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Citations de Antoine de Meaux (54)


...elle était restée fidèle à la devise de Miarka, l'éclaireuse des années 1930 : aider les autres le plus possible. Pendant longtemps, Denise ne parle pas de la déportation. Elle ne voit pas ou peu, ses anciennes camarades. Son mari, qui la couve, n'est guère favorable à ce qu'elle parle du passé, craignant que cela ne soit cause de souffrance.
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Déjà, avant même la Libération, elle et ses amies se demandaient comment elles allaient pouvoir vivre, après : “Serons-nous sensibles à chaque geste, à chaque evenement, ou bien complètement insensibles et indifférentes ?”. Nous rentrions en plus ou moins bonne santé, mais comment pourrions-nous accepter de vivre après avoir vu ce que nous avons vu ?
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Denise se méfiait des mots. Elle n’était pas sûre qu’on puisse leur faire confiance pour dire ce qui ne pouvait, au fond, pas se dire. Dès le retour, ses souvenirs du camp ont commencé à se dérober. La faim, pour ne citer que cette cause-là, produit des troubles de la mémoire.
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Bornes étranges qui réconcilient le heaume du Moyen-Âge et le masque africain, mieux que la mitraillette Sten, les boîtes aux lettres sont l'une des armes les plus efficaces de la Résistance.
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"Lire un chef-d'oeuvre dans une mauvaise édition, c'est causer avec un homme d'esprit qui pue de la bouche." (15 octobre 1918.)
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Toute cette affaire, au fond, n'était pas compliquée. La nation sécrétait en son sein un corps étranger. Afin d'assurer l'ablation de cette tumeur, il fallait charcuter. Le sang giclerait, çà et là. Il serait toujours temps, plus tard, de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie, entre ceux qui, par niaiserie, s'étaient laissés entraîner, et les meneurs, qui connaîtraient bientôt le glaive de la nation, ou plutôt son rasoir.
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Sur le coup de minuit, ce fut le tocsin. On s'y attendait. Des affiches placardées la veille l'avaient annoncé. D'abord au loin, du côté des Enfants-Trouvés, de Saint-Paul, de Notre-Dame, du faubourg Saint-Marceau, et puis se rapporchant, section après section. La ville résonnait de toutes ses cloches. Des coups réguliers, qui semblaient réclamer la peste et l'incendie. Des coups enragés qui exigeaient le glas. On apercevait des ombres aller de portes en porte, comme les anges de la Bible, et cogner à coups légers. La ville obscure battait la générale : les combattants, qui se rassemblaient à même sa peau, la faisaient frémir. Le roi contre son sein ne pouvait dormir. Une bête immense comptait ses membres épars ; lentement, au fil des heures, deux colonnes s'agglutinaient. L'une à l'Hôtel de Ville, l'autre place du Théâtre-Français. La foule était armée, elle avait les clefs des arsenaux. Depuis plusieurs jours, on avait distribué des cartouches à balle. Et la rumeur courait qu'un complot d'aristocrates était déjoué, que les patriotes avaient fait des prisonniers.
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Parvenir à vivre, c'est sans doute arriver à établir une juste distance avec le malheur. Lui assigner une place. A moins que ce ne soit de réussir à marcher en équilibre, sur un très long fil invisible.
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L’odeur de l’herbe sèche
Venait jusqu’à nous
Et nous nous sommes couchées
Nous étions deux : la terre et moi
Nous n’étions qu’un
Mon corps moulé au sol
Ne sentait que la terre qui tournait
Un bataillon de graminées
Sèches et légères.
Au travers
Le clocher pointu d’une église
Et plus loin la ligne des champs
Horizons infinis
La terre tournait et je la sentais
La rosée et les ombrelles
Je me relève et nous sommes deux
La terre et moi
La terre tourne je le sais
Je respire, je la sens
Volonté, rien ne rien vouloir:
Admirer et aimer
Tout et rien
Splendeur de vivre
Quand on sait qu’on pourra mourir
Nous sommes deux, nous ne sommes qu’un, je ne sais plus.
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Du Torbeil, en chemise, fut attaché à la planche de chêne, Ripet bascula le tout en avant comme s'il voulait verser son patient dans le fleuve. Le collier de bois le retint, enserrant le cou comme un joug de pilori, la lourde lame d'acier se fit libre, et déjà, la tête avait roulé au fond du panier, dans la sciure et le sang séché. Le corps, libéré de son chef, se vidait maintenant comme une outre, et le sang de Du Torbeil se répandait généreusement, peignant le bois et le pavé, glissant vers le fleuve, en contrebas, comme une irrésistible caresse. Il y avait tant de condamnés, ceux qui attendaient dans les prisons, ceux qui, cet après-midi, seraient enfermés dans la mauvaise cave, ceux qui n'étaient pas encore capturés, ni dénoncés, qui ignoraient encore l'heure et que pourtant l'on avait marqués comme des agneaux pour ce lieu, ceux qui allaient mourir dans les guerres à venir, non plus pour le roi, mais au nom de la nation conquérante, et plus loin encore dans le temps, ceux qui seraient mangés par les démons sortis de ces années originelles. La consigne était de se débarrasser promptement des corps, de les jeter dans le fleuve. Après tout, de combien de noyés ne devenait-il pas chaque année la sépulture ? Un de plus ou un de moins n'y changerait rien. On n'apercevrait pas le flot, on entendait seulement son tumulte.
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Rassemblés autour d'un poêle, plusieurs guichetiers étaient en train de dîner. D'un geste lent, un hommes vêtu de gris jetait des morceaux de pain vers un chien à la chaîne. L'animal se mit à gronder.
- Couché Monarchien ! Couché mon chien.
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Les étoiles brillent et tu oses pleurer
Ne sens-tu pas que tu dois vivre pour deux
Tâche terrible et sublime
Mais la terre est douce et elle t'aidera
Et tes amies aussi, vois comme elles te regardent
Elles t'aiment tu le sais et tu ne dois plus pleurer
Car tu vas vivre.
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..des heures bénies que Denise a tenté de restituer dans un poème beaucoup plus tard :
"Le soleil fait des taches jaunes, roses ou vertes
Entre notre paupière et notre œil
Suivant qu'on le ferme
Doucement
ou très violemment, nerveusement.
Et puis il y a aussi
Les arcs-en ciel dans les gouttes
Sur nos cheveux
Et nos cheveux blonds deviennent sombres
Mais s'irisent de mille couleurs
Toujours les mêmes
Et il y a aussi l'infini
L'infini de la mer vers lequel
On nagerait sans cesse
Si l'on ne craignait pas d'être las..."
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Les fantômes n'existent pas ; les morts, surtout les pauvres, ont mieux à faire que de revenir hanter le théâtre de leurs malheurs. Il faut être vivant et plein de remords pour croire aux spectres.
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Combattait-il pour le roi, pour un parti, pour une certaine idée de la France ? Il n'aurait su répondre. Il ne s'agissait pas de défendre les intérêts ni même l'honneur des siens. C'était comme un fleuve, qui les emportait tous. La géographie rassurante, les paysages familiers de l'enfance qu'il avait longtemps crus immuables, tout cela paraissait loin. Dans quelque camp que l'on se trouve, les justifications n'ont pour fonction que de rassurer ceux qui les élaborent.
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Miarka, c'est d'abord le destin romanesque d'une fille de dix-neuf ans sous l'Occupation, à peine sortie du lycée, qui décide de ne pas se laisser faire.
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Le soir, dans sa chambre, Denise apprend par coeur des poèmes. Elle ne le sait pas encore, mais elle fait provision de nourritures spirituelles, viatique pour les jours noirs.
(...)
Etrange époque où des jeunes gens aux mains nues, pour repousser ceux qui assaillent la cité, brandissent des poèmes comme des torches.
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Mais pourtant je suis une petite flûte de roseau et je voudrais être emplie de musique, je veux vibrer dans le vent ; je veux qu'un chant léger sorte de la flûte que je suis ; un chant qui sonnera frais dans l'air, simplement parce qu'il devait être chanté, parce qu'il ne pouvait pas être tu, comme la plante fleurit
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Irénée, que la Révolution exaltait, se garda bien de trop questionner son ami. Pour combattre le chagrin, les Lyonnais disposent d'une botte secrète: la table. Il entraîna Jean vers la salle à manger, où veillait une statue de Bacchus.
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La solitude ne fait pas peur au prisonnier Jacob. Il la transforme en royaume. Il en relève le défi, non sans une pointe d'ironie douce-amère : " 3 avril 1917. Puisqu'un ami est une chose si belle et si rare, pourquoi ne pas s'en créer un imaginaire qui serait à la fois un témoin et un idéal, de qui on aurait l'amour en échange de sa confiance ?
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