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3.78/5 (sur 44 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Née en Bretagne, à Guingamp, Aurélia Ringard a d’abord vécu à Washington, aux États-Unis, et à Paris avant de s’installer à Nantes. Diplômée en pharmacie, elle se consacre aujourd’hui à sa passion pour les mots et la littérature. Elle anime des ateliers d’écriture et participe à l’organisation d’événements pour la promotion de la lecture. Suite à sa participation à un concours organisé par l’école d’écriture Les Mots, ce texte reçoit le coup de cœur du jury. Aurélia signe ici son premier roman.

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Bibliographie de Aurélia Ringard   (1)Voir plus

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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est plus qu'une impression : autour d'elle, du monde, de plus en plus, des valises, des mallettes, des manteaux à la main, le bruit saccadé des talons frappant le sol, des départs et des destinations. Sur la grande horloge, l'aiguille du temps brille et progresse, imperturbable. Les numéros des quais s’affichent, les sonneries retentissent et une foule matinale et compacte se met en branle. Le mouvement semble continu et prend de la vitesse. Les ombres se bousculent. Peu importe où ils vont, ces hommes et ces femmes sont déjà ailleurs.
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Un jour, j'ai écrit à Christian Bobin et lui ai raconté cette anecdote. Il m’a répondu une longue lettre à l’encre noire sur papier blanc. À la fin de ce précieux courrier, cette phrase figurait: «Lire, c’est toujours venir en aide à quelqu'un. Soi-même, les autres ou tous ces fantômes qui nous sont chers et sans lesquels notre vie paraîtrait moins réelle. p. 135
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J'attrape au vol un peu de paix, nous échangeons des paroles toutes simples, des paroles douces que je ne cherche même plus à comprendre,  mais qui coulent comme du miel, comme la pluie ou l'eau des fontaines, et me rendent à cette unique espérance que demain, tout ira bien.
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(Les premières pages du livre)
1
Tu m'as donné rendez -vous dans une gare. Tu ne pouvais pas savoir. C'est pourtant simple, c'est toute ma vie. Dans ma vie, il y a des gares et des trains. Des trains tout le temps. Des trains à attraper, des trains à l'heure, des trains bondés, des trains de nuit, des trains bloqués, des trains en retard.. Depuis toujours, c'est comme ça, je cours sur les quais, le souffle coupé. Parfois on a le temps de s'embrasser avant la sonnerie, parfois pas. Les adieux s'étouffent dans les cols des manteaux. On rassemble les morceaux de nous-même que l'on voudrait laisser à quelqu'un d'autre que soi. C'est l'heure de partir. Derrière la vitre, on articule des mots que l'on dit surtout avec les yeux. On ne se lâche pas. On se retrouvera. On garde nos sourires, nos émotions, la politesse et nos souvenirs. Tout ce que l'on crève d'envie de se dire. La vie ne suffira pas, je crois.

2
Mois de septembre. Début du jour. Les allées et venues dans le hall de la gare de Lyon s'amplifient. Ce n'est pas qu'une impression : autour d'elle, du monde, de plus en plus, des valises, des mallettes, des manteaux à la main, le bruit saccadé des talons frappant les sol, des départs et des destinations. Sur la grande horloge, l'aiguille du temps brille et progresse, imperturbable. Les numéros des quais s'affichent, les sonneries retentissent et une foule matinale et compacte se met en branle. Le mouvement semble continu et prend de la vitesse. Les ombres se bousculent. Peu importe où ils vont, ces hommes et ses femmes sont déjà ailleurs.
Cette fois, elle est venue ici pour partir. La voilà qui piétine au milieu de cette agitation mystérieuse et sans limites. Ses pas sont rapides, en avant en arrière, comme les mouvements d'une danse, les yeux grand ouverts, mi-conquérante mi-fugitive. Les courants d'air fond voler ses cheveux blonds, et elle ne cherche pas à les remettre en ordre, elle les laisse se placer; à quoi bon faire semblant, maintenant? Elle ressemble à un animal docile dont la sauvagerie reste en sommeil. Son souffle, une respiration haletante. A l'intérieur, son cœur se serre. Ca bat. A croire que pour la première fois depuis longtemps, son sang circule de nouveau. Ca bat dans ses tempes, ses poignets, sa poitrine, dans le fond de sa gorge, elle n'est plus que cela, des pulsations. C'est cela. Une histoire d'attente et de pulsations. D'attente et de tâtonnements maladroits. Elle a l'allure de celles qui se mettent en chemin, qui arrivent au front. D'un coup d'œil, elle quadrille le lieu. Elle guette les horaires d'arrivée sur les écrans sans parvenir pour autant à contrer l'excitation qui monte ; elle ne peut encore ni le voir ni le toucher. Elle n'a pas réfléchi à ce qui se passerait au moment précis où il descendrait du train. Le premier regard, le premier pas, le premier mot. Ce mot magique entre elle et lui, elle ne le connaît pas. Elle doit aimer cela. Ne pas savoir.

Elle s’est contentée de courir jusqu'ici, d’arriver en avance, très en avance même, dans un mouvement superbe d'abandon et d’entêtement fertiles, bras ouverts à la récolte. Elle n’entend pas le vent souffler au-dehors, ni la pluie fine glisser sur le toit. Elle ne se souvient pas de l’orage de cette nuit. Elle ouvre les boutons de sa veste pour faire respirer sa peau, alléger la boule au fond de son ventre, cette petite douleur lancinante que l’on ressent devant le vide, ce vide qui ne lui évoque rien de rassurant. Il lui suffirait d’une seconde pour faire volte-face mais elle refuse d’être totalement effrayée par le risque qui se tient droit devant elle et la toise à quelques heures à peine de leur supposé rendez-vous. Elle préférerait que cette sensation glisse au travers des plis de sa jupe, s’égare dans le tourbillon incessant du lieu, que ses frissons et ses doutes deviennent invisibles. Bientôt, ils ne seront plus qu’une rumeur. Ce n’est pas rien de déposer les armes.
Une musique s’élève parmi les ombres. Entre les cris des mômes, les supplications des derniers mendiants et les coups de sifflet des agents de service, ces premières notes retiennent son attention. Elle tend l’oreille. Dans le hall, un voyageur s’est mis à jouer du piano d’une façon généreuse, une mélodie fragile, étrange et un peu dramatique qui ressemble aux derniers instants vierges avant que tout ne s’emballe et ne devienne inévitable.
Elle fait un pas en arrière. Un sentiment inconnu l’étreint. D’autres yeux se posent sur les siens. Elle n’est pas dupe. Elle essaie de maintenir ses idées claires. C’est un coup à se perdre, sinon. Elle n’a pas toujours brillé par sa cohérence mais, il y a trois mois, elle a passé un pacte avec elle-même, sans jamais dévoiler à personne ses intentions précises. Elle est parfaitement consciente de ce qu’elle s’inflige. Le toit en ferraille avec ses arcades métalliques semble lui hurler dessus. Ça grouille. Les traits des passants se métamorphosent. Ils ressemblent à une armée d'insectes vivant les uns sur les autres. Ils ont beau se laver le matin, se frotter partout, puis se
mettre tous les parfums du monde, ça sent la gare, faudra qu’elle s’y fasse, un mélange de Chanel et de crasse.

Brusquement ça tangue, comme si quelqu’un l’avait prise par les poignets pour la faire tourner. Voilà, ça commence, plus rien n’existe. Que l’impossible surgisse : elle s’y accordera. Elle n’est pas vraiment taillée pour la monotonie.
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Ma tête à couper, on est tous pareils. On ne rêve que de cela. D'un amour qui sait ce qu'il est. D'un amour qui ne demande rien. D'un amour tout court. Prêt à justifier la plus longue des attentes. Le reste? Le reste, franchement, je ne vois pas.
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De sa sacoche vieillie dépassaient des magazines, des feuillets abîmés, noircis de notes mystérieuses, et un livre de poche écorné. Je le soupçonne de lire trop vite. De lire trop vite comme on peut faire l'amour trop vite, en étant empressé, excité, fasciné par l'histoire nouvelle, mais en sachant que le livre est là, que l'on pourra y revenir, le regarder en face et l'habiter encore.
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Elle s'est contentée de courir jusqu'ici, d'arriver en avance, très en avance même, dans un mouvement superbe d'abandon et d'entêtement futile, bras ouverts à la récolte. Elle n'entend pas le vent souffler au-dehors, ni la pluie fine glisser sur le toit. Elle ne se souvient pas de l'orage de cette nuit. Elle ouvre les boutons de sa veste pour faire respirer sa peau, alléger la boule au fond de son ventre, cette petite douleur lancinante que l'on ressent devant ce vide, ce vide qui n'évoque rien de rassurant. Il lui suffirait d'une seconde pour faire volte face mais elle refuse d'être totalement effrayée par le risque qui se tient droit devant elle et la toise à quelques heures à peine de leur supposé rendez vous.
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Un jour, ele a craqué. Elle a perdu des kilos, elle n'avaitplus faim, elle était épuisée. Parvenue a L’extrémité de ses forces D'un seul coup, sa santé s'est dégradée Couchée sur son lit, dans le creux du matelas, chaque mouvement lui était douloureux Le jour passait à la nuit, elle ne dormait pas, la bouche seche, le coeur lound, elle n'était plus qu'une masse inerte, sans nom, sans consistance. sans désir, C'est une maladie qui vous tombe dessus parait-il : plus rien ne fonctionne, c'est aussi absurde que cela et on nc peut pas savoir combien de temp cela va duret.
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Coup de coeur pour ce huis clos dans une gare. Une femme attend un homme, au café de la gare "Le train bleu". Elle devient alors spectatrice de la vie des passants, décrivant avec finesse la psychologie humaine. Les autres raniment ses propres souvenirs : son enfance, sa famille, sa romance avec le photographe. Aurelia ringard signe un premier roman extrêmement poétique de bout en bout sur l'amour, l'attente.
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Une femme attend un homme au train bleu Gare de Lyon. La scène semble banale mais l'auteure nous emmène dans les réflexions profondes de son personnage grâce auxquelles on découvre les débuts de cette relation, son histoire plus ancienne, ses envies. Une femme en liberté qui arrive volontairement très en avance à la gare pour prendre le temps, s'accorder ce moment suspendu.
Un livre magique.
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