Citations de Annie Barrows (98)
La moustiquaire claqua derrière elles quand elles sortirent sur la terrasse, exhalant le dernier soupir las de la journée pour inspirer la première bouffée relaxante d'air nocturne. De part et d'autre d'Academy Street, les dîners touchaient à leur fin - cliquetis de cuillères dans les tasses à café, concert de grincements de chaises qu'on recule de la table. Les maisons qui bordaient la rue commençaient à se ressembler dans l'obscurité qui s'épaississait, leurs massives formes allongées découpées par des rectangles dorés à l'emplacement des fenêtres et des portes. Et à cette heure-là, elles se mirent toutes à déverses, sur les terrasses protégées par des moustiquaires, leurs habitants qui s'installèrent et dans des divans en rotin ou d'antiques fauteuils à bascule. Des voix, hautes et basses, tournoyaient comme des chauve-souris au-dessus des vastes pelouses. p.65
J'ai appris que l'histoire est l'autobiographie de l'historien,qu'ignorer le passé est une attitude imbécile, et que la loyauté ne consiste pas à se mettre dans les rangs, mais au contraire, à s'en écarter pour les êtres qu'on aime.
"_[... ] Tu le savais ça ? Je te l'avais déjà dit ?
_Quoi donc ?
_Que je veux passer ma vie auprès de toi. Est-ce que je te l'ai déjà dit ? Parce que ça fait longtemps que je le pense. Mais je ne suis pas certain de t'en avoir parlé. - Elle fit non de la tête . - Oh, zut, fit-il en se tapant le front. Ça a dû me sortir de l'esprit. Avec tous ces événements, tu comprends. Je ferais bien de me ranger sur le bas-côté.
Il arrêté sa camionnette.
Il vaut mieux se ranger sur le bas-côté pour faire une demande en mariage, lui confia-t-il en coupant le moteur."
"Elle ne pouvais ignorer ce qui s'était passé. Il n'y avait pas moyen de l'ignorer. Le passé était la seule chose qui existait vraiment : il ne pouvait y avoir d'avenir qui ne soit fondé sur le passé."
Ma mère disait toujours que faire une bonne action de mauvaise grâce était une abomination aux yeux du Seigneur. Mais je n'ai jamais trop adhéré à ce point de vue.
J'ai appris que l'histoire est l'autobiographie de l'historien, qu'ignorer le passé est une attitude imbécile, et que la loyauté ne consiste pas à se mettre dans le rang, mais au contraire à s'en écarter pour les êtres qu'on aime.
Tu as peut-être raison, mais au centre de Macedonia, la beauté naturelle a été écrasée par ces immeubles en brique rouge, des devantures au bois fendu et quelques monstruosités en pierre avec des corniches gravées de mots latins, disséminées çà et là. Le mot Dépression prend tout son sens ici où tout semble s'écrouler.
"Quand à elle, je crois qu'elle n'avait jamais douté que la haine était un vilain os à ronger"
"...elle avait compris que cette haine l'aurait transformée en poussière si elle était parvenue à ses fin."
Quant à elle, je crois qu’elle n’avait jamais douté que la haine était un vilain os à ronger.
« Je passais le plus clair de mon temps à lire.
C’est alors que je me rendis compte que je passais à côté d’un tas de choses. Cette idiote de Marjorie Lanz en savait davantage sur ma vie que moi-même. Des dames parfumées et poudrées que je ne connaissais même pas semblaient savoir sur mon père des choses que j’ignorais. Quelle humiliation, quand on y réfléchissait. Etais-je encore un bébé, condamné à vivre dans une ignorance crasse ? Non ! J’étais une personne, une personne à part entière, et j’avais le droit de savoir des choses ! » p. 20
On ne parvient jamais à se faire une idée de la vérité d’autrui. On s’applique à se forger une idée définitive et on finit par s’étrangler avec le noeud qu’on a tissé soi-même.
On ne parvient jamais à se faire une idée de la vérité d’autrui. On s’applique à se forger une idée définitive et on finit au s’étrangler avec le noeud qu’on a tissé soi-même.
"Comment peux-tu lui pardonner ?" lança-t-elle soudain sur le ton du reproche."Comment ? Après ce qu'il t'as fait ?" ..."Tu as raison Jottie, mais à quoi bon? Avoir raison ce n'est rien. On ne peut pas s'en nourrir. Autant manger des cendres."
Chacun de nous voit une histoire donnée à travers le prisme de sa propre subjectivité. Nous sommes incapables de nous montrer objectifs. Vous devez vous méfier de vos sources.
"Ne pose pas de question si tu risques de ne pas aimer la réponse"
page 133
Mais ce n'est pas encore de l'histoire. Ce n'est qu'une épreuve de force. Ce n'est pas de l'histoire tant que personne ne l'a emporté.
Je travaille l’oreille tendue vers la porte et, sitôt que j’entends le courrier tomber dans la boîte, je dévale l’escalier à toute vitesse et j’entame un autre chapitre de l’histoire, toute essoufflée. Je crois que c’est ce que devaient ressentir les lecteurs rassemblés devant la porte de l’éditeur de Dickens, pour s’emparer du dernier feuilleton de David Copperfield dès sa sortie des presses.
Mon père dirigeait un salon funéraire, et il était arrivé plus d’une fois à M Romeyn de régler, pour des ouvriers de la manufacture, les frais d’obsèques que la famille n’avait pas les moyens de payer. C’était très généreux de sa part.
...Il n'a de sentiments pour personne.
-Si, il en a, soupira Jottie. Il est attaché aux filles. Il était attaché à Vause. Et même à moi. Simplement, pas autant qu'il est à lui-même.
"Nous avons tourné au coin d’une rue et Bird a annoncé : « Ça, c’est notre cornouiller. » J’aurais marmonné alléluia à la vue de la maison – en briques blanches et gracieuse – si mon attention n’avait été distraite par un petit attroupement dans l’allée du jardin. Comment te décrire les Romeyn ? En fait, au début, je ne savais pas qui étaient les Romeyn et lesquels étaient de simples passants. La foule entourait une fillette – Willa, me semble-t-il – dont le sang coulait abondamment sur ses chaussettes et qui sautillait tandis qu’une femme hurlait que la pauvre enfant portait les stigmates. Elle s’est tue dès qu’elle a remarqué ma présence, mais tu ne penses pas que j’aie pu atterrir dans une famille de revivalistes ? Que vais-je faire s’ils organisent des réunions de prière après dîner ? Ou, pire, avant le dîner. Et... je sais bien que c’est impossible, mais quand même... et si cette enfant portait vraiment les stigmates ? Quelle est l’étiquette à adopter quand on cohabite avec une personne qui porte les marques des plaies du Christ ? Je serai sûrement une gêne si des pèlerins arrivent de partout.
Je me suis avancée dans l’allée et ils m’ont tous dévisagée. Pour sonder mon âme de pécheresse, sans doute. J’avais l’horrible impression de rétrécir. Je n’arrivais pas à prononcer un mot, et je suppose que nous serions restés pétrifiés sur place jusqu’à la fin des temps si M. Romeyn n’était apparu et ne m’avait accueillie comme un gentleman. Il m’a offert une poignée de main, s’est présenté et m’a présenté le reste de l’assistance hébétée." (10/18 - p.53-54)