"Les histoires sont faites pour glisser l'une sur l'autre, et passent les saisons, et passe notre enfance dans ce pays brûlé, toujours le même".
Ces histoires, dans l'histoire de Settimo Battiato (le narrateur de Tous les soleils) fils de juge mort de soif ligoté à un arbre pour avoir voulu pénétrer les trafics d'eau du "clan", fils d'une jeune et jolie gérante d'hôtel pleine d'aplomb, de tyrannie et de candeur mais dont le père assassiné lui aussi était l'un des "maîtres absolus de la soif", futur "maschietto" (à traduire à mon avis par macho), sont reliées par un fil rouge, celui du sang et d'un soleil trop violent qui échauffe les corps et les esprits, celui de Tous les soleils, ceux de la Sicile jamais nommée mais dont l'âme brûle de mille feux et dont la terre tremble, explose et se reconstruit d'épreuve en épreuve.
De l'avant naissance en 57, où il suffit d'une étreinte hasardeuse pour que naisse un être, où la mort de l'un se remplace par la vie d'un autre, à l'adolescence des années 60, où le temps se démultiplie et s'étire à l'infini, crépite la prose douloureuse de Bertrand Visage qui jette au feu des mots: les haines, vengeances,premiers émois de couple nubile,nudités de chambres d'hôtel,fresque délirante de peintre suspendu au plafond tel un Michel-Ange,jalousies,processions sur fond de ferveur délirante,passe-droits,superstitions,dégouts,défis,révoltes, méchancetés....
Si conteur il y a et même brodeur, vu l'écriture imagée de Bertrand Visage ("l'intercesseur", "le secret médical est humide comme un temps de moisson"..), on est bien loin d'une féminine italienne Simonetta Greggio mais dans une puissance poétique très masculine hantée de seins ("qui volent", "rouges mordus au fer", "ronds métalliques alignés"), de gestes maternels équivoques, de griffes cruelles qui égratignent les pages pour mieux les dompter. J'ose comparer l'écriture puissante de l'auteur aux mots magiques de Tahar Ben Jelloun dans La nuit sacrée.
D'ailleurs si ce dernier a reçu le Prix Goncourt, Bertrand Visage (auteur par ailleurs de Bambini et de Intérieur Sud, éditeur chez Seuil) a été récompensé par le prix Fémina en 1984 pour Tous les soleils.
Un prix 5 étoiles!
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Une école maternelle sert de décor à cette histoire. L’auteur y raconte les évènements qui s’y passent, la vie de certains élèves, de certains enseignants, de certains parents.
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. J’ai l’impression de m’être un peu ennuyée, même si certains personnages sont intéressants.
Il manque un petit je ne sais quoi, ou alors je n’étais pas assez réceptive.
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Un roman envoûtant, profondément original, qui se lit comme un conte surnaturel mais que l'on sent pourtant chargé de vérité intime. Les personnages sont tous d'une grande justesse et on y croit. J'ai personnellement un faible pour l'extraordinaire petit Sam qu'on découvre à la fin. L'intrigue est constamment étonnante, on se demande si l'on avance vers une histoire d'amour ou vers autre chose de plus mystérieux encore. Comme toujours chez Bertrand Visage, l'évocation de la nature, des corps est d'une grande puissance. Un régal.
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Sur 100 pages les aventures du chaton Nelson qui se méfie des humains, choisit la liberté et apprend à chasser. Légèreté, humour, écriture imagée. Pour les amoureux du genre félin.
Extraits :
incipit : « On était en juin et, par une matinée de grande chaleur, une chatte ondulait dans la prairie. Entrainée par le poids anormal de son ventre, elle se déplaçait avec un curieux tangage, donnant l’impression de flotter entre les tiges. »
« Nelson Ollala déambulait maintenant la tête basse, affamé, rempli de doutes, crevant de soif. C’est alors que se produisit une rencontre capitale : un puissant matou à la fourrure noire était apparu au loin, tout constellé de cicatrices comme un grand brûlé. Un énorme seigneur pesant facilement le double de l’ordinaire et se déplaçant dans les herbes avec onctuosité. » p53
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Itinéraire imagé et insolite vers le creux vivant des mythes.
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Lu après un voyage en Sicile, j'ai retrouvé dans ce roman les saveurs et les senteurs de cette île bénie des dieux. L'auteur égrène de belles histoires, autobiographiques, s'inscrivant dans le décor, les traditions, les dangers de l'île où la neige et le feu se côtoient sans cesse.
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Je n'ai pas aimé, cela ne m'arrive pas souvent mais là ce n'est pas un livre pour moi.
L'histoire en elle-même ne m'a pas intéressée, trop fictive et un peu loufoque.
Par ailleurs, les personnages du roman ne sont pas du tout attachants, limite rebutants.
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Une intrigue plutôt faible et des personnages inconsistants ne suffisent évidemment pas à accrocher le lecteur. Peut-être aurait-il fallu que je lise Tous les soleils du même auteur qui a reçu le prix Femina 1984?
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