Rabbit, un ancien marine dont la boule à zéro laissait apparaître un duvet blond, indiqua à Carrie et à Virgil leur place dans le deuxième convoi et leur zone de tir. Rangée du milieu, côté droit pour Carrie.
- Qu'est ce qu'il faut surveiller en priorité ? demanda-t-elle à Rabbit.
Ce n'était pas la première fois qu'elle empruntait cette route, mais visiblement la situation avait empiré.
- Tous les véhicules qui ne gardent pas leurs distances. Tout et tout le monde, les femmes, les enfants, un tas d'ordure suspect. Si quelqu'un approche trop près vous criez : "imshi !" ça veut dire.
- Je sais ce que ça veut dire.
Le problème quand on s’introduisait par effraction chez quelqu’un, c’est qu’on ne savait jamais sur quoi on allait tomber.
Ça passe ou ça casse. Et au Moyen-Orient, être une femme n’est pas une excuse. Si tu merdes, si tu déconnes, t’as une chance sur cent d’en réchapper. Et même si tu t’en sors vivante, t’es définitivement grillée. Beyrouth a l’air civilisée, comme ça – plein de boîtes de nuit, de jolies femmes en vêtements griffés, des restaus de luxe, les gens les plus sophistiqués de la planète –, mais il ne faut pas s’y fier, c’est toujours le Moyen-Orient. Un seul faux pas et ils auront ta peau – avant de retourner faire la fête.
- Bienvenue à la CIA, la vraie, dit Virgil avec une moue sarcastique.
Il nourrissait le mépris typique des hommes de terrain pour les bureaucrates de Langley.
- Pas besoin d'ennemis, on a déjà un nid de scorpions à domicile. (...)
Nous ne savons rien. Mais c’est peu probable. C’est sûrement un pseudonyme destiné à brouiller les pistes. La vérité, c’est que nous n’avons qu’une empreinte vocale pour nous guider.
La plupart des clients étaient des gens entre deux âges. Des hommes en costard, aux tempes grisonnantes ; des femmes d’un certain âge, mais bien conservées. On les aurait crus sortis des années 1990, à l’époque où le café était le lieu de prédilection des politiciens, des journalistes et des espions.
Un jour qu’un des leurs demandait à Koenig quelle était la meilleure façon d’obtenir des renseignements fiables, il avait répondu : « Pour cela, le seul moyen est de remonter à la source. »
Avec son maquillage et ses longs cils, elle avait un look d’enfer. C’était la nature qui la rendait si séduisante, parce que la nature n’avait qu’un objectif : la procréation... elle était belle, aucun homme ne lui résisterait, aucun. La seule idée qu’elle pouvait conquérir tous les hommes de la terre si ça lui chantait, que c’était elle qui décidait, agissait comme un aphrodisiaque. Elle n’avait qu’à les laisser s’approcher, ils la suivraient comme des toutous. La nature.
Il n’y a pas de foi pour celui qui ne fait pas confiance, et pas de religion pour celui qui ne tient pas ses promesses.
Les rares fois où Harris disait la vérité, c’était quand il était certain que personne ne le croirait.