"ABOUT LOVE" By Nadège Roy
Moi je crois qu’être une étoile, c’est pas fait pour toi…
Elles sont admirées… mais personne ne peut jamais les approcher. Elles brillent, mais elles ne voient jamais le jour. Et elles ne sont entourées que de ténèbres. Chaque soir, elles doivent se retrouver au même endroit. Crois-tu vraiment que c’est à ça que ressemble la liberté, celle dont tu rêves?
Ses plus grandes effusions d’amour se faisaient toujours dans des endroits publics. Comment ai-je pu ne pas le voir ? Je me suis bercée d’illusions et d’espoirs alors que j’ai quitté un enfer pour un autre.
Chaque fois que je lui cède, j’étale sous ses yeux doux et inquisiteurs mes plus grandes failles. Je me mets à nu et j’oublie comment me protéger. Comment tenir debout sans aide.
Je me suis fait avoir… Comme une grenouille que l’on fout dans l’eau tiède et qu’on met tranquillement à bouillir pour ne pas qu’elle réalise la fragilité du fil ténu sur lequel tient son existence insignifiante. Puis ça se met à mitonner, et il est trop tard. C’en est fini. Les regrets n’ont plus leur place à cet instant, et pourtant, il n’y a que ça qui abreuve ma conscience.
Mais ce mec va me faire mal, sans le vouloir probablement, mais il le fera, je le sais déjà. Je le sens. Je devrais suivre mon plan initial, mais comme un insecte attiré par la source de lumière où il se brûlera, je me laisse m’amadouer par cet homme qui scellera mon sort. Je ne sais pas comment ça se produira, mais mon intuition qui ne me ment jamais me sonne l’alerte.
Après des années, vous souvenir de celui que vous avez été avant est pratiquement impossible. Parce que cette saleté vous a eu. Elle a fini par souiller votre âme. Par teinter vos poings. Par emplir votre tête de parasites. Que vous ayez été pourri jusqu’à la moelle depuis votre naissance ou que vous ayez seulement dévoyé l’espace d’un instant, ici, ça ne compte plus.
Quand elle y entre, son parfum de vanille et d’agrumes empli à nouveau l’espace que nous occupons. Un cupcake! Cette fille se prend pour un putain de cupcake! Alors que Ray lui fait son sourire le plus sympathique, je fais tout pour ne pas avoir à poser les yeux sur elle. Quel connard! Quand je pense que cet homme est en quelque sorte mon mentor…. Je me sens trahi.
Elle a diffusé en moi le parfum de ce que je n’avais jamais connu. Le réconfort, la tendresse, le soutien, la protection… J’ai ressenti tout au long de la journée qui vient de s’écouler cette envie de me rapprocher à nouveau pour vérifier si j’avais imaginé tout ça. Une envie que je n’aime pas éprouver. Et si je ne parvenais à trouver le calme que dans ses bras, dorénavant ? Et si sa présence me devenait indispensable, même vitale, et qu’elle m’était ensuite arrachée pour une raison quelconque ? Je ne veux pas m’attacher.
J’ai compris que je l’aimais quand je me suis imaginé taire ses pleurs par un baiser, absorber sa douleur avec mes lèvres et remplacer sa solitude avec mes bras et mes mots.
Ce fils de pute me dopait pour passer sa dope, justement. Quelle ironie ! Les souvenirs remontent. Ses doigts se faufilant entre mes cuisses alors que j’étais complètement dans les vapes. Tout me revient et pourtant, aucune réminiscence n’est nette. La nausée me gagne juste à y penser. Je me sens trompée, utilisée, souillée… tellement naïve.