Dans sa vie, question exploits, Clara n'était pas en reste. Elle savait abattre des heures et des heures de travail sans se lever de sa chaise, elle savait subir sans broncher des heures et des heures de réunions inutiles et pleines de bavardages, elle savait faire le ménage de son petit appartement un week-end durant sans voir le jour, elle savait tenir, subir, faire en force... Oui, cela elle le savait ! Mais ce qui lui était difficile, c'était de jouir de la vie, jouir tout court... Et ce qui était en train de se passer en avait le goût. Ecouter une envie et la réaliser, cela semblait venir d'un autre monde, un monde que Clara ignorait !
Un vent de sensualité était en train de s’insinuer dans son être, et cela lui plut. Elle plongea ses doigts dans la terre, ce qui éveilla en elle une bouffée de plaisir. Elle eut envie d’enlever ses chaussures et de marcher pieds nus dans ce terreau noir et riche, chaud de l’humus qu’il contenait. La terre lui filait entre les orteils, et elle dégustait le contact de ses pieds qui s’enfonçaient dans le sol, talon d’abord puis pointe, avec gourmandise.
«Mme Violet poursuivit : « jouir est un droit élémentaire, ou un devoir absolu, comme vous voulez. Jouir changera tout. Jouir assiéra la place des femmes dans la société. Sa, la jouissance, il manquera toujours quelques chose à la puissance féminine(...)"
D’abord il y avait cette moiteur étouffante, puis ces parfums entêtants, puis ces immenses plantes luxuriantes qui semblaient pousser sur rien et conquérir l’immense plafond de la serre. on croyait entré dans une espèce de gigantesque cathédrale végétal, pleine de couleurs, de formes, de lianes, d’odeurs et d’humidité