Même sans raison, l’Homme a besoin de trouver des coupables.
Si on allait se battre pour se venger, on ne vaudrait pas mieux que ceux que nous combattons.
Parfois il est préférable de refermer la cage quand les oiseaux sont dehors.
Il faut raconter aux autres son histoire au cas où on l'oublierait.
- C'est l'heure de la soupe!
- Je vais dire le bénédicité...
- Pas besoin de bondieuserie avant de manger. Ce qu'on a dans nos assiettes, c'est le fruit de notre travail et de notre sueur, le bon Dieu n'y est pour rien!
- C'est encore un juif?
- Hum...Non une créature de Dieu...
- Si on ne dit pas le bénédicité et qu'on récite pas "Notre Père" avant le coucher, je vois pas pourquoi on va à l'église.
- Y a ce qu'on pense et ce que pensent les autres! Et c'est plus simple de penser comme tout le monde.
Les enfants ne tournent pas toujours comme on l'aurait souhaité... alors on souffre en silence. Et on continue à les aimer.
- Gédéon, c'est le pigeon, moi, c'est Simon. Gédéon est la solution à vos problèmes.
- On le lâche en arrivant à Lyon, si ça marche on met l'idée en application.
Avec ce que tu comptes faire, tu va simplement devenir un homme, et les hommes sont dangereux.
Mais les oiseaux pour les voir le mieux c'est de les laisser venir à toi...
- C'est ma faute, c'est ma faute.
- Si toute la bêtise humaine reposait sur tes épaules, il serait facile de s'en débarrasser.
Même sans raison l'homme a besoin de trouver des coupables.
Avec ce que tu comptes faire, tu vas simplement devenir un homme. Et les hommes sont dangereux. Adieu petit homme!
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(À l'arrivée en gare, après un long trajet en train, avec Mademoiselle Angélique, une passeuse…)
– Camille, nous allons nous séparer. Tiens, tu trouveras les indications pour rejoindre votre famille d’accueil et l’argent pour le premier mois.
– Quoi ? Toute seule ? L’argent ? Mais…
– Ne discute pas ! Avancez comme si vous n’étiez pas avec nous… Si tout se passe bien, on se retrouve devant la gare…
(À la descente du train, ils sont dénoncés aux Allemands par une voyageuse ; Camille/Ada et sa petite sœur Alice/Lucja se cachent derrière un kiosque cependant que deux Allemands contrôlent l'accompagnatrice et le petit Joseph/Moshé)
– Baisse ton pantalon !
– Ils les arrêtent !
– Viens ! C’est écrit qu’on doit prendre un bus sur la place.
(L’autobus s’approche d’un village…)
– La ferme des Montfleur ? Vous pouvez pas la manquer. Elle est à droite un peu avant l’entrée du village
– Merci Monsieur.
(Sous une pluie battante, les deux sœurs se hâtent sur le chemin de la ferme et s’apprêtent à frapper à la porte)
– Bon, tu es prête ?
– Oui, dépêche-toi, j’ai froid !
– Et tu réfléchis bien avant de parler.
(Une vieille paysanne, aux airs un peu revêches, leur ouvre)
– Bon… Bonjour… On est…
– J’sais qui vous êtes ! Entrez, vous êtes trempées comme une soupe !
– Vous deviez être trois ! Dont un garçon ? Il est où le garçon ?
– Je… Je ne sais pas…
– J’avais accepté trois marmots pour m’aider ! Et me voilà avec deux crevettes !
– Bon, ben restez pas plantées comme des pots de fleurs !
– Tenez… C’est l’argent…
– Ah… Bien. Bon, déshabillez-vous !
– Quoi ?
– Vous allez prendre un bain bien chaud ! Ça vous fera du bien !
– Non ! Je crois qu’elle veut nous faire cuire . . .
– ? ?
– Oui ! Pour nous manger !
– N’importe quoi ! Et puis, elle a dit qu’on était des crevettes. Les sorcières, elles n’aiment pas les crevettes, y a pas assez à manger dessus !
–Ah ? T’es sûre ?
– Certaine. Je te rappelle que je suis la spécialiste des sorcières.
– Venez par-là ! C’est prêt !
(Berthe, la vieille paysanne, trie des lettres pendant que les petites trempent dans un grand baquet)
–T’es facteur ?
– Factrice. Depuis que le facteur en titre a été envoyé, comme mon mari, travailler en Allemagne pour le STO. Je récupère les courriers la veille pour les déposer dans les boîtes aux lettres le lendemain matin.
– Aaah. . . Et t’as pas d’enfants ?
– Si, un fils.
– Aaah. . . Et il est en Allemagne lui aussi ?
– Alice, arrête avec toutes tes questions.
– T’es curieuse comme une pie, toi ! Non, pas en Allemagne, il a d’autres occupations. Allez, sortez de là-dedans, c’est l’heure de la soupe !
Si toute la bêtise humaine reposait sur tes épaules, il serait facile de s’en débarrasser.
(p.5).
Si toute la bêtise humaine reposait sur tes épaules, il serait facile de s'en débarrasser. p5
Tu aurais pas dû t’attacher, on vit mieux sans personne à qui penser !
Mais les oiseaux pour les voir, c'est mieux de les laisser venir à toi.
(page 48)
Voilà une raison de plus pour que tu ne viennes pas. Si on allait se battre pour se venger, on ne vaudrait pas mieux que ceux que nous combattons.
(page 10)