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Critiques de Antonin Crenn (31)
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Douze nouvelles sur l’attente, pour un nouveau mélange détonant d’humour et de sérieux, de poétique et de tragique, de retors et de tendre. Encore une réussite Antidata.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/30/note-de-lecture-stand-by-collectif/



Un an et demi après « Décamper », voici que paraissait en juin 2023 la nouvelle anthologie collective des éditions Antidata, notre spécialiste préféré de la forme courte : « Stand-by », douze nouvelles sur l’attente, pour nous apporter une nouvelle fois ce rare mélange d’humour et de sérieux, de poétique et de tragique, de retors et de tendre, convoquant des écritures déjà connues chez l’éditeur et d’autres que l’on découvre ici.



Nous aurons la joie de célébrer ce recueil en compagnie d’une bonne moitié des autrices et auteurs, ainsi que des deux éditeurs, ce mercredi 30 août, à la librairie Charybde (Ground Control, 81 rue du Charolais, 75012 Paris), à partir de 19 h 30.



Guillaume Couty, qui nous avait récemment régalé, chez le même éditeur, de son machiavélique et hilarant « Laqué », réussit, en quelques mouvements de torsion et de quiproquo bien ajustés, à dynamiter tendrement la notion même d’attentes réciproques au sein d’un couple (« Au tournant »).



Bertrand Redonnet, dont il s’agit d’un grand retour depuis son « Théâtre des choses » de 2011 et ses nouvelles de « CapharnaHome » et de « Douze cordes », nous plonge, aux confins de la Pologne et de l’Ukraine, dans une poignante et enflammée attente de la paix, alors que l’agression fait rage, là-bas, de l’autre côté (« Guerre et paix »).



Cécile Matt, nouvelle venue dans les recueils collectifs Antidata, nous offre quant à elle une insidieuse bascule fantastique qui n’aurait rien à envier à certains des textes les plus matois de Shirley Jackson (« Heart trouble »).



Antonin Crenn, dont nous avions tant apprécié ces dernières années « Passerage des décombres », « Le Héros et les autres », « L’Épaisseur du trait » ou encore « Les Présents », nous propose une synthèse largement extraordinaire de physique théorique de la reproduction cellulaire et de mysticisme religieux autour de la claustration et, donc, de l’attente, condensant en quelques pages certains angles morts laissés ailleurs par « Du domaine des murmures » de Carole Martinez ou par « Quand sort la recluse » de Fred Vargas (« Alix ne fait rien »).



Nous avions adoré aussi les « Capsules » de Benjamin Planchon en 2018, et davantage encore son « Domaine des Douves » de 2022. Il nous invite ici à accompagner dans sa tâche l’auteur d’un projet littéraire très particulier (en tout état de cause, audacieux, voire sans-gêne, voire intrusif, mais pouvant semble-t-il passer crème sur un malentendu), projet où le hasard comme la nécessité, au même titre que la patience et le sens de l’observation, doivent pleinement jouer leur rôle (« Fauteuil club »).



Amélie Hamad, autre nouvelle venue chez Antidata, met en scène un arbre centenaire à la patience logiquement infinie pour proposer une fable d’une extrême cruauté, où l’ennui et l’attente d’autre chose jouent pleinement leur rôle de déclencheur tragique, en une narration pourtant joliment dépourvue de tous effets spéciaux effrayants. L’abîme s’ouvre sous le seul choc sourd du sens des mots adolescents (« Le poirier »).



Stéphane Monnot, que nous avions jadis rencontré notamment à Séville, un funeste soir de 1982 (« Noche triste »), côtoyé dans de grands espaces de l’Ouest américain (« Ici-bas ») et croisé avec joie dans les recueils collectifs « Petit ailleurs », « Terminus », « Version originale » ou « Jusqu’ici tout va bien », pour n’en citer que quelques-uns, offre un rôle en or, et pour le moins inattendu, à un gastéropode sans coquille, et concocte un cocktail robuste et hilarant à base de whisky « digne d’un roman de Manchette, de blanquette de veau familiale et de perspective d’un footing matinal, entre autres ingrédients étonnants (« Juliette et la révolution »).



Véronique Emmenegger, découverte elle récemment chez Antidata, avec sa belle novella « Dans ta sévère fontaine », développe, dans l’enfer moite d’un after où les repères flottent puis se perdent, la langue nécessaire pour traduire le couvercle des stroboscopes, le harcèlement multi-sources qui menace et la possibilité d’un sauvetage pour le moins inespéré, mais d’une réconfortante beauté rugueuse (« Distillation de la rosée »).



C’est grâce à Jean-Luc Manet que j’ai découvert, il y a maintenant quelques années, les éditions Antidata (« Haine7 »). Depuis, ce rocker au cœur tendre et à l’humour ravageur a su entre autres inventer un héros presque récurrent qui m’est particulièrement cher, ex-libraire du 12ème arrondissement parisien devenu clochard après avoir fait faillite (« Trottoirs » et « Aux fils du calvaire »). Ici, il met un tueur à gages au repos forcé, en une sorte de parenthèse balnéaire inattendue – et dont l’issue sera plus surprenante encore. C’est logiquement gouailleur et curieusement enchanteur (« Bras armé, bras ballants »).



On n’a plus guère besoin de présenter Gilles Marchand que l’on suit ici quasiment depuis « Dans l’attente d’une réponse favorable » (2011) chez Antidata qu’il anime avec Olivier Salaün. On apprécie ici la finesse rêveuse de ses romans « Une bouche sans personne », « Un funambule sur le sable », « Requiem pour une apache » ou plus récemment « Le soldat désaccordé », ainsi bien entendu que celle de ses nouvelles, au sein des recueils collectifs Antidata ou dans le recueil si joliment nommé « Des mirages plein les poches ». Ici, il imagine un citoyen ô combien respectueux de la règle et de la loi, incarnée par un feu tricolore dans un environnement pourtant résolument désertique. Ce qui s’ensuit vaut tout le détour, pince-sans-rire, poétique et savamment onirique (« Feu rouge »).



Olivier Boile, qui est sans doute le seul auteur officiellement et majoritairement étiqueté auteur de fantasy parmi les participants des recueils collectifs Antidata (on se souvient bien néanmoins de son « Vengeur du peuple » dans « Jusqu’ici tout va bien ») imagine une délicieuse mini-uchronie dans laquelle la guerre de Troie ne s’est pas déroulée tout à fait comme cela nous a été raconté, et dans laquelle on en apprend un peu plus sur le pourquoi de ce storytelling bien avant la lettre (« J’étais souverain de Mycènes »).



Pour conclure un recueil consacré au « Stand-by », quoi de plus satisfaisant qu’un profond clin d’œil au maître lui-même de l’attente sous toutes ses formes, le grand Samuel Beckett ? Benoît Camus, dont on se se souvient avec joie du « Réveil du nain de jardin » dans « Petit ailleurs » ou du « Ailleurs, les murs sont moins gris » dans « Parties communes », s’acquitte de cette dette morale au fond tout à fait réjouissante en imaginant un affût à la Godotte (que l’on attend donc), créature qui prend ici des allures à la « Palafox » d’Éric Chevillard, mais dont la traque immobile prendra peut-être un tour bien différent (« Godotte »).
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Je remercie les éditions Antidata et Babelio pour l'envoi de ce super recueil de nouvelles.



J'ai adoré la présentation des nouvelles sur le thème de l'attente. Chaque nouvelle est annoncée par un ticket numéroté, puis un bref point sur l'auteur, ses œuvres suivi du temps de lecture de chaque nouvelle sous l'intitulé temps d'attente ainsi que le sujet général par le bureau concerné. C'est très sympa et adapté à la thématique.



Les nouvelles sont plutôt courtes et plaisantes. Certaines sont plus rythmées et présentes une chute par lesquelles j'ai été plus séduites. C'est affaire de goût.



En bref un format adapté que l'on emporte partout. Des nouvelles courtes adaptées à la lecture rapide pour s'occuper agréablement partout où l'on vous fera attendre.

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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Il n'y a pas très longtemps, j'ai eu besoin d'appeler une plateforme qui gère un service que ma banque ne gère pas en direct avec ses clients, j'ai donc appelé ce fameux service et je suis tombée sur une nénette incompétente, désagréable, qui s'est contentée d'en faire le minimum, résultat je n'ai rien reçu de leur part,10 jours plus tard, j'ai donc été obligée de rappeler ce fameux service, avec l'angoisse de revivre ce que j'avais déjà vécu et là euréka, je tombe sur une fille super compétente, agréable, à l'écoute et qui s'aperçoit que je ne risquais pas de recevoir les documents car après vérification, ils ont fait des erreurs sur nos deux dossiers (mon mari et moi), le code postal (inversion entre celui du travail et celui du domicile), sur l'adresse mail (même adresse mail renseignée pour mon mari et moi, donc inefficace et inactive) et sur le lieu de naissance de mon mari (ville du lieu de travail au lieu de celui de naissance), elle a tout rectifié, m'a certifié que tout était dans l'ordre et que j'allais donc recevoir prochainement mes identifiants et mon mot de passe provisoire pour courrier. Suite à mes appels, une société externe m'appelle en me demandant si j'acceptais de répondre à leur questionnaire de satisfaction suite à mes échanges téléphoniques, et là, j'explique à la personne que j'ai eu deux expériences contraires et que la première mérite un 2 sur 10 (elle a quand même décroché le téléphone et dit bonjour) et un 10 sur 10 à la deuxième que je n'avais eu au téléphone que quelques jours plus tôt sans avoir pour le moment reçu les documents demandés. L'enquêtrice me dit de faire au mieux dans le choix de mes notes accordées à toutes les questions qu'elle allait me poser et qu'elle ne pouvait pas distinguer les deux personnes, avec pour réponse soit les fameux très satisfait, satisfait, insatisfait etc ou une note de 0 à 10, difficile pour moi de répondre de façon correcte, je me suis donc contenter de mettre des 5 ou 6 sur 10 ou des satisfait ou pas tout à fait satisfait, j'ai donc fait monter la moyenne de la personne incompétente et sabrer celle qui était au top, j'ai d'ailleurs ressenti plus de remords pour la seconde que de déception pour la première et bien ce recueil de nouvelles m'a donné cette même impression, des très bonnes nouvelles et d'autres dont je me serais bien passé de lire, d'où ma note de 3 sur 5, qui ne reflète pas du tout mon ressenti puisqu'au final, je les ai soit trouvées mauvaises soit efficaces mais jamais moyennes.



PS : J'ai reçu mes documents rapidement, donc la deuxième personne était vraiment compétente jusqu'au bout et méritait un 10 sur 10.
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L'épaisseur du trait

La vie dans ses plans, Paris en ses pliures ; le roman et ses représentations. L'épaisseur du trait nous plonge dans une introspection pleine de miroir, comme en quête de perspective, de cette dimension manquante où pourrait se comprendre le passage à l'âge adulte. Au creux d'une langue limpide, d'une patine presque intemporelle, Antonin Crenn écrit un roman léger, profond comme les interstices ouvert par cette lente découverte d'un espace à soi qui nous est conté.
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Les présents

De Paris à la côte des Abers, du XIIème arrondissement au commandant Charcot, un itinéraire méticuleux et pourtant rêveur, entre histoire et géographie devenues intimes, de la saisie d’une création.



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L'épaisseur du trait

Entrer dans "l'épaisseur du trait", c'est accepter d'emblée son décor. Le résumé dévoile en quelques mots l'intention de l'auteur : faire vivre Alexandre, un jeune ado parisien, sur le plan d'une Capitale où largeur et longueur des rues laissent proportionnellement peu de place aux immeubles qui les bordent. Alexandre vit donc dans un appartement situé dans l'épaisseur d'un trait quand d'autres vivent dans des immeubles abîmés par les pliures du plan. Son espace est limité par les deux pages sur lesquelles s'étale son quartier, et il le vit jusqu'à maintenant très bien.

Mais l'adolescence a ceci de romanesque qu'elle donne des envies d'ailleurs, des envies d'autres. Des envies qui naissent par des rencontres. Et Alexandre rencontre Ivan, un garçon qui habite dans l'immeuble d'une rue si petite qu'elle n'existe que par intermittences. Et à partir de là, on évitera d'en dévoiler beaucoup plus.



Antonin Crenn réussit parfaitement à nous embarquer dans l'univers d'Alexandre. Il écrit les visages comme il décrit les plans en ajoutant aux lignes, aux courbes, aux traits, toute la mélancolie, la douceur, la tristesse et la nostalgie que peut faire émerger une plume sensible et poétique.



Alexandre est un Rastignac partant à l'assaut de sa maturité en montant dans un train qui l'emmène au-delà de la double-page de son adolescence pour le faire arriver dans une ville étrangère. Là, le presqu'adulte prend de la hauteur et se découvre en même temps qu'il découvre le goût de l'autre. Un autre incarné par un jeune homme qui se trouvera comme le guide du parcours initiatique du héros, un autre au prénom symbolique qui a perdu le grec de son i pour n'en garder que la romanité : Ulisse.



Car "L'épaisseur du trait" est tout en symboles, tel un conte moderne avec ce qu'il faut de douceur et de sensualité. Les descriptions y sont nombreuses mais la fluidité d'une écriture travaillée ne les rend ni rébarbatives ni superflues, au contraire. C'est un véritable objet littéraire que nous donne à lire Antonin Crenn et c'est avec un plaisir et curiosité que j'irai découvrir le reste de sa production.
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L'épaisseur du trait

Le récit poétique et fantastique d’un aller-retour entre un ici trop balisé et un ailleurs à déchiffrer, pour extraire de la carte un territoire à véritablement habiter.



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Le héros et les autres

Il y a des livres qui me touchent tout particulièrement. Des livres qui parlent de différence, de solitude, de « je ne me sens pas comme les autres », oui mais quels autres ? peut-on même les appeler « autres » ?



« Le héros et les autres » fait partie de ces livres. Il est beau, doux, triste et mélancolique à la fois. Il me ressemble ce Martin, jeune personnage du livre, alors il m’a émue. Antonin Crenn parvient à dire ces choses que j’ai parfois ressenties mieux que je ne pourrais jamais le faire… ou plutôt, il les dit ces choses qu’il m’arrive de sentir sans pouvoir les mettre en mots… tout simplement (mais pas facile).



Et comme j’avais déjà été touchée et émerveillée par son album « Les bandits » (déjà publié chez Lunatique et dont je vous reparlerai), j’ai maintenant un nouvel auteur à suivre de près !



En ce qui vous concerne : filez à votre librairie préférée vous procurer ce petit bijou ! (oui, c’est un ordre )
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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Passerage des décombres

La construction abandonnée et la mauvaise herbe en cordes secrètes, joueuses et dangereuses, des enfances à projeter.



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Arago, Claire

Un petit ouvrage rassemblant des hommages à une auteure que je ne connais pas, allons bon... pourquoi cela me toucherait-il?

Mais... mais le verbe, mais les vers, mais les mots qui approchent cette poétesse sans la frôler, sans la décrire, et qui en disent tant pourtant, qui content la rencontre, le merveilleux hasard, le talent qui refuse de porter ce nom, la poésie chevillée au corps, les idées qui gouttent et font flaque, font mare, font océan, la naissance du collectif, ce lien invisible et infrangible entre ceux qui l'ont lue et le verbe, la langue aimée, chérie, malmenée, au feu la ponctuation, au brasier les rimes, puisqu'on vous dit qu'écrire c'est avant tout être libre...

Touché, je le fus, subjugué aussi. Alors j'ai tapé son nom sur un moteur de recherche, son nom et puis le titre de son ouvrage principal "Pourquoi Tancrède", parce que je me disais "rhô, rien n'est introuvable aujourd'hui...". Aucun résultat.

Splendide frustration.

Pourquoi Claire?
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Passerage des décombres

Une nouvelle empreinte d'une singulière poésie, à la fois mélancolique et contemplative, mêlant le décor infrangible des ruines et des végétaux rudéraux paraissant invincibles et deux enfants pour qui le temps passe. Un texte court mais l'écriture est belle, puissante, il y a un soin particulier apporté à l'objet livre que ne renierait pas un roman plus long.
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Ressacs

Drôles, poignantes, absurdes, sociales, poétiques, politiques, rusées, joueuses : treize nouvelles sur la mer pour la dernière en date des anthologies collectives Antidata.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/03/24/note-de-lecture-ressacs-collectif/
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Le héros et les autres

Un village du Lot, un intense émoi adolescent, la création d’un monde intérieur vivace et résolu.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/10/09/note-de-lecture-le-heros-et-les-autres-antonin-crenn/
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Squeeze, n°15 : Tonton Bob

Un psychiatre, Pierre Bertillat, convoque dans son bureau Lemonnier, un de ses patients, pour qu’il lui dise tout ce qu’il sait sur un certain oncle Bob, personnage aussi dangereux qu’irascible… L’oncle Toto, chef de chantier de son état, et sa femme Kiki la brune ne sont pas des gens très intéressants. Elle est d’une grande vulgarité. Lui, d’une honnêteté toute relative : il n’hésite jamais à détourner du matériel pour ses propres besoins… Sur la base de quatre photos, un homme essaie de s’imaginer ce que put être la vie d’un oncle qu’il n’a jamais connu… En Ouganda, Louis, volontaire français, doit être exfiltré, car il a commis une grosse bêtise… Un libraire désenchanté se pose des questions sur sa condition… Au centre commercial avec les enfants de sa maîtresse, Guiseppe a décidé qu’on n’achèterait rien… Payée par la mairie, une comédienne propose des animations dans un cimetière, histoire de rendre l’endroit plus accueillant…

« Oncle Bob » est un recueil de dix nouvelles d’autant d’auteurs, toutes tournant autour du thème de cet oncle dont le lecteur doit se demander qui il est : aliéné, maffieux, beauf, mondialiste ou fasciste, abruti ou intellectuel, homo ou hétéro, etc. Il n’en finit plus de se poser la question sans d'ailleurs jamais trouver la réponse, les textes étant tous différents d’esprit, de registre et de styles. Comme toujours dans ce genre de compilation, le meilleur côtoie le pire. Dans le cas précis, ce serait plutôt le très moyen pour ne pas dire le médiocre qui reste majoritaire face à l’acceptable et au (très rare) bon et agréable à lire. Nous aurons l’indulgence de passer sur les huit textes relevant de la première catégorie pour n’insister que sur les deux qui sortent du lot et méritent très certainement le détour : « Oncle Bob » de Fabrice Décamps pour son côté équivoque et « La boîte en bois et la boîte en carton » d’Antonin Crenn, un petit bijou de fantastique du quotidien.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Passerage des décombres

Cette nouvelle est un petit bijou de sincérité. Le narrateur s'exprime dans une langue à la fois très simple, très orale et très précise. Rien n'est laissé au hasard, même s'il se plaît à se promener dans une ruine, une friche, un endroit où la nature reprend ses droits. Cette histoire est un duo avec son ami, son meilleur. On suit leurs parcours d'enfants et d'adolescents. Ils se cherchent, se trouvent, se rencontrent, s'aiment à leur manière. La friche est toujours là, témoin de l'indicible. C'est pour cela qu'on y retourne. Un lieu où la mémoire poursuit sa route.
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L'épaisseur du trait

Antonin crenn nous fait regarder autrement dans l'épaisseur du trait. Beuacoup de description, mais habitées par le regard et les souvenirs du personnage. C'est agréable de se laisser embarquer dans son monde où le plan a autant d'importance que la réalité. J'aime les cartes, j'aime voyager sur google maps, j'ai aimé voyager avec Alexandre.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Les présents

La vérité ! s'écrit Gabriel (geste), comme si tu savais cexé. Comme si quelqu'un au monde s'avait cexé. Raymond Queneau & Antonin Crenn.

Olympien, ce classique à l'aube-née est un modèle pour tous les étudiants en littérature.Le style est un champ de blé en mouvement.Le fluide magnétique d'un renom en apogée. Cette trame qui pousse son premier cri à la vie, piédestal assigné à la table des rois : Les présents. La voix d'Antonin Creen emporte le lecteur de l'autre côté du rivage dans cette heure d'élévation liane et siamoise. Deux hommes, Théo et Édouard se retrouvent par hasard après de longues années de silence.

« Édouard qui bûchait sur ses cours de linguistique rencontra les yeux de Théo qui faisait semblant de travailler sa sémiologie. On connaît déjà la suite. » « J'habite ici, il annonça. -moi aussi » dit Théo. » « Je n'étais jamais monté au-delà du quatrième étage, dans notre propre escalier, tu t'en rends-compte ? »

Théo a perdu son père dans les prémices de son enfance. Un week-end tous les quinze jours, comment collecter l'oeuvre d'un père et la faire sienne ? Ses regards percent les persiennes closes de cet avant. Édouard délaissé par ses parents trop absents, sera l'oisillon réfugié chez son oncle (le frère de sa mère) et sa tante. Un jour brutal il apprendra la mort accidentelle de ses parents. Théo et Édouard font bloc. Ils rassemblent l'épars égaré dans les limbes. Chacun cherche la pièce manquante pour se réaliser. Ils vivent dans le même lieu, l'immeuble du boulevard Voltaire, un haussmannien où tous les protagonistes mêlent leurs points communs, la quête de leurs origines. Entre - monde métaphysique, le temps s'arrête. Les appels et les signaux perdurent. Insistants, ils refont surface immanquablement. La ténacité et le désir de comprendre foudroient ces deux garçons. Cartographie d'une ville, les plans enracinés dans les écueils des questionnements existentialistes. La contemporanéité dévoile les urbanités rassurantes. Ancrés dans les philosophies, les gestes cruciaux bousculent les doutes.

« Je parle du boulevard où habitent Théo, Édouard et les autres, et qui porte aujourd'hui le nom De Voltaire. On l'appelait, sur les plans de l'époque : boulevard du Prince- Eugène. »

Paris, le Finistère, suivre la voie de l'ancestral, de ce passé qui resurgit. le générationnel brise les pavés d'une ville qui éclate en morceaux symboliquement. le Grand-père de Théo, marin, laissant femme et enfant en devenir. Anonyme naufragé du commandant Charcot. Théo est l'ubiquité. Retrouver ses racines, renaissance en devenir.

« Et la joie de renouveler un plaisir déjà éprouvé dont Édouard et Théo connaissent la saveur et l'anticipent, la prévoient – la désirent – parce qu'ils s'en souviennent. »

« Les présents » est un phare dans la nuit sombre. Un hommage aux absents qui ont apportés les preuves de l'essentialisme. On ne peut être sans l'originel. Lumineux et initiatique, les êtres sont des merveilles. La rectitude d'un texte qui déploie le parchemin salvateur. Ici, vous avez le sens même de toutes vies, le summum d'un immeuble symbolique. Votre désir de rester bien après le point final. Magistral, solaire, réconfortant il est le champ des possibles, la sève et l'espoir d'émancipation. Publié par les majeures Éditions Publie.Net.







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Le héros et les autres

Très déçu, parce qu’il est trop court. Un peu trop contemplatif, avec de trop longues descriptions pour un livre de 60 pages. Pareil, le temps allait trop vite, avec parfois des doutes même sur la temporalité et la chronologie. Il aurait peut-être gagné à être plus long pour comprendre la psychologie des personnages, leurs motivations, leurs attentes et déceptions. J’avais presque l’impression que c’était un embryon de romans. Dommage…
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Le héros et les autres

Martin,

Que deviens-tu depuis que j’ai refermé la dernière page du roman dont tu es le héros ? Depuis qu’Antonin, ton auteur, a mis un point final au récit de cette tranche d’adolescence ?

Tu étais lycéen, j’imagine que tu ne l’es plus. Mais regardes-tu toujours les étoiles s’accrocher aux vaguelettes qui courent à la surface de la rivière ? Cours-tu toujours pour raccourcir les distances, tout en les rallongeant entre toi et les Autres ? Retournes-tu parfois toucher les tours en ruine ou admirer le causse dont la splendeur t’intimidait au point que tu en repoussais la contemplation ? Et Félix, celui qui attirait et ton regard et ton cœur, qu’en est-il de lui ? Tu vois, moi-aussi, je m’en pose des questions. Et, comme toi, je n’ai pas toujours les réponses, alors je les imagine, et les garde pour moi.

J’ai adoré ce roman passé avec toi, Martin. « Le Héros et les autres » est un beau moment qui réunit la force et la sensibilité de ton adolescence, ses sourires et ses drames, ses émois et ses doutes. Une fois encore, l’écriture de ton auteur a fait mouche, toute en finesse et en émotion, j’ai retrouvé son regard sur la ville et ses détails, sur la nature et ses merveilles, sur son héros et ses tourments, sur les autres. Antonin Crenn a toujours ce don de trouver les mots justes qui font appel à nos sensations, nos sentiments, nous guidant avec intelligence et délicatesse, dans ce qui se lit sans être écrit, dans ce qui se vit sans forcément se dire.

Martin, tu dois t’en poser encore, des questions, et tu t’en poseras peut-être longtemps. Une multitude. C’est le lot de ceux qui doutent, qui espèrent, qui pensent, qui font, qui vivent, quoi. Et tu ne trouveras pas toujours les réponses ou bien tu feras semblant de ne pas les voir car certaines bousculeront tes habitudes, remettront en question tes certitudes. Comme dans « le Héros et les Autres », il y sera certainement questions de ton rapport aux autres, d’amour, d’amitié, de la vie, quoi. Et comme nous ne sommes pas des statues, figées pour l’éternité dans un square de Saint-Céré, réponse ou pas, il te faudra avancer, vaille que vaille, au milieu des Autres et je ne peux que t’y encourager.

Alors, que deviens-tu Martin ? Quand, depuis la berge, tu te penches au-dessus de l’eau de la rivière, qu’y vois-tu aujourd’hui ? Qui vois-tu ?
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Le héros et les autres

Martin aimerait bien être un ado comme les autres, se fondre dans la masse, un peu comme son copain Félix. Mais l'esprit de Martin s'égare, divague, erre. Une introspection pleine de délicatesse écrite dans un belle langue.
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