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Citations de Antonin Artaud (995)


NEIGE 2

Obsession de la neige, perle,
Ramage pierre feux décor
Moelle de sureau blanc, cire vierge
Et sperme enfin qui ferme le cercle
Plaines d’esprit carrosses de feux
Vitres de chair route des âmes
Ventres de braises seins de flammes
Époux de vierges barbe de Dieu
Rires apprêts, naïvetés
Flammes gelées, détachement
Restitution nivellement
Inexprimable pureté
Tourbillons d’âmes atomes blancs
Nous revoici un paysage
Argents brûlants âmes de mages
Astres volés Esprits volants
Soupirs cuisants lèvres voraces
Délicieux embrasement
Lis épurés neige des ans
Et cette roue qui tourne en extase
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ORGUE ALLEMAND 1

L’orgue allemand excite le singe
Sur la place aux pavés étroits
Et la foire qui les assiège
Comme une bannière se déploie
La vieille foire borde le ciel
Aux marges de la ville en pointe
Et l’orgue explose à chaque seconde
Avec le bruit des orgues du ciel
Une valse mouvementée
Embrase la ville de toile
Dans le ventre de l’orgue il passe
On ne sait pas quelle fusée
Ô secrète, spécieuse
Ville d’écailles, ville de toile
La musique que tu reçois
Et qui te grise, tu la creuses

Tu l’agites, sans l’absorber
Ô musique, coupante musique
Avec tes marbres harmoniques
Qui écrasent le ciel gelé

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TRIC TRAC DU CIEL


Orgues tournants, petits orgues, anges
Encres, laques, incroyable mélange
D’acidités, de suavités,
Va-t’en, mon livre, aux membres serrés,
Où la moelle d’esprit s’inscrit, départagée
En anges, en laques, en encres, en mélanges
Ô cauchemar lucide, souffrance élucidée
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QUAND VIENT L’HEURE DU CRÉPUSCULE
a m. i. c. G. A.

Sur la place noire de gens
Le clocher se mélancolise,
Voici venir devers l’église
Le vol des vieux corbeaux latents,
Tourne le soir, pleurent les gens
Sur la place aux carreaux ardents.
Le vol des vieux corbeaux latents
Vers les pourpres nuées s’enchaîne,
Tourne, tourne, les vieux chagrins
Sur la place mènent bon train.
Un lent chagrin s’idéalise
Dans les neiges du firmament.
Le ciel d’améthyste vivant
Pleure ses astres,
L’explosion des vieux désastres
Pèse sur les cœurs anciens,
Voici le soir charmant qui vient.
Douces écluses dénouez-vous,
Écluses des larmes :
Voici passer l’Ange
Et le ciel qui s’en vient vers nous.
Dans la ville de stalactites
Où les portes sont des lapis,
Voici s’accorder les épis
Dans des granges de lazulite,
Épis d’hommes, granges de ciel
Qui font ce murmure réel.
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MANGUE

Dans un soir d’or sous les tropiques
Où la mer s’évanouissait
Un navire aux flancs surchauffés
Roulait au cœur d’une musique.
Cette musique vient de loin
Qui nous lave le cœur de l’âme
À la crête de chaque lame
Où plonge le navire ancien.
Au X degré de latitude
Latitude est, sud ou nord,
Nous croisâmes un galion vide
Voiles pourpres et toutes dehors.
Presse ô musique tes fruits
Liquoreux pleins de veines ardentes
Presse, presse musique lente
Les fruits macérés dans le bruit.
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HORRIPILATION

C’était comme si l’irrémédiable s’était accompli
L’horreur était à son comble
En même temps que le désespoir
Et la navrance.
Et cela s’étendait
À toute la vie de mon âme dans l’avenir.
Dieu alors s’était fait introuvable.
Il y avait un point noir
Où avait conflué ma destinée.
Et elle demeurait là
Figée
Jusqu’à ce que les temps
Se soient résorbés dans l’absolu.
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SOI
Voici l’heure où l’on voit les saules s’incliner.
L’eau de la nuit les prend dans ses vagues profondes ;
Voici sonner la cloche à l’église des mondes
Comme des angélus qu’on entendrait neiger.
Des vaisseaux sur la mer tendent leurs voiles
roses,
La rosace s’effeuille à l’ombre du clocher,
Et l’on voit dans les cieux lointains se disperser
Les pétales errants de la céleste rose.
La vieille âme du soir qui se penche sur nous
Avec l’apaisement des palmes et des rames
Délivre enfin nos âmes
Avec ses anges doux.
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MARINE

Dans le port attardé s’endorment les vaisseaux,
L’odeur du jour mourant glisse le long des
voiles
Et l’on voit se creuser des espaces nouveaux
Dans le saphir des cieux où se bercent les
toiles.
La mer muette et sombre agite des émaux
Dont le miroitement traverse le silence.
Et la ville à travers les voiles se balance
Avec le mouvement engourdi des oiseaux.
Un bercement confus anime les cordages
Parmi l’acide bruit d’un vague harmonica.
Et dans l’odeur des vins étrangers qu’on versa
Le port entier s’endort dans un vaste mirage.
Je ne vous aime pas, mais vous viendrez quand
même ;
Les arbres secoueront leurs feuilles sur nos
cœurs
Et nous élèverons vers les frondaisons blêmes
Le désabusement de nos vieilles candeurs.
Quelque chose d’un vent qui est le Vent-duMonde
Résonnera dans les branchages vespéraux ;
Or la grotte des cieux ranimera ses ondes
Sous l’éparpillement des feuilles de coraux.
Il réglera leur danse avec des doigts calmés,
L’invisible sorcier qui trouble l’atmosphère ;
L’odeur du soir montera de la terre,
Vous m’aimerez, je croirai vous aimer.
La sidérale nuit disposera ses flammes
Autour de l’orbe éteint où s’effeuillent les jours,
Ainsi, nous éteindrons dans la grotte de l’âme
Le dévorant brasier de vivre sans amour.
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LA MARÉE

Dans le prolongement sans fin de la marée
Nous entendrons sous les voilures qui se
gonflent
Les violes des cieux qui remplissent les ombres
De la palpitation des astres dilatés.
Le vent soufflant dans la caverne en diamant
Où vire le cristal de l’arbre-aux-madrépores
Fera tourner au seuil délavé de nos pores
L’émail inespéré d’un autre firmament.
Ici je veux planter une plume vivante.
Qu’elle inscrive sur vos visages scintillants,
Mirages de la mer, le signe qui vous rende
La liberté dans les pacages de mon sang.
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SQUARE

Le square élargissait son sable aux véneries
Pleines de cieux tournants et d’occultes musiques
Lac calme où les petits enfants venaient jouer.
Et des fourmis ramaient. Des tornades, forêts
Délivrées d’être unies aux plages des tropiques
Soufflaient leur cendre en flamme à la terre
blanchie.
Par places il pleuvait. Des nuages bruissaient
Avec leurs flancs chargés de tempêtes atroces,
Et le verre du jour de vase s’emplissait.
La nuit prenait l’espace de l’une à l’autre
pierre.
Dans les canaux du ciel s’endormait la lumière.
Un après un les grains du jour devenaient roses
Et dans les paumes d’anges la lune reposait.
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JARDIN NOIR

Roulez fleuves du ciel dans nos pétales noirs.
Les ombres ont comblé la terre qui nous porte.
Ouvrez nos routes au charroi de vos étoiles.
Éclairez-nous, escortez-nous de vos cohortes,
Argentines légions, dans la route mortelle
Que nous entreprenons au centre de la nuit.
Ainsi le jardin parle au bord de la marée.
Et le métal figé de vos saintes colonnes
Ô tiges a vibré. Voici la nuit qui donne
L’universelle clef de ses portes de corne
Aux émanations des âmes délivrées.
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JARDIN NOIR

Or elles ont éclos des terres de la mort
Ces fleurs qu’un long effort de songes a versées
Avec la cendre et l’immatérielle fumée
D’un parterre d’iris nocturnes effeuillés
Un après un comme les heures des ténèbres
En des raz de terrible et suprême saison
Aux eaux noires. Les lents diamants de l’heure
Lumineux ont resplendi, étrange
Illumination du soleil chaviré.
Les lis ont dissipé l’accumulation sombre
Du beau jardin sur qui déferle la marée
Et le métal figé de vos saintes colonnes
Ô tiges a vibré. Voici la nuit qui donne
L’universelle clef de ses portes de corne
Aux émanations des âmes délivrées.
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LOGIQUE SECRÈTE

Ville, ville, ville de feux
Ville qui sécrètes le bruit
Ô libérée qui nous délivres
Ô captieuse, délavée
Ô innommée si renommée.
Des archanges heurtent aux vitres
Des chevaux crèvent les nuages
Des carrosses versent aux cieux
La nuit la nuit la nuit la nuit.
C’est comme une buée délivrée
Comme l’haleine d’une pierre
Ô cortège purifié.
Aux quatre vents des bruits qui soufflent
Au carrefour des quatre cieux
Se condense la ville de feux
La ville rêvée et nécessaire
Dont les orgues sèment la terre
D’une poussière de tonnerres
Que récupère l’infini.
Avec la poussière des vitres
Avec des atomes de pierres
Ô toile d’araignée des cieux
Se compose la ville créée
La ville ville de pierres molles.
Sur les confins d’une souffrance
Aux marges d’un chagrin muet
S’installe le château secret
Où la cendre du cœur s’épanche.

(22 septembre 1922.)
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SILENCE

Sur les pierres gelées de la place rythmique
Où le silence auguste étale son palais
Insidieusement la lune se complaît
Aux échos abolis d’un orchestre magique.
Comme un ventre agité par l’amour il frémit
L’orchestre inexprimable. Il arrache des anges
À chaque souffle étrange que les ombres dégagent
Et la lumière le traverse et le remplit.
Il n’est pas seul, il a son chien toujours assis
Ce vieillard qui me remémore un vieux silence
Tandis qu’un petit orgue emplit la place immense
D’une lune trempée aux fleuves interdits.

(4 septembre 1922.)
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MARÉE

Palpitante marée, marée pleine de corps,
D’os murmurants, de sang, de poussières
d’écailles,
De lumières broyées, de coquilles d’étoiles,
Sainte marée qui rassembles les corps.
Marée profonde, astres tournants,
Écume, chair, miroirs où vont les anges,
Fumées, fumées aux volutes étranges
Où passent les miroirs des horizons errants.
Marée magique, marée douce,
Marée qui penses, marée d’entre le ciel,
Angélique marée, marée essentielle,
Marée grondante, marée sage,
Qui nous rends le saint et le mage,
Marée sourde, marée qui déranges le ciel,
Marée couvante, marée grosse d’orages,
Ô poussière de mages, marée pétrie d’anges,
Marée d’esprit, marée tissue de chair,
Marée faite comme un nuage
Qui s’éclaire par en dessous,
Monde, sphère, astre, lumière,
Grains de poussière, diamants,
Marée puissante, marée large,
Marée comme un nuage rond
Qui rassembles les horizons,
Replace parmi nous la dispersion des corps,
Marée vivante, ô toi que la cendre ineffable
Des mondes écoulés traverse de ses fables,
Fourmillante de mondes sans cesse renaissants
Repétris avec tes mains de sables friables,
Traverse-nous avec tes crinières de sang.

(Août 1922.)
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ALLÉGORIE

Je rêve un soir aux calices chargés d’oiseaux
Où la myrrhe brûlant au sein des vasques
bleues
Étincelle comme un rubis ; et les cheveux
Roses du vent s’emmêlent à la chevelure des
roseaux.
Au fond des vieux palais incrustés de pierreries
Les oiseaux ont planté leur bec. Et leurs plumages
D’argent se moirent des reflets des magiques
feuillages
D’un soir d’automne plein de colombes enfuies.
Et des oiseaux vivants rêvent sur les jets d’eau
Ils rêvent aux vaisseaux des nuages qui
passent
Et trouvent sur les flots empourprés de l’espace
Des habits plus beaux que leurs plumages
triomphaux.
Et ces oiseaux ont de violettes chamarrures
Et quand ils chantent au sein des feuillages enchantés
Un cri s’exhale en la royale immensité
Avec un son plus éclatant que leur parure.
Et des femmes lourdes de pourpre et de passion
Les seins lourds des oiseaux d’or vert qui les
agrafent
S’attardent longuement aux gothiques terrasses
Rêvant aux Chevaux d’or qui mangent l’horizon,
Et les oiseaux royaux pleurent au fond du soir
Plus doucement qu’au sein des vasques désolées
Les jets d’eau soupiraient leurs âmes en allées
Mystérieusement aux étoiles du soir.
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LE POÈME DE SAINT FRANÇOIS
D’ASSISE

Je suis le saint, je suis celui qui fut
Un homme, très petit parmi les autres
hommes ;
Et j’ai seulement quelques pensées qui me couronnent
Et s’exhalent de moi avec un son confus.
Je suis cet éternel absent de soi-même
Marchant toujours auprès de son propre chemin.
Et mes âmes un jour s’en allèrent, demain
Je me réveillerai dans une ville ancienne.
Je vous le dis, je suis l’errant qui suis venu
Pour vous offrir l’image d’un humble exemple.
C’est ainsi que je me quittai un vieux dimanche
Suivant le vol évangélique des angélus.
Et voici que j’advins au cercle des esprits,
Ils dévalaient un cirque de petites collines ;
Et les herbes psalmodiaient toutes en sourdine
Au pied des ânes porteurs d’esprits qui me sourient.
Je n’ai plus honte de ma robe ni de mes mains
Qui m’appartiennent et vous appartiennent,
mes frères ;
Et ce jour-là je me déliai de la terre
Et des ondes passaient dans mon corps cristallin.
Autour de moi s’étend une ville d’agrès
Dont les remparts sont comme l’eau des mers
immenses,
Et voici que je retrouvai ce qui commence
Et le mot qui finit, et la terre d’après.
Je n’ai qu’un visage de cire et je suis orphelin
Et cependant là où je vais il vient des Anges
Qui me découvrent le chemin du Père étrange
Dont le cœur est plus doux qu’un cœur de père
humain.
Recherchez-moi, je viens du royaume de paix,
De cette paix qui pénètre même les pierres,
Et j’ai pitié de cette incessante poussière
D’os humains retournant à la terre brûlée.
Je suis celui qui peut dissoudre l’épouvante
D’être un homme et de s’en aller parmi les
morts
Car mon corps n’est-il pas la merveilleuse
cendre
Dont la terre est la voix par où parle la mort.
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LE BAR

Il y aura encor de petits bars canaille
Avec des viandes d’Extrême-Orient
Pour abriter ce nouvel an.
De petits bars avec des marins légendaires
Dont les pipes consumeront d’anciens poisons
Des bars légers avec les fumées qui les
gonflent
De petits bars évanouis dans l’aube claire.
Des bars où tourne le soleil et son train
Dans la laque rougie et profonde des verres ;
Des bars aux tables animées, aux vitres mortes
Où ne trempera pas le nez des facultés.
Car il y a d’autres poisons pour corroder
L’Arbre Vivant de nos fibres près d’éclore,
Il y a des vins violents comme des catastrophes
Que n’ont pas sécrétés les vignes d’ici-bas.
Salut ô bar qui nous délivres des poisons
Des misères et des douleurs et des alarmes
En nous jetant dans la nudité de nos âmes
Sur des grèves où les tourments n’arrivent pas.
Un silence te garde et nous protège, un froid
Silence où ne s’égare pas la médecine,
Un silence qui nous guérit dans la morphine
Sans ordonnances, ni décrets.
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AQUARIUM

Dans une eau colorée en bleu que les cytises
D’un jour d’or teignent d’un doux métal miraculeux,
Un grand vaisseau dresse ses mâts vertigineux
Que l’abîme d’en haut reçoit ; le jour attise
Ce qui reste de jour. Le ciel est las
De colorer et de pâlir les falbalas
Que le vaisseau porte accrochés à sa mâture
Et d’imprégner les eaux amères de teintures
Arrachées à la fleur du jour qui s’exila,
Ce qui rend les eaux malades et le jour froid
Et trouble, et fait apparaître ainsi qu’un songe
Le grand navire éperdument qui se prolonge
Dans les vagues amoncelées de haut en bas.
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GÉNICA ATANASIOU

La merveilleuse nuit pépiante d’étoiles
Qui nous contemple du centre de l’Empyrée
N’égale pas pour nous ton visage de lait
Ni les lunaires fleurs de tes yeux de topaze.
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