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EAN : 9791032917480
208 pages
L'Observatoire (18/08/2021)
3.17/5   52 notes
Résumé :
Buenos Aires, juillet 1952. Ricardo Klement accueille sa femme et ses trois enfants, tout juste débarqués d'Europe. De loin, la scène de retrouvailles est touchante. Mais elle se déroule en Argentine, sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et Ricardo Klement n'est qu'un nom d'emprunt... Derrière ce patronyme se cache Adolf Eichmann, logisticien de la Solution finale qui a trouvé refuge à Buenos Aires deux ans auparavant et adopté l'identité d'un « simp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Le titre original de cet ouvrage est "EL desafortunado", ce qui signifie le malchanceux. L'auteur, d'emblée, ne se place pas dans la perspective d'un roman historique. Il s'agit d'une fiction historique qui traite des années d'exil d'Eichman en Argentine. Il y a trop d'éléments de la vie courante fictionnels pour que cela accroche le lecteur à mon sens. des digressions sur la politique de Péron et sur l'Argentine alourdissent le récit. Par ailleurs, j'aimerais bien savoir pourquoi lorsque l'on traite de nazis, il faudrait qu'ils soient sodomites? Ainsi, le héros des "Bienveillantes" de Jonathan Littell s'empale tout seul contre des branches d'arbres et ici, c'est la femme d'Eichman qui, à sa demande, lui introduit une (grosse et longue) carotte qu'elle a pelé au préalable. A part la dévalorisation des personnages qui n'en ont pas davantage besoin, je ne vois pas trop l'intérêt de ces fictions là.
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« Tant d'années après ces prétendus crimes qu'on le forçait à endosser, il devait y avoir prescription; de plus, l'on ne peut accuser une simple roue de la direction prise par la voiture. »
Ainsi, se justifiait Adolf Eichmann (alias Ricardo Klement en Argentine, Otto Heninger en Italie, Otto Eckmann en Rhénanie ou Otto Barth en Bavière) des crimes perpétrés envers les Juifs sous le régime nazi. Se définissant comme « un simple bureaucrate qui avait eu la malchance de travailler pour un employeur tombé en disgrâce », il continuait cependant, dans l'exil, de brandir l'idéologie de la race pure dans des entretiens enregistrés et lors de réunions auxquelles étaient conviés des compatriotes de même allégeance.
Ariel Magnus ose donner la parole à un homme qui fut intimement lié à sa propre histoire familiale (sa grand-mère a survécu au camp d'Auschwitz), tout en évitant soigneusement de l'humaniser, comme le craignait son père. Aucun voyeurisme dans ce portrait saisissant d'un être antipathique, d'une abjection totale, se cachant de ses forfaits passés même au sein de sa famille qui l'a rejoint à Buenos Aires.
Dans la foulée d'Olivier Guez avec La Disparition de Josef Mengele, Ariel Magnus a bien cerné son sujet par une recherche minutieuse et même s'il nous laisse dans l'inachèvement de sa destinée, on en connaît de toute manière l'issue au cours d'un procès qui fut fortement médiatisé en 1961.
En dépit d'une traduction parfois maladroite qui vient perturber le flux de la lecture, le roman vaut le détour.

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"....bien qu'il faille qu'on le croie mort, il voulait rester vivant, physiquement et conceptuellement." (P. 8)
Ricardo Klement mène une vie tranquille à Buenos Aires. Il y est arrivé il y a quelques années. Il a quitté l'Allemagne qui l'a vu naître et qui lui a donné une renommée internationale...nombreux sont les pays qui aimeraient l'emprisonner... Lui, était pendant cette guerre menée par les nazis au monde entier, l'un des hauts dignitaires de ce parti, un homme chargé de mettre en oeuvre la solution finale.
Alors, il avait organisé les arrestations des juifs, leur transport en wagons plombés et l'arrivée, sans possibilité de retour, des familles auxquelles il imposait par mesure d'hygiène cette sinistre douche...personne n'ignore ce sinistre pan de l'histoire de notre monde, de la 2ème Guerre Mondiale..
Ce petit fonctionnaire zélé a un nom qui terrorise les familles juives...Eichmann! mais ici à Buenos Aires où il est arrivé au prix de complicités inavouables et de tromperies, il est devenu Ricardo Klement ...Complicité involontaires sans aucun doute...il a réussi à berner la Croix-Rouge qui lui permit l'attribution d'un passeport.
En juillet 1952, ici à Buenos Aires Ricardo Klement accueille sa femme et ses trois enfants, qui ont réussi à quitter l'Europe. La famille est maintenant au complet. Une épouse et des enfants qui ne peuvent imaginer ce que papa a fait pendant la guerre. Ils savent juste qu'il était un petit fonctionnaire nazi...il y en avait tant d'autres, de ces fonctionnaires qui, le jour, faisaient régner le terreur et qui le soir venu jouaient avec leurs enfants en rentrant du travail.
Là bas, en Europe il était craint. Mas ici, au prix de multiples complicités, il vit...Il vit, oui, mais dans la peur d'être découvert par ces Juifs qui le pourchassent et qui ont réussi à quitter l'Allemagne qui organisait leur disparition...Argentine, terre d'accueil des parias des hommes recherchés..
Alors peut-être faudrait-il qui parte sous d'autres cieux, Paraguay ou "Chili, là-bas aussi il y avait des colonies de compatriotes. Peu importait le pays, l'urgence était de partir, passer un temps sous couverture puis faire venir sa famille."
La peur a changé de camp !
Tout le monde connait la suite...l'exfiltration par des agents du Mossad, le procès, et la pendaison de ce fonctionnaire zélé.
L'Allemagne qui, ignorait la peine de mort, fit une exception pour lui.
Une enquête qui malgré tout fait froid dans le dos, car elle met en évidence un certain nombre de complicités involontaires qui ont permis la fuite de ces salauds, de ces nazis, au nez et à la barbe des forces d'occupations américaine, anglaise, française...quelques uns ont été repris...mais combien de salauds ont pu couler des jours tranquilles cachés derrière leur nouvelle identité
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce roman reconstitue les dernières années d'Adolf Eichmann en Argentine. Caché sous le nom de Ricardo Klement, nous le suivons de 1952 jusqu'à ce qu'il soit capturé par des agents du Mossad en 1960. le titre fait écho au « Eichmann à Jérusalem » de Hannah Arendt qui à l'époque suivit le procès pour le New Yorker.

Un portrait froid et analytique de celui que l'on nomme « l'architecte de la Shoah », responsable des déportations et de l'application de la Solution finale. Sans le juger, en s'efforçant de ne pas le présenter comme un être abominable, mais en même temps sans montrer la moindre trace d'empathie, n'utilisant que des faits objectifs mêlés aux réflexions du nazi (tirées de ses propres déclarations), l'auteur présente un personnage qui est bien difficile à cerner, apparaissant bien souvent comme un homme d'une déconcertante banalité. Il apparait tour à tour comme un gars stupide, un médiocre, un raté, un mari attentionné. L'antisémite fanatique n'étant jamais bien loin.

En termes de contenu, le roman jette donc une lumière intéressante sur la vie sud-américaine et la pensée de ce criminel ainsi que sur celle d'autres nazis (outre Eichmann on croisera d'autres acteurs du 3ème Reich comme Josef Mengele). Mais en termes de narration j'ai eu un vrai problème. L'histoire est racontée dans l'ordre chronologique avec plusieurs sauts dans le temps, intercalée par des souvenirs antérieurs. Cette structure donne un récit totalement décousu qui peine à capter l'attention.

J'ai mené ma lecture à son bout mais en m'ennuyant bien souvent. J'ai cependant tourné la dernière page sur une impression positive grâce à l'épilogue qui vient expliquer les motivations de l'auteur pour écrire ce livre.

Traduit de l'espagnol (Argentine) par Margot Nguyen Béraud.
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Pour la rentrée littéraire de septembre prochain, un roman qui reprend la fuite d'Adolph Eichmann en Argentine. L'auteur le dit mieux que moi : l'Allemagne a élevé les nazis, l'Argentine les a nourri. Jusqu'au bout "l'Architecte" de la mort n'aura qu'une ligne de conduite : il obéissait aux ordres, sans réfléchir, comme un bon soldat en temps de guerre ! L'obéissance excuse-t-elle tout ? Cette lecture prenante est aussi terrible : les réflexions qui lui sont attribuées sont d'une grande froideur, impitoyables, même après toutes ces années. Et la postface vient refermer ce livre avec panache.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Berthold Storfer(...). Ce savant du judaïsme lui avait ouvert les yeux au sujet d'un paradoxe intéressant: alors que les nazis considéraient juif toute personne ayant au moins un grand-père de cette race, les juifs eux-mêmes ne prenaient en compte que l'ascendance maternelle (attentifs au fait que l'on sait forcément qui est la mère d'un enfant, mais jamais de façon certaine qui est le père), de sorte que c'étaient les nazis qui multipliaient de façon exponentielle le nombre de leurs ennemis avant de les obliger à émigrer. Klement lui avait expliqué que, même s'il n'était ni l'idéologue et ni même le rédacteur des lois de Nuremberg, il supposait que l'objectif de celles-ci était de purifier la race aryenne à fond, ce à quoi le juif s'était permis de répondre qu'en procédant de la sorte ils péchaient de ce qu'on appelle en linguistique, d'ultra-correction, une erreur aussi grave qu'inutile, qui au cas particulier les amenaient à poursuivre leurs propres compatriotes.
(traduction depuis le texte original pp. 108, 109, éd. Seix Barral, 2020
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Pour échapper à la nostalgie que lui provoquait déjà ce présent, Klement confia au Dr Denis qu'à Berlin, il avait un chauffeur qui, chaque fois que le ciel était plus ou moins dégagé, lui disait quand il ne manquait plus que quinze minutes pour le coucher du soleil, de façon à ce qu'il puisse monter dans la Mercedes, arriver en dix minutes à son mirador de prédilection et profiter du spectacle rouge vif.
- Cinq minutes, tout seul, en paix. Savez-vous ce que valait cette jouissance silencieuse en plein milieu de la guerre?
(traduction depuis le texte original p.69, éd. Seix Barral, 2020)
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La Oma est arrivée tellement tard à Auschwitz qu'on ne lui a pas tatoué le fameux numéro sur le bras, mais en échange, elle n'a pas loupé l'évacuation à pied, l'une des si nombreuses marches de la mort à laquelle – pour la plus grande satisfaction d'Eichmann et de tous ceux qui pensent que le nombre de ces marches n'est que de la propagande judaïque – elle a eu la chance de survivre. Son dernier travail non rémunéré a été d'empiler des cadavres dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et qu'elle se couche elle-même sur le tas pour se laisser mourir. Elle a toujours voulu savoir le nom du soldat américain qui s'est aperçu qu'elle respirait encore et qui l'a sauvée.
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[ il se rappelait] cette prisonnière qui lui avait demandé des nouvelles de son mari, l'un des chefs du conseil des anciens, et Clément de lui répondre qu'il allait très bien et qu'il lui remettrait avec plaisir une lettre de sa part. Quiconque ayant vu l'expression de joie de cette femme en acceptant sa proposition aurait compris
que la perversité, la vraie perversité gratuite, aurait été de lui dire que son
mari venait d'être gazé à quelques mètres de l'endroit où ils se trouvaient. Il avait dû
arriver la même chose au docteur Gregor, avec ses expériences sur les jumeaux qu'il était devenu de bon ton de qualifier d'inhumaines, alors que la véritable inhumanité aurait été pour un chercheur de ne pas profiter d'une chance qui lui avait été donnée d'apporter son grain de
sel au progrès de la science.
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Il n'y avait pas pire conseillère que la peur irrationnelle, ce qu'ici ils appelaient tendrement une corazonada : en pensant échapper à un danger, on finit par grimper sur ses genoux.
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