Béatrice Orès

Je rêve toujours, aujourd'hui, de l'avènement d'une renaissance juive spirituelle et morale, et d'un retour au vrai Dieu du peuple d'Israël, loin des idées des Josué modernes : Ben Gourion, Moshe Dayan, Menahem Begin, Golden Meir et compagnie...

Et la terre choisie pour sa réinstallation sera celle de l'antiquité biblique. Les sionistes reprennent à leur compte la notion de "droit historique " qui étaient évoquées par les minorités nationales des empires austro-hongrois et russe, toujours au 19eme siècle. Et c'est à partir de cette notion- sans aucun fondement juridique- que sera assuré le peuplement juif par le biais de la loi du retour votée peu après la déclaration d'indépendance de l'Etat le 5 juillet 1950.

Pour susciter l'adhésion et forger un récit national commun, il ( le mouvement sioniste) à sélectionné parmi les traditions, fêtes, lieux de mémoire, et surtout les textes, ceux qui pouvaient correspondre à sa vision nationaliste. Les dirigeants sionistes se sont donc attelés à diffuser un récit du judaïsme faisant de la construction de l'Etat d'Israël l'aboutissement naturel de l'histoire juive.

Tous les écrits des sionistes nous montrent que leur objectif premier et leur activité principale constituent à donner l'impression au peuple juif - et malheureusement ils y parviennent- que le propos de la Torah et des Commandements est de renforcer le sentiment nationaliste.(...) Désormais pensent-ils, le nationalisme a remplacé la religion et constitue le meilleur moyen de préserver la société.

Ceux qui étaient par excellence les exclus sont devenus ceux qui excluent. À l' "interdit aux Juifs " des antisémites correspond l'"interdit aux non-Juifs" qui est la règle en Israël (...) la loi Etat-nation promulguée en 2018 qui grave dans le marbre l'exclusion des non-Juifs de la nationalité israélienne alors qu'elle y inclut les Juifs du monde entier.

" L'an prochain à Jérusalem " que d'innombrables générations de Juifs ont répété dans leurs prières, n'avaient pas le sens que le sionisme entend aujourd'hui lui prêter ; c'est une formule liturgique traduisant un rêve d'émancipation humaine et morale et non une volonté de s'établir en Palestine.