𝒔 𝒉𝒐𝒓𝒓𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒏𝒆 𝒔’𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒑𝒓𝒐𝒅𝒖𝒊𝒕𝒆𝒔. 𝑪𝒐𝒎𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒕𝒖 𝒇𝒂𝒊𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒔𝒊… 𝒃𝒊𝒆𝒏 ?
Brisée. Ce mot tournait en boucle dans ma tête, comme un disque rayé, et résumait parfaitement mon état. Mon corps et ma vie étaient brisés. Tout comme le crâne de Paolo, qui avait éclaté comme une coquille d’œuf.
Ce coin est désertique, personne ne tombera sur nous pendant qu’on creusera. Il n’y a aucun risque qu’on soit dérangées par un routard, un campeur avec son chien, un fermier ou un berger menant son troupeau d’alpagas.
Les gens disent tant de choses sur les femmes qui voyagent seules.
Il n’y a rien de pire que de s’emballer en parlant à ses copines d’un chéri potentiel et de voir cette histoire tomber à l’eau peu après. On se sent ensuite stupide quand les copines veulent savoir si ça avance de ce côté. En réalité, il existait quelques petits désagréments plus problématiques qu’une telle gêne, Kristen et moi étions bien placées pour le savoir.
Il n’est en effet pas compliqué de cataloguer les tortures que nous impose la vie, entre l’accouchement et les douleurs menstruelles, sans oublier la chaleur suffocante qui accompagne la ménopause. Alors que nous faisons de notre mieux pour atténuer ces souffrances, les hommes en recherchent activement, que ce soit en faisant la guerre ou en pratiquant des sports violents au risque de se fracasser le crâne et d’endommager leur fragile matière grise.
Dans mes souvenirs brumeux, l’horreur émergeait de ma torpeur mentale comme une voix perçant des parasites à la radio. Mes mains avaient agi d’elles-mêmes, indépendantes de mon corps, le temps de réduire un jeune homme à l’état de fardeau à transporter. Cela s’est réellement produit.
Il était plus mignon que dans mes souvenirs, le visage plus anguleux, comme si cette semaine passée loin de lui avait érodé l’image mentale que j’avais de lui. Je sentis quelque chose s’agiter dans mon ventre ; écrasés par les événements survenus au cours des dernières vingt-quatre heures, des papillons revenaient à la vie.
J’étais prête à donner n’importe quoi pour être une fille normale avec lui, pour plaisanter, le serrer contre moi, l’embrasser et, oui, faire l’amour avec lui comme tous les gens normaux, et oublier la femme brisée, méfiante et secrète que j’étais devenue.
Aux yeux d’Aaron, j’étais une nana du Midwest des plus classique, sympa et douce. Aurais-je vraiment la force de faire comme si rien de grave ne s’était produit et le regarder droit dans les yeux ? Alors que je m’étais enfin débarrassée des crises de panique et des cauchemars consécutifs à l’agression dont j’avais été victime au Cambodge, Paolo avait rouvert la trappe renfermant mes peurs et m’avait renvoyée à la case départ.
Aussi têtues qu’une langue incapable de s’empêcher de titiller une dent douloureuse, mes pensées ne cessaient de revenir à la soudaine averse survenue dans le désert. Ces précipitations ne révéleraient tout de même pas notre tombe peu profonde ? D’autre part, personne n’avait vu Paolo discuter avec nous dans le patio, la veille au soir, cela semblait évident. Les deux Anglaises aux cheveux brillants, le barman devant lequel j’avais paniqué à propos de mon portefeuille disparu… Étions-nous restées gravées dans la mémoire de ces personnes ?
Nous étions donc piégées dans un bled paumé sans pouvoir recourir à Internet, pour ainsi dire exilées sur un autre plan que celui de notre vie normale.
Faire l’amour était une chose que j’avais retirée de ma liste d’activités acceptables depuis une année complète, désormais, si bien que ma nouvelle patience en matière romantique était mise à rude épreuve.
Il faut dire que tu as cette sale habitude de viser des mecs un million de fois moins géniaux que toi et incapables de te traiter comme la reine que tu es.
Sa façon de m’amadouer était toujours payante et nous offrait systématiquement les épisodes les plus magiques et les plus mémorables de nos voyages. Jamais je n’avais regretté d’emboîter le pas de mon amie qui n’avait peur de rien. D’autre part, je n’avais pas oublié comment les choses avaient tourné en la seule et unique occasion où j’avais moi-même agi de façon spontanée.
Regarder une série sur Netflix quand on a la flemme de sortir me manque tout autant, comme ne parler que de la même chose pendant des jours ou des semaines, sans devoir mentalement organiser un récapitulatif des derniers événements survenus dans ma vie, avec une fiche pour ne rien oublier pendant un de nos appels de trois heures. Enfin, je ne sais pas, mais bon… Pas toi ? Je hochai la tête en riant : – Si, évidemment. Moi aussi, tout ça me manque. C’est juste que… ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Je n’ai jamais pensé à faire un truc pareil. Je me calai dans mon siège et but une gorgée de vin. – Kristen Czarnecki, tu es une nana complètement timbrée. Elle s’esclaffa. Son rire était une merveille, sonore et musical. – On peut carrément le faire. Qu’est-ce qui nous en empêche ? Certains passent leur vie sur les routes ! Chaque fois qu’on croise un de ces types, je les envie. On pourrait être les filles que les autres envient !
Explorer le monde ensemble. Découvrir des civilisations méconnues, nous baigner dans des décors si irréels qu’ils paraîtraient tout droit sortis de l’imagination de créateurs de space operas .
Nous n’avions surtout pas envie d’échouer dans une cellule de prison cambodgienne, accusées de meurtre et nos passeports confisqués. Nous avions toutes deux vu Bangkok, aller simpl e 1 et lu de nombreux articles à propos d’Amanda Knox 2 . Alors que je frissonnais de peur, l’esprit totalement confus, Kristen fit preuve d’une réactivité extraordinaire. Elle prit le pouls de Sebastian et ne perçut pas le moindre signe de vie. Coup de chance frôlant l’absurde en cette soirée de déveine, à l’arrivée à la réception de l’hôtel, personne ne nous avait réclamé nos passeports et nous avions réglé nos chambres d’avance et en liquide.
Nos premiers ébats furent torrides ; je découvris qu’il aimait mêler au plaisir une petite dose de douleur, par exemple en me mordillant la lèvre inférieure ou en m’empoignant les cheveux pour tirer ma tête en arrière. Ce n’était pas trop mon truc, mais je dois avouer m’être sentie assez excitée à l’idée d’être sa proie, si désirable qu’il pouvait à peine contenir son désir bestial. D’autre part, j’avais, au fil des années, accumulé suffisamment de connaissances en matière d’éducation sexuelle, que ce soit grâce à des tests dans des magazines ou lors de discussions alcoolisées avec des copines, pour savoir que la meilleure façon de le rendre dingue de vous, d’être son meilleur coup, consistait à lui faire comprendre que j’étais à fond dans son jeu et que je déchiffrais clairement ses signaux non verbaux.