— Bonjour, vous êtes Eva ?
— Oui.
Ève, Eva, même chose, non ?
— Venez vous installer.
Lorsque j’entre dans la petite pièce, l’endroit me charme encore plus. Une ouverture donne une magnifique vue sur la mer et laisse entrer une petite brise.
— Qu’est-ce que vous aimeriez aujourd’hui ?
Je ne sais plus quoi répondre tellement il me fixe intensément. Il a les yeux si noirs que j’ai l’impression d’y voir ma réflexion.
— Un massage de détente ?
Comme si c’était possible de me détendre sous ses mains, que je ne peux m’empêcher de regarder !
— Déshabillez-vous et installez-vous sur le ventre, m’intime-t-il tout en douceur.
Il sort de la pièce en fermant la porte. Tout ce que tu désires, Juan. C’est bien le nom inscrit sur son insigne ? Je suis surprise qu’il parle si bien français ; mieux que Carlos, qui n’a pas arrêté de me susurrer de petits mots doux en espagnol tout le long de notre partie. Pourquoi repensé-je à lui ? Je dois me concentrer sur le moment présent. Me déshabiller, oui. J’hésite, mais je m’empresse de me glisser sous la serviette de plage avant qu’il revienne. J’ai même osé enlever mon maillot encore trempé. Il n’y a pas de mal à être à l’aise, non ?
— Vous êtes prête ? demande Juan en revenant dans la pièce.
— Oui.
Il s’empresse de fermer la porte et de la verrouiller. Il se dirige ensuite au petit lavabo pour se laver les mains. Tous mes sens sont en alerte. Je me trouve soudainement courageuse d’oser me faire masser dans un pays que je ne connais pas et par quelqu’un que je connais encore moins. Je prends même conscience que c’est la première fois que je vais me faire masser par un homme. C’est peut-être la raison pour laquelle je suis si nerveuse.
— Détendez-vous.
Comment peut-il lire dans mes pensées ? C’est vrai qu’il vient de déposer ses mains dans mon dos, par-dessus la serviette, qu’il descend lentement en la repliant par-dessus mes fesses. Je sens qu’il l’a pliée à un endroit qui le laisse entrevoir une partie de celles-ci ; j’hésite à tirer pour la remonter un peu. Je prends une profonde inspiration. Je décide de lui faire confiance : après tout, c’est lui l’expert. Je me sens même un peu excitée quand je m’imagine ce qu’il voit.
— Vous profitez de vos vacances ?
— Oui.
Je vis un coup de foudre puissant et c’est pour ça que j’aimerais découvrir où il me mènera. Je souhaite qu’il ne laisse pas trop de dommages sur son passage.
J'aurais pu faire confiance au processus, mais au lieu de cela, j'ai tâtonné pour trouver ma place. Je ne savais pas que j'étais sur la bonne voie. J'ai pris tant de détours pour finalement réaliser que ma vie qui passait était celle que je devais vivre ! En effet, et ce secret a été révélateur pour moi : tout a sa raison d'être. Bien sûr, j'ai par moment tardé un peu trop longtemps à comprendre certaines leçons, mais cheminer n'est pas un sprint de cent mètres, c'est une course à obstacles. La vie n'est pas prévisible et elle est parfaite ainsi.
Veuillez aussi noter qu'il n'y a pas de date d'expiration dans votre cheminement. J'ai moi-même pris plusieurs détours, alors selon l'endroit et le moment où vous en êtes rendues dans votre parcours, soyez patientes avec vous-mêmes. Donnez-vous le temps que ça prend, et ce, avec beaucoup d'empathie, d'amour et de bienveillance envers vous-même.
La plage est la meilleure des thérapies. (P. 37)