C'est ainsi que le jeune arbre crût pour l'oiselle jusqu'à devenir le plus magnifique de la forêt, et de ce faîte s'envola enfin une aile qui s'étendit au ciel, partant d'une telle hauteur que l'oiselle y chuta moins qu'elle ne glissa au nuage.
L'oiselle élevée par l'arbre, et ce dernier comme couvé d'un oeuf, furent l'un à l'autre le sommet et l'autour pour former leur couronne.
J'ai poussé trop vite, en tige fragile, mon teint pâle me protège mal du soleil, mes cheveux rouges me trahissent de loin, mes yeux ne rajoutent rien au ciel. Je suis comme une poterie que l'on aurait trop tôt sortie du feu. Les autres enfants se moquent de moi et parfois me rudoient.
Une histoire est de rencontres qui rendent conte. [...] Elle voyage plus loin, en qui l'a entendue, elle attend un nouveau souffle pour se redéployer. Son silence est son commencement en nous, son silence nous rend notre parole... En espoir d'un deux-venir entre le disant et le lisant : le lien. Celui dont la voix est le fil et l'oreille le noeud. Une bonne histoire prologue, puis prolonge ces deux-là. Les mots ne sont que la partie émergée d'un rêve commun qui se transmet, et ils resteront de voix en voix, en l'accent de chacun, le message. Une bonne histoire fait le lien, mais aussi délie l'élan.
Je ferai une histoire qui sera de chair, un acte qui percevra d'une langue concrète l'oreille fermée... et en premier, je poserai ses lèvres sur les écoutes ecloses pour empêcher qu'elles ne se recroquevillent. Je ferai une histoire qui sera aussi ferme que le fer.
Quand un vous aime, la vie est douce. Quoi que l'on heurte, on peut s'en guérir à la source d'amour. Mais si cela est retiré ou refusé, comment échapper à la râpe du monde ? Comment résister à la tentation de l'armure ? Il faudrait que l'amour soit hors de portée de la perte, que l'on sache que l'on sera aimé quoi que soit, quoi que passe, pour à l'armure préférer l'ouverture. Il faudrait un amour qui vous guide comme l'étoile le navigateur dans la nuit.
Rien ne valait les plaisirs de la bouche pour ouvrir la parole, et parfois le plein du corps pouvait pallier un peu le creux du cœur.
Pour comprendre l'entièreté d'une histoire, il te faut revenir à la faim qui l'a fait naître, au besoin d'y répondre.
Je crois que les histoires tambourinent sur nous. Au-dedans, nous n'avons que la résonance. Sans bons ni malheurs, notre âme ne ferait pas son conte et ne serait que d'elle : une eau lisse où se mire l'éternité. Une histoire est de rencontres qui rendent conte.
L'or est ce que l'on fait désirer. D'avoir, pour le plus médiocre ; d'être, pour le plus fou.
Il découvrait sa force dans leurs besoins, comblant chacun par ce qu'il avait oublié de lui, écartant d'eux le poids du monde quand il n'avait été que pesanteur. Rêveur empêché, il exauçait des rêves.