Citations de Bastien Pantalé (52)
« Dans tout combat, qu’il s’agisse d’une simple joute ou d’une bataille rangée entre l’armée que vous commanderez et son opposante, votre ennemi le plus redoutable restera toujours vous-même. Quoi qu’il arrive, ne luttez jamais contre cet ennemi-là ! Votre ego, vos craintes, votre ambition, vos doutes, vos remords… Si vous vous embarquez sur ce terrain, vous vous perdrez. Fiez-vous à votre instinct, à votre cœur autant qu’à votre esprit, et laissez l’immense diversité qui vous compose s’exprimer dans vos décisions. Ne luttez pas contre vous-mêmes ! »
[Extrait de Advenis - La Voie des Bâtisseurs]
À paraître...
Une impression cotonneuse, comme celle qui embrume subtilement mon esprit, s’empare de chacun de mes membres pour les maintenir à hauteur de tête, siège possible de l’inconscient au travail. Ainsi étendu à l’horizontale – bien que ce repère lui-même ait perdu de sa pertinence –, je tente de m'accommoder de postures peu naturelles, de me mouvoir en brassant l’air épais, comme le ferait un bébé nageur, davantage focalisé sur son instinct de survie que sur ses repères terrestres. L’élément onirique rejoint l’élément aqueux, symbiose parfaite du réel et de l’imaginaire. Tout est fluide, amorti, assourdi. Je me laisse porter autant que je lutte ; le lâcher-prise n’a jamais été aussi étranger à ma conviction d’être pensant.
[Extrait de [T]Rêve - Bastien Pantalé]
(...)
Quelque chose d'extrêmement perturbant le fit tressaillir, un mélange entre le bruit d'un tissu que l'on déchire et un grincement vibrant dans l'air. Un goutte-à-goutte, puis l'écoulement d'un liquide épais, et encore des cris. C'était des chairs que l'on malmenait, le corps d'un homme ou d'une femme subissait les pires sévices. Quelqu'un souffrait à quelques mètres de lui, agonisant entre les mains d'un inconnu, et il n'était même pas capable de se relever.
Le son horrifiant d'un os qui se rompt le saisit en pleine poitrine et lui arracha un cri de frayeur. (...) L'odeur de la peur, l'odeur de la mort l'atteignit pour la première fois.
Ça sentait la peur, la souffrance, et le désespoir, ça sentait le mal à plein nez.
La création brute. Jamais à partir de rien, mais toujours feuillement original ! Elle leur coûte cher en livres, l'animale, mais c'est un moindre mal pour me garder auprès d'eux. Si les pages viennent à manquer, ils savent que je migrerai.
Je suis vachement plus fasciné par les animaux, les clebs en particulier, que par mes semblables. J’sais pas, la communication semble tellement plus naturelle avec eux.
Le libre arbitre commençait là où s'arrêtait l'ignorance.
Ça paraît con à dire comme ça, et je ne me vois pas partager ça avec les types que je fréquente au quotidien, mais j’crois bien que c’est la beauté que je recherche inconsciemment. Par cette attention et cette sensibilité, cet état de veille constant, c’est comme si je pouvais capter les ondes émanant des personnes, des objets, des animaux, des paroles, etc. ; une perception presque poétique de mon environnement.
Je fais preuve d’une grande empathie, a dit aussi le chauve barbu à lunettes. J’sais même pas ce que c’est, moi, l’empathie. Ça n’a pas l’air bien méchant en tout cas, et maman a souri, alors c’est cool.
- Alors, c'est ça, un terrien ?
(...)
- Il me ressemble beaucoup, mais qu'est-ce qu'il a l'air sale...
La colère et la haine ont cette étrange capacité à réduire considérablement le champ de vision, si bien que l’on reste focalisé sur ses préoccupations primaires, aveugle, hébété.
[Extrait de « Toujours le dernier » - B. Pantalé]
Je me plais à ressentir les arbres vibrer, communiquer entre eux. Les humains et leur réseau numérique n’ont finalement rien inventé. À chaque lune, le ventre bouillonnant de l’océan gonfle et arpente les terres. Alors, je pense à ma mère, dont la chaleur enveloppante n’était pas si éloignée de ce miracle sauvage. Des humeurs et des passions, un rythme, une vie, chaque jour respectés, renouvelés. Le ressac lisse le sable comme elle m’évitait les écueils de l’existence. La marche n’en est que plus sereine. Par moment cependant, je prends plaisir à mouiller mes orteils, à risquer le pas de côté, goûter l’écume apaisée, tant par frisson que par témérité.
[Extrait de « Contemplation » - Bastien Pantalé]
Une éruption de pure énergie ! La fusion des mots produit cela, à l'occasion. Les lettres, quand elles se trouvent, agitent ce qui fait mon essence. Mon être vibre, d'excitation, de contentement. Une plénitude qui me soustrait totalement à cette dimension.
(...) je m’enivre de tout, comme si demain m’était compté, pour tout l’hier à rattraper.
[Extrait de (T)Rêve de Bastien Pantalé]
J'aime l'idée de l'anticonformisme, je me dis que c'est un signe de richesse intérieure, ou un truc dans le genre.
Vivre un instant, le faire vraiment.
Réactiver la fabrique à souvenirs, et prendre de l’élan aussi, pour mieux rattraper le Temps qui file, nos jambes à son cours.
[Extrait de « Apprivoiser le Temps - Épidermiques et autres humanités » de Bastien Pantalé]
La sensation étrange de ne pas se voir grandir, de ne pas se savoir devenir. Existence inerte, ou temps suspendu rien que pour nous ? Puis, les premières images, instants figés d’un passé récent, encore frais, et pourtant déjà terne. Une année tout au plus, d’une bougie à l’autre, et des centimètres sur le chambranle zébré, une longueur de tignasse, des traits changés même. Qu’est devenu le visage poupon, la peau rosie par l’activité, l’excitation pour un oui, pour un non ? À quel moment ont bien pu s’éclipser l’attention et l’interaction qui nous étaient tellement vitales ? Cette lueur dans le regard, cette admiration presque, que l’on vouait à nos géniteurs, nos ancêtres, sans trop savoir pourquoi.
[Extrait de « Apprivoiser le Temps » de Bastien Pantalé]
- Remaneo ? Qu’est-ce que c’est ?
- Du latin. (...) Ça veut dire « je reste ».
Maman est partie, papa est revenu.
Avide de connaître cette nature si loquace, Miassa s'agenouilla et enfonça ses mains, toujours écartées, dans le sable.
Sous la clarté de la lune, Maxime vit les traits de la jeune femme se transformer, passer d'une expression à une autre en un claquement de doigts.
Dans un premier temps, un sourire ému exprima son émerveillement devant la richesse naturelle de la Terre. Miassa reçut sa diversité biologique comme une vague rafraîchissante et émouvante, percevant tant la complexité des chaînes alimentaires que les divers flux et reflux, océaniques, géologiques, migratoires ou calorifiques qui la définissent.
Une inspiration plus tard et cette béatitude se mua en un froncement de sourcils et une grimace de désespoir. La sentinelle reçut en pleine figure la souffrance de cette planète et la destruction de son écosystème global. On creusait sa chair pour prélever ses richesses, toujours plus en profondeur. On la vidait d'une force vitale qu'elle avait mis si longtemps à produire. Ses poumons rétrécissaient à vue d'oeil et ne suffisaient plus à absorber un poison gazeux devenu trop dense. Sa flore si pure était manipulée jusque dans sa structure génétique, perturbant les autres espèces qui dépendaient d'elle et stérilisait ses sols. Sa faune si variée disparaissait à une vitesse effrayante ou souffrait des mauvais traitements d'un élevage intensif. Les espèces sauvages perdaient leurs repères, perturbées par des produits chimiques ou des ondes incontrôlables qui envahissait l'atmosphère, entravés, étouffés et empoisonnés par la multitude de déchets qui innondait la surface.
(...)
Elle leva des yeux dévastés vers le représentant de l'espèce responsable de ce massacre et bégaya :
- Pou... Pourquoi ? Qu'avez-vous fait ?
En même temps qu'elle prononçait ces mots, et comme Maxime la touchait, elle lui transmit mentalement cette vision globale et cette sensation qu'elle ne pouvait plus contenir.
Maxime perçut la souffrance indicible de sa propre planète. Ses jambes cédèrent et il se retrouva assis dans le sable encore chaud. Ses larmes communièrent avec celle de l'érenite.
Tous ses efforts en faveur de l'environnement paraissaient si dérisoires. Il éprouvait un profond dégoût pour son espèce et regrettait d'appartenir à cette Humanité ratée.
- Je suis désolé... fut la seule chose qu'il trouva à répondre à Miassa.
Rien n'est toujours tout noir ou tout blanc comme on dit ; moi, j'ai tendance à voir le monde en gris foncé désormais.