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4.06/5 (sur 8 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1972
Biographie :

Benoit Rossignol. Maître de conférences [Histoire, civilisation, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux].

Source : www.pantheonsorbonne.fr
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Les cérémonies auliques autour de Marc-Aurèle.


Citations et extraits (6) Ajouter une citation
[Stoïcisme]
Cette distance avec ce qui ne dépend pas de nous - et amis, femmes et enfants entraient dans cette catégorie - ne doit pas laisser penser à un mépris du monde. Comme nous l'avons vu, ce dernier est providentiel. D'une part, les embûches qu'il nous réserve ne sont pas des maux. La raison qui gouverne le monde le fait au mieux, et ce que nous voyons comme dommageable, la maladie, la déchéance etc., ne sont que des conséquences inévitables d'un plus grand bien : "Accueille tout événement, même s'il te semble cruel, parce qu'il mène, là-bas, vers la santé du monde." (V, 8). D'autre part et en conséquence, l'univers et ses productions sont admirables. S'il se détache des choses, le disciple du Portique peut et doit jouir du spectacle du monde, apprendre à voir dans ses fruits la grâce de la perfection, accompagner ses mouvements par la pensée et jouir de ses leçons. Aussi Marc apprit-il à voir dans les fentes de la croûte du pain, qui excitait son appétit, l'oeuvre de l'intelligence du monde. Celle qui était à l'oeuvre aussi dans l'ouverture de la figue bien mûre.* Il apprit à voir la beauté des olives prêtes à pourrir, à deviner qu'une beauté semblable pouvait résider jusque dans la gueule du lion et que dans les yeux du sage il y avait une beauté "chez les vieux et les vieilles" (III,2 / VI,36). La conscience de l'impermanence était aussi une invitation à jouir du présent.

p. 133

Le pain, la figue : on pense aux poèmes de Francis Ponge.
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[La colonne aurélienne ]
... on a voulu voir dans son style une rupture, l'expression de la crise de l'époque, de ses inquiétudes, jugements qui relèvent plus de la projection historiographique que du fait. Elle ne fait pas césure, mais s'inscrit pleinement dans les développements de son époque.

... La présence de la représentation des miracles a fait couler beaucoup d'encre, mais la présence divine n'est pas plus forte que sur la colonne Trajane, les scènes religieuses y sont même moins fréquentes. La représentation du divin, en revanche, a changé : les dieux n'interviennent plus en conséquence de l'observation des rites, mais par leur attachement à l'empereur et à ses partisans, ils ne figurent plus sous la forme d'allégories, mais par une présence incarnée, frappante, à l'image de celle du dieu de la pluie...

La colonne ... préparait la divinisation de Marc comme elle dialoguait avec la commémoration de celle de Faustine. Plusieurs années après sa mort, lorsque le monument fut achevé, ayant obtenu du procurateur de la colonne la possibilité de la visiter et émergeant brutalement dans la lumière du sommet, à des dizaines de mètres du sol, le visiteur qui avait gravi le long escalier hélicoïdal en entrant par l'est faisait désormais exactement face à l'endroit où la divinisation de l'impératrice était commémorée, en même temps qu'il dominait peut-être le temple de Marc et Faustine divinisés. La gloire que Marc refusait dans ses écrits l'avait rattrapé et, en bon politique qu'il était, il ne s'y était pas opposé.

pp. 466-467
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La Germanie n'offre pas de grande agglomération qui aurait polarisé et stabilisé le pouvoir. Elle est pour l'essentiel un pays de villages, de voisinages. Dans l'essentiel de ce territoire, les centres de pouvoir et l'aristocratie correspondante sur lesquels Rome avait l'habitude d'appuyer sa conquête manquaient ; il n'y avait pas l'équivalent des /oppida/ celtiques que l'on observe en Gaule à la veille de son intégration à l'empire. En conséquence, les traditions et les techniques politiques que Rome avait à offrir présentaient peu d'intérêt pour les élites germaniques.
(...)
Sociétés sans Etat, profondément rurales, dispersées en de nombreux hameaux peu durables, la plupart des peuples germaniques définissaient la place de leurs membres et les normes de comportement d'une façon bien différente de celles que Rome avaient imposées dans son empire. L'individu se trouvait pris dans des solidarités lignagères et familiales, dans les exigences de la vengeance, /faida/, et dans les relations de voisinage. On a pu les décrire à l'image des "sociétés segmentaires". (...) L'enquête permet aussi d'imaginer ce que pouvaient être pour leurs tribus certains des chefs dont nous parlent nos sources. Le chef est un /herizogo/, celui qui mène l'armée (Heer ziehen) ou un /tiudans/, le tuteur des lignages, le protecteur des parents. Son choix était soumis à l'approbation de l'assemblée comme d'autres importantes décisions ... : "Un roi tribal n'était pas un souverain dans le sens où on le comprit par la suite. Les instruments de la contrainte administrative lui faisaient défaut. On est tenté de dire qu'il guidait le peuple plutôt qu'il ne régnait." On saisit ce que risquait Rome à vouloir s'appuyer sur ces rois-là et l'ampleur des malentendus qui pouvaient présider à certaines rencontres diplomatiques.

pp. 310-311
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[166-167 : le triomphe de la pestilence ]
Dans les conceptions médicales antiques, le terme de "peste" ou de "pestilence" désigne une maladie épidémique aiguë qui n'est pas nécessairement notre peste, Yersinia Pestis : c'est le nombre de malades et de morts qui la dénonçait, non les symptômes. Ces derniers n'étaient pas rapportés à un pathogène, mais à la constitution particulière du malade et à son déséquilibre causé par son alimentation ou par son milieu. Chaque maladie, en un sens, était individuelle. Et si certains pouvaient observer la contagion, la comprendre et l'expliquer relevaient du défi. Une violente épidémie était donc l'indice d'une perturbation qui touchait la collectivité même, soit que son milieu tout entier ait changé, l'eau et l'air se changeant en miasmes, soit qu'il faille voir une intention derrière la maladie, celle d'un dieu courroucé, comme Apollon dans l'Iliade, ou de comploteurs clandestins, magiciens ou empoisonneurs. Déséquilibre naturel, social et religieux, l'épidémie révélait donc une grave perturbation du monde et de son harmonie, elle engageait nécessairement la communauté politique et le pouvoir. Elle les perturbait aussi en subvertissant l'ordre moral et social par la peur et la mort prématurée et omniprésente. Thucydide en fait une description frappante dans son histoire de la guerre du Péloponnèse, tout étudiant débutant en rhétorique grecque la lisait et l'imitait.
pp. 260-261.
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La lecture dans l'éducation du jeune Marc.
Ces lectures intenses parachèvent l'éducation littéraire de Marc et font partie intégrante de sa formation à l'éloquence. Elles prennent place, rappelons-le, dans un univers de manuscrits, de livres rares où chaque exemplaire est unique : scribe et correcteurs ajoutent à la valeur des ouvrages. Même si Marc dispose des ressources énormes des bibliothèques impériales de Rome, le prêt et l'échange de livres restent donc essentiels (...) Il s'agissait ... de lire ces volumes, d'en extraire les passages les plus significatifs ou les plus inspirants et de les retenir afin de pouvoir les imiter et pratiquer l'art de l'allusion. L'exercice de la mémoire était inséparable de la pratique de la rhétorique. Marc cite souvent de mémoire, sans toujours être précis ou exact.
(...) Même s'il la combattit plus tard, Marc eut toujours cette soif de lire qui transparaît dans ses lettres avec Fronton : sa bibliothèque intérieure ne pouvait le quitter. Incorporé par la pratique de la mémorisation, cet horizon littéraire l'avait aussi été par l'oralisation permanente. Malgré la nature écrite des lettres, on ne doit pas oublier que la formation donnée à Marc touchait sa voix et ses gestes : Marc avait vraiment joué le discours de Fronton devant Antonin. L'orateur devait réguler son débit, contrôler sa prononciation et sa respiration, surveiller son port de tête, avoir la nuque droite, songer à l'expressivité de son regard, ne pas trop avancer ses lèvres, tenir ses épaules, lancer modérément les bras en avant mais utiliser ses mains avec efficacité, le majeur appuyé le plus souvent contre le pouce, les trois autres doigts dépliés...

pp. 107-110
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Fronton, maître de Marc, consul à Rome.
Si ce dernier n'avait plus de fonctions politiques et administratives réelles, il n'en avait pas moins un rôle social et politique considérable au sein du Sénat et dans sa relation avec l'empereur, avec une dimension distinctive et rituelle. Par son attachement aux discours, Fronton montre qu'il en était conscient. Il savait qu'à cette occasion son éloquence était appelée à construire la légitimité d'Antonin, à construire le consensus qui assurait au quotidien la stabilité de son régime. (...) La présence des empereurs à Naples servait, en partie, les mêmes buts : le long défilé des rhéteurs grecs assurait, au sein des élites cultivées du Bassin méditerranéen, l'exposition publique d'un ordre politique présenté comme désiré et désirable. L'Empire romain était un empire de mots, de paroles, en latin et en grec.

p. 102
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