Je vous convie à un voyage de papillon. Imaginez. Vous survolez la Terre. De temps en temps, attiré par une couleur, vous vous posez sur un vaste continent ou une ile minuscule. Vous assistez à la naissance de l’ocre rouge dans une sépulture de Nazareth, à la disparition de la pourpre sur les rives de la Méditerranée, vous cheminez avec l’ocre jaune, de l’Australie d’il y a cinquante mille ans à la toundra de Sibérie, où, encore récemment, les Inuits en enduisaient les masques rituels après les avoir léchés pour parfaire l’adhérence du pigment…
L'oeil humain est sensible à d'infimes nuances de blancheur. Par exemple, les esquimos percevraient sept variété de blanc et, en Inde, les textes sanscrits distinguaient le blanc brillant, le blanc des dents, le blanc du santal, le blanc de la lune automnale et des nuages d'automne, le blanc couleur d'argent ou de lait de vache, le blanc couleur perle, de rayon de lumière, d'écaille, d'étoile ... Les Japonais, eux, disposent de six termes distincts pour évoquer la blancheur, perçue non seulement en fonction de sa brillance ou sa matité, mais aussi selon l'énergie qu'elle contient. Ils parleront ainsi de blanc inerte ou dynamique.
En Chine, rêver de vert est perçu comme un signe de bon augure. Le dormeur peut compter sur sa vitalité. Mais si la couleur envahit tout le songe, elle signifie qu'il est soumis aux forces sauvages et qu'il se trouve en grand péril.
La nature fournit à profusion des teintures et des pigments jaunes, rouges, bruns ou noirs, mais elle est beaucoup moins généreuse pour les substances permettant d'obtenir des bleus... La couleur bleue est absente de l'art pariétal préhistorique et, dans les rites, elle est beaucoup moins présente que le blanc, le jaune, le rouge ou le noir.