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Critiques de Antonio Pérez Henares (35)
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Le chant du bison

Le Chant du Bison propulse son lecteur il y a 30.000 ans, en plein Paléolithique supérieur, époque qui voit cohabiter deux espèces humaines : les hommes de Néandertal et les Homo sapiens. Direction la Cantabrie ibérique sur les traces d'un duo voyageur homo sapiens : le très jeune Chat-Huant, orphelin vivant en marge de son clan, et l'Errant, un homme charismatique, respecté et craint, qui se déplace entre les clans.



Ce qui frappe très rapidement, c'est à quel point ce roman est archi immersif, s'appuyant sur une documentation très solide. On a l'impression de lire un guide complet de la vie au Paléolithique. Je retiens tout particulièrement les magnifiques scènes de chasse aux bisons ; la présence forte des oeuvres d'art pariétal ou rupestre ( comme celles de la grotte d'Altamira avec sa grande salle aux bisons polychromes ou sa très émouvante biche ) ainsi que des techniques picturales ; ou encore les rituels chamaniques du culte des déesses des grottes menés par des femmes guérisseuses. La qualité des descriptions est remarquable et rend la lecture souvent passionnante.



L'intrigue se résume jusqu'aux cinquante dernières pages aux déplacements sur des années de Chat-Huant et de l'Errant, de clan en clan, de grotte en grotte, avec pour le premier un récit initiatique qui doit le mener à devenir l'homme qu'il doit être et trouver sa place, pour le second à connaître l'accomplissement de la prophétie qui l'a mis sur les routes.



Avec comme toile de fond, la rivalité des clans d'Homo sapiens avec les clans néandertaliens à un moment où l'extinction de ces derniers commencent, jusqu'à la guerre. Des chapitres s'intercalent pour nous présenter la montée en puissance du futur chef néandertalien. Différentes hypothèses s'opposant pour expliquer la disparition des hommes de Neandertal, l'auteur choisit de faire endosser une partie de la responsabilité sur les homo sapiens, en s'autorisant une licence littéraire comme déclencheur des guerres : l'enlèvement des femmes homo sapiens par les Néandertaliens pour pallier un problème démographique.



Forcément, j'ai songé à la formidable saga de Jean Auel, Les enfants de la terre et notamment son tome 1, le clan de l'ours des cavernes. le Chant du bison n'est pas loin de cette excellence-là. J'ai juste trouvé que, vers le milieu du récit, le documentaire prenait le pas sur le romanesque alors que le lecteur attend une action plus vive, la confrontation promise entre les homo sapiens et les hommes de Néandertal. Elle arrive mais, à mon goût un peu tard, et là, le récit s'emballe dans une direction quasi mythique avec une prophétie qui apporte beaucoup de classe, puis la révélation de qui est réellement le Errant.



Une lecture très agréable, dépaysante, visuelle, animée d'un véritable souci didactique. Elle ravira les amoureux de la Préhistoire.



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Le chant du bison

Voilà un livre qui nous fait faire un bond de 30 000 ans en arrière dans l'histoire de l'humanité, alors que deux espèces humaines semblent avoir coexisté sur notre petite Terre : Homo sapiens et Homo Neanderthalensis. Ce roman propose une narration de fiction expliquant comment l’une des deux a disparu.

Il aurait suffi d’un changement climatique (déjà...) pour que les deux espèces se fassent la guerre et que la plus faible disparaisse.

L’hégémonie de sapiens commence donc par la violence et même ce que l’on pourrait qualifier de génocide si on réussissait à en fournir la preuve (génétiquement, cette disparition n’est pas encore élucidée)

Ce roman d'Antonio Pérez Henares est donc un moyen original et ludique d’appréhender les hypothèses sur les croyances, l’organisation sociale de nos ancêtres. L’auteur avance des hypothèses assez originales sur les rôles respectifs des hommes et des femmes dans le quotidien de la vie de ces deux branches homos.

On va croiser Chat-Huant, un jeune Homo sapiens accompagnant l’Errant dans de nouvelles contrées, vers la vallée des Premiers Hommes où vivent Terre d’Ombre et les Néandertaliens...

Aventures, amour, haine, peur, survie, une belle plongée romanesque dans les sentiments profondément ancrés dans l’inconscient humain. Attention cependant, ce n’est qu’un roman.

Le livre est vendu sous l’appellation «extraordinairement bien documenté», ce qui est probable pour la description géographico-climatique du pays Basque et des alentours mais pour ce qui est des mœurs des uns et des autres, il n’y a aucune vidéo disponible sur aucune plateforme pour fact-checker ces hypothèses.

Je suis resté constamment sur mon scepticisme, n’ayant pu m’empêcher de «ressentir» un plaquage sur nos ancêtres de nos schémas mentaux modernes et n’ai donc jamais réussi à adhérer à ses descriptions/explications. Quelques exemples :

«Terre d’Ombre, quant à lui, avait l’intelligence de se soumettre aux hommes adultes, surtout aux frères à la tête du clan, mais aussi à ceux qui leur étaient subordonnés, se montrant toujours prêt à leur obéir et même à accomplir pour eux les tâches les plus ingrates. Et petit à petit, il s’éleva dans la hiérarchie jusqu’à être considéré comme leur égal».

« Il trouverait un moyen d’agir seul, car c’était la seule chance de survie de son clan. Il devait amener le Cadet à exécuter son plan tout en lui faisant croire que c’était son idée. »

Il faut donc garder en tête que c’est simplement une fiction, écrite de plus dans une langue assez peu enthousiasmante, car se voulant neutre comme un documentaire qu’elle n’est pas, qui a pour mérite de nous sortir un peu de notre quotidien en ces temps de confinement imposé.

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Le chant du bison



Au cœur du roman d'Antonio Perez Henares, vous trouverez des personnages aux noms d'animaux ou de végétaux (Pavot, Frêne, Grand Loup, Chat-huant…) ou d'une de leurs caractéristiques (L'Errant, Fauve - pour la couleur de ses cheveux, la Taiseuse, L'Aîné, Faux-pas pour celui qui a trébuché lors d'une chasse, L'Homme-Musicien…). Bienvenue au paléolithique supérieur, il y a 30000 ans environ avec le « petit sans feu », l'homme mystérieux qui va d'un clan à un autre, et l'enfant hybride.

Par une plume délicate et rondement menée, tout ce petit monde avance avec soin, avec des touches délicates et une intelligente progressivité dont je me suis délectée.



Je ne spolierai pas l'histoire, ne la résumerai pas non plus, laissant au lecteur le plaisir de TOUT découvrir par lui-même. Ce récit est enlevé et cohérant. J'ai trouvé, dès le début du livre, que l'auteur nous narre de façon magistrale un monde vu sous le prisme de nos ancêtres, les chasseurs-cueilleurs Homo Sapiens, et de leurs cousins, les Homo Neanderthalensis. En plus de leur synergie avec leur environnement naturel, c'est la question de la disparition de l'espèce des Néandertaliens qui est mise ici en exergue.

Mais comme personne n'est revenu du temps passé pour nous dire ce qui s'est déroulé alors, nous ne saurons quelle proposition est exacte, celle de l'auteur ou d'autres comme la baisse de la natalité (manque de diversité génétique ou/et autre raison), changement climatique, guerre inter espèces, y aurait-il eu plusieurs raisons en même temps ?



Lu par exemple dans le HuffPost : « En faisant varier les paramètres et en intégrant le peu de choses qu'on sait sur ces anciens humains, les auteurs concluent que certaines hypothèses ne sont pas possibles. Par exemple, une augmentation de la mortalité liée à des conflits ou des épidémies. “Cela aurait mené à une disparition trop rapide de la population néandertalienne !”, explique à l'AFP Silvana Condemi, anthropologue à l'université d'Aix Marseille et coauteure de l'étude. »

Le mystère demeurera…



De même que les traits de caractère, les rapports humains entre ces « premiers » hominidés européens, les intentions qu'on leur attribue dans cette histoire restent de la pure fiction. Je reconnais aussi qu'ils sont « attachants » (si si !) et que ce texte fictionnel, douce invention littéraire se révèle malgré tout un merveilleux antidote au quotidien.



Au fur et à mesure des déplacements de certains de ses protagonistes, Antonio Perez Henares inclut beaucoup de repères géologiques. C'est donc toute une documentation scientifique qui se superpose à l'histoire, ainsi que quelques licences littéraires que s'est autorisé le romancier espagnol et qu'il nous explicite.

Tout est documenté, et celui qui aime l'Espagne d'il y a 30000 ans verra son bonheur décuplé grâce à l'appui de la carte en début d'ouvrage pour un voyage en Cantabrie préhistorique.



Ce petit précis des temps très très anciens avec sa tonalité mystique limite prophétique m'a emportée dans l'antre des premières peintures rupestres, des cultes des gardiennes des Déesses et autres cérémonies primitives dont on a trouvé des vestiges de par l'Europe. La chasse n'a presque plus de secrets pour moi.



Juste un petit doute de ma part quand l'auteur écrit en note page 265 « Des génies comparables à n'importe lequel des grands maîtres de la peinture, tel Manet ou Vélasquez ». de telles comparaisons ne peuvent-elles pas être évitées ?



J'avoue avoir préféré cette lecture à la saga " Les enfants de la terre " de Jean M.Auel (que j'ai d'ailleurs fini par lâcher en fin de route pour mièvreries trop insistantes). "Le chant du bison" est quant à lui fluide, très bien écrit, la structure de l'histoire équilibrée et addictive. Seul regret (mais j'ai quand même mis 5 étoiles !) ; un dernier périple dans lequel moults déplacements et détails ont décéléré quelques temps le rythme du roman sur un chapitre.

Je renvoie les amoureux de cette période vers l'excellent et complémentaire " La petite Bédéthèque des Savoirs, tome 27 : les Homo Sapiens " écrit et dessiné par Antoine Balzeau et Pierre Bailly.



Merci de m'avoir sélectionnée (MASSE CRITIQUE janvier 2021) pour cette immersion complète, ce dépaysement brut et incroyable ; le mot FIN fut douloureux pour moi…


















Lien : http://justelire.fr/le-chant..
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Le chant du bison

Un roman très agréable et facile lire, grâce à une construction classique et à une narration fluide, mais qui oscille entre documentaire romancé et fiction pure.



L'action se situe il y a 30 000 ans, peu avant la dernière glaciation. Des clans d'homo sapiens (les peaux sombres) et de néandertaliens (les pattes courtes) sont disséminés entre le nord de l'Espagne et le sud de la France. Dans cette préhistoire où leur survie est de plus en plus difficile à cause du refroidissement climatique, les deux espèces se craignent et s'évitent. Pourtant, les luttes de pouvoir et le désir d'expansion qui existent chez les uns comme chez les autres, les conduiront à l'affrontement.



La 1ère moitié du roman plante le décor : présentation des personnages, de leurs moeurs, de leur caractère et de leurs aspirations. Les descriptions concernant leurs lieux de vie, leur environnement et les conditions climatiques sont précises.

La trame de l'histoire se dessine tout doucement.



La 2nde moitié est plus centrée sur l'intrigue elle-même, l'aventure et l'action y sont prépondérants. Parmi les protagonistes, il en est quelques uns dont le vécu a fait naître un besoin de reconnaissance. Ce désir de revanche va parfois évoluer vers une soif de vengeance qui bouleversera leur vie et celle de leur clan.



S'appuyant sur les connaissances actuelles, qui sont plus étendues au sujet des homo sapiens, l'auteur leur accorde dans ce roman plus de place qu'aux néandertaliens.

Les nombreuses indications concernant l'organisation à l'intérieur d'un même clan, les liens entretenus entre les clans d'une même espèce et les « rencontres » entre peaux sombres et pattes courtes tiennent compte des découvertes les plus récentes.

La chasse et la cueillette en fonction des saisons, les croyances, les interactions avec la nature, la répartition des tâches entre hommes et femmes, entre jeunes et vieux, la fabrication des armes et outils, l'utilisation des plantes médicinales, les rituels, etc. nourrissent le récit.



L'importance des arts picturaux dans la vie des hommes préhistoriques est bien mise en avant par Antonio Perez Henares, qui nous fait visiter les grottes, riches d'oeuvres témoignant d'un sens artistique et d'un savoir faire étonnants.



Le grand mystère de l'extinction de l'espèce néandertalienne est bien sûr évoqué.

Leur disparition résulte-t-elle de conflits qui les ont opposés aux sapiens et dont ces derniers, plus nombreux et mieux armés, sont sortis vainqueurs? Les néandertalien ont-ils moins bien résisté au froid? Ont-ils été victime d'une baisse de la natalité ou d'une mortalité infantile insurmontables?



Quoiqu'il en soit, l'auteur nous raconte dans le chant du Bison une histoire où les hommes, de Néandertal comme de Cro-Magnon, semblent déjà écartelés entre le bien et le mal, entre leurs bons et leurs mauvais penchants !
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Le chant du bison

Plongée en immersion au temps de l'Aurignacien, il y a 40 000 ans, au plus près de nos ancêtres Cro-Magnon.



Nous suivons les déambulations et les luttes de membres de tribus Sapiens, mais aussi Néandertaliennes, dans un roman qui se veut ultra réaliste, dans la mesure où l'on peut l'être à propos de ces temps reculés.



Le hasard fait que leurs trajets au cours du livre (une carte nous permet de les visualiser) recoupe peu ou prou le voyage que j'ai réalisé cet été : côte nord de l'Espagne et traversée des Pyrénées jusqu'en Ardèche, où l'on trouve la fameuse grotte Chauvet. J'avais vraiment tous les paysages et les noms en tête, et c'était assez magique de revivre ce road-trip mais en version préhistorique ! Du coup, j'ai presque l'impression d'avoir un "souvenir" de l'histoire de Chat-huant, Pavot, Terre d'Ombre, Frêne...



Alors si j'aurais parfois aimé un récit plus court, ou bien un style un peu plus lyrique et moins documentaire, cette lecture restera un moment unique et émouvant, un fascinant voyage à travers le temps...
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Le chant du bison

Une fresque préhistorique palpitante, une BD pariétale passionnante qu'aurait pu dessiner sur les murs de sa grotte un artiste du paléolithique supérieur, il y a 30 000 ans, et qu'auraient dévoré pour se réchauffer le coeur et stimuler l'esprit les jeunes et les moins jeunes homo sapiens durant les interminables lunes de glace.

J'imagine les hommes enchaînés de la caverne de Platon feuilletant cet album rupestre... le mythe en aurait pris un coup ( sourire ).

J'ai lu ce roman de presque 500 pages comme j'aurais lu RAHAN, la célèbre BD d'André Chéret et Roger Lecureux ou plus proche de nous un Astérix d'Uderzo et Goscinny ou bien encore un Umberto Eco dans – Le nom de la rose -,

Car outre une formidable documentation que l'auteur adapte à son narratif en s'autorisant des "licences littéraires", il y a dans ce qu'il ( qu'on ) sait sur cette période de l'histoire de "l'homme" une oeuvre romanesque faite d'aventures, d'histoires d'amour et d'amitié, à laquelle s'ajoute une touche qui flirte avec la fantasy et dans laquelle la magie joue un rôle déterminant.

D'où mes associations précédentes : Panoramix et ses potions magiques ou la relation maître-disciple incarnée par Guillaume de Baskerville et Adso, le jeune moinillon initié par son maître.



La qualité majeure de – Le chant du bison -, c'est d'avoir, grâce à une subtile cohabitation documentaire-fiction, réussi à écrire un roman éminemment didactique et charnellement, émotionnellement épique.

Non seulement la lecture de ce livre vous apprend, mais cerise sur une cuisse de chevreuil, elle vous immerge dans un passé auquel la plume et l'imaginaire d'Antonio Pérez Henarez confèrent une proximité sensorielle.

Oui, ce roman est visuel ( polychromatique ), olfactif, tactile, auditif et j'ajouterais gustatif... bien que végétarien depuis 40 ans ( sourire )

C'est en 500 pages une visite guidée du paléolithique supérieur dans ce qui fut une partie de la péninsule Ibérique et une large partie sud de la France.

Nous sont racontées la vie et surtout la survie au rythme des deux saisons concédées par une période de glaciation ( les longues et ravageuses lunes de glace et une trop brève saison plus chaude ) des clans qui peuplaient ces contrées.

Nous est montré avec force détails le quotidien de ces clans homo sapiens et néandertaliens.

La composition de ces clans, leur hiérarchie, leurs us et coutumes, leurs croyances, la place et le rôle des hommes, celui des femmes, leurs tâches réciproques, leur habitat, leurs vêtements, leurs outils, leurs armes...tout est là.

En plus de la figure du chef, deux autres figures retiennent l'attention : celle du chaman ( un mélange de sorcier de prêtre ou d'intercesseur auprès de l'infra et du supramonde, doté de moult pouvoirs ) ainsi que celle de la gardienne du feu ( sorte de prêtresse qui entretient le culte de la Déesse et comme le chaman a des pouvoirs magiques et en particulier des talents de guérisseuse ).

Le paléolithique supérieur, c'est encore l'ère du chasseur-cueilleur.

Il est donc normal que l'auteur évoque la cueillette ( surtout le domaine réservé des femmes, des enfants et des vieux ).

Mais ce qui occupe la place de choix dans ce roman d'aventures, ce sont les scènes de chasse...nombreuses.

Quelques-unes de ces scènes retiendront davantage votre attention que d'autres.

Pour ma part, ce sont celles de la chasse aux bisons, des rhinocéros laineux, du vieux lion des cavernes qui m'ont le plus épaté.

Mais que dire de la scène de la baleine agonisante sur une plage du Grand Bleu dont la chair est convoitée par les fauves, les rapaces et les clans ?

Que dire aussi de la pêche des saumons remontant les cours d'eau pour la fraie ?

Et tout cela vous ouvre un champ lexical d'une richesse dont vous auriez tort de vous priver.

Faune, flore, matériaux, outils, armes retrouvent une actualité que l'auteur fait vivre avec tout l'intérêt du passionné qui a déjà écrit, sauf erreur de ma part, une trilogie préhistorique, ainsi qu'un ouvrage intitulé – La mirada del lobo – dans lequel il raconte la rencontre de l'homme et du loup, rencontre où naquit la domesticité de l'animal sauvage à l'origine du chien...



Il y a bien sûr les scènes enrobées d'un voile de mystère et baignant dans une atmosphère ésotérico-hallucinatoire et qui donnent naissance à quelques-uns des chefs-d'oeuvre artistiques que l'on peut encore admirer sur les parois de certaines grottes.



Et comme l'homme est mi-ange mi-bête, il y a les affrontements entre clans qui donnent lieu à des scènes d'une grande violence où les gourdins des uns font le malheur des sagaies et des propulseurs des autres... et vice-versa, où tactique et stratégie commencent à poindre le bout de leur nez, et où si l'anthropophagie subsiste, c'est de manière sursitaire.



Le ou les fils conducteurs de cette visite guidée, ce sont les trois personnages centraux que sont deux bâtards, deux orphelins ou abandonnés que sont Chat Huant, un "peau sombre", entendez par là un Homo sapiens et Terre d'Ombre un demi "peau claire", comprenez un Néandertalien.

On comprend d'entrée de jeu que ces deux-là sont nés pour se rencontrer et s'affronter à la fin de l'ouvrage... puisque d'une part c'est dit par l'éditeur et que d'autre part l'auteur choisit d'hypothétiser la disparition de Néandertal pour, entre autres, des raisons d'une politique de natalité l'ayant conduit à rapter les femelles de Sapiens.

Bien que n'ayant jamais eu le privilège de rencontrer Yves Coppens autrement que par ses interventions télé ou audiovisuelles ou à travers quelques articles de presse, je penche pour ma part pour une explication plus "darwinienne".

Comme le souligne l'auteur, Néandertal est court sur pattes, a un torse et une force d'aurochs, mais est plus malhabile que Sapiens, moins ingénieux, moins inventif et donc le moins adapté à l'évolution...

Le second fil conducteur, c'est la rencontre, l'adoption, la filiation entre Chat Huant et l'Errant, un chaman aux multiples pouvoirs, un homme sage, condamné à errer de clan en clan en attendant "Le signe"...

Cette relation maître-disciple nomades, tous deux embarqués dans un voyage initiatique va servir de prétexte à l'auteur pour nous offrir ce mini tour d'Espagne et ce mini tour de France, jouant à la fois sur le fictionnel et sur le documentaire.



C'est un roman qu'il faut avoir avec soi lorsqu'on prend l'avion, lors d'un long trajet en TGV ou en vacances.

Il y a certes quelques ficelles narratives apparentes et quelques incrédibilités fictionnelles... sauf si l'on intègre cette part de magie dont j'ai déjà parlé.

Les licences littéraires, l'auteur les assume et les revendique.

La part de magie fait, elle, partie du charme de ce roman qui n'aurait pas pu avoir la même saveur sans elle.

Ainsi " la Noire ", sublime gardienne du feu qui va initier Chat Huant à l'intégralité du Kamasutra est , elle, une avant-gardiste crédible comme le sera, via ses pouvoirs surnaturels, la rencontre de Chat Huant avec "la Louve".

Mon seul vrai bémol tient au langage très élaboré et des Sapiens et des Néandertaliens et à leur capacité à communiquer dans des formes abstraites, conceptuelles dont rien n'atteste l'existence.

Néandertal communiquait-il à partir d'un protolangage et Sapiens est-il à l'origine de la naissance du langage articulé ? Ce sont là deux questions sur lesquelles l'auteur fait l'impasse, allant même à donner à Pavot ( peau sombre gardienne du feu prisonnière des peaux claires) la capacité d'apprendre pendant sa captivité de quelques lunes ( quelques mois ) à parler couramment la langue de ses séquestreurs...

Quant à la communicabilité entre les Sapiens et les Néandertaliens, elle se heurte à la théorie néodarwinienne de l'intelligence machiavélique selon laquelle il est dangereux de transmettre des informations. Chez les chimpanzés par exemple, en vertu de cette théorie de l'intelligence machiavélique, on se tait et on garde pour soi les informations plutôt que de les transmettre...

On dira qu'Antonio Pérez Henarez a fait une "Edgar Rice Burroughs" ( sourire )...



Sans vouloir faire dans l'émotionnel à quatre sous, je peux dire que ce bouquin m'a embarqué, m'a questionné, m'a interpellé, m'a fait rêver et il m'a semblé presque toucher du doigt un de ces hommes, une de ces femmes, un de mes possibles aïeux avec lequel, grâce à cet ouvrage, j'ai pu retisser le lien, ressentir et raffermir le cordon ombilical qui nous relie.



Je serais un père en âge d'offrir un bouquin pour les fêtes à ses enfants ados que ce roman pourrait faire partie de mes choix. Ne l'étant plus, je le recommande à tous les papas et à toutes les mamans qui ont des enfants à partir de treize ou quatorze ans ou des parents ou amis de tous âges, et si parmi eux se trouvent des amoureux de la Préhistoire, foncez !

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Le chant du bison

S’il y a bien une matière qui me faisait chier à l’école, c’était celle consacrée à la préhistoire et aux hommes des cavernes… Faut dire aussi qu’on en a bouffé à chaque rentrée des classes, des hommes des cavernes !



La faute n’est pas imputable à nos lointains ancêtres mais à la manière dont les profs donnaient leurs cours, revenant sans cesse sur les mêmes sujets (et j’ai quand même tout oublié) et sur le fait que, nom d’une pipe, j’aurais préféré en apprendre plus sur mon siècle (le 20ème, merci de ne pas remonter plus loin) et sur les deux guerres mondiales que sur les hommes en fourrures qui vivaient dans des grottes.



Une fois adulte, maintenant que l’on sait plus de chose qu’il y a 35 ans (purée, on m’a appris des conneries à l’école !), le sujet est devenue bien plus passionnant ! J’ai dévoré la bédé Sapiens et je me suis jetée comme une affamée sur Le chant du bison.



Il faut saluer avant tout le travail de documentation de l’auteur, ses notes en fin de chapitres étaient remplies de détails historiques, des quelques licences que l’auteur parfois a prises avec l’Histoire. C’était très instructif car tout son récit s’appuie sur des faits avérés ou des preuves découvertes dans les grottes, essentiellement en Espagne et dans le Sud de la France.



Les chapitres sont assez courts, ce qui fait que le récit avance bien, surtout qu’il est en alternance avec les aventures de Chat-Huant, qui fait partie des Peaux Sombres (Sapiens) et de Terre d’Ombre, métis entre une Peau Sombre et un Pattes Courtes.



Les Pattes Courtes ne sont pas une manière polie de parler de personne de petite taille qui souffrent de verticalité contrariée… C’est tout simplement l’appellation d’un Néandertalien, dit aussi Premiers Hommes.



Qu’est-ce qui s’est passé entre les Sapiens et les Néandertaliens ? Pourquoi une race s’est-elle éteinte et l’autre à t-elle prospéré ? Génocide ? Extinction naturelle ? Impossibilité des Néandertaliens d’évoluer comme les Sapiens ont réussi à la faire, développant des armes de jet et racontant des histoires pour fédérer tout le monde ? Les meilleurs enquêteurs sont sur la piste : pour le moment, rien n’est exclu…



L’auteur, dans son roman, nous donne une piste, qui est tout à fait plausible, car les Hommes de l’époque n’ont pas tellement changé par rapport à ce que nous sommes maintenant : lutte pour le pouvoir, magouilles et compagnie, mise à l’écart d’un bon élément s’il est susceptible de nous faire de l’ombre, peur des autres (ceux qui sont différents de nous qu’on prend toujours pour des sauvages, des barbares), très haute opinion de nous-mêmes (trop haute)…



Ce récit est une grande aventure qui nous fera voyager dans le Nord de l’Espagne, et ce, jusqu’en France, dans le Sud, plus précisément à la grotte Chauvet. Là, j’étais en terrain connu puisque j’ai eu la chance de visiter la réplique de cette grotte et putain de nom de dieu, c’était magnifique (mais 1h, c’est trop rapide, j’aurais aimé y flâner, mais ce n’était possible qu’en juillet/août à l’époque où la covid ne pourrissait pas notre vie).



Les personnages sont attachants, autant Chat Huant que l’Errant, que Pavot ou même Terre d’Ombre, qui cherche sa place, lui qui est un sang-mêlé. Hé oui, rien n’a changé !



Si les Sapiens aiment bouger, aller voir ailleurs, changer de territoire, les Néandertaliens sont plus casaniers, n’aimant pas changer de méthode lorsque celle qu'ils appliquent fonctionne très bien, n’aimant pas aller sur les territoires des autres afin de ne pas ramener la merde ensuite. On ne peut pas leur donner tort non plus…



Ce roman n’est pas à lire si vous voulez de l’action pure et dure et un récit qui avance à la vitesse d’un coureur cycliste dopé, dans une descente de montagne. C’est un récit qui prend son temps : celui de planter ses décors, de nous montrer les mœurs de nos ancêtres, de présenter ses personnages et de les approfondir.



Malgré tout, dès la première ligne avalée, j’étais immergée dans mon récit et j’avais du mal à le lâcher, car c’était instructif, intéressant, bien écrit et malgré le fait que les dialogues sont courts et peu présent, je me suis attachée aux personnages et me suis gavée de cette histoire qui, si elle m’avait été présentée ainsi à l’école, m’aurais empêché de soupirer sans fin.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le chant du bison

Livre reçu en service presse.



Ce livre m’a donné envie pour deux raisons. La première est que je me suis aperçue que je lisais peu ou pas d’auteurs hispanophones, je me suis dit que je passais sûrement à côté de beaucoup de livres intéressants. La seconde: un roman préhistorique! A part la série des Enfants de la Terre de Jean M. Auel, qui date de très longtemps, je n’en connaissais aucun.



Le gros point fort de ce roman est qu’il s’appuie sur les dernières découvertes archéologiques et anthropologiques (et corrige donc au passage les nombreuses erreurs qu’avait faites Auel, qui s’appuyait sur les connaissances incomplètes qu’on avait du sujet dans les années 1980). Même s’il reste d’innombrables incertitudes et que toutes ces découvertes sont sujettes à interprétation de la part des scientifiques, ça permet à l’intrigue d’être relativement réaliste et crédible. Nos lointains ancêtres n’avaient probablement pas les préoccupations que leur attribue l’auteur, ou pas toutes, mais en tant que lecteurs et lectrices du 21e siècle, nous ne pourrions sans doute pas les appréhender de toute façon.



L’auteur prend le temps de développer précisément le quotidien de ses personnages, de la façon dont ils chassent (et pour le coup, là, c’était un peu trop précis pour moi) à celle dont ils se mettent (ou pas) en couple. Il y a de nombreuses notes de bas de pages qui citent les découvertes sur lesquelles il s’est appuyé pour tel ou tel aspect de son récit. Il y a également une carte en début de roman qui montre les sites archéologiques dont il parle et où se déroulent les évènements. A quelques reprises, l’auteur nous signale les rares occasions où il s’est laissé aller à des licences littéraires: pour le plaisir d’intégrer à son livre des éléments intéressants, il a ajouté à son récit des détails appartenant en fait à des époques antérieures ou postérieures à celle à laquelle vivent ses personnages.



On est avant tout dans un récit d’aventures à tendance survivaliste, les protagonistes devant affronter de nombreuses difficultés pour échapper aux divers dangers qui les menacent, que ce soient les nombreux prédateurs avec qui ils partagent leur environnement, le risque de famine ou la baisse de la natalité, pour ne citer que ces exemples. Dans l’ensemble, c’est assez palpitant, bien que parfois on ne sache pas trop s’il y a un véritable fil rouge ou si le roman est juste un prétexte pour instruire les lecteurs sur l’époque.



Il y a quelques points négatifs à souligner. J’ai trouvé la prise en main un peu difficile. La première cent-vingtaine de pages a failli me perdre. Malgré la présentation des personnages au début, j’ai souvent été perdue: les peuples ont plusieurs noms, tout comme les protagonistes, et on ne les désigne donc pas toujours sous le même. A un moment, le roman est devenu assez palpitant pour me faire dépasser ce stade, mais au départ c’était un peu compliqué de s’y retrouver.



Mais ce qui m’a vraiment ennuyée avec cette lecture, c’est la façon dont l’auteur traite le sujet du viol. J’ai eu l’impression qu’il nous disait qu’il n’y avait pas de quoi en faire un drame, ce qui m’a profondément dérangée. Le fait de situer son roman à l’époque préhistorique n’est pas une raison pour aborder ce sujet de façon si désinvolte. Surtout qu’il n’y a aucune preuve scientifique pour étayer cette vision des hommes préhistoriques. Pour vous donner un exemple: à une fillette qui subit des viols collectifs répétés, une autre femme explique que si elle se laissait faire sans se plaindre, ses agresseurs finiraient par se lasser. Pardon?!



Malheureusement, cet aspect a un peu gâché une lecture qui, pour le reste, était extrêmement intéressante et instructive. Je recommande si le sujet vous tente, mais sachez que certains points du récit sont très violents et peuvent heurter les personnes sensibles.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Le chant du bison

J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman.

J’ai aimé découvrir ces deux espèces humaines. J’ai quand même eu un petit faible avec l’une des deux.

Tout est bien documenté, les notes en bas de pages nous aident aussi à mieux comprendre. Nous avons aussi une carte pour voir le chemin parcouru par Chat-Huant.

On y voit la place des femmes dans les deux groupes, la place des hommes, des enfants et des personnes âgées ou handicapées.

On voit aussi le rapport que ces deux espèces avaient avec la nature et le respect qu’ils lui montrent.

Une très belle lecture que j'ai déjà conseillé à quelques personnes.

Si vous avez aimé "Les Enfants de la Terre", je pense que ce roman vous plaira tout autant.

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Le chant du bison

Avec ce premier roman, Antonio Pérez Henares nous plonge dans une épopée préhistorique époustouflante. Un véritable voyage dans le temps, au cœur d’une période historique que j’ai peu croisée en littérature. D’ailleurs, je ne me souviens pas d’avoir lu de livres abordant ce thème… J’étais donc plus que ravie de me plonger dans ce roman et de partir à la découverte de nos ancêtres !



Les premiers chapitres nous présentent les nombreux personnages, les clans existants, la colonie des Homos Sapiens vs les Néandertaliens, et ça fait pas mal de monde ! Il y a également beaucoup d’informations sur les coutumes, les pratiques et ce ne fut pas toujours évident de se souvenir de qui est qui, à quelle "espèce" ils appartiennent, à quel groupe et pourquoi ils agissent ainsi. Heureusement la note de début de roman listant les personnages principaux m’a bien aidée, j’y suis revenue assez souvent.



Puis le tout se met en place et l’on se familiarise avec l’époque et les personnages évoqués. De plus, le récit se concentre sur le destin de Chat-Huant et Terre d'Ombre, les deux protagonistes principaux, appartenant respectivement aux Homos Sapiens et Néandertaliens. Leur caractère s'affine et gagne en profondeur, ainsi que leur importance au sein de l’histoire. On s’attache à eux, dont le parcours, l'ascension au sein de leur tribu respective est impressionnant. Parallèlement, ils ont su transformer leur faiblesse en force, faisant de leurs différences de réels atouts et s’adapter à leur environnement en adoptant les comportements indispensables afin de se hisser au sommet.



Si on avait pu au début du roman, omettre qu’il s’agissait d’Hommes préhistoriques, la suite ne nous permet plus de douter. Le côté primitif et barbare est bien souligné autant dans les faits et gestes que le quotidien des clans. Entre querelles, accouplement (saillie), affrontement, cannibalisme/anthropophagie, rituels mortuaires morbides… Bref, moult comportements qui m’ont filé des frissons et m’ont légèrement dégoutée à leur lecture car on oublie presque, immergé que nous sommes dans ce récit, que ce sont des êtres “non civilisés”. Avec des croyances, des coutumes, des pratiques qui nous semblent obsolètes, désuètes et donc révolues.



Puis survient le premier affrontement cruel et révoltant entre les “Pattes Courtes" (Néandertaliens) et les “Peaux Sombres” (Homos Sapiens). Une confrontation qui ancre les différences, creuse les inégalités d’évolutions entre ces deux espèces ennemies et qui marque le (re)commencement de conflits enracinés et sanglants. Ces deux peuples ne peuvent coexister paisiblement, tant ils sont dissemblables et n’évoluent pas à la même vitesse.



J’ai aimé voyager aux côtés de Chat-Huant et de son maître, l'Errant, à travers des terres hostiles peuplées d’animaux dangereux et impressionnants. Suivre la quête de ces derniers et celle de Terre d'Ombre en parallèle. J'ai apprécié ce récit à deux niveaux qui ne s'inscrit pas dans le jugement en pointant du doigt l'une ou l'autre des espèces, bien que de manière naturelle, j'ai pris partie pour les Homos Sapiens, plus évolués et donc moins cruels dans leurs pratiques ancestrales…



Bref, ce fût une lecture dépaysante, romanesque, palpitante. Où de nombreux sentiments s'entremêlent au fil de l'action.



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Le clan des brumes

Je n’avais jusqu’alors jamais lu de fictions sur la préhistoire. Ni La guerre du feu, ni la saga des enfants de la terre de Jean M. Auel, ni même Rahan, c’est dire. Une grande première donc avec le début de cette trilogie écrite par Antonio Pérez Henares en 1999 et qui a connu un succès phénoménal en Espagne.

Œil perçant est un jeune chasseur talentueux dont le comportement heurte les traditions de son clan. Trop autonome, trop enclin à remettre en cause le fonctionnement de sa communauté, il se marginalise peu à peu, au point de devoir quitter les siens pour suivre les traces de son père et de sa mère mystérieusement disparus. Alors que la période paléolithique touche à sa fin et qu’elle va bientôt laisser la place à la révolution néolithique, les mutations sociétales en marche chez certains de ses congénères éblouissent le jeune homme. Agriculture, domestication des animaux, place de la femme, les évolutions sont aussi rapides qu’importantes et Œil perçant va à l’évidence avoir un rôle crucial à jouer dans cette période charnière de l’histoire de l’humanité.



Je ne sais pas à quel point le roman est documenté, à quel point il respecte les travaux historiques, archéologiques, voire sociologiques liés à l’époque qu’il met en scène, mais le réalisme est de mise et on a furieusement envie de croire à la véracité des scènes décrites et des interactions entre les protagonistes. La figure progressiste d’Œil Perçant permet de dénoncer des pratiques ancestrales devenant peu à peu inacceptables et montre un basculement vers une société davantage « civilisée ». La nature est également omniprésente, la rudesse des conditions de vie est soulignée avec maestria, tous les éléments du quotidien s’insèrent avec fluidité dans un récit qui, au-delà de son réalisme, se veut avant tout un roman d’aventure épique plein de souffle.


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Le chant du bison

Ce roman emmène le lecteur très loin dans le temps passé, il y a environ 30.000 ans avant notre ère, à l'époque-charnière qui correspond à la disparition de l'homme de Neandertal, l'Homo sapiens "moderne" restant désormais seul au monde, pour ce qui est de l'espèce humaine.

Antonio Pérez Henares place son intrigue romanesque dans les régions du Sud-Ouest de la France, du Nord-Ouest et du Centre de l'Espagne. A l'époque évoquée dans ce livre, ces deux espèces cohabitaient encore, leurs modes de vie étaient assez semblables, mais, ainsi que le suggère l'auteur, l'une de ces espèces, la plus ingénieuse, la mieux organisée, la plus agile physiquement, est parvenue à supplanter l'autre. En ces temps-là, la planète subissait une période glaciaire très marquée et, probablement, les rigueurs climatiques n'ont pas été étrangères à l'anéantissement le l'espèce la plus faible.

"Le chant du bison" est un ouvrage plaisant, dans lequel l'auteur met alternativement en scène des personnages appartenant à ces deux espèces, les "Peaux sombres" d'une part, les "Pattes courtes" d'autre part, ainsi désignées en raison de leurs spécificités physiques. De chapitre en chapitre, l'auteur fait revivre les Homo Sapiens et les Néandertaliens dans leurs cadres de vie, au sein de leurs clans, dans leurs vallées et leurs grottes, alors qu'ils devaient partager la Terre et ses ressources avec les nombreux animaux qui la peuplaient. La lutte pour la survie des uns et des autres dépendait alors de l'habileté à la chasse et de l'aptitude à se défendre. C'était une existence rude, "au jour le jour", simple dans sa conception, mais non dépourvue toutefois d'un certain art de vivre, symbolisé par les peintures rupestres retrouvées par la suite dans les grottes, et de religiosité, incarnée notamment par les chamans auxquels on conférait la capacité de communiquer avec les Esprits.

Au fil des millénaires, l'Homo Sapiens a développé ses connaissances, et, de ce fait, a adopté un mode de vie de plus en plus raffiné, mais dont la sophistication est devenue telle que cet homme-là pourrait avoir oublié l'essentiel. La lecture de cet ouvrage ne peut pas ne pas interroger sur l'avenir de l'Homo Sapiens " du XXIème siècle.
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Le chant du bison

Homo Sapiens et néandertaliens. Deux civilisations qui se sont succédées. Mais elles ont également coexisté... L’auteur nous embarque à la découverte des clans préhistoriques, que nous découvrons aux côtés de Chat Huant et de Terre d’Ombre.



J’ai eu un peu de mal au début du roman et j’étais un peu désorientée face à ces clans et à la plume assez rêche de l’auteur. Mais progressivement, le rythme et l’histoire s’accélèrent et m’ont emporté et j’ai, le temps de quelques pages, vécu et voyagé avec Chat Huant et Terre d’Ombre.



L’écriture simple et brute, sans fioritures, amplifie parfaitement la rudesse de l’époque et la dureté du quotidien. Caractère, coutume, organisation clanique, relations sociales, mode de vie, intempéries et adversité : l’immersion est totale, fascinante et dépaysante!
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Le chant du bison

C'est Rahan qui m'a transmis la passion pour la préhistoire :-)) Et un peu ma mère qui enseignait l'histoire et qui nous amenait visiter les grottes Niaux, Pech Merle (je crois) et d'autres encore. Bref, quand j'ai besoin d'un peu de nostalgie j'aime lire des histoires d'humains préhistoriques !
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Le chant du bison

Revêt ta pelisse, lecteur, celle en peau de bison, et emmène ta sagaie, on part pour un long voyage qui durera plusieurs lunes. Demande au chamane de prononcer les mots qui apaisent les esprits et à la gardienne de la déesse de faire les invocations d’usage : c’est un voyage sans retour, au cours duquel tu vas découvrir pourquoi l’Homme est un loup pour l’Homme.



Alors qu’Homo Sapiens et Neandertal se font encore face, Antonio Pérez Henares te propose un voyage initiatique au cœur de la dernière glaciation. Convoitises, rivalités, croyances et survie sont les préoccupations principales de ce roman passionnant parfaitement documenté. Plus encore, c’est un hymne à la vie et une ode à la féminité qui nous sont offerts dans ce récit immersif.



C’est aussi une odyssée palpitante qui prend des allures incantatoires et prophétiques par moments et qui te fera comprendre l’essence-même de ce qu’est être un homme, avec toute la complexité que cette définition entraîne, car méfie-toi des apparences, lecteur : après tout, l’homme des cavernes n’est-il pas un homme comme les autres ?

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Le chant du bison

La guerre du feu n'aura pas lieu.



Si on est un peu perdu lors de la première cinquantaine de pages (les peuples, clans, lieux... changent de noms suivant les points de vue, on met donc un peu de temps à tout raccrocher et situer), c'est une véritable plongée dans les conditions de vie de ces peuples préhistoriques à laquelle on assiste, dans un savant mélange de fiction et de documentation, d'hypothèses historiques fortes dues aux dernières découvertes archéologiques et de licences littéraires pour le bien du récit.



Les scènes de chasses, de peintures pariétales, la vie de camp et l'organisation des clans, leurs croyances et rites... Tout cela donne lieu à des scènes passionnantes, extrêmement visuelles.

Mais le cœur du récit tient en ses personnages : les mystères et les connaissances de l'Errant le rendent charismatique et on veut en savoir plus, l'évolution de Chat-Huant typique des récits initiatiques est intéressante et réussie, Terre d'Ombre dans un parcours comme le négatif de celui de Chat-Huant, on pressent une rencontre, une rivalité à distance sans qu'ils se connaissent, quelque chose de presque prophétique, amenant à quelque chose qu'on aurait aimé ne pas se faire spoiler par le résumé alors que ces événements n'arrivent au final qu'à la fin ; et les personnages (notamment féminins) qui gravitent autour, alors que tous essaient de survivre.

Survivre face aux éléments redoutables (les terribles lunes de glace de plus en plus longues et rudes) et à une nature souvent hostile et dangereuse, possiblement mortelle, mais parfois aussi salvatrice. Là encore les scènes sont cinématographiques.



En revanche l'écriture est froide, sans émotions. Dur du coup de s'attacher aux personnages, de trembler et vibrer avec eux, de ressentir le récit et de s'y immerger complètement. Avec une écriture à la hauteur de l'histoire, on aurait pu avoir un excellent roman.



Enfin, les notes de bas de pages nombreuses coupent malheureusement complètement la narration. Si il est intéressant de voir quand l'auteur se base sur de réelles découvertes, sur des lieux espagnols ou français réels, et de savoir quand l'auteur se permet au contraire des licences littéraires, il aurait été peut-être plus pertinent pour moi de les mettre en annexe et d'en profiter pour les développer et approfondir plus, ça aurait fait un à-côté sans doute passionnant au récit.
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Le chant du bison

Un énorme coup de cœur pour ce livre qui nous révèle les mystères de la disparition des néandertaliens au profit d’Homo sapiens. Je me suis laissé prendre par le récit imaginé par l’auteur. Un récit fabuleux sur les traces de deux espèces humaines qui ont foulé la terre en même temps, l’une d’entre elle a disparu et le scénario de l’auteur a dépassé toutes mes espérances. J’avais déjà beaucoup aimé la saga des Enfants de la terre de Jean Auel ou encore le film de La guerre du feu de Jean-Jacques Annaud, mais ici le récit est grandement soutenu par les recherches avancées de l’auteur. Les lieux choisi ont leur importance puisque la carte en début de livre nous permet de suivre attentivement le parcours de l’Errant et de son jeune disciple Chat-Huant entre Espagne du Nord et France du Sud. On a retrouvé tant de grottes, d’ossements, de peintures rupestres et grâce aux techniques de datation qu’avec tous ces éléments l’auteur a su tisser un récit qui, s’il est parfois adapté reste particulièrement crédible. Au delà du côté préhistorique qui est en soi passionnant, on découvre des personnages attachants dans les deux camps, qu’ils fassent partie des Premiers Hommes (Néandertaliens) ou des Peaux Sombres (homo sapiens). J’ai découvert avec grand intérêt les techniques de survie des uns et des autres lorsque l’hiver (les lunes de glaces) arrive et que les grands froids sont synonymes de famine et de mort. On a même le droit a quelques notes de romance mais c’est bien le statut de la femme qui est magnifié en tant que Déesse mère, on en apprend un peu plus sur les Guérisseuses, les chamans et la conscience de l’importance de la reproduction pour la survie de l’espèce. Ce livre plaira aux paléoanthropologues autant qu’aux novices. Un roman historique qui nous donne à réfléchir sur les débuts de l’humanité alors que la planète était vierge de toutes les dégradations que les humains lui ont fait subir depuis. A lire en prévoyant une visite de Lascaux où de Tautavel, ce ne sont pas les grottes qui manquent en France, à nous de les redécouvrir en attendant de pouvoir visiter les sites paléontologiques espagnols cités. Si d’aventure, l’éditeur prévoyait de traduire la trilogie préhistorique, Nublares, Le fils du héron et le dernier chasseur, de l’auteur, je serai comblée. Bonne lecture.




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Le chant du bison

Quand Le Chant du Bison se fait entendre sous la plume d’Antonio Perez Henares, il captive et t’emporte avec lui dans une préhistoire plus vivante que jamais

C’est le roman le plus déroutant qu’il m’ait été donné de lire. Captivant, passionnant, totalement enthousiasmant, il fait revivre la préhistoire comme vous ne l’avez jamais vue. Oubliez les fresques mornes et les squelettes des hommes des cavernes. Antonio Pérez Henares leur insuffle la vie, la passion, les émotions. Ils se mettent en mouvement sous nos yeux et nous partons avec eux sur un périple de près de 600 pages. Impossible à lâcher. Lu en moins de 48 heures. C’est désarçonnant d’intérêt, de précision. Les notes en bas de pages confirment aux plus curieux les sources et l’origine des informations intégrées au roman. Car c’est avant tout un roman. L’histoire d’un garçon qui deviendra un homme sur les chemins de la vie. Ce livre est un bijou. Je n’imaginais pas y trouver autant d’intérêt, de savoir, de plaisir et d’évasion. Chapeau !
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Le chant du bison

L’histoire de deux adolescents des cavernes qui se frayent leurs chemins dans les âges préhistoriques.



J’étais très enthousiaste à l’idée de retrouver l’ambiance de la « Guerre du feu », version remastérisée. Malheureusement, il y a beaucoup de longueurs dans la première partie. Après un début plutôt prometteur, l’histoire s’enlise dans un éternel recommencement : on traque, on chasse, on voyage, on peint sur des parois, on traque, on chasse, on voyage, on peint sur, etc... C’est extrêmement bien documenté, mais justement, on a l’impression de regarder un documentaire interminable sur Arte, dans ses mauvais jours.

Bref, si j’osais, je dirais qu’à ce moment-là le titre aurait pu être « le chiant du bison »...



Et puis, vers le milieu du livre, se produisent enfin des évènements nouveaux, de l’action, des affrontements, du mystère. Parvenu à ce point, le récit vous happe et ne vous lâche plus jusqu’à la fin. J’étais emballé par le dépaysement total, l’originalité évidente du sujet, les personnages auxquels on arrive à s’attacher malgré les 40 000 années qui nous séparent.



Question écriture, c’est globalement fluide, quoique dénué de formules littéraires ou d’aphorismes. Il y a cependant quelquefois le petit mot de trop, l’expression qui fait trébucher la phrase alors qu’elle était en train de prendre son envol. En littérature, le trop est souvent l’ennemi du bien.



Ah, un dernier détail, pour les âmes sensibles : c’est parfois un peu cru… Normal, me direz-vous, pour des cannibales occasionnels. Mais pour une fois c’est complètement justifié, à la différence de certains polars qui insistent inutilement sur la violence pour le seul plaisir de nous faire frissonner.



Au final, je reste quand même plutôt sur l’impression agréable des trois cents dernières pages, et ne regrette pas d’avoir su résister au long ventre mou de la première moitié.



Alors : plutôt l’attachant du bison ?


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Le chant du bison

Quand les Homo Sapiens rencontrent les Néandertals...



L'auteur nous fait voyager dans le Nord de l'Espagne et dans le Sud Ouest de la France, de grotte en grotte, en suivant les pérégrinations d'un personnage énigmatique dénommé l'Errant. Il met en scène une vie quotidienne hypotéthique faite de chasse (nombreuses scènes et stratégies présentées, peut s'avérer lassant par moment), de rites religieux et chamaniques (dont il fait l'origine de l'art pariétal, suivant l'hypothèse de Jean Clottes), le tout étant toujours tourné vers la survie et le développement du clan.

J'ai trouvé très intéressant de voir le degré déjà élevé de maîtrise et d'utilisation de l'environnement (traitement des peaux, plantes pour soigner etc.)



On peut aussi comparer les particularités des Homo Sapiens et celles des Néandertals (outils, techniques etc.) du fait que ces régions à cette époque accueillent les deux populations et que notre auteur les fait se cotoyer et se rencontrer... de façon peu amène.

En effet, pour pallier la baisse de fécondité de ses femmes (hypothèse actuelle sur la cause de sa disparition), Néandertal cherche à s'emparer de celles d'homo sapiens (j'ai eu l'impression de retrouver l'enlèvement des Sabines fomenté par Romulus à la fondation de Rome...).



Tout ça est mené en suivant plus particulièrement deux jeunes garçons au départ isolés chacun dans leur clan pour des raisons particulières, et l'on assiste à leur trajectoire, incarnant ce qui fait la valeur d'un homme.

Intéressant mais assez traditionnel.



Un gros bémol : j'ai été extrêmement gênée et, je l'avoue, franchement agacée, par l'image donnée de la femme, qui aurait déjà été bobonne aux fourneaux, cueilleuse uniquement, reproductrice et nourrice, infirmière, attendant sagement au coin du feu que son homme rentre de la chasse ou de toute autre expédition dangereuse. L'ensemble de l'oeuvre semble très bien documentée, mais il apparaît que les dernières recherches sur les femmes préhistoriques sont presque inconnues de l'auteur. En effet, on trouve la mention d'une jeune fille sachant lancer la sagaie (mais sans préciser si c'est une pratique commune et sans qu'elle participe jamais à une chasse) et d'une autre jeune fille assistante peintre (présentée de manière à laisser penser que c'est tout à fait exceptionnel). Pourtant, aucune trouvaille archéologique n'atteste cet état de fait (pour ma part, j'y ai surtout vu la reproduction de la société sexiste et machiste que l'on connaît bien), et au contraire, des découvertes récentes attestent que des femmes - plusieurs, pas une ici ou là - participaient à la chasse (squelettes féminins avec un bras surdéveloppé, comme les hommes) et participaient à des peintures rupestres (les petites mains vues au départ - par les hommes archéologues - comme des mains d'adolescents, mâles donc). Pour en savoir plus, on peut lire par exemple "l'homme préhistorique est aussi une femme" de Marylène Patou-Mathys (thème traité dans la deuxième partie, le reste abordant plus largement, dans les sciences notamment, "une histoire de l'invisibilité des femmes" comme l'indique le sous-titre).

Ce qui me gêne c'est que, ce livre étant très récent, le lecteur peut penser qu'il est à la pointe des recherches alors qu'il continue, sur ce point, à véhiculer une image forgée par les pères de la discipline à une époque où le code civil napoléonien imprégnait toutes les fibres de la société.

Que puissent se poursuivre les analyses ADN aidant à éclaircir ce sujet - découverte là aussi pour laquelle on a mis beaucoup de temps à admettre la contribution essentielle d'une femme, Rosalind Franklin.

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