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Critiques de Aravind Adiga (143)
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Le tigre blanc

Ces vacances, je suis partie en Inde, chez Balram Halwai, et je peux vous certifier que ce n’était pas du tout un lieu pour touristes !



En fait, je suis restée dans mon fauteuil à lire « Le tigre blanc », mais ce voyage littéraire m’a plongée d’un coup dans une Inde faite de « Ténèbres » et de « Lumière » (dixit le narrateur), celle des pauvres, encaqués dans une situation sans issue, une « Cage à poules », et celle des riches, des politiciens et des policiers, tous ceux-ci corrompus, sans scrupules et dont les pots-de-vin permettent d’avancer.



Et me voilà enfoncée jusqu’au cou avec le narrateur...Va-t-il s’en sortir ? Va-t-il m’en sortir ? Oui ! Et il le fait avec brio, cynisme et ironie.

Tout ceci est conté au travers de 8 lettres adressées au premier ministre chinois qui va se rendre en Inde. Ces huit lettres sont le prétexte à faire connaitre ce pays mystérieux et si étranger à notre culture.



On l’appelait « Munna », c’est-à-dire : « Garçon »...C’est vous dire ! Il n’avait pas de prénom ! C’est son instituteur qui a décidé de le prénommer « Balram ».

Son père était conducteur de rickshaw, ces espèces de poussettes pour adultes tirées par un pauvre hère tout maigre et tout suant : « Je vous engage à les observer de vos propres yeux. Les rickshaws ne sont pas autorisés dans les quartiers huppés de Delhi, où les étrangers risqueraient de les voir et de s’étonner. Insistez pour vous rendre à Old Delhi. Là, les rues en sont pleines. Vous verrez ces hommes, minces comme des baguettes, penchés sur le guidon de leur bicyclette, pédalant pour tirer un chariot qui croule sous une pyramide de chair bourgeoise : un gros type avec sa grosse épouse et leurs gros sacs de shopping. »

« Munna » est spécial, il est intelligent, rusé et (presque) sans scrupules. Son instituteur (qui ne l’a connu que très peu de temps) le surnommait « Le tigre blanc », car il n’en parait qu’un sur toute une génération. Il veut s’en sortir, lui. Il n’accepte pas la situation sans issue du pauvre, qui n’a qu’à subir, se taire et se courber, prisonnier de la « Cage à poules ». Mais qu’est-ce que cette Cage à poules, me direz-vous ? C’est la métaphore bien choisie du système : les pauvres ne peuvent se rebeller sinon les riches se vengent sur leur famille et leur font subir les pires sévices. Donc, pas d’espoir. Accepte ta condition sinon ceux que tu aimes paieront le prix fort.

Et tant pis pour la famille de Balram ! Grâce à sa débrouillardise, sa roublardise et son tact, grâce aussi à un meurtre (dont il s’accuse et se glorifie dès le début), il gravit les échelons de la société de castes.



« Une révolution indienne ?

Non, monsieur. Cela n’arrivera pas. Les habitants de ce pays attendent toujours que la guerre de libération vienne d’ailleurs. Cela n’arrivera pas. Chaque homme doit accomplir son propre pèlerinage de libération.

Le livre de ta révolution est dans tes tripes, jeune Indien. Chie-le, et lis. »



Un livre fort, interpellant, drôle, immoral, sarcastique, diabolique...

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Le tigre blanc

Un livre pas inintéressant, mais pas non plus renversant... et certainement trop amoral et absurde pour la grande psychorigide que je suis !



Pas inintéressant d'abord, par le portrait hyper-réaliste de l'Inde d'aujourd'hui, tiraillée entre 'les ténèbres', celles des pauvres, ravalés au rang de sous-hommes et d'esclaves, et 'la lumière', celle des riches et des puissants, qui entretiennent bien souvent leur statut à coup de corruption et de menace. Au début, j'ai retrouvé l'Inde romancée de Shantaram lu il y a peu, avec le jeune dadais naïf et optimiste ou le spectacle pittoresque des rues... pas bien longtemps toutefois, car ce livre montre plutôt l'envers du décor dans des descriptions souvent ironiques mais toujours corrosives.



Amoral ensuite, parce qu'on n'est pas dans un livre manichéen et donneur de leçons avec les puissants méchants et les faibles gentils. Bien au contraire. Ici, tout le monde est méchant, ou le devient, à force d'injustice, de convoitise, d'humiliations, de tentation ou juste par habitude, tradition familiale ou faiblesse de caractère... Même le héros Balram que son maître d'école appelait 'tigre blanc' pour son intelligence et sa bonté aussi rares que cet animal dans la nature, et qui devient progressivement un simple tigre, prêt à tout pour survivre dans la jungle.



Pas renversant et un peu absurde, enfin, parce que le principe des lettres écrites par Balram au premier ministre chinois en visite m'a semblé tout à fait inutile et plutôt lourd : à chaque nouvelle lettre, on doit se farcir 3 pages de politesses et d'introduction sur les entrepreneurs indiens, qui cassent le rythme de la narration et n'apportent pas grand chose à l'histoire.



Bref, un tigre blanc qui se vante beaucoup de ses rugissements, mais ne rugit pas autrement que tous les autres, et une lecture en demi-teinte pour moi.
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Le tigre blanc

« Or, notre nation [l’Inde], bien que dépourvue d’eau potable, d’électricité, de système d’évacuation des eaux usées, de transports publics, d’hygiène, de discipline, de courtoisie et de ponctualité, possède des entrepreneurs. Des milliers et des milliers d’entrepreneurs. » (p. 15) Et c’est dans l’histoire de l’un de ces entrepreneurs que nous plonge l’auteur indien Aravind Adiga.



Le Tigre blanc décrit un univers miséreux. La corruption règne partout, la violence aussi, les élections sont truquées, le système des castes a été aboli il y a longtemps mais il en reste des vestiges. Tout comme ces millions de dieux. Tu ne veux pas rester un laissé-pour-compte toute ta vie ? Tu recherches un emploi bien rémunéré ? Il faut graisser la patte de quelqu’un. C’est sombre, glauque, mais hyper-réaliste. De telles lectures me rappellent constamment combien je suis chanceux d’être né au Canada.



Dans tous les cas, ce portrait sombre de la société indienne, il ne m’a pas enlevé le goût de continuer à lire. C’est probablement à cause du narrateur, Balram Halwai, un de ces entrepreneurs de ma citation d’entrée en matière. Il est tellement sympathique, drôle, débrouillard, rusé, révérencieux et irrévérencieux à la fois. Et, surtout, il jette un regard lucide et critique (et un peu édulcoré à l’occasion) sur sa société. Toutefois, malgré la pauvreté et la misère, il fait comme beaucoup de ces Indiens n’abandonnent pas et l’ascension sociale est possible… à condition de s’y donner corps et âme. Et ce prix est parfois élevé.



Ce Balram avait interrompu ses études et s’était trouvé un emploi de chauffeur chez M. Ashok. Aux premiers abords, il me semblaient un garçon sympathique, peut-être un peu menteur mais, dans un univers où un mensonge peut faire la différence entre la vie et la mort, qui suis-je pour juger. Le lecteur apprend assez tôt qu’il est recherché pour vol et pour meurtre mais j’arrive difficilement à y croire. Il s’agit sans doute d’une erreur. La corruption règne partout, vous vous rappelez ?



Le Tigre blanc n’est pas le genre de livres que j’affectionne particulièrement, sans doute à cause de ce style cru. La laideur du monde existe, je le sais, je le vois aux nouvelles alors je n’ai pas besoin de lire beaucoup à ce sujet pendant mes temps libres. Mais, à l’occasion, je m’y lance. Et ce roman n’est pas que sombre. J’y ai trouvé de l’humour, des personnages attachants (sinon drôles), prêts à tout pour améliorer leur sort. Vraiment tout !



Enfin et surtout, les dernières lignes m’ont surpris. Un pareil revirement, que je ne vous dévoilerai pas, m’a forcé à jeter un regard nouveau sur toute l’histoire. Je ne m’attendais pas à ce que ce roman, que je commençais à trouver long, se termine ainsi ni qu’il me réserve de pareilles surprises. Je me dis que, peut-être, j’ai négligé des indices me permettant de la voir venir. Mais tant pis. C’était génial et ça m’a amené à réviser (un peu) à la hausse la note que je comptais attribuer au livre.
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Le tigre blanc

C'est le premier roman d'un auteur indien.On est tout de suite pris par l'histoire-confession, d'une ironie mordante, du narrateur.



Le livre montre bien la complexité de l'Inde ,partagée entre la modernité ,les hautes technologies et les traditions qui pèsent comme un fardeau. Mon mari y est allé pour des raisons professionnelles et a été marqué par les contrastes de ce pays déconcertant. le grand écart entre les nantis et les intouchables est impressionnant.



A travers l'ascension ( ou ne serait-ce pas plutôt une chute ?) d'un pauvre chauffeur de taxi devenu directeur d'un business de taxis à Bangalore, après avoir commis plusieurs forfaits que je vous laisse découvrir, nous voyons défiler et s'incruster en nous les images ambivalentes de l'Inde : envoûtante et sale, colorée et kitsch, fiévreuse et mortifère, un mélange de légendes , de spiritualité et de réalité crue et poussiéreuse.



Les injustices sociales criantes sont montrées du doigt mais toujours avec un détachement qui les rend plus horribles encore.Mais toujours avec ce sourire permanent des indiens, fatalistes, qui se contentent du peu qu'ils ont ...



Un livre fort, au ton décalé , offrant ,de l'intérieur, une vue saisissante de l'Inde, pays qui reste mystérieux et déroutant à nos yeux d'occidentaux ...
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Le tigre blanc

Balram, indien de vingt-cinq ans, écrit au premier ministre chinois qui vient en visite dans son pays.



Dans sa lettre, il lui raconte comment il a abandonné ses études après une enfance misérable pour devenir le chauffeur d’un nouveau riche paternaliste et plutôt sympathique. Travail qui lui a donné des envies d’ascension sociale qui l’ont conduit à assassiner son patron. Alors qu’il est entrepreneur à Bangalore, pour son correspondant, il analyse cyniquement les raisons de son crime, lui montrant les aspects peu reluisants de la démocratie indienne et de son expansion économique. Selon lui, l’immense fossé qui sépare les riches des pauvres, la survivance des castes et la corruption à tous les niveaux justifient son geste pour sortir de la servitude imposée par des exploiteurs sans scrupules.



Avec ce roman, Aravind Adiga fait une critique féroce de la société indienne contemporaine. Le choix de l’interlocuteur chinois n’est évidemment pas innocent. Comme la Chine, l’Inde est un pays émergent qui est confronté au manque de régulation d’un capitalisme sans contre pouvoir. Dans la charge de l’auteur, on comprend qu’il prône la révolution pour faire évoluer les rapports de force, position peut-être excessive mais qui montre l’urgence à se réformer pour la plus grande démocratie du monde. Un très bon premier roman, amoral et cynique, qui met en scène l’Inde capitaliste.

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Le tigre blanc

Le Tigre Blanc est le surnom de Balram, dont la confession adressée au premier ministre chinois (qui visite l'Inde pour prendre exemple sur la réussite de ses entrepreneurs), va dérouler la vie de cet anti-héros cynique et malin, depuis son village natal sur les bords sordides du Gange, jusqu'à Bangalore, la silicon valley locale. Il va dévoiler au dirigeant chinois les dessous de la réussite économique de l'Inde. Ils tiennent en deux mots : soumission et corruption. le système des castes fabrique des employés corvéables à merci, résignés à vivre misérablement et reconnaissants des moindres privilèges qui leur échoient, blattes des taudis de fonction comprises. Les bien nés arrosent la police et les hommes politiques et font régner la terreur chez leurs serviteurs dont la famille peut être torturée s'ils ont le malheur de regimber. Mais plus que la terreur, c'est la familiarité qui est la clé du système : le bon serviteur masse les pieds de son maître, accepte de se dénoncer à la police pour éviter à sa maîtresse d'aller en prison, et, en chauffeur attentionné, choisit une musique romantique quand il sent approcher la scène de ménage. Mais, lorsqu'un maître s'avise d'être une belle âme et veut concilier les valeurs occidentales d'égalité et l'absolue soumission à laquelle il est habitué, il ouvre les portes de la révolte à celui qui ne peut être Rastignac (le plafond de verre est au niveau de la cave), pas même Vautrin (ou alors seulement celui qui se cache, sans jamais atteindre la respectabilité du repenti pardonné) et qui ne peut être que Nat Turner.

Balram Halwai a gagné son surnom car sa volonté de s'élever est aussi rare que l'est un tigre blanc : autant dire que s'il parvient à passer de l'Inde des maigres à celle des gros, c'est en clandestin solitaire, appliquant les seules recettes qui vaillent, celles de ses anciens maîtres, et sans illusion sur sa fin programmée.

Écrit par un journaliste, ce roman sarcastique, cruel et amoral se moque de toute bien-pensance: les damnés de la Terre et les riches qui les insultent forment une ronde échevelée, menés par le même désir fou et désespérant de ne jamais rien changer.
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Le tigre blanc

Vision cynique et féroce d’une Inde désenchantée



Le Tigre blanc, ainsi surnommé par son instituteur pour ses capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, est un petit garçon, Balram, dont la famille subit les oppressions continuelles des grands propriétaires de sa région.

D’abord garçon à tout faire dans une échoppe à thé, il parviendra à apprendre à conduire et à devenir chauffeur de maître, un statut dont sa famille n’aurait jamais osé rêver… Mais Balram est assez intelligent pour percevoir le fonctionnement de la société indienne et son injustice criante, et il décidera d’inverser l’ordre des choses, de devenir un maître, lui aussi…



Son histoire, celle de tout un peuple tiraillé entre les sirènes de la croissance, l’avidité de la classe dominante et le drame de la pauvreté, Balram la raconte dans une lettre au Premier ministre chinois qui doit venir visiter Bangalore.

Dans une diatribe cynique et violente contre son pays dont il n’hésite pas à décrire les côtés les moins reluisants, Aravind Adiga attire l’attention sur la corruption qui règne en maître sur le sous-continent, le fonctionnement aberrant d’un pays à deux vitesses où une partie de la population est encore maintenue à l’état d’esclave et traitée comme des sous-hommes, mais aussi le coté fondamentalement individualiste des indiens.



A n’en pas doute, l’auteur espère attirer l’attention internationale sur ce qui se passe dans son pays ; il aurait en effet déclaré que les critiques d'écrivains omme Flaubert, Balzac et Dickens ont beaucoup contribué à améliorer l'état de la société en Angleterre et en France au XIXe siècle…



Si je n’ai pas outre mesure apprécié le procédé narratif, j’ai cependant été passionnée par cette description sans concession d’un pays en pleine mutation dont nous, occidentaux, sommes abreuvés de clichés exotiques et bollywoodiens.

UN ACTE D’ACCUSATION PASSIONNANT CONTRE LA POLITIQUE INDIENNE CONTEMPORAINE.

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Le tigre blanc

« Mon seul but était d’avoir la chance d’être un homme : pour cela, un seul crime suffisait ». Cette phrase, tirée du livre, résume à elle seule le personnage central du roman.

Balram Halwai écrit des lettres au premier ministre chinois, bientôt en visite dans son pays, l’Inde. Il dénonce les inégalités sociales, la corruption politique, la violence, l’importance des pressions familiales et les conditions de vie exécrables des classes inférieures. Il lui raconte également, comment, pour devenir libre, il a commis l’irréparable.

Issu d’une caste pas très élevée, travaillant comme chauffeur/serviteur pour une famille riche, il compare sa situation et celle de ses pairs à des cages à poules. Chacun est encaqué dans un système étroit, fruit de plusieurs générations, qui a pour conséquence que la servitude fait partie d’eux et que personne ne pense à se révolter.

La vie des castes inférieures est, pour beaucoup, une existence au service des plus riches. Esclaves de leur maître et de leur famille, il ne leur reste que la fatalité pour s’en sortir. Une fatalité que refuse le héros du livre. Balram sent que son destin est ailleurs et qu’il peut sortir de sa « cage à poule » même si le prix de sa liberté sera très cher. Dès le début, nous savons que la police le recherche comme criminel et la lettre qu’il adresse au ministre chinois est un plaidoyer pour prouver que son crime était nécessaire. Balram ne dégage aucune sympathie mais j’ai suivi avec empressement son parcours. J’avais besoin de connaître ses raisons, de savoir pourquoi il en était arrivé là. Son immoralité touche et sans l’excuser, j’ai eu du mal à le juger.

Nous découvrons un pays loin des stéréotypes et de l’image mystérieuse qui l’entourent. Rien n’est enjolivé, c’est la réalité crue et sans complaisance. Ce roman magistral est, je pense, incontournable pour comprendre l’Inde d’aujourd’hui.
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Le tigre blanc

Balram vient des Ténèbres, d'une caste inférieure en Inde au destin tout tracé d'esclave des riches. Il devient chauffeur pour des Propriétaires et se dévoue corps et âmes à leurs besoins, jusqu'à ce que la triste réalité de sa condition et de l'inégalité pesante qui règne dans le pays le frappe. Balram raconte alors son histoire et l'histoire de son pays dans une lettre adressée au premier ministre chinois qui doit faire une visite...



Sous un prétexte épistolaire, Aravind Adiga décrit l'Inde avec un regard acerbe et réaliste : une Inde à deux vitesses, aux traditions de castes ancestrales mais déconnectées du monde et esclavagistes ; une Inde aux deux senteurs, celles des épices magiques qui font rêver et de la puanteur du Gange pollué et des excréments laissés aux abords des centres commerciaux rutilants ; une Inde corrompue dans toutes ses sphères qui méprise l'humain au profit de l'argent.

Aravind Adiga dresse un portrait anti-touristique, mais un portrait qu'il veut fidèle, loin des idéaux que l'on peut se faire chez les Occidentaux. Son personnage principal est fictif, mais ô combien plausible. Le constat est rude mais cash, il ne dissimule pas son pays derrière des écrans de fumée ou les photos hyper colorisées d'un Taj Mahal sous le soleil couchant. Il y a bien deux types de photos à prendre en Inde. Et finalement, Aravind Adiga ne fait que décrire les réalités de son pays, chose que de nombreux auteurs pourraient faire pour leur propre pays, la France ayant elle-même ses deux types de photographies à offrir au monde.

L'histoire de Balram est intéressante. La narration n'est pas florissante, mais on lit plus ce genre de livre pour leur côté découverte/dénonciation que pour la qualité littéraire (qui n'est toutefois pas à jeter à la poubelle non plus, il faut le préciser). Cette lecture est tout à fait révélatrice et peut-être choc pour qui idéalise ce royaume lointain. Surtout après la lecture d'un roman de Chitra Banerjee Divakaruni, qui, elle, nous offre beaucoup plus cette vision occidentale magique, colorée et épicée de l'Inde. Après ça, Adiga vient presque te gifler pour te ramener dans la réalité... C'est certainement ça qui lui a valu le Booker Prize quand ce roman est sorti.

La fin est quant à elle tout aussi révélatrice que le reste, avec un Balram qui veut sa part du gâteau, mais qui pour cela a dû jouer au même jeu que les riches et, surtout, renoncer aux principes humains mêmes de la famille. Si le début du roman tourne un peu en rond, l'avancée dans le récit apporte toutes ces descriptions terribles des conditions de vie ou traditions qui emmurent tout un chacun dans des carcans divers et variés (politiques, familiaux, traditionnels, économiques, etc.), avant de mener à cette fin tout aussi emblématique. Au final, ça donne un récit bien construit qui demande un petit temps d'adaptation. C'est peut-être pas le roman de l'année, mais c'est le roman qui te ramène à la raison quant à tes idées sur l'Inde.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le tigre blanc

Dans Le tigre blanc, Balram Halwai raconte son histoire sous la forme de lettres qu’il adresse au Premier ministre chinois, bientôt en visite à Bangalore. Balram décrit son enfance misérable dans une famille de "base caste" où il lutte avec acharnement pour réaliser son rêve : passer de "l’Inde des ténèbres" à " l’Inde des lumières ". Persévérant en même temps que l’un des hommes les plus instruits du village, il réussira à obtenir une place de chauffeur auprès de l’un des nouveaux riches de l’Inde moderne. Mais Balram veut plus, il veut s’enfuir de la cage dans laquelle il est né. Il ne veut plus faire partie de la caste des serviteurs.



Avec ce premier livre, Aravind Adiga se démarque de la littérature indienne qu’on pourrait qualifier "d’exotique" et se place dès le départ dans une démarche très réaliste.



Ce roman, loin des sentiers battus et du mirage du miracle économique indien, est un texte détonnant, une confession crue et amorale qui nous parle d’un pays corrompu où la population, pour s’élever se bat parfois au prix de l’innommable.



Un livre fort et sans concessions qui dénonce l'Inde à deux vitesses, un monde cruel et surprenant qu'Aravind Adiga nous fait découvrir et tout cela avec une bonne dose d'humour, ce qui rend le récit très agréable. On ne s'ennuie pas une minute, partagés entre stupeur et indignation !



Le tigre blanc se lit d’une traite et ne laissera personne indifférent.



A obtenu The Booker Prize 2008, le prix littéraire le plus côté outre-Manche, qui récompense un livre écrit en anglais par un auteur du Commonwealth, de l’Irlande, de l’Afrique du Sud ou du Pakistan.

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Le tigre blanc

Le tigre blanc c'est Balram Halwai remarqué par son instituteur pour son intelligence.

Balram Halwai qui signifie: Fabricant de sucreries appartient à la caste habitant les Ténébres où règne la loi de la jungle. Il est condamné à vivre en esclave.

": Grâce à tous les politiciens de Delhi,le 15 août 1947- jour du départ des Anglais- les Cages furent ouvertes. Les animaux s'entr'attaquèrent et se dépecèrent, et la loi de la jungle remplaça celle du zoo. Les plus féroces,les plus affamés dévorèrent les autres et prirent du ventre....Le père de mon père hérita de la pâtisserie, un membre d'une autre caste la lui vola à l'aide d'un policier....

Mon père tomba si bas qu'il devint conducteur de rickshaw. Voilà pourquoi j'ai été spolié de mon destin....En résumé, il y avait autrefois mille castes et destins en Inde. De nos jours, il ne reste que deux castes:

Les Gros Ventres et les ventres creux.

Et deux destins : manger ou être mangé."

Le ton est donné et j'avoue avoir hésité à écrire après la lecture de cet ouvrage très différent des autres livre lus à propos de l'Inde.

C'est un roman acide, acéré,acerbe.

L'auteur dénonce avec une grande force dans ses détails les plus sordides la Corruption qui entrave et encrasse les moindres rouages de la "plus grande démocratie du monde", tant dans la vie des plus misérables, dans l'Inde rurale , celle des" Ténébres""que dans celle des riches et des plus puissants dans les cités de l'Inde dite moderne, "la lumière".

Du point de vue du narrateur l'Inde n'a de démocratique que le nom, les élections sont une "joyeuse farce".

Mêlant confession et accusation le réquisitoire est accablant, le jugement est sans appel: le pessimisme amer, souvent rageur de l'auteur donne au roman la tonalité du désespoir:"99%des Indiens sont emprisonnés dans la Cage à poules, comme leurs malheureux camarades à plumes du marché aux volailles."

"Un: pourquoi la Cage à poules fonctionne - t-elle?"

"Comment parvient -elle à enfermer aussi efficacement des millions d'hommes et de femmes?...."

"Un homme peut - il s'évader de la Cage?...."

La réalité quotidienne, sociale, économique est fondée sur la relation généralisée de domination -soumission, porteuse d'hypocrisie, de sournoiserie et d'ambiguïté.

Dans ce contexte comment Balram va t-il sortir des ténèbres?



Comment peut-il exister?

Par le meurtre du maître et la disparition de sa propre identité?

En utilisant des procédés douteux?

C'est un roman noir sous forme de huit lettres adressées au premier ministre chinois, un conte déstabilisant et cruel où l'on ne peut réussir dans l'Inde d'aujourd'hui sans cette cruauté définie comme une des clés de la réussite?

Cet ouvrage provoquant et choquant comme un coup de poing nous pose la question: Comment se rendre capable du pire pour réussir à sortir de sa condition?

Il y a un côté amoral très gênant...







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Le tigre blanc

Apprenant que le premier ministre chinois va venir à Bengalore, Balram décide de lui écrire pour lui présenter sous un jour plus authentique que la propagande officielle de son pays corrompu.

Pendant sept nuits, Balram raconte l'Inde et se raconte lui-même ; comment il est sorti des Ténèbres pour devenir riche, et comment il est devenu un criminel recherché et pourtant introuvable dans son pays.

A travers ses lettres, c'est un portrait sans concession de l'Inde contemporaine que nous livre Balram, mais sous l'ironie pointe souvent l'affection pour ce pays qu'il compare à une gigantesque cage à poule dont personne ne tente de s'échapper. Il nous montre ainsi un pays de contrastes, entre les Ténèbres et la Lumière, la richesse et la pauvreté, les maîtres et leurs serviteurs, les villes traditionnelles et celles dont les immeubles de verre vivent à l'heure américaine. Certainement une très bonne approche, par la fiction, des enjeux et de la situation de l'Inde des années 2000.

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Amnistie

Un coup de poing à l'estomac dont l'impact se diffuse en cercles concentriques, les mêmes que ceux qui ornent cette couverture hypnotique. C'est insidieux, progressif, ça avance au rythme des minutes d'une journée interminable. Il y a un piège, celui de l'injustice et une course dont les dés sont pipés. Il y a la lumière à laquelle certains ont droit et l'ombre, seul refuge des invisibles. Danny fait partie de la deuxième catégorie. Cela fait quatre ans qu'il vit à Sydney dans l'illégalité la plus totale. Il a fui le Sri Lanka pour l'Australie mais sa demande d'asile a été rejetée. Trop peu de preuves que sa vie ait été réellement en danger. Rester sur le territoire le condamne à l'ombre, à la méfiance de tous les instants et à l'exploitation. Danny est débrouillard, futé, travailleur. Un homme de ménage qui donne toute satisfaction aux cadres aisés qui l'emploient - au noir, forcément. Danny s'offre parfois l'illusion d'une vie normale au bras de Sonja, jeune infirmière d'origine asiatique, en situation régulière, elle et qui ignore tout de son statut. Il s'en sort pas mal, Danny. Mais ce matin, une femme est retrouvée morte dans une crique, assassinée. Une femme qu'il connaissait, il a travaillé chez elle quelque temps. Suffisamment pour posséder des informations qui pourraient aider la police. Seulement voilà : s'il contacte la police, il se condamne lui-même.



A partir de ce dilemme moral, l'auteur orchestre un véritable crescendo d'une seule journée qui offre l'occasion d'explorer la réalité de l'existence de ces êtres à la fois invisibles et exploités par ceux qui ont tout intérêt à profiter de l'occasion. Il offre également un panorama de la société multiculturelle de Sidney au sein de laquelle s'organise toute une hiérarchie officieuse en ethnies, origines, couleur de peau et surtout statut. Légal ou clandestin. Adoubé ou rejeté. Exploitant ou exploité. Il met à jour l'extrême solitude qui accompagne la précarité et qui pourtant n'empêche pas Danny de sourire en offrant ses blagues à ses employeurs condescendants. Cette journée dans la vie de Danny le met face à sa conscience influencée par sa situation, la façon dont il est traité, ce qu'il a déjà fui beaucoup plus tôt. Qu'est ce qui est le plus violent se demande-t-on en avançant... Le crime ou l'exploitation des faibles ? Le mensonge ou le mépris de classe ? Tout est lié dans l'histoire de Danny, enfermé dans un piège dont aucune issue n'est viable. Aravind Adiga enferme le lecteur dans ses filets, le confronte à l'impossible choix, lui fait toucher du doigt la réalité de l'injustice. C'est très fort, d'une densité remarquable. Un instantané du monde tel qu'il est, dur, cruel, discriminatoire, et tel qu'on voudrait tellement qu'il ne soit plus. Un questionnement ébouriffant sur le thème de la morale et de l'humanité. Riche et éclairant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le tigre blanc

Un roman sur l'Inde contemporaine, en suivant l'itinéraire à rebours du narrateur, dont on sait qu'il est recherché pour meurtre. Il raconte son histoire, comment il est devenu le chauffeur de M. Ashok, mais aussi et surtout comment les castes en Inde ont la dent dure et perdurent.

Je me suis sentie tiraillée à la lecture entre plaisir de cette littérature très cynique, mordante (à la façon du fameux Slumdog Millionnaire) et ennui face au côté très répétitif de la narration, qui manque de rythme je trouve.

Au final, une lecture assez terne qui m'a laissée presque de marbre.
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Le tigre blanc

Balram est doué mais doit quitter l'école pour aider à rembourser les frais énormes du mariage de sa cousine.



D'emblée il se dit recherché par la police pour vol et assassinat de son maître, le généreux et bienveillant Mr Ashok, chez qui il travaille comme chauffeur.



Et c'est justement ce qui est intéressant, de suivre au fil du livre comment ce chauffeur parviendra à sortir de 'la cage' de respect, de serviabilité qui enferme le peuple.



L'écriture est simple, agréable, et nous fait pénétrer dans l'Inde profonde.

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Le tigre blanc

Excellent excellent excellent!

Je m'étais dit, en refermant le livre sur cette pensée, non, je ne peux pas dire ça quand même, c'est exagéré, tempère!... mais si, c'est excellent (ex-ce-llent! ), on est presque dans la perfection, autant dans l'histoire en elle-même, que dans la façon dont elle est construite, que dans les personnages, que dans le style narratif, que dans l'atmosphère du récit...

Bon ok, cette lecture a été un tel moment de plaisir pour moi que j'ai du mal à prendre du recul, mais j'ai beau retourner cette histoire dans tous les sens en en cherchant les défauts, un seul mot me vient => excellent!



En s'adressant par écrit au Premier ministre chinois pour le préparer à sa visite en Inde et lui expliquer, en passant, les clés de la réussite de l'entrepreneur, le narrateur, à travers le récit de sa vie, dresse un portrait vif et sans concession de l'Inde d'aujourd'hui. Les relations entre les membres des différentes couches sociales y sont dépeintes avec sagacité, avec en premier plan, les pauvres, condamnés à une misère sans fin et à un asservissement aux riches et puissants dont ils n'obtiennent que mépris et irrespect. L'éducation quasi inexistante, le poids de la famille, la corruption, contribuent à cette situation. Les pauvres s'y résignent sans trop broncher, cautionnant même ce système aberrant.



Ce type de tableau ouvrant les yeux sur la réalité sociale et les conditions de vie dans ce pays n'est peut-être pas une nouveauté en soi, mais la plume de l'auteur les éclaire encore sous un angle inédit, avec un humour cynique proche de l'irrévérence et une intelligence aiguisée par l'esprit de facétie.



Je ne développerai pas plus sur la vie du narrateur car je me suis plongée dans ce roman avec une confiance aveugle après l'avoir repéré dans la liste de ces "romans qui en disent long sur la marche du monde" (formule que j'aime beaucoup et tirée du Financial Times - article repéré chez Zarline). Je ne savais même pas de quoi traitait ce livre, et j'ai donc découvert son histoire au fur et à mesure qu'elle se déroulait. Et j'ai adoré! J'ai adoré suivre son développement petit à petit, aussi ce serait criminel de ma part de priver un futur lecteur de ce plaisir!



Tout au plus ajouterais-je que j'ai vraiment aimé ce narrateur à travers lequel l'auteur fait preuve d'un réel génie narratif. Il raconte, avec une naïveté et une innocence feintes, une histoire qu'on pourrait trouver simplement amusante et divertissante, mais à travers son récit qui résonne comme une lutte pour la survie et un enseignement de la vie, perce quelque chose de profond, qui secoue, révolte, et fait rêver.
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Le tigre blanc

Premier chapitre : Le narrateur écrit à Mr Wen Jiabao, le premier ministre chinois, l’action se passe en 2008, en Inde.

En effet Munna, alias le tigre blanc du titre, vient d’apprendre que Mr Jiabao va venir à Bangalore.

Pourquoi lui écrit-il ? Ce n’est pas très clair au début mais ce mail donne au narrateur l’occasion de raconter son enfance (la mort de sa mère quand il a 7 ans , ses premières années d’école, le mariage de sa cousine qui lui vaut d’être retiré de l’école pour prendre son premier travail - casser du charbon- il faut bien payer le mariage de sa cousine…

Munna est donc né dans une famille très pauvre dont la seule richesse est une bufflonne qui donne un peu de lait.

A la fin de ce chapitre, Balram-Munna avoue avoir tué un homme et annonce qu’il va raconter toute l’histoire à son interlocuteur.



Deuxième chapitre : la « confession » du jeune homme continue, on apprend qu’il a tué son patron. Retour en arrière ensuite sur son apprentissage de la conduite, il devient chauffeur ….à force de ruse ou d’ingéniosité…



Il s’agit ici d’un roman choc sur la pauvreté en Inde (sur la corruption, le déterminisme social) ….et sur un jeune homme prêt à tout pour s’en sortir; même si pour cela toute sa famille doit mourrir.

C’est cynique, effrayant…mais très bien écrit… une réussite …
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Amnistie

Aravind Adiga, qui vit désormais en Australie, a choisi pour Amnistie un très bon sujet que, hélas, il traite de manière globalement décousue et redondante. Le livre s'attache pendant une dizaine d'heures aux pas de Danny, arrivé du Sri Lanka avec un visa d'étudiant et depuis quelques années en situation irrégulière, exerçant un emploi d'homme de ménage à Sydney. Ce Tamoul sans-papiers est confronté à un dilemme : dénoncer ou non à la police un individu qu'il suspecte du meurtre d'une ancienne cliente et risquer ainsi d'être expulsé du pays. L'auteur documente parfaitement l'existence précaire de Danny, décrit son environnement social et revient sur son histoire personnelle. Mais l'ensemble, touffu, devient très vite redondant voire confus, comme s'il était directement connecté aux pensées volatiles de son héros, perdu dans son indécision entre son devoir de citoyen (qu'il n'est pas en Australie) et le désir de rester dans un pays qu'il a appris à comprendre, sinon à aimer. Dommage que le récit soit aussi haché car l'on y retrouve malgré tout ce que l'on aime chez l'auteur indien du Tigre blanc et La sélection, à savoir son talent d'observateur social hors pair et son alacrité dans l'ironie parfois sardonique. Aravind Adiga, dans ses précédents romans, n'était pas tendre pour son Inde natale et il ne l'est pas non plus pour sa patrie d'adoption, entièrement vue par les yeux de migrants asiatiques, devenus des invisibles pour la majorité de la population blanche.
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Le tigre blanc

Premier roman d’Aravind Adiga, « Le tigre blanc » est exactement le contraire d’un guide touristique nous invitant à visiter Delhi. Et même, on n’a qu’une idée : ne pas y aller. Deux Indes se côtoient : L ‘Inde des lumières, et celle des ténèbres. Dans l’une, des privilégiés corrompus, dans l’autre des miséreux, serviteurs lorsqu’ils ont la chance d’arriver à cette promotion et esclaves, pour la plupart. Ceci n’est pas nouveau nouveau, nous connaissons le système de castes instauré en Inde.

La vraie question est pourquoi ? Pourquoi des chauffeurs transportent ils des valises pleines de millions de roupies, comme les poules dans une cage attendent leur tour de se faire éviscérer, paralysées par la peur ? La plupart des Indiens seraient incapables de voler une mallette remplie d’argent, et si le chauffeur le rapportait à la police, alors, là, il disparaitrait très certainement. Pourquoi cette acceptation résignée ? Bien sûr, il existe des représailles, le massacre de la famille restante. Mais, bref, personne n’ose voler ce qui pourrait pourtant lui permettre de vivre une autre vie, en Australie ou ailleurs. Les castes enferment.



Et notre héros, issu des ténèbres d’un petit village, lui, s’adapte, se couche, baise les pieds du maitre, lui éponge le vomi avec sa main, le serviteur modèle. Jusqu’à un certain temps.

Les descriptions innocentes d’un tout jeune homme, au départ analphabète par nécessité, d’un pays où les malversations sont courantes, l’instituteur qui garde pour lui et revend les uniformes des élèves et leur cantine, le politicien qui promet, les religions différentes qui s’entremêlent, les milliardaires qui payent les politiques, et, partout, la saleté, les cafards et les rats.



Le ton est innocent, c’est un jeune de la campagne qui décrit par exemple le cortège funèbre transportant le corps de sa mère jusqu’au Gange : « Sa mort était aussi grandiose que sa vie avait été misérable ».

Innocente découverte d’un monde malmené par un petit pauvre. Les musulmans sont connus pour être de grands poètes, dit il plusieurs fois, et pourtant, « tous les musulmans que l’on rencontre sont illettrés, ou couverts de la tête aux pieds d’une burka noire, ou bien en quête d’immeubles à faire exploser. » Plus loin : « Les musulmans sont honnêtes, bien qu’une partie d’entre eux semblent poussés par l’envie irrésistible de faire sauter les trains chaque année. »



Il devient chauffeur, et découvre indirectement qu’il est censé rouler sur la voie de gauche, mais le trafic à Delhi est tel qu’il n’a même pas deviné cette loi de la conduite. Autre découverte : aucun riche n’est bon, ce qu’ils donnent n’a rien à voir avec ce qu’ils ont. Et encore : la haine que les pauvres ont des maitres est-elle une façade cachant l’amour, ou inversement ? « La Cage à poule dans laquelle nous sommes emprisonnés nous rend mystérieux à nous mêmes « répond le héros. Alors, de ce roman drôle, dont on veut connaître la fin, bien ficelé, bien analysé, mais qui ne donne pas envie d’aller dans son pays, il ressort l’intelligence de ce jeune issu des Ténèbres…., bon, je n’en dis pas plus.

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Le tigre blanc

Un roman puissant qui décrit quelques vérités uniques à la culture Indienne d' aujourd’hui. Je peux les comprendre grâce à ma propre expérience à New Delhi, et Bangalore. En même temps, je pense que l’auteur donne une image un peu trop simpliste de la culture. Il y a toujours un peu de dignité et de spiritualité chez les gens là-bas, même au cœur des grandes villes. A chacun de mes voyages, j’ai appris quelque chose d’exceptionnel.



J’ai aimé ses deux classes tout de même : une avec un gros ventre et l’autre sans ventre ! C’est vrai.



Ce qui m’a touché le plus c’est le côté humain du protagoniste : comment il prend soin de l’enfant à la fin, malgré sa pression et la peur dans laquelle il vit.



Mais, en ce qui concerne l’efficacité de ce roman pour changer la société indienne, j’ai des sérieux doutes.

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