Bernard Giraud

Il en va tout autrement pour ceux dont la vie dépend directement des ressources naturelles. Lorsque la mangrove ou les récifs coralliens sont détruits, ces immenses matrices reproductrices de poissons et de crustacés disparaissent également et les pêcheurs perdent leur gagne pain. Lorsque la fréquence et l'ampleur des vagues de sécheresse ou de pluies diluviennes s'accélèrent, les paysans voient fondre leurs récoltes. Lors les sols sont épuisés ou lessives par l'érosion, des millions d'hectares perdent leur fertilité. Lorsque les insectes pollinisateurs, les oiseaux, la diversité végétale sont détruits par l'usage intensifs d'intrants chimiques oj la monoculture, les conséquences sont directes à plus ou moins long terme pour ceux qui vivent de la terre.

La maison Terre craque de partout. La population mondiale a dépassé les 7,5 milliards et est en route pour approcher les 10 milliards en 2050. Les ressources naturelles sont sous pression. [...] Nous nous sommes habitués à entendre sans réagir la litanie des catastrophes annoncées, la fonte de la banquise ou le nombre d'espèces qui cette année encore auront disparu. Qu'une épidémie telle que celle du Covid-19 menace certaines de nos vies et c'est le branle-bas de combat planétaire contre le virus. A juste titre. Mais l'espère humaine n'est-elle capable de se mobiliser que devant un danger immédiat?

Sur l'échelle du temps long, on peut ne voir dans les périphéries actuelles qu'un nouveau soubresaut de l'histoire, rien de plus. A cela près que jamais dans son histoire le genre humain ne s'est trouvé face à des enjeux qui menacent sa propre existence. Comme le faisait remarquer Hubert Reeves, "nous entrons dans une expérience planétaire grandeur nature qui pourrait être intéressante. Le seul problème est que nous sommes dans l'éprouvette."