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Citations de Anthony Van den Bossche (43)


Les murs étaient vides. Ne pas avoir d'objets était chic, surtout si on vivait de la production d'objets.
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Par goût du manque, il avait passé sa vie à arrêter : l'ivresse des apéritifs, l'exaltation de la cigarette, la consommation du sucre puis celle du gras, et la douce adrénaline des disputes. Comme tous les grands sceptiques, il aimait les débuts et les fins d'histoire, les naissances et les effondrements. Il se nourrissait aux comptoirs des bars, se lavait au hammam, marchait dès l'aube vers les parcs pour surveiller ses Koï, lire et fumer un cigare les soirs de beau temps. Il vivait dehors avec ce que les Japonais appellent le hinkaku, la prestance des carpes. Cette façon d'évoluer avec grâce entre deux eaux, d'envahir l'espace de sa présence douce et altière. Il se réchauffait au coin de la ville dans le crépitement des évènements.
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On pouvait commencer un monde avec une flaque d’eau et du soleil. Oui, elle pouvait tout recommencer. p. 150
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Anthony Van den Bossche
Complexé par la parole, il enviait les comédiens, les orateurs, les volubiles, les bavards ; cette communauté de l'oral à laquelle il prêtait tous les talents d'improvisation.
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Ernesto bombardait le jeune homme de questions, tandis que le père de Louise s'était résolu à l'ignorance, laissant la végétation, l'architecture, les corps et les voix se fondre dans une même masse impénétrable, habitée par une magie qu'il avait peur de rompre en posant des questions d'anthropologue ou de comptable. Ne pas comprendre, c'était conserver la beauté alchimique de cette nature recomposée pour l'œil.
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Monument. Historique. Les deux mots cousus ensemble scellaient une promesse d'éternité. Cette cathédrale ne pouvait partir en fumée comme un immeuble de quartier. Louise leva les yeux sur la salle de bal atone. Américains, Italiens, Danois, ils étaient tous venus, viendraient, reviendraient ou rêvaient de venir dans cette ville dont les Parisiens avaient la garde. Paris n'était pas un assemblage de rues, de bâtiments, de monuments et de quartiers, mais une héroïne de roman, dont on ne pouvait toucher un cheveu sans mettre le monde à son chevet.
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Pourquoi l'attente était-elle un supplice ? L'impatience c'était refuser le temps des autres, ne pas accepter l'autre ; de la pure misanthropie.
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À dix-sept ans, pour son premier jour au Wepler, Fabrice avait ouvert des centaines d'huîtres sans réfléchir, comme il l'avait toujours fait à Arcachon avec ses parents. Alors qu'il glissait sa lame dans une coquille serrée, sectionnaitt le pied et mettait un nouveau mollusque à nu, une perle irrégulière s'offrit à quelques millimètres de son pouce. Une offrande comme Paris en dispense à quelques nouveaux venus dont elle veut garder les faveurs.
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p.38 en bas de page
[...] il n'habitait pas à Paris, il habitait Paris.
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Une bonne vingtaine d'années séparaient le seizième arrondissement du reste de la ville. La nouveauté avait beau trépigner à quelques stations de métro, les habitant, les rues et les commerces affichaient tout sourires leur désétude, filtrant l'air du temps avec un flegme économe et un sens inné des valeurs sûres.
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Comme chaque matin, elle fraudait le réel, profitant du sommeil de la ville pour détourner à son compte une portion entière de la journée. Dans quelques heures, le temps deviendrait commun, sans valeur.
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Mélancolie migratoire, provincialité décomplexée, survivance sans papiers, dilettantisme aux pères absents, aux mères fuyantes; habiter le dixième, c'était regarder l'avenir avec le besoin de tenir le passé à distance.
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Le progrès n'était rien d'autre que ça : l'exagération du présent.
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On ne peut pas respecter un truc qu'on nous demande de protéger, c'est absurde. Personne ne respecte la faiblesse. Personne n'admire la fragilité. Le fonds de commerce écolo, c'est le paradis perdu : on a tous un souvenir de pêche au bord de la rivière avec papa. Mais retrouver le paradis perdu, c'est un projet de vacances d'été, pas un projet politique. Et de toute façon, personne ne veut se priver. Même pour éviter la fin du monde.
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Les paysans de la préfecture de Niigata étaient devenus éleveurs de poissons d'ornement par hasard. Ils vivaient de la culture du riz etstockaient des carpes communes, grises, noires ou brunes, pour leur alimentation dans de petits réservoirs étagés au-dessus des rizières lorsque des couleurs inédites étaient apparues, semblables à un tremblement du sang : "une tache blanche ou bleue sur un dos, un point rouge sur une tête, un éclat argentin sur une queue", lui avait expliqué son père.
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Les koishi avaient poussé le vice jusqu’à produire des couleurs plus naturelles que les étangs ne pouvaient en accoucher. Ce vert thé, ce brun châtaigne et ce noir tarentule se fondaient dans le décor, sans jurer parmi les poissons de rivière. Pourtant, chaque reflet était une exagération, une fiction graphique, une super normalité aidée par l’homme, aussi outrancière qu’un projet de Stan. Seule une fugace poignée de filaments nacrés monta à la surface et rompit l’'harmonie trompeuse. L’ébauche d’une carpe au platine oxydé. «Une Ghost Koï» Les paroles de son père lui revenaient. «Une carpe fantôme.» Les Koï étaient des poissons fragiles, trop fragiles pour certains amateurs, qui souhaitaient simplement des couleurs vives pour animer leurs étangs. Les éleveurs avaient trouvé la parade en accouplant une carpe Platinum, dont les Européens étaient friands, avec une carpe cuir, commune et résistante au froid. La carpe Ghost était le chaînon manquant entre artifice et nature. Un poisson métallique aux entournures de théière encrassée: spectaculaire et robuste. Les koishi retournaient sur leurs pas après trois siècles de sélection; rebroussant chemin vers la nature, injectant une dose de sauvagerie dans la pureté fabriquée du Platinum. Entre deux eaux, la carpe fantôme flottait comme un reproche parmi ses congénères indifférentes à ce que les hommes avaient fait d’elles. Hirotzu était-il dupe? Imaginait-il vraiment ses carpes dans les improbables douves d’un château bourguignon? p. 140
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Dès la première nuit, la conjugaison de leurs soupirs avait vidé l'obscurité des mots inutiles.
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Touristes photographiant l'absence de flèche, puisque vivre un moment historique valait bien mieux que visiter un monument historique. Vérifier la beauté d'une destination ne suffisait plus. Atterrir dans une situation était le gage d'un instant précieux ; guerre civile, manifestation, incendies élevaient les photos de vacances au rang de reportage. Pourtant, cette foule disparate était touchée. La peur comme les grandes joies ont la capacité de nous faire tenir quelques heures dans une humeur commune ; de détourner notre attention des évènements manufacturés contre l'ennui.
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la tristesse les avait arrêtés dans le même espace-temps, la même tétanie, devant le sourire forcé de son père, composé la veille par un employé des pompes funèbres. Un demi-sourire tiré qu'aucun d'eux n'avait jamais vu sur ce visage.
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Anthony van den Bossche nous entraîne dans un récit un peu loufoque, mené tambour battant, à travers Paris et jusqu’au Japon. C’est l’histoire d’une sœur et un frère qui viennent de perdre leur père et se retrouvent avec un curieux héritage, une collection de carpes dites Koï, belles et rares, disséminées en toute illégalité dans différents bassins parisiens.

Louise mène déjà une vie à un rythme effréné avec sa petite agence de communication, aux prises avec un client, designer célèbre et capricieux. Elle supporte aussi un amant extravagant, pas forcément indispensable. Elle est proche de son frère, qui souffre de misophonie et vit retranché du monde dans son appartement. Voilà qu’en plus il lui incombe de retrouver ces carpes japonaises qui valent un prix d’or et peuvent attirer bien des convoitises. Avec son frère et une bande de copains fidèles, ils vont tenter de les récupérer et de les réunir.

D’une écriture vive et rythmée, l’auteur met en scène leurs tribulations parfois burlesques qui ne seront pas de tout repos. Les descriptions de Paris sont belles, très visuelles et donnent envie de déambuler dans les rues, du Parc Montceau à l’île Saint Louis, de prendre un café à la terrasse du Nemours. Il y a de l’évasion dans l’air, de la tendresse, de la douceur et de l’humour au beau milieu de l’agitation parisienne. Les personnage secondaires sont esquissés avec sympathie. Il y a notamment Mehdi, le jardinier complice du père, pour qui les Koï n’ont pas de secret, il connaît leurs noms, Chagoï, Tancho, Garomo… Il les reconnaît à l’harmonie de leurs couleurs, aux motifs uniques sur leurs écailles.

Suivre cette bande de Pieds Nickelés improbable sillonnant Paris la nuit de parcs en jardins pour récupérer une collection de carpes précieuses est une véritable aventure qui rebondit au gré des imprévus et des surprises. Et cette histoire familiale peu banale, racontée par des allers retours entre passé et présent, entre souvenirs d’enfance et vies adultes pas toujours évidentes, avec ces carpes qui agissent comme un legs émotionnel, se révèle touchante. Comme l’est Louise qui n’aura de cesse de sauver cet héritage insolite quoiqu’il arrive.

Cette balade originale dans Paris, véritable «héroïne de roman», l’hommage au père disparu que ses enfants découvrent sous un tout autre jour, la poésie japonaise qui imprègne le récit avec l’histoire originelle de ces carpes précieuses donnent à ce récit une tonalité bien agréable. Un joli moment de lecture !
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