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EAN : 9791090424982
68 pages
éditions Lunatique (23/10/2018)
4.36/5   14 notes
Résumé :
Fin observateur du monde qui l'entoure et qui l'inquiète, Martin se pose beaucoup de questions, aussi, cherchant des explications à tout, élucubrant de savantes ratiocinations mathématiques, logiques, poétiques. Le monde de Martin est ainsi clair comme de l'eau de roche - cette même eau vive qui serpente dans le square, et dans laquelle se noient les beaux garçons. Un livre simple sur des choses compliquées.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Martin,
Que deviens-tu depuis que j'ai refermé la dernière page du roman dont tu es le héros ? Depuis qu'Antonin, ton auteur, a mis un point final au récit de cette tranche d'adolescence ?
Tu étais lycéen, j'imagine que tu ne l'es plus. Mais regardes-tu toujours les étoiles s'accrocher aux vaguelettes qui courent à la surface de la rivière ? Cours-tu toujours pour raccourcir les distances, tout en les rallongeant entre toi et les Autres ? Retournes-tu parfois toucher les tours en ruine ou admirer le causse dont la splendeur t'intimidait au point que tu en repoussais la contemplation ? Et Félix, celui qui attirait et ton regard et ton coeur, qu'en est-il de lui ? Tu vois, moi-aussi, je m'en pose des questions. Et, comme toi, je n'ai pas toujours les réponses, alors je les imagine, et les garde pour moi.
J'ai adoré ce roman passé avec toi, Martin. « le Héros et les autres » est un beau moment qui réunit la force et la sensibilité de ton adolescence, ses sourires et ses drames, ses émois et ses doutes. Une fois encore, l'écriture de ton auteur a fait mouche, toute en finesse et en émotion, j'ai retrouvé son regard sur la ville et ses détails, sur la nature et ses merveilles, sur son héros et ses tourments, sur les autres. Antonin Crenn a toujours ce don de trouver les mots justes qui font appel à nos sensations, nos sentiments, nous guidant avec intelligence et délicatesse, dans ce qui se lit sans être écrit, dans ce qui se vit sans forcément se dire.
Martin, tu dois t'en poser encore, des questions, et tu t'en poseras peut-être longtemps. Une multitude. C'est le lot de ceux qui doutent, qui espèrent, qui pensent, qui font, qui vivent, quoi. Et tu ne trouveras pas toujours les réponses ou bien tu feras semblant de ne pas les voir car certaines bousculeront tes habitudes, remettront en question tes certitudes. Comme dans « le Héros et les Autres », il y sera certainement questions de ton rapport aux autres, d'amour, d'amitié, de la vie, quoi. Et comme nous ne sommes pas des statues, figées pour l'éternité dans un square de Saint-Céré, réponse ou pas, il te faudra avancer, vaille que vaille, au milieu des Autres et je ne peux que t'y encourager.
Alors, que deviens-tu Martin ? Quand, depuis la berge, tu te penches au-dessus de l'eau de la rivière, qu'y vois-tu aujourd'hui ? Qui vois-tu ?
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Martin, lycéen, vit dans une petite ville. Dans cette ville, il y a un square et dans ce square, la statue d'un jeune héros, en bronze, à la fois symbole fort des jeunes morts au combat, mais aussi poids pour ceux qui ne sont pas des héros. Martin se pose beaucoup de questions, se fait ses propres réponses. Peu entouré, il est souvent seul et regrette que Félix ne passe pas plus de temps avec lui.

Résumé court pour ce court roman d'Antonin Crenn, ici déjà recensé pour son Passerage des décombres et Les bandits. Martin semble attiré par Félix qui ne le regarde pas plus qu'un autre. Cela lui suffit pour intérioriser encore plus -si tant est que cela soit possible-, pour se replier sur lui-même. Il est à l'âge pas facile des lycéens qui s'interrogent sur tout -amis confrontés aux ados, bonjour !

Dans un style délicat, fin et sensible, Antonin Crenn raconte les -peu de- faits de Martin et ses nombreuses interrogations, élucubrations, inventions, tentatives de réponses, parfois vraies, parfois totalement personnelles et sans doute loin de la réalité. C'est ce qui arrive lorsqu'on tente seul de trouver des réponses, sans se confronter à autrui pour les confirmer ou les infirmer. Martin est "quelqu'un de l'intérieur" comme le chantait Francis. Antonin raconte très bien comment une succession de petites choses, de petites frustrations, de désagréments, amène un jeune homme à prendre des décisions pas toujours bien comprises ni vraiment justifiées.

C'est un roman contemplatif qui s'attarde donc dans les pensées de Martin mais aussi dans les descriptions des lieux, de la nature omniprésente, comme si Martin avait ce besoin de se tourner vers elle lorsqu'il se sent seul. le causse, les châteaux des alentours, la rivière froide qui serpente dans la ville, ... tout est prétexte à de belles pages.

Un court roman que l'on déguste lentement, un brin mélancolique. "Un livre simple sur des choses compliquées" (quatrième de couverture), qui débute comme ceci :

"Le garçon crie. Il va mourir dans un instant, il le sait, et c'est pour cette raison qu'il crie. Sa mort est imminente : elle l'est depuis près d'un siècle. Ce garçon, puisqu'il est en bronze, on ne sait pas s'il est brun ou s'il est blond. Ses cheveux sont peut-être d'une couleur changeante, comme ceux de Martin qu'on ne sait jamais comment qualifier, qui tirent vers le roux à la fin de l'été." (p.9)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le héros et les autres est un grand petit livre. C'est un livre d'intériorité. le plus intime rejoignant toujours le plus universel. Martin est un adolescent solitaire et tourmenté. Contemplatif, il voit ce que les autres ne voient pas. Comme les étoiles sur le miroir de la rivière. le causse lui semble si beau qu'il en retarde la rencontre. le sang brûle ses veines. le héros de bronze puis Luca en fuite puis enfin le doux Félix remplissent tour à tour son univers. Les émois de jeunesse sont comme des tremblements de terre. Ils parcourent une longue distance avant de toucher le coeur. On lit ce beau livre en songeant à Tonio Kroger de Thomas Mann ou aux Souffrances du jeune Werther de Goethe. Aussi, après sa lecture, on les range ensemble dans la bibliothèque. Après avoir foulé cette terre inconnue qu'est à jamais l'enfance.
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Il y a des livres qui me touchent tout particulièrement. Des livres qui parlent de différence, de solitude, de « je ne me sens pas comme les autres », oui mais quels autres ? peut-on même les appeler « autres » ?

« le héros et les autres » fait partie de ces livres. Il est beau, doux, triste et mélancolique à la fois. Il me ressemble ce Martin, jeune personnage du livre, alors il m'a émue. Antonin Crenn parvient à dire ces choses que j'ai parfois ressenties mieux que je ne pourrais jamais le faire… ou plutôt, il les dit ces choses qu'il m'arrive de sentir sans pouvoir les mettre en mots… tout simplement (mais pas facile).

Et comme j'avais déjà été touchée et émerveillée par son album « Les bandits » (déjà publié chez Lunatique et dont je vous reparlerai), j'ai maintenant un nouvel auteur à suivre de près !

En ce qui vous concerne : filez à votre librairie préférée vous procurer ce petit bijou ! (oui, c'est un ordre )
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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Un roman court qui abrite bien plus que ce que pourrait laisser croire son nombre de pages : dans ces lignes, on voyage en intérieur, au sein de ces questions qui nous ont tous déjà agités au moins une fois, en plein de coeur de cette solitude qui creuse un fossé entre le soi et les autres. Entre contemplation et philosophie, Antonin Crenn questionne la notion de héros, l'idée d'individualité dans la masse, et joue brillamment des décors qui deviennent personnage à part entière du roman, esthétique de l'errance décrite avec maestria. Une lecture pleine de poésie et de justesse.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans la langue de Martin, on utilise le même mot pour désigner deux concepts qui, dans une autre langue peut-être, serait nettement différenciés. A l’intérieur d’un groupe solidaire dont Martin ferait partie (un groupe théorique qui serait constitué, par exemple, d’amis – mais Martin a-t-il des amis?), il parlerait de lui en disant moi et, pour désigner ses amis, ces personnes qui seraient physiquement distinctes de lui mais si proches par leurs qualités, il dirait : les autres. Ce seraient toutes les personnes de son groupe à l’exclusion de lui-même. A l’inverse, dans une autre configuration plus proche de la réalité, où l’on est forcé de constater que la population se divise en deux catégories ennemies et irréconciliables, il existe une barrière entre Martin et le reste du monde. Pourtant, il est obligé de désigner ces êtres contraires, ceux de l’autre côté, par ce même mot, les autres, qui aurait dû servir à qualifier ses semblables.
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Le garçon crie. Il va mourir dans un instant. Il le sait, et c’est pour cette raison qu’il crie. Sa mort est imminente : elle l’est depuis près d’un siècle. Ce garçon, puisqu’il est en bronze, on ne sait pas s’il est brun ou s’il est blond. Ses cheveux sont peut-être d’une couleur changeante, comme ceux de Martin qu’on ne sait jamais comment qualifier, qui tirent vers le roux à la fin de l’été. La couleur des cheveux du garçon (une tignasse dense dans laquelle on ne pourrait pas passer la main), c’est la même que celle de son visage et de son uniforme : un vert pâle, un vert-de-gris. Et ce soir, c’est surtout un gris-tout-court, car il est tard et que c’est l’hiver : la nuit est arrivée tôt, elle est déjà installée dans le square depuis longtemps. Sur le piédestal de pierre s’élève un garçon gris, dur et froid dans un grand ciel noir.
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Martin n’aime pas les mathématiques. S’il s’adonne ce soir à la théorie des ensembles, c’est parce qu’il préfère farcir sa tête avec des idées abstraites plutôt qu’avec le sang bouillant qui bat derrière ses tempes. Contempler l’intersection des sous-ensembles, c’est un peu comme calculer le débit de la rivière : ça occupe. Pendant que Martin réfléchit, les fluides qui irriguent sa cervelle ont le temps de retrouver une température convenable. Et lundi prochain, Félix demandera à Martin avec sa petite gueule d’ange : « Tu es parti tôt, l’autre soir ? ».
Juste après le pont, on débouche sur une place. Le jour, deux fois par semaine, elle sert de marché. Le reste du temps (et la nuit en particulier), on gare des bagnoles dessus. On voit très bien la statue depuis la place, parce qu’elle est juste à l’entrée du square derrière le portillon. On la voit de loin, mais Martin pourrait aussi bien entrer dans le square pour la regarder de près, car le portillon n’est jamais fermé. Ce serait bien inutile de le verrouiller, d’ailleurs, car personne n’a jamais eu l’idée de venir ici le soir. Quand il fait noir, les gens restent chez eux. Il faudrait être fou ou poète pour se balader dans les ténèbres, sur la pelouse humide. Les gens ne font pas des trucs pareils ici. Il y a eu une exception, tout de même, une fois : quelqu’un est venu dans le square, la nuit. C’était une histoire très spéciale : on en reparlera plus tard.
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Vidéo de Antonin Crenn
Lors du salon de l’autre LIVRE (halle des Blancs Manteaux, du 8 au 11 nov. 2019), Antonin Crenn a présenté son roman, Le Héros et les autres, paru en 2018 aux éditions Lunatique. Une vidéo réalisée par Cyrille Latour.
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