AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ariel Magnus (21)


Pour échapper à la nostalgie que lui provoquait déjà ce présent, Klement confia au Dr Denis qu'à Berlin, il avait un chauffeur qui, chaque fois que le ciel était plus ou moins dégagé, lui disait quand il ne manquait plus que quinze minutes pour le coucher du soleil, de façon à ce qu'il puisse monter dans la Mercedes, arriver en dix minutes à son mirador de prédilection et profiter du spectacle rouge vif.
- Cinq minutes, tout seul, en paix. Savez-vous ce que valait cette jouissance silencieuse en plein milieu de la guerre?
(traduction depuis le texte original p.69, éd. Seix Barral, 2020)
Commenter  J’apprécie          90
Il n'y avait pas pire conseillère que la peur irrationnelle, ce qu'ici ils appelaient tendrement une corazonada : en pensant échapper à un danger, on finit par grimper sur ses genoux.
Commenter  J’apprécie          80
Berthold Storfer(...). Ce savant du judaïsme lui avait ouvert les yeux au sujet d'un paradoxe intéressant: alors que les nazis considéraient juif toute personne ayant au moins un grand-père de cette race, les juifs eux-mêmes ne prenaient en compte que l'ascendance maternelle (attentifs au fait que l'on sait forcément qui est la mère d'un enfant, mais jamais de façon certaine qui est le père), de sorte que c'étaient les nazis qui multipliaient de façon exponentielle le nombre de leurs ennemis avant de les obliger à émigrer. Klement lui avait expliqué que, même s'il n'était ni l'idéologue et ni même le rédacteur des lois de Nuremberg, il supposait que l'objectif de celles-ci était de purifier la race aryenne à fond, ce à quoi le juif s'était permis de répondre qu'en procédant de la sorte ils péchaient de ce qu'on appelle en linguistique, d'ultra-correction, une erreur aussi grave qu'inutile, qui au cas particulier les amenaient à poursuivre leurs propres compatriotes.
(traduction depuis le texte original pp. 108, 109, éd. Seix Barral, 2020
Commenter  J’apprécie          80
Ils finirent de fumer en silence. Les grands pactes se scellent sans mots.
(traduction depuis le texte original p.54, éd. Seix Barral, 2020)
Commenter  J’apprécie          60
Avec amertume, il repensa qu'ils avaient eu beau projeter de durer mille ans, ils n'étaient même pas parvenus à s'approprier une seule date.
Commenter  J’apprécie          40
La Oma est arrivée tellement tard à Auschwitz qu'on ne lui a pas tatoué le fameux numéro sur le bras, mais en échange, elle n'a pas loupé l'évacuation à pied, l'une des si nombreuses marches de la mort à laquelle – pour la plus grande satisfaction d'Eichmann et de tous ceux qui pensent que le nombre de ces marches n'est que de la propagande judaïque – elle a eu la chance de survivre. Son dernier travail non rémunéré a été d'empiler des cadavres dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et qu'elle se couche elle-même sur le tas pour se laisser mourir. Elle a toujours voulu savoir le nom du soldat américain qui s'est aperçu qu'elle respirait encore et qui l'a sauvée.
Commenter  J’apprécie          40
Contrairement à bon nombre de mes anciens camarades, je veux, je peux et je dois dire et clamer devant tout le monde nous, Allemands, avons rempli notre devoir, et par conséquent, nous ne sommes pas coupables.
Commenter  J’apprécie          20
[ il se rappelait] cette prisonnière qui lui avait demandé des nouvelles de son mari, l'un des chefs du conseil des anciens, et Clément de lui répondre qu'il allait très bien et qu'il lui remettrait avec plaisir une lettre de sa part. Quiconque ayant vu l'expression de joie de cette femme en acceptant sa proposition aurait compris
que la perversité, la vraie perversité gratuite, aurait été de lui dire que son
mari venait d'être gazé à quelques mètres de l'endroit où ils se trouvaient. Il avait dû
arriver la même chose au docteur Gregor, avec ses expériences sur les jumeaux qu'il était devenu de bon ton de qualifier d'inhumaines, alors que la véritable inhumanité aurait été pour un chercheur de ne pas profiter d'une chance qui lui avait été donnée d'apporter son grain de
sel au progrès de la science.
Commenter  J’apprécie          20
- Alors comment le décrivez-vous ?
- Je ne sais pas. Comme un médiocre qui a réussi. Un taré assez vif. Un complexé assoiffé de vengeance. Un antisémite théorique mais sans manuel d'instruction. Un étron qui a appris à cacher son odeur. Un fanatique vaincu par l’égoïsme. Un cynique sentimental. Un courageux de la lâcheté. Un pauvre type riche en malveillance. Un assassin timide. Un malchanceux que la chance a accompagné trop longtemps.
Commenter  J’apprécie          20
"Voilà plusieurs jours que nous avons trop de travail, plusieurs semaines, des mois. Celui-ci me prend toutes mes forces. A tel point que, de temps en temps, et parfois pour une longue durée, j'ai l'impression de sentir disparaitre au fond de moi tout désir de donner un sens à ma vie. Buber ne parvient même plus à m'émouvoir et j'ai même laissé tomber la correspondance que nous entretenions. Ce n'est vraiment pas bon signe." P71
Commenter  J’apprécie          20
Il avait le don pour mentir différemment chaque fois, et presque contre sa volonté, comme si au fond, il disait des vérités que la réalité, têtue et obtuse, refusait d'admettre.
Commenter  J’apprécie          10
- Le demi-Juif d'aujourd'hui est le quart de Juif de demain et l'Allemand pur d'après-demain, dit-il pour clore le sujet, rappelant le slogan qui avait justifié que les Jeunesses Hitlériennes acceptent les Mischlinge, pourvu bien sûr qu'ils ne soient ni circoncis ni religieux.
Commenter  J’apprécie          10
(...) les souvenirs, ces îlots d'habitation plus ou moins sophistiqués qui flottaient dans le grand delta de l'oubli.
Commenter  J’apprécie          10
La seule chose qu'il regrettait, poursuivit-il, était de ne pas avoir pu finir son travail. S'ils avaient vraiment tué ces dix millions trois cent mille Juifs figurant dans le rapport que Korherr avait écrit pour Himmler en 1943, alors on aurait pu dire qu'ils avaient évité aux générations futures de le faire, elles qui seraient nées dans une Europe purifiée à jamais de ces sangsues apatrides. Hélas, cet objectif n'avait pas été atteint, parce qu'ils luttaient contre un ennemi que les milliers d'années d'instruction et d'entraînement avaient rendu intellectuellement supérieur.
Commenter  J’apprécie          10
Même en ayant perdu la guerre, l'Allemagne avait gagné la prospérité économique qu'elle avait toujours désirée, cette fois sans que les Youpins récupèrent l'argent, lesquels avaient obtenu, outre une compensation financière, la scandaleuse Wiedergutmachung, leur Eretz Israel tant désirée. Tout le monde était content et il aurait dû se sentir coupable ? Qu'on lui dise de quoi, par pitié !
Commenter  J’apprécie          10
L’Allemagne avait déjà envahi la France et mon grand-père était convaincu qu’une victoire totale des nazis allait nous faire retourner au Moyen Âge. Voilà pourquoi il fallait tenter de sauver ce qui n’avait pas encore était détruit ou pillé.
Commenter  J’apprécie          10
Qu’un Russe lui parle des KZ, bueno, après tout il les avait conquis au fil de l’épée, mais un Juif ? Un Juif devait se contenter d’y avoir survécu pour les raconter, sans les raconter.
Commenter  J’apprécie          00
Il n’est vraiment pas dit que je parvienne un jour à écrire un livre, je crois même que cela n’arrivera jamais, note-t-il vers la fin du troisième et dernier cahier, au mois de décembre 1953. Mais je pense savoir pourquoi il existe des personnes comme moi qui, si je puis m’exprimer ainsi, ne parviennent jamais à mener un projet à son terme, et qui se contentent de rêver, avec la ferme volonté de faire et de tenir bon. Ces gens doivent être détenteurs des idées qu’ont écrites et dites d’autres individus plus importants qu’eux. Ils peuvent jouer un rôle de médiateur et sont aussi nécessaires que n’importe qui dans ce monde. Sur ce terrain, il n’est pas d’échelle de valeur, de haut ni de bas, tout se situe sur un même plan fini, par opposition à l’infini…
Commenter  J’apprécie          00
Je sais que je suis seul. Je regarde le ciel et ce sentiment apparaît à nouveau : si Dieu est avec moi, que peut-il donc m’arriver ? Et c’est ainsi que la traversée que nous devons effectuer me semble courte : nous restons sur cette terre et Dieu est forcément le même, je me ressemble toujours, c’est formidable de pouvoir poser mes mains sur le giron de Dieu. Et s’il me choisissait pour annoncer son nom à l’humanité, ou même simplement pour suivre ses préceptes… Pourquoi ne le ferais-je pas ? Peut-être parviendrai-je à accomplir mon devoir face au Créateur… il me suffirait d’obtenir juste un peu d’aide.
Commenter  J’apprécie          00
Pour avoir de la chance, il faut savoir la saisir.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ariel Magnus (91)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Harry Potter (difficile:1-7)

De quoi la famille Dursley a-t'elle le plus peur?

des voisins curieux
des hiboux
de Harry
de tout ce qui peut les faire paraître étranges

20 questions
8186 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}