LES COUPS DE COEUR DES LIBRAIRES SUD RADIO 29-06-2018 Gérard et vos libraires préférés vous transmettent leurs passions pour les livres, vous parlent de leurs coups de cur du moment et parfois, de leurs coups de gueule et Bien sûr TOUT Y PASSE : Polar, Roman, Bd, Art etc !!!!!! Toujours à l'affut des dernières petites pépites littéraires ou encore, du roman, qui sera vous rendre heureux, vos librairies se donnent corps et coeur à leur passion, à votre passion, La Lecture et le plaisir de la partager ! 30 ans la griffe noire : A peine entrée dans la librairie de Collectif aux éditions Télémaque https://www.lagriffenoire.com/116471-... Les déracinés de Catherine Bardon aux éditions Les Escales https://www.lagriffenoire.com/110854-... Les frères Holt de Marcia Davenport et F. de Bardy aux éditions Le Promeneur https://www.lagriffenoire.com/17722-r... Le bûcher des vanités de Tom Wolfe aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/16093-p... La Femme à la fenêtre de A.J. Finn et Isabelle Maillet aux éditions Presses de la Cité https://www.lagriffenoire.com/106232-... Baby Doll: S'enfuir n'était que le début de Hollie Overton aux éditions Mazarine https://www.lagriffenoire.com/110561-... Filles de la mer de Mary Lynn Bracht et Sarah Tardy aux éditions Robert Laffont https://www.lagriffenoire.com/105443-... Iboga de Christian Blanchard aux éditions Belfond https://www.lagriffenoire.com/104938-... Hollywood Boulevard de Melanie Benjamin et Christel Gaillard-Paris aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/109525-... Il savait que je gardais tout: Entretiens de Anne Pingeot et Jean-Noël Jeanneney aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/112564-... La Chorale des dames de Chilbury de Jennifer Ryan et Françoise Du Sorbier aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/108515-... Chroniques d'une onde de choc : #MeToo secoue la planète de Annette Lévy-Willard aux éditions de l'Observatoire https://www.lagriffenoire.com/116686-..
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A.P. : je n'ai pas un caractère facile. On s'amusait, on parlait de la réincarnation et je lui disais qu'il était un ancien chien. il faisait toujours sa ronde autour du troupeau pour qu'il soit bien en rond et que tout le monde soit ensemble. C'est ce qu'il voulait, en politique et dans la vie familiale. il n'acceptait pas qu'on quitte le cercle. A la fin, moi, je ne supportais plus le téléphone. Cela voulait dire qu'il n'était pas là mais qu'il tenait son cercle par le téléphone. Je lui ai dit : " Soit vous êtes là, soit vous n'êtes plus là mais je ne veux pas des autres cercles. " Cela a été une chance car les dernières lettres qu'il a écrites en 1995 m'émeuvent encore : avec le téléphone, il n'en serait rien resté. Ce sont parmi les plus belles lettres d'amour qui existent, à mon sens. (p. 56)
A.P. : Il parle souvent des quatre chevaux qui doivent marcher ensemble. Il y a le goût intellectuel d'aller voir les choses ensemble, qui revient souvent. (p; 93)
J.-N.J : (...) Avant toute chose, je voudrais parler du contraste entre la vie que votre courage a choisie et le monde patriarcal de votre enfance.
A.P. :C'était une des raisons de notre entente. Il existait dans ma famille une ou deux générations en retard. C'était la province, très réactionnaire, de droite, pas évoluée. Mais cette situation rejoignait au fond l'enfance de François Mitterrand qui avait connu à peu près le même genre de bourgeoisie, peut-être un petit peu plus ouverte. Je crois que cela a beaucoup compté parce que nous comprenions bien cette trame de devoirs, cette trame de limites aussi que lui a dépassée et qu'il m'a aidée à dépasser. Je repense aux repas, les repas en famille sont moins nombreux maintenant, mais j'ai vécu des repas interminables où l'on n'avait pas le droit de parler à table, mais j'écoutais : la femme devait être soumise, elle ne devait avoir aucune vie intellectuelle et cela compté. Cette vision m'a empêchée, il a fallu l'aide de François Mitterrand pour essayer d'avancer autrement, dans une autre direction. En même temps, cette soumission m'a conduite à accepter l'inacceptable. Cette vision de la femme a donc joué dans les deux sens. (p.17)
J'avais alors une liberté complète, un métier que j'aimais avec un patron lointain, l'Etat, l'entrée dans le monde merveilleux des musées où les oeuvres d'art sont là pour vous. Quand je me suis retrouvée seule dans la grande galerie du Louvre après la fermeture au public, avec tous ces chefs-d'oeuvre, j'ai ressenti une joie ineffable. (p. 35)
a.P. : Deux personnes qui ont vécu ensemble le même événement vous le racontent de façon tellement différente qu'elles prouvent que l'Histoire n'est pas possible.
J.-N. J : Ce que vous dîtes est terrible. Même l'histoire de l'art ?
A.P. : Surtout l'histoire de l'art, car nous voyons avec ce que nous savons et ce savoir change tout le temps; Nous voyons avec ce que nous avons vécu, ce que nous sentons. J'ai détesté le XIXe siècle avant d'apprendre à le connaître. (p. 70)
Je commencerai en citant une phrase de Mazarine, la fille que vous avez eue avec François Mitterrand, née en 1974, qui a parlé de vous en disant que vous étiez l'héroïne d'un film que personne ne verrait jamais. Mais nous allons maintenant le voir. (p. 10)
(...) en 1965 il récupère son pouvoir sur les gens, si l'on peut dire.
-J.-N. J. : C'est le moment où votre amour atteint son plus haut point.
A.P. : Oui. Il a ensuite vite embrayé sur la conquête du pouvoir, mais cet amour a contribué à son énergie, c'est certain.
-J.-N. J. : En lisant ces lettres riches d'invention, d'imagination, des oeuvres littéraires pour beaucoup d'entre elles, on éprouve qu'il donne souvent le sentiment de se regarder lui-même vous aimer.
A.P. : peut-être. A la fin je lui reprochais ses lettres trop belles.
-J.-N. J. : Vous lui reprochiez ? Pourquoi ?
A.P. : Je trouvais que la vie, ça aurait été mieux. (p. 55)
A.P. : Partir de presque zéro a été passionnant. Le XIXe a été une immense période de sculpture en France, comme au XIIIe siècle. Il n'existe pas de bâtiment public, une mairie du XIXe, un jardin public qui ne soit orné de sculptures. Sauf que nous ne connaissions rien, nous regardions avec les yeux du mépris, nous ne savions pas voir. On ne voit jamais qu'avec ce qu'on sait, or nous ne savions rien. (p. 37)