La lampe d'Alhazred
Il était témoin de ces choses comme s'il les voyait par une porte ou une fenêtre ouverte, et elles semblaient l'inviter à abandonner son monde terrestre, à explorer ces royaumes enchantés et magiques. La tentation devint de plus en plus lancinante. Il tremblait du désir d'obéir, de renoncer à ce qu'il pourrait être. (p. 101)
La lampe d'Alhazred
En conclusion de cette longue lettre, le vieux Whipple avait écrit : Cette Lampe apporte avec elle la joie, allumée ou éteinte. Aussi bien peut-elle être mère des douleurs. Elle est fontaine d'extase, ou au principe de toutes les épouvantes.
(p. 92)
Le survivant
Certaines demeures, comme certaines personnes, savent, d'une façon ou de l'autre, affirmer dès l'abord leur caractère maléfique. Ce sont peut-être les émanations d'actes néfastes, accomplis précisément sous tel ou tel toit, bien longtemps après que leurs responsables ont disparu, qui vous font frémir et vous crispent. Quelque chose de la fureur primitive du scélérat, de l'horreur ressentie par sa victime, pénètre jusqu'au coeur de l'innocent spectateur ; il se sent frissonner jusqu'aux nerfs, sa peau se hérisse et son sang se glace.
Algernon Blackwood (p. 5)
Nous devons nous féliciter, pleins de reconnaissance, de ce que l'esprit humain soit incapable d'établir des rapports entre les divers éléments de l'univers. Nous vivons sur une île d'ignorance, au milieu des noirs océans de l'infini, où il ne nous est pas donné de nous aventurer bien loin...
Je me garderai donc de porter un jugement définitif fondé uniquement sur une impression, car lorsqu'un homme s'est forgé une opinion, favorable ou défavorable, sur une chose donnée, il lui est deux fois ou trois fois plus difficile de réviser cette opinion, même si des preuves ultérieures l'infirment totalement.
Ce nouveau climat que je rêvais de créer autour de moi ne s'instaura pas aussi facilement que j'avais espéré, car je sentis très tôt que la vieille "tanière" de mon cousin faisait peser son atmosphère sur tout le logis. Certains prétendent que les demeures s'imprègnent immanquablement du caractère de leurs propriétaires. Peut-être les Wharton, qui avaient occupés si longtemps la vielle demeure, y avaient-ils laissé des traces de leurs personnalité. En tout cas, par ses restaurations, Wilbur Akeley les avait effacées. C'était sa présence à lui, Wilbur Akeley, qui se faisait le plus souvent sentir dans la maison. Ce n'était pas un sentiment accablant,rien que la certitude gênante que je n'étais pas seul - que j'étais épié, guetté, surveillé par... je ne sais qui.
Assis dans les ténèbres, je me sentais plus que jamais oppressé par l'aura de la vieille maison. Les ténèbres elles-mêmes semblaient respirer: on avait peine à croire qu'au-dehors s'agitait la ville de Providence, vivant son présent. Dans la maison, au contraire, l'ombre étouffait sous le poids des années, de leurs résidus psychiques, s'asphyxiait de l'odeur persistante de moisissure, mêlé à ce musc qui empeste le pavillon des reptiles au zoo, au remugle du vieux bois, de la chaux qui coulait des voûtes, tout cela en décomposition sous le poids des siècles. Et je perçus, en outre, comme une faible allusion à quelques présence animale - et qui ne cessait de croître à chaque instant.
[…] lorsqu'un homme s'est forgé une opinion, favorable ou défavorable, sur une chose donnée, il lui est deux fois ou trois fois plus difficile de réviser cette opinion, même si des preuves ultérieures l'infirment totalement.
Sir Hilary James vit l'apparition pour la première fois au crépuscule, à son retour d'une promenade à travers les marais.
"Je dois être fatigué", dit-il à mi-voix en se passant une main sur les yeux ...