Béatrice Gurrey consacre au clan Chirac un livre étonnant. Il ne s'agit pas d'une énième biographie de l'ancien Président dont on sait tout ou presque depuis celles que lui a consacrées
Franz-Olivier Giesbert. Il ne s'agit pas non plus, comme pourrait le laisser penser le titre et la photo, d'un portrait croisé de Jacques, Bernadette et Claude, les trois piliers du clan. Il s'agit plutôt d'une chronique crépusculaire des dix dernières années de la vie de
Jacques Chirac, couronnée samedi dernier par le Prix du Livre politique,
Tout commence en septembre 2005 avec l'AVC dont est victime
Jacques Chirac. Décrédibilisé par l'échec du référendum du 29 mai, marginalisé par l'hyperactivité vibrionnante de
Nicolas Sarkozy, menacé sur le front judiciaire,
le Président est condamné à une retraite anticipée. C'est le début d'un lent déclin que chronique avec une dureté teintée de tendresse pour le grand homme l'ancienne correspondante du Monde à l'Élysée entre 2002 et 2007.
Béatrice Gurrey décoche des flèches vipérines à chacun des protagonistes de ce drame.
Bernadette est pire que sa caricature des Guignols : snobe, méprisante, fielleuse.
Éternellement amoureuse de son père, Claude semble incapable de se détacher de son emprise
Frédéric Salat-Baroux est pathétique dans le rôle du chambellan qui, pour se faire aimer de son maître, séduit sa fille.
Réduit à la passivité,
Jacques Chirac prend de plus en plus de distance. Ignorant sa maladie, ou feignant de l'ignorer, il conserve l'élégance vieille France et le charme fripon qui continuent à faire sa popularité. Sa mort marquera les Français. Ses funérailles seront un grand moment d'unité nationale.
Béatrice Gurrey a déjà rédigé son oraison funéraire.