L'absence de référence à des termes ayant trait au théâtre à l'époque médiévale est d'ailleurs révélatrice : le "théâtre", ne se concevait alors ni comme un spectacle, ni comme un événement autonome, mais comme un moment d'un rituel, religieux le plus souvent.
Dans la pensée grecque, la frontière symbolique n'est pas située comme dans le théâtre moderne, entre réalité et fiction, mais entre le divin invisible et caché d'une part, et sa manifestation visible par la représentation d'autre part.
Avec l'humanisme et l'affirmation de la primauté du point de vue de l'homme, le tabernacle-skènè de l'Antiquité grecque a perdu sa signification originelle, parce qu'il a perdu son essence sacrée. Le caché a été dépossédé de son mystère. Le non-vu, le hors-scène deviennent alors concevables : ils sont une prolongation imaginaire du visible de la scène, visible donnant une illusion de réalité. La skènè était le lieu du divin irreprésentable, du mystère invisible. Au Rinascimento, elle devient le lieu de l'acteur qui représente un prince-dieu. Elle devient un objet, que l'on peut manipuler, où l 'homme peut se montrer, et être vu.
La filiation du théâtre grec au théâtre romain était directe dans la forme. La filiation du théâtre romain au théâtre à l'italienne, elle, est directe dans l'esprit mais détournée dans le forme : comme le théâtre romain, le théâtre à l'italienne est un spectacle, ou un divertissement, indépendant du rituel religieux. Comme lui, mais de façon plus radicale, il s'organise à partir du regard du spectateur.