Journaliste au sein du célèbre journal le Monde, Béatrice Gurrey a suivi de près Jacques Chirac tout au long de sa vie et de sa carrière.
Une chronique passionnante riche de portraits et d'anecdotes qui couvre les principaux événements de la vie de Chirac et relate ses engagements diplomatiques, politiques, économiques, culturels. Une passionnante rétrospective à mettre entre toutes les mains !
Nous observons et nous patientons. Je ne me rappelle plus le visage de la directrice, mais elles se ressemblent toutes. Elles savent exactement quoi dire pour appâter le chaland, de vraies commerçantes sous le vernis médico-sanitaire, tenue quatre épingles, sourire accroché mais pas trop, compatissantes mais sans plus, on n’a pas gardé les vieux ensembles. Il faut faire tourner la machine à cash et satisfaire les actionnaires – en sous-payant le personnel dans la plupart des cas.
La reine arrive, l'air glacial, suivie de son fidèle conseiller, Bernard Niquet. "Alors, monsieur Landrieu, c'est bien la catastrophe annoncée ?" Landrieu baisse la tête. Bernadette Chirac fait quelques pas en écrasant à dessein les pieds de Marie-Laure de Villepin, sans s'excuser et encore moins la saluer, puis s'écrie : "Et il est où, Néron ?" Landrieu se décompose, Mme de Villepin pleure discrètement, les courtisans regardent le plafond. Une scène de genre qui aurait pu composer une toile néoclassique.
Rétrospectivement, je ne vois pas comment nous avons pu passer à travers l’année 2014 sans agir. La peur du résultat nous aurait-elle retenus, comme une main invisible ? Ou bien l’inertie de mes parents, ralentis par l’angoisse et la maladie, a-t-elle freiné le cours des événements ? Ou encore nos multiples obligations nous ont-elles empêchés de prendre en main la situation ? Nous nous sommes aussi, sans doute, trop reposés sur le généraliste, ni neurologue ni gériatre. Au journal, j’avais été détachée du service des grands reporters au service politique le temps de la campagne municipale à Paris : un exercice assez coriace qui aspirait l’essentiel de mon énergie. Noël est arrivé très vite. Nous sommes allés à Aix en famille. Je n’en ai gardé aucun souvenir, par trop grande fatigue, je crois.