Le Salon dans tes oreilles - S1E01 - L'impact du mouvement queer dans la littérature québécoise
Abordant à tour de rôle la question queer, les auteur·rice·s invité·e·s à cette table ronde mettent de l'avant des réalités souvent méconnues et affirment l'identité queer dans la littérature québécoise contemporaine.
Avec :
Mariève Maréchale, Autrice
Nicholas Dawson, Autrice
Antoine Charbonneau-Demers, Auteur
Nicholas Giguère, Animateur
Livres :
Désormais, ma demeure, Nicholas Dawson, aux Éditions Triptyque
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/desormais-ma-demeure
La minotaure, Mariève Maréchale, aux Éditions Triptyque
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/la-minotaure
Daddy, Antoine Charbonneau-Demers, chez VLB éditeur
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/daddy
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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Retrouvez la version vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=VpvvlbmClW4
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Moi, les sushis me rappellent ma mère. C’était la recette pour impressionner. Quand je déballais mon lunch à la cafétéria pour en révéler une assiette pleine, j’étais fier d’annoncer que ma mère les avait faits. Regardez comme ma famille est sophistiquée. Le week-end, ma tante, mes cousines et mes grands-parents se joignaient à nous et on les roulait en famille. On en faisait des montagnes. Plus il y en avait, plus on s’élevait socialement.
Mais avec le temps, avec les rencontres comme celle d’Ismaël, avec les voyages et les livres, le souvenir de ma défunte mère ternit. Il y a, dans ce monde, de vrais chefs sushis, et ma mère n’en était pas une. Ma mère, plus je découvre les merveilles du monde, moins elle m’impressionne. Je m’en veux d’écrire ça. C’est une phrase déchirante et cette déchirure est pire que la tristesse.
-Pourquoi tu pars pas toi aussi? Y'a rien ici qui te retient.
-Je me suis inscrit au cégep en littérature.
-As-tu déjà lu un livre?
-Non...pas vraiment.
-Tu devrais commencer par ça...
Comment une femme peut-elle être aussi longue ? s’interroge-t-il, subjugué. Elle marche ; non, elle se déplace ; non, elle se pavane, dans les drapés noirs de sa robe. Elle boit de l’eau ; non, elle la fait couler dans sa gorge comme dans une géode. Je m’imagine parcourir le chemin de sa bouche jusqu’à la sortie de son ventre.
Je trouve que c’est facile de dire qu’on est fou juste parce qu’on pleure ou qu’on crie alors que c’est la faute de celui qui reste calme.
Maintenant, je m’aime mince, maigre. Ceux qui disent que ce sont les gros qui sont normaux, qui disent : voici la vraie beauté, des corps normaux, et nous montrent des gros, allez chier, j’encule vos trois cents livres avec mes cent dix-huit. J’adore mes os, les hommes rêvent la nuit de me les arracher pour les briser, je chéris les petits muscles sous ma peau fine. Parfois, je tâte les os de mon bassin, je presse mon ventre jusqu’à sentir ma colonne de travers et je m’imagine une queue là-dedans qui viendrait me mélanger les organes, les presser contre les parois de ma petitesse, me trouer le boyau central et me dériver le réseau transitoire.
Nous avons fait l’amour, et je ne sais pas ce que ça veut dire, mais j’ai été pris de panique quand il n’a pas mis de condom. Il est entré comme ça, pas pour me violer ou parce qu’il s’en fout, mais pour une raison plus sérieuse que ça, et je ne veux pas dire ce que c’est. Je ne veux pas dire que c’est parce qu’il m’aime. Qu’il veut me garder juste pour lui. Et je ne veux surtout pas dire que c’est parce que je l’aime que je n’ai rien dit. Je n’ai rien dit. Parce que nu, avec du froid dans les os, sous la douche, le cul déjà tout offert, je n’avais rien à dire.
Tout le monde rêve de terminer un cahier un jour. On remplit les premières pages, religieusement, comme il se doit, le temps des dix premiers jours d’un nouveau cahier… puis on rate un dessin, on écrit mal, on barre, trop de ratures, on veut changer la calligraphie, et c’est abandonné. On aurait voulu dire : voici mes mémoires, voici ce que j’ai vu, ce que j’ai goûté, ce que j’ai vécu. Florentia pense remplir un cahier qui sera lu. Mais personne n’a jamais tourné la dernière page d’un calepin ligné.
L'amour des autrs, c'est sûrement la plus belle affaire que tu pourrais avoir juste parce que c'est la seule affaire que t'es pas capable d'avoir, innocente!
Ce n'est pas la première neige, mais je me demande si elle va rester celle-là. C'est le genre de question que tout le monde se pose.
C’est le pire viol que j’ai vécu. C’est mille fois pire qu’un inconnu, c’était la personne que j’aimais.