Se battre pour la bonne cause n’offre parfois pour toute récompense que la certitude d’avoir livré le combat des justes.
- Où siège le cœur de la raison ?
- Dans le savoir, mais seulement lorsqu’il s’unit à la compassion.
S’il convient de respecter le passé, nous ne pouvons lui permettre de le laisser nous encombrer.
Un sadique éduqué sait à merveille tourmenter un lettré. Je dus ainsi apprendre par cœur les œuvres complètes de Kirval Draken, de loin le pire rimailleur de langue volarienne – ou de n’importe quelle autre, d’ailleurs – et chantre de la bouillie la plus bancale et la plus sirupeuse qui puisse se concevoir. On m’accorda une heure pour assimiler l’ensemble de ses quarante poèmes afin de les réciter sans faute et ainsi divertir le général. Campé à la proue du navire, je dégoisais ces insanités, la sueur ruisselant sur mon visage et dans mon dos parce qu’on m’avait garanti une mort immédiate à la moindre défaillance.
S’il faisait preuve d’érudition et d’une intelligence presque effrayante, Caenis restait un incorrigible rêveur. Il consignait dans sa bibliothèque mentale des milliers d’histoires et croyait dur comme fer à chacune d’entre elles. Les innombrables héros, félons, demoiselles en détresse, monstres et épées magiques qui enfiévraient son imagination lui étaient aussi réels, aussi précieux que ses propres souvenirs.
Un peu de théâtre ne fait jamais de mal. Le pouvoir est une constante représentation.
Qu'est-ce que la mort ? La mort est un passage vers l'Au-Delà, l'union avec les Défunts. Elle est tout à la fois terme et commencement. Craignez-la et acceptez-la.
Des femmes au pouvoir, des femmes ingénieures, songea Vaelin. Comme nous devons leur paraître étranges.
L’or est comme l’eau par sa facilité à vous glisser des mains.
L’amour possède nos cœurs mais la luxure aura toujours raison de nos corps… Tel est le traître tapi au fond de l’âme.
- Je peux le retrouver, déclara-t-il à l’Aspect, une froide détermination dans la voix. Je tuerai ceux qui l’ont fait prisonnier et le ramènerai à la Loge. Mort ou vif.
Les yeux de l’Aspect glissèrent sur maître Sollis.
- De quoi as-tu besoin ? lui demanda l’instructeur.
- D’une demi-journée de permission, de mes frères et de mon chien.
Le pouvoir ne procède pas de la fortune, mais la fortune et le pouvoir procèdent du savoir.
La guerre nous rend tous idiots.
La sagesse et la guerre ne font pas bon ménage.
Toute victoire n’est qu’illusion.
La haine n’éclôt que sur le terreau de la passion [...].
La faim reste de loin le meilleur des assaisonnements.
Défie-toi des charmes de l’évidence. Ne cède à la réponse que tu appelles de tes vœux qu’une fois tous les aspects du problème envisagés.
Le guerrier chante en solitaire
Sa voix un feu trop tôt éteint
Il chante la mort de ses frères
Batailles perdues, sanglants destins…
- J'ai le sentiment que mon âme pourrait profiter d'une telle retraite afin de méditer les grands mystères, maître, répondit Nortah, son sourire équivoque découvrant deux impeccables rangées de dents.
Pour la première fois depuis des mois, Vaelin éprouva l'envie de rire.
- Dis plutôt que tu veux passer une semaine le cul dans un fauteuil, grinça Sollis.
- La position assise est en effet la plus indiquée pour la méditation, maître.
N'y tenant plus, Vaelin éclata de rire. Trois heures plus tard, alors qu'il achevait son quarantième tour du terrain d'entrainement, il en gloussait encore.