A l'occasion de la publication du coffret "Manger et boire cent façons" qui présente la gastronomie et la culture de la boisson en Corée, Benjamin Joinau de l'Atelier des Cahiers visite la tombe du grand poète Lee Gyu-bo (1168-1241) sur l'île de Ganghwa pour lui offrir une libation et lui lire quelques-uns de ses poèmes traduits en français, près de 800 ans après sa mort...
On trouvera dans ce making-of, ce qui se passe avant, pendant et après la mission, et qui n’y est pas réductible. Un des objectifs essentiels de ce making-of est de détourner le motif tenace de la visite en Corée du Nord comme spectacle ou comme représentation pour les visiteurs que nous sommes, car, non, nous ne sommes pas des figurants.
Les règles de base sont simples. Ne vous mouchez pas à table, ne mangez pas avant vos aînés, ne buvez pas seul: attendez que l'on vous serve et que l'on vous invite à boire, la plupart du temps avec un toast.
Quand vous vous verez dans le ciel passer de blancs nuages venant d'Orient, songez à l'ami fidèle qui songe à vous, là-bas sur la rive lointaine et qui parle de vous à tous les nuages et à tous les oiseaux allant vers l'Occident afin que quelques un d'entre eux, dociles à sa voix, viennent raviver dans votre coeur le souvenir de son amitié.
Or, non seulement mon père n'a jamais possédé l'autorité ni exercé la pression que le mot "père" symbolise, mais de plus, il était faible. C'est par la douceur et la persévérance qu'il s'opposait au monde. Je pense que seul un homme qui sait faire la cuisine sait ce que c'est que la vie. Les enfants qui ont grandit en mangeant la nourriture que leur père leur a préparés, même occasionnellement, s'en souviendront à coup sûr avec bonheur.
La plupart des clients venus manger du riz d'orge mélangé à de la pâte de soja bouillie avec des anchois avaient plus de cinquante ans. J'ai pris ma place parmi eux pour déguster moi aussi mon riz à l'orge avec de la pâte de soja bouillie, et beaucoup de pensées me sont venus à l'esprit. A cet instant là, peut-être n'étais-ce pas du riz à l'orge, mais mon enfance, que j'étais en train de savourer.
Dans la splendeur du paysage, tel le monde divin à sa création, le réel et le mirage se confondent.
" On dit qu'obligatoirement, un chou chinois doit mourir cinq fois pour procurer un goût intense. La première fois, c'est quand on se saisit d'un bon gars bien fait, par le cou et qu'on l'arrache de terre d'un coup sec, la deuxième fois, quand on le pose sur la planche et qu'on le coupe en tranches d'un couteau scintillant, la troisième fois, quand on le couche pour qu'il dégorge dans une énorme bassine de caoutchouc remplie de saumure. La quatrième fois quand tout son corps est inondé d'un sang rouge, de piment, d'ail et de gingembre. La cinquième et dernière fois, quand on l'enterre dans un cercueil appelé jarre et qu'il retourne à la terre. "