Antoine Lencou - "
A corps perdu" et "
Votre mort nous appartient" .
A l'occasion du festival "Les imaginales d'Épinal", rencontre avec
Antoine Lencou autour de ses ouvrages "
A corps perdu" et "
Votre mort nous appartient" aux éditions Griffe d'encre. Retrouvez les livres : http://www.mollat.com/livres/lencou-antoine-corps-perdu-9791092349061.html Notes de Musique : Black Twig Pickers and Steve Gunn - Old Strange. Free Music Archive. http://www.mollat.com/livres/lencou-antoine-
votre-mort-nous-appartient-9782917718117.html Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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L'opium est plus puissant que l'ambroisie, puisqu'il donne l'immortalité du rêve, non plus la misérable éternité de la vie ; plus subtil que le nectar, puisqu'il crée des êtres si étrangement brillants ; plus juste que tous les dieux, puisqu'il réunit ceux qui sont faits pour s'aimer !
[...]
Oh ! oui, l'opium est plus puissant que l'ambroisie, donnant l'éternité d'une vie misérable - plus subtil que le nectar, mordant le cœur de peines si cruelles - plus juste que les dieux, punissant les curieux qui ont voulu violer les secrets de l'au-delà ! Ô très juste, subtil et puissant opium !
[Les Portes de l'Opium - Marcel Schwob]
- Autrefois, les gens vivaient au grand air, contemplaient la nature, et les étoiles la nuit.
- Tu l'as dit : autrefois. Nous ne sommes plus des sauvages ! Ils avaient quantité d'occupations bizarres. Certains faisaient pousser eux-mêmes des trucs qu'ils mangeaient. Tu te rends compte, Roïn, ils les mangeaient !
(4ème de couverture)
C'est l'histoire d'un homme...
"Le Bureau des Suicides, s'il vous plait ? "
... qui voudrait en finir...
"vous avez rendez-vous ? "
... mais quand la bureaucratie s'en mêle...
"le suicide est une affaire sérieuse, monsieur. Revenez dans six mois."
... et qu'il prend en main son destin...
Splash !
... il a une drôle de surprise au réveil...
"Je ne suis pas mort ?
- Disons que vous ne l'êtes plus."
L’ancien soldat quitta le dernier pont d’embarquement,
passa devant les logements vides des chaloupes et atteignit les
soutes inférieures. Le feu avait dévasté les cales et une épouvantable
odeur de chair brûlée le prit à la gorge. Il faillit vomir,
mais se retint de justesse et plaqua son gant sur son visage. Un
masque, il lui fallait un masque. Il rebroussa chemin, tomba sur
un puits resté ouvert et descendit d’un niveau. Ici, le système
d’éclairage avait rendu l’âme et seules les lumières de secours
clignotaient par intermittence. Il trébucha sur un corps, puis sur
un autre, aperçut enfin ce qu’il cherchait sur le cadavre d’une
femme. Il se pencha, dégrafa l’appareil, nota sans sentiment
aucun le visage fin, les grands yeux. Dans la mort, elle paraissait
reposée, presque soulagée.
Il avait surtout oublié que la société, sa société, ne pouvait tolérer un décès qui n'entrait pas dans ses préceptes de vie. Elle l'avait donc ressuscité, et ses interrogations de son vivant laissaient place à des craintes sur son après-mort. Qui était-il devenu? Comment? Dans quelles conditions? Chaque cellule de ses chairs, chaque pore de sa peau, chaque pensée de sa conscience lui posaient tous la seule et même question : suis-je encore moi-même? Nul - et surtout pas lui - ne pouvait l'affirmer. Il en souffrait le martyre. p.37
Qu'était la beauté sinon une élection arbitraire, une catégorisation de la perception, qui évidemment était aussi personnelle qu'aléatoire, donc aussi insaisissable qu'artificielle. La beauté n'existait que dans l'esprit des êtres incapables d'appréhender le monde dans sa plénitude, de comprendre qu'il n'était pas souhaitable de le fractionner, ni d'en isoler et d'en vénérer certains éléments plus que d'autres.
[Entretien avec une Porte - Karim Berrouka]
Décidément, il ne comprenait pas sa société, ses aspirations et ses desseins. Sans doute, ces enregistrements étaient à l'origine de son propre devenir. La technologie et la médecine de son époque les avaient transformés en une arme contre la mort, et la plupart de ses concitoyens, sinon la totalité, voyaient en eux le progrès ultime, définitif. Mais à quel prix? Celui de leur avilissement. p.57
- Autrefois, les gens vivaient au grand air, contemplaient la nature, et les étoiles la nuit.
- Tu l'as dit : autrefois. Nous ne sommes plus des sauvages ! Ils avaient quantité d'occupations bizarres. Certains faisaient pousser eux-mêmes des trucs qu'ils mangeaient. Tu te rends compte, Roïn, ils les mangeaient !
- Je ne vous suis pas. C'est l'assemblage de détails mineurs qui constituent une vie et son intérêt. A quoi servent les grands traits de caractère, les idées majeures, les pensées magistrales si l'ensemble n'est pas pondéré par des fléchissements, des contradictions, des déviances, même infimes... (p43)
Ah les hommes ! et leurs rêves qui ne génèrent que le cauchemar...
[Entretien avec une Porte - Karim Berrouka]