Dans 'L'Ile des damnés' (Hugo Thriller), Angélina Delcroix envoie l'adjudant Joy Morel sur une île où sont exilés les pires criminels du pays. Sa mission ? Retrouver une psychocriminologue disparue. Pour cela, elle va devoir se faire passer pour une criminelle, sur une île où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes, et reforment une société qui fait écho à la nôtre. Elle nous en parle à travers 5 mots dans cette vidéo.
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- Il ment ? Non, pas lui. Il est là pour m'aider.
Adam comprend que le détenu ne s'adresse pas qu'à lui. Ses yeux dévient vers le haut comme s'il regardait à l'intérieur de sa tête.
- Monsieur Prezeau, expliquez-moi ce que vous entendez.
- Il me dit que vous êtes un menteur, vous aussi. Que vous êtes là pour me faire du mal, comme tous les autres.
- Qui sont les autres ?
- Les déchus, les démons, les sujets de Lucifer. Mais pas vous, hein ? Si ?
- Non, pas moi.
- Elle, elle l'était, vous savez ?
- De qui parlez-vous ?
- De celle que j'ai réussi à éliminer. Vous vous rendez compte ! s'exclame-t-il avec joie en se tortillant sur sa chaise. L'assistant de Lucifer. Je l'ai eu ! Le deuxième ange déchu. Kesabel, il s'appelait. Il se cachait dans le corps de cette femme pour séduire et attirer les hommes vers le péché, vers la luxure.
(Début d'entretien au parloir de la maison d'arrêt entre ce détenu et l'expert psychiatre venu le rencontrer dans le cadre d'une mission rogatoire requise par le magistrat instructeur pour évaluer son état mental et psychique)
À mi-chemin, elle fut stoppée dans son élan par des sanglots d’enfant. Une petite fille d’environ six ans était assise sur une tombe. Deux couettes blondes cachaient son visage, penché vers le sol. Christelle s’approcha d’elle et se mit à sa hauteur.
— Coucou, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu es toute seule ?
— Oui, je cherche ma maman, j’arrive plus à la trouver.
— Ne t’inquiète pas, je vais t’aider. Elle est habillée comment, ta maman ?
— Elle avait mis sa robe rouge.
— Super ! On va vite la retrouver, alors !
L’espoir remplaça les larmes sur le visage de la petite.
— Mais comment tu vas faire ?
— Facile : le rouge, ça se voit bien !
— Ah ! Alors, tu peux voir à travers les cercueils ?
Christelle se figea, soufflée par cette question.
Quatre comprit que la recette de la folie était finalement simple. Enfermez la personne dans un espace restreint et sombre. Éliminez toute notion du temps qui passe. Laissez-la mariner dans son jus de questions pendant de longues heures. Arrosez régulièrement de cris et de gémissements atroces. Rajoutez une dose de douleur physique. Recouvrez le tout d’ignorance quant à son propre sort et, enfin, enfournez dans son crâne que le sort des autres dépend d’elle.
Ma maman est là, près de moi, son regard est inquiet et plein d’amour. Mais j’en fais quoi de cet amour ? Personne ne m’a jamais appris. Je ne sais pas faire. Je suis habituée à autre chose. Mes doigts viennent agripper les bandages sur mes poignets pour tenter de les arracher. Maman m’en empêche.
— Non, Charlie ! Je t’en supplie, arrête !
C’est plus fort que moi, une force me pousse, je ne me contrôle plus. Je laboure les bandages comme un chien creuserait pour trouver un os. Au passage je me griffe la peau autour. Maman crie. Je l’entends, mais de loin. Je suis partie dans mon monde. Le seul que je connaisse. Celui de la souffrance.
Quand vous travaillez au contact des criminels, vous envisagez inévitablement les conséquences. Pour vous, mais aussi pour votre famille. Il m’arrivait, surtout au début, de me demander ce qui arriverait le jour où un criminel frustré par mon expertise sortirait de prison. Idem avec les détenus que l’on accompagne au sein de l’établissement. La particularité de ces personnes, c’est qu’elles n’ont souvent pas demandé à être soignées, contrairement à un patient qui vient consulter en cabinet. La relation détenu-soignant est donc parfois complexe et conflictuelle. Votre esprit finit par retenir les situations agressives, les mots, les menaces, les regards. Alors, vous commencez à ressentir une peur. Au départ, diffuse. Vous devenez vigilant, vous êtes attentif à ce qui vous entoure quand vous sortez.
Elle est en colère. Je fais tout mal de toute façon. Alors, à quoi bon faire des efforts ? Et si j’arrêtais d’être celle qu’elle veut, si j’étais juste moi… Sauf que je suis qui ? Je suis quoi en vrai ? C’est sûrement les adultes qui décident de ça. Je ne vois pas comment on peut le savoir sinon. Alors, je dois leur faire confiance et les laisser me guider. Si c’est comme ça qu’on devient grande, ben c’est nul !
Ce soir-là, la voie vers le sommeil semble impossible, presque interdite, à Adam. De quel droit dormir paisiblement alors que des individus livrent une lutte incessante contre leurs démons psychologiques et que d’autres se font massacrer quelque part, en secret ? Voilà l’une des conséquences de son métier. Savoir, comprendre, prendre conscience du mal a forcément un impact sur la perception que l’on se fait de la vie. Il a entendu tellement de choses innommables durant toutes ces années que son esprit en garde des traces indélébiles. Alors, quand il vit des journées comme celle-ci, Adam sait que, s’il s’endort, son inconscient risque de l’entraîner vers des endroits qu’il n’a pas envie d’explorer. Il se relève en faisant attention de ne pas réveiller Lucille et va s’asseoir dans son bureau. Les dossiers sont là, devant lui. Il pose la main dessus, mais une voix intérieure lui déconseille de les ouvrir.
Olivier avala d’un trait le reste de son café froid, se leva de la chaise et saisit sa veste sur le dossier.
— Tu te fous de moi, là ! lui balança Alexandra au bord de l’explosion.
— J’ai plus important à gérer qu’une femme en colère avec sa chieuse d’ado, tu vois !
— Sûrement, rétorqua Alexandra piquée au vif. Mais cette femme et cette ado, comme tu dis, c’est ta famille. Le jour où tu réaliseras que tu en as une, il sera trop tard.
— Joue pas à ça !
Alexandra passa devant lui sans le regarder et lui ouvrit grand la porte d’entrée.
— Casse-toi !
L’homme qui a failli lui ôter la vie va être jugé. Doit-elle continuer à se convaincre que sa culpabilité va être établie et que la peine assortie sera assez longue pour qu’elle cesse de ressentir une insécurité handicapante ? Ou doit-elle se préparer à ce que l’intime conviction des juges vienne minimiser les actes et la sanction ? Les expertises psychiatriques vont-elles influencer le jugement et dresser le même tableau que celui qu’Adam avait peint lors du procès des individus présents dans le manoir Andermatt ?
La justice et la police sont représentées par des hommes et des femmes, comme moi, qui doivent se départir de toutes représentations et certitudes pour assurer leur fonction. Pensez-vous que cela soit possible pour chaque affaire ? Y a-t-il un magistrat, un enquêteur, un expert ou un scientifique capable de promettre qu’à aucun moment de sa carrière il n’a flanché et fait pencher la balance dans le sens de son intuition ou de sa conviction ? Je ne le pense pas.